Contrôle continu n.1 Camilla Porcella- étudiante Erasmus italienne | 26 oct. 22

Contrôle continu n.1 Camilla Porcella- étudiante Erasmus italienne | 26 oct. 22 1 Questions 1. On distingue entre deux façons d’intégrer le document dans une œuvre artistique : On peut tout simplement, à travers la technique du montage, incorporer le document à l’intérieur d’une œuvre d’art, d’un livre, d’un film ou d’une pièce de théâtre. Dans le domaine de l’art, on peut évoquer les œuvres de Braque, de Picasso et de Duchamp. Braque et Picasso, dans la tradition cubiste, collent tout simplement des éléments non-artistiques, comme les journaux, sur la toile. Dans « Verres et bouteilles (Fourrures) » (1913-1914) et « Guitare, Journal, Verre et bouteille » (1913) les artistes prennent des journaux, notamment des documents provenant du monde quotidien, afin de déhiérarchiser les éléments artistiques : ils veulent démontrer que l’art peut se faire aussi en mélangeant des objets bien différents entre eux. Duchamp dans « Fontaine » va encore plus loin : il utilise un objet « déjà prêt » (en anglais « ready-made ») et il le transforme en œuvre d’art. Les spectateurs au début étaient assez étonnés par ce procédé, parce qu’ils ne comprenaient pas quel était le rôle de l’auteur s’il n’avait rien fait que signer un objet sans même le modifier. Le but de l’auteur était justement cela : démontrer que les ouvres d’art ne devaient pas être novatrices pour être appréciés, mais qu’elles étaient estimées pour le fait qu’un artiste déjà affirmé les avait conçues. Comme le dit Michel Foucault dans Qu’est-ce qu’un auteur ? Le rôle de l’auteur, mais aussi des artistes au fond, change complètement : il devient, dans la conception contemporaine, un porte-parole du témoin en littérature et ses œuvres sont interprétées toujours en prenant en compte le foyer d’expression lié à sa personne ou à sa production artistique précédente. Doblin, dans « Berlin Alexanderplatz » intègre directement dans son texte les documents, juste comme il le fait Sebald, dans « Austerlitz » (2001). Ils démontrent ainsi que le procédé du collage peut être utilisé aussi dans les textes littéraires. L’expérience de Piscator dans « Malgré tout » nous prouve que, aussi dans les pièces théâtrales, l’intégration du document est possible : afin d’orienter le publique politiquement, l’auteur introduit dans ses pièces des photographies, des films et des discours d’homme politique. De la même façon, dans « Nuit et Brouillard » d’Alain Resnais et « The Stranger » d’Oscar Welles les images d’archive sont insérées dans le film. En étant deux films complètement différents le rôle des images d’archive est tout à fait dissemblable. Dans Nuit et 2 Brouillard le but du metteur en scène est didactique, à travers les images les spectateurs connaissent l’histoire du génocide nazis. Au contraire, dans The Stranger, Welles ne pose pas l’attention sur les vidéos d’archive, qui sont juste encadrés, mais sur la valeur des images en eux même : ils doivent instruire un publique sur des évènements et les choquer. Une autre façon d’intégrer les documents aux œuvres artistiques et littéraires est à travers le montage : dans ce cas-là, les images d’archive et les documents sont si bien collés entre eux qu’il n’est pas possible de reconnaitre quels sont les modifications apportées par l’auteur/le metteur en scène. Dans « Baby Yar Context » (2021) de Sergueï Loznitsa et Maria Choustova les images de la Deuxième Guerre Mondiale ont été restaurées et sonorisées à partir du bruitage, mais les simples spectateurs ne sont pas en mesure de comprendre quels changements ont été faits. Au niveau littéraire, Cendras dans son recueil « Dix-poème élastiques » utilise la technique du Cut-up, décrit dans « pour faire un poème dadaïste ». Dans « dernière heure » Cendras prend un article de Paris-Midi et il le transforme en poésie, tout en changeant l’ordre des faits. En plus, il transforme la fin tragique du récit en une plus traditionnelle « happy ending ». En ce cas-là, juste comme dans les œuvres de Svetlana Alexievitch, il n’est pas possible de reconstruire le processus créatif qui a abouti à la forme finale du texte. Dans « La Supplication. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse » (1997) les sources sont mélangées et entrecroisées afin de créer un texte original, dans lequel les simples témoignages ne sont pas reconnaissables. 2. Le document initial n’est pas toujours transformé matériellement, par exemple dans Nuit et Brouillard il n’y a pas une véritable modification des images d’archive, mais, selon moi, en intégrant un vidéo ou une image à un film ou à un livre, on lui donne forcément un sens différent par apport à son signifié originale. Les images de propagande naziste, au début, n’étaient pas du tout conçues pour faire partie d’un film qui révèle au grand publique l’existence des champs de concentration, au contraire ces vidéos ont été pris pour donner un aperçu fallacieux sur une réalité qui ne pouvait pas être révélée dans son intégralité. Ou encore, The Stranger, qui est un exemple encore plus marquant, où on utilise les images d’archive pour faire avouer une femme : elle va s’épouseur avec un ex-général nazi et pour la faire collaborer, les policiers la choquent avec les images des champs de concentration. En ce cas-là, les vidéos 3 d’archive sont même utilisés pour enrichir l’intrigue et ils sont insérés dans un cadre. De l’autre côté, le document peut aussi être modifié radicalement, en changeant l’ordre des éléments qui le compose, comme dans le cas des Cut-up, notamment « La supplication. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse » ou « dernière œuvre ». Un autre grand « bouleversement » du document est celui du montage et de la reconstruction des sons, comme dans « Baby Yar Context ». Enfin, les documents peuvent aussi changer de support, en passant de l’écrit à l’orale, comme dans le cas des transcriptions radio, qui sont récitées avec une voix expressément vieillie dans « Ici, on noie les Algériens », ou encore quand on recopie les témoignages oraux dans un livre on les convertit à l’écrit. 3. Selon moi, en générale, les transformations des documents donnent lieu à de nouvelles interprétations du sujet et offrent aux lecteurs infinis points de réflexion. En plus, certains évènements historiques, comme il nous fait remarquer Lanzmann, sont irreprésentables de façon totalement fidèle et donc, en mettant ensemble plusieurs témoignages, l’auteur s’engage pour créer un produit qui puisse transmettre un message très clair et qui ne risque pas à être mal compris. Cependant, il faut toujours se rappeler que dans certains cas, le rôle de l’auteur a été trop envahissant et ça pose des énormes questions éthiques. Par exemple, Svetlana Alexievitch dans « La Supplication. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse », interroge sa témoin en lui posant des questions très spécifiques sur son mari, afin de créer un récit qui s’approche plus à la mise en scène de la douleur, à la pornographie de la souffrance, qu’au pur témoignage. Ce procédé d’orientation du discours poussé à l’extrême, s’éloigne aussi de la référentialité que, selon Samoyault, est l’une des tendances les plus évidentes dans la littérature documentaire contemporaine. Alexievitch, dans les Cercueils de Zinc a dû faire face à une procédure judiciaire pour son habitude d’assembler les témoignages tout en coupant des parties et en mélangeant les voix. De la même façon, il ne faut pas non plus mettre tous les documents sur le même plan, parce que ça risque de modifier complètement le récit historique, en empiétant sur la fiction, comme le démontre Sebald dans Auschwitz. 4. D’après moi, une œuvre d’art, un film ou un livre, surtout pour les jeunes, est très souvent un point de départ pour l’approfondissement d’un période 4 historique ou un évènement. Autrefois, les Grecques à travers le théâtre mettaient en scène des sentiments très forts, afin de causer la « catharsis » dans leur publique et, de la même façon, dans la littérature et l’art contemporaine, pour mieux propager une idée ou faire connaitre un évènement historique, la tendance est celle de la représentation cinématographique. Un exemple très frappant de ce procédé est Nuit et Brouillard, dans lequel Resnais, en collant ensemble un grand nombre d’images et vidéos d’archive, provoque l’étonnement des spectateurs et, au même temps, un élan très fort à découvrir toute la vérité sur la Shoah. En plus, à travers le montage et les analogies visuelles, les metteurs en scène peuvent suggérer des dichotomies et des paradoxes entre les différentes perspectives, comme le fait Chantal Ackermann dans Sud. Pareillement, dans le domaine des arts figuratifs, nombreux auteurs avec les ouvres respectives seront associés pour l’éternité à certains évènements historiques : la Liberté guidant le peuple de Delacroix sera toujours assimilée à la Révolution des Trois Glorieuses, juste comme Les désastres de la guerre et Goya seront toujours liée à la Résistance Espagnole. 5. Les témoignages dans l’histoire récente sont devenus de plus en plus importants, au point que Annette Wiviorka parle de notre époque, en particulier de la période historique qui va du procès Eichmann à nos jours, comme de l’« Ère du témoin uploads/Litterature/ controle-continu.pdf

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