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Nehmende Fernleihe BS UBH Name Kunden Adresse Benutzer_Nr. E-Mail-Ad resse Bestelldatum Lielerprotokoll Name Benutzer_Nr. Zeitschrift ISSN Jahr Band/Helt Seiten Aufsatz-Autor Aufsatz-Titel Notiz Bemerkung Weiterleitungs-Liste Kundenspezifische lnlormation Mediennummer 11 Jll\ll\ill 1 l\l 1 lll1'lll!!ll!llllllll~il \:'liii ~J. 1 .. ~ 1L ",.i, ..i .L~.1 . 1 A 100-165660-MAN ill·ub@unibas.ch 2020-09-30 15:03:04 WEB «La catharsis sous condition: de l'interdit de représentation 195-238 OPAC Online Kopien-Bestellung 3010912020 Lìttérature et thérapeutique des passions I sous la dir. de Jean-Charles Darmon Jahrgang: Titel: Seiten: Abholort: Auftrags-Nr.: Ausgeliehen Ticket#10112929 «La catharsis sous condition: de l'interdit de représentation à "l'Holocauste camme culture 195-238 WEB 165660 I llllll lllll lllll lllll lllll lllll llll llll UBH Ap 1113617 100FM Angaben nicht ausreichend! Nicht am Standort! 8728639 Universitatsbibliothek Basel Auslandsfernleihe/IL Schonbeinstrasse 18-20 4056 Basel ill-ub@unibas.ch Sous la direction de Jean-Charles Darmon LITTÉRATURE ET THÉRAPEUTIQUE DES PASSIONS La catharsis en question Depuis 1876 ~:t.TALOG La catharsis sous condition. De l'interdit de représentation à « l'Holocauste comme culture» par Catherine Coquio Pourquoi la vieille « quaestio » de la catharsis fait-elle retour aujourd'hui? La « théorie » d' Aristate, on l' a dit souvent, est moins que claire et très peu scientifique. Selon Florence Dupont elle « vampirise » depuis des siècles le théàtre occi- dental alors qu'elle ne rend pas compte de la réalité des tragédies grecques : le « mythos tragique, dit-elle, a besoin de catharsis1 ». Elle n' a qu' un role mineur dans les livres que nous pouvons lire d' Aristate, disait Victor Goldschmidt2, et ce texte en défaut pose d'infinis problèmes d'interprétation: la « critique est au rouet, et on imaginerait une instance académique qui, cornrne pour la quadrature du cercle, 1. Florence Dupont, Aristate au le vampire du théatre accidental, Flammarion, 2007. 2. Temps physique et temps tragique chez Aristate, Paris, Vrin, 1982 p. 224-225. «Au premier livre de la Paétique, le mot (et l'idée) apparait camme un hapax, sans aucune vertu exégétique dans le cadre du traité ». Au se livre de la Palitique, Aristate mentionne une théorie de la «purifi- cation » en promettant une explication dans le 2e livre de la Paétique, dont nous ne disposons pas. 196 RUPTURES, TRANSPOSITIONS, METAMORPHOSES interdirait de revenir à la question1 ». Parfois cette instance s' imagine réelle : la philologie, croyant pouvoir en finir avec la critique, brandit la« véritable catharsis » d' Aristote2• Et le rouet continue de tourner. La persistance du concept n' en est que plus frappante, et attire l'attention sur ce qui doit sans doute étre une fonc- tion majeure : quel ròle joue-t-il dans l'héritage par quoi notre civilisation continue de se penser elle-méme, tout en l' exportant ailleurs? Telle l'inébranlable paire du logos et du mythos, qui l' accompagne comme son ombre, la« catharsis » fait partie de ces catégories qui, discutées par ceux qui ont enquété sur leur origine et leur pertinence, continuent d'étre utilisées comme des instruments d'intelligibilité tout en sachant qu'ils relèvent du site symbolique, de la réserve métaphorique et du signe de reconnaissance. Une longue accoutumance fait qu' on imagine mal comment penser sans eux : ils relèvent moins de la boite à outils que de la « rhétorique profonde» dont parlait Baudelaire. Quel que soit le procès ou la déconstruction dont ils ont fait I' objet, ils font partie de notre entendement - et de nos malentendus. La culture occidentale est riche de ces modèles qui survi- vent à leur usage premier, selon la loi du « stockage » et du transfert analysée par Wolf Lepenies à propos de la naissance des sciences sociales dans Les Trois cultures3• Le sociologue retraçait la seconde vie du modèle zoologique de Buffon en littérature, chez Balzac et Proust. Avec la catharsis c' est un peu l'inverse qui a eu lieu: de la physiologie et de la poétique, la notion est passée dans le domaine psychologique et anthro- 1. Ibid. p 224. 2. William Marx,« La véritable catharsis aristotélicienne. Pour une lecture philologique et physiologique de la Poétique », Poétique, n° 166, avril 2011. 3. Wolf Lepenies. Die drei Kulturen: Soziologie zwischen Literatur und Wissenschaft, Munich, Hanser, 1985; Les Trois cultures. Entre science et littérature, l'avènement de la sociologie, trad. H. Plard, Paris, Éd. de la MSH, 1990, p. 3. La catlzarsis sous condition 197 pologique pour faire retour dans l' esthétique1 et la poétique2• Mais l'idée reprend du service ailleurs encore, dans divers secteurs de la vie sociale, visiblement chargée de redonner foi à l'idée d'une vie politique possible3• Aujourd'hui le« besoin de catharsis » excède largement celui du « mytlzos tragique ». Et si la loi du stockage fait en général oublier l'auteur, la catharsis signée Aristate fait penser comme Baudelaire: créer un poncif, c' est le génie. Un poncif- ou un mythe. Si le« mythos tragique » avait un tel « besoin de catharsis »,est-ce parce qu'elle en était un elle- meme4? En traversant les siècles en tout cas, cette « théorie » est devenue non seulement un« lieu superbe d'inspiration » pour la pensée critique5, mais un récit fondateur, qui retrace une scène primitive à l'origine d'une cité et d'une civilisation: une histoire de purification des affects collectifs, de souffrance et de plaisir, de malheur et de bonheur communs. Elle assure que le mal extreme peut se muer en bien par une opération magique, commune et communautaire, qui concerne à la fois la poétique et la politique. La mimésis tragique, « imitation en action » sur scène, grace au regard partagé sur les corps vivants et masqués dans I' amphithéatre, devient «purifica- tion», «purgation» ou «clarification» des passions «d'un 1. Voir l'usage politique qu'en fait Marie-José Mondzain dans Le Commerce des regards (Seuil, 2003), sur la construction du jugement sur les objets iconiques comme figures émotionnelles. Dans « Regards en crise » (Rencontres École de cinéma de La Rochelle, 2002), la proposition d'un rapport politique aux images s'appuie sur le recours au modèle aristotélicien (tiré du còté de la «clarification» contre la «purgation») 2. En témoigne la concordance en 2010 du colloque ici publié et de deux autres : Katharsis im Wien um 1900, organisé par D. Schonle et M. Vohler à la Freie Universitat de Berlin en octobre 2010, et Littérature et consolation à l'Université d'Artois, organisé par E. Poulain-Gautret, qui proposait d'élargir à l'ensemble de la littérature l'usage qu'avait fait U. Eco de la « catharsis » à propos de la littérature populaire. 3. C' est le cas dans les travaux de M. J. Mondzain, cités note 1. 4. Voir la contribution de Patrick Dandrey, historien de la mélancolie et de la « catharsis baroque » (Les Tréteaux de Saturne. Scènes de la mélancolie à l'époque baroque >>, Klincksieck, 2003) va dans ce sens. 5. M. J. Mondzain, art. cit. 198 . RuPTURES, TRANSPOSITIONS, METAMORPHOSES certain genre1 », partage du pire et du meilleur au cceur de la cité. «Il se produit, écrivit un jour le maitre philosophe au sujet de la musique, une certaine purgation et un allè- gement accompagné de plaisir2 »; ainsi les àmes sujettes aux violentes passions - terreur et pitié - sont.:.elles « transportées hors d' elle-mème » et « remises d'aplomb, comme si elles avaient pris un remède et une purgation ». Il y a donc une vie ensemble après les grandes catastrophes - guerres avec les barbares, luttes entre factions, dérèglements et meurtres familiaux. Le logos veille au plus près du mythos, protégeant les humains contre leurs pires chaos et folies. Scénario initiatique associé à la tragédie et à la musique, médication imaginaire, la catharsis est une fantaisie de triomphe qui dit que les humains ont de quoi rendre beaux et grands leurs malheurs et s' affermir de leurs plus violentes émotions, ensemble. Une civilisation est en marche. Elle contient une promesse de délivrance, que semble annoncer déjà la consonance lumineuse du mot. Cette narrativité heureuse joue sans nul doute un ròle dans cette extraordi- naire survivance. Plus qu'un concept descriptif ou explicatif, la catharsis est un Principe Espérance au cceur de l' esthé- tique, l'un des mythes créationnistes les plus puissants dont l'Occident se sera doté. Si ce récit a gagné l'épaisseur d'un mythe théorique, c' est gràce à une plasticité remarquable. Inventée par un philosophe pour rendre compte d'une litté- rature à l' aide d'une métaphore médicale inspirée de rituels religieux, cette notion a été mobilisée par une multitude de savoirs différents, dont la psychanalyse et l' anthropologie. L'idée, centrale chez Freud3, l'est aussi chez René Girard, son successeur. Sa théorie du bouc émissaire, qui s'inspirait des anciens rituels d' expulsion du pharmakon, le conduisait à une relecture des tragédies grecques et de l'histoire de 1. Aristote définit la tragédie comme «l'imitati on faite par des person- nages en action et non par le moyen d'une narration, et qui, par l' entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation (katharsis) des émotions de ce geme» (Poétique 149 b 28). 2. Politique. Trad. J. Tricot, Vrin, 1995 p 584. 3. Cf. J acques Le Rider, « Philologie grecque et formation de la uploads/Litterature/ coquio-catharsis-sous-condition-2011.pdf
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- Publié le Apv 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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