Université d’Aix-Marseille-Université de Provence U.F.R Civilisations et Humani

Université d’Aix-Marseille-Université de Provence U.F.R Civilisations et Humanités Formation doctorale Espaces, Culture et Société THÈSE Pour l’obtention du grade de docteur Discipline : Anthropologie Présentée et soutenue publiquement le 19 décembre 2011 Par : FRANÇOIS CORBIER LES ÉCOLES « FRANÇAISES » DE TIZI OUZOU EMIGRATION, POLITIQUE ET FRANCITÉ EN ALGÉRIE Directeur de Thèse Mme Hélène Claudot-Hawad Directrice de recherche au CNRS, IREMAM, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme Co directeur M. Kamel Chachoua Chargé de recherche au CNRS, IDEMEC, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme Membres du Jury Mme Yolande Benarrosh Professeur des Universités, Université de Provence, LAMES Mme Nadia Chellig Professeur des Universités, Université de Haute Bretagne Mme Anna Maria Di Tolla Maître de conférences, Université de Naples (Italie) Mme Malika Gourir, Maître de conférences, Université de Paris 5 Je suis heureux de pouvoir remercier celles et ceux qui m’ont aidé, soutenu et ont participé à cette recherche. Ils sont, sans aucun doute, autant les acteurs que les auteurs de cette thèse. Je pense tout d’abord aux écoles privées qui ont accepté ma présence et mon travail ; à monsieur H et à son école, épicentre de mon enquête. Merci aux amis de Tamda, à leur hospitalité ; A Azzedine Kinzi et Mohand Akli Hadibi qui resteront les immuables points de repère de mon expérience algérienne. Merci à Kamel Chachoua, le véritable artisan de ce travail, l’homme qui m’a ouvert toutes les portes d’une étude de l’homme en Algérie. Sans lui, cette thèse n’existerait pas, car il m’a tracé la route intellectuelle de cette recherche. Je remercie Hélène Claudot Hawad qui a dirigé ce travail, et tenté de corriger les innombrables lacunes dont je suis traversé. Sa patience fut d’or. Enfin, merci à ma famille, pour m’avoir soutenu inconditionnellement lors de mes études, en me laissant le temps de cheminer. Ces années marqueront indéniablement mes souvenirs à la manière d’une grande fête. Elles ont déjà pour moi le goût du bonheur où l’amitié, le voyage et le goût de lire et d’écrire s’unissent dans une même rumeur. Il y a des dons qui n’attendent pas de retour, et des cadeaux qui ne peuvent se rendre. 1 Les écoles « françaises » de Tizi Ouzou Emigration, politique et francité en Algérie Introduction 5 Première partie : De l’école publique coloniale à l'école privée francophone 23 1.LA CONQUÊTE KABYLE 26 2.LE SIÈCLE DE LA MODERNITÉ 28 3.LE MYTHE KABYLE 30 4. LA POLITIQUE SCOLAIRE EN KABYLIE 34 4.1 L'école des zaouias 36 4.2 L'école française: La naissance 38 4.2.1 Les écoles missionnaires 4.2.2 Emile Masqueray, « Un apôtre de l'école » 39 4.2.2.1 Le rapport de 1881 41 4.2.2.2 La demande de l'école : une mise en scène mythologique 43 4.2.2.3 Dialogue entre les Français et les Kabyles 44 4.2.2.4 Les écoles sous l'aspect technique 45 4.2.2.5 Une œuvre difficile et incertaine 46 4.3 La promotion de l'école indigène 47 4.3.1 Une école élémentaire de civilisation 48 4.3.2 Les réticences coloniales : fin du mythe kabyle 49 4.3.3 Le spectacle de la civilisation : civiliser sans déclasser 50 4.3.4 Le miracle kabyle 51 4.3.5 Le mirage kabyle 53 5. L’ÉCOLE PRIVÉE: UNE HÉRITIÈRE DE L’ÉCOLE FRANÇAISE COLONIALE? 54 6. LA GÉNÉRATION DES FONDATEURS 62 6.1 Vers 1990 : récapitulatif historique 6.2 Sociologie d’une génération 66 2 Deuxième partie : La maison école ou l’évolution d’une école privée algérienne d’enseignement public français 69 1. AU DÉPART : DES PARENTS, UNE MAISON, LE CNED 70 1.1 Un statut d’association culturelle pour une école illégale 1.2 Laïque, francophone et apolitique 73 2 FONCTIONNEMENT : UN ÉQUILIBRE INSTABLE 74 2.1 Un ordre « bricolé » 2.2 Un quotidien conflictuel 77 3.DE L’ASSOCIATIF AU PRIVÉ : UNE OPPOSITION À L’AVANTAGE DU SECOND 79 3.1 L’école privée « associative »: Une expérience éprouvante 80 3.1.1 Une école privée associative par Mme S, directrice d’école associative. 3.1.2 L’école privée associative par M. H, fondateur d’une école privée non associative 81 3.2 L’école privée: entre intérêt personnels et projet éducatif 4.LES FONDEMENTS D'UNE MAISON ÉCOLE 83 4.1 Des écoles privées, pour qui ? 86 4.1.1 Une stigmatisation relative 87 4.1.2 Ni riche ni pauvre : une classe moyenne algérienne ? 89 4.2 Diatribe contre l’école publique : De la justification à la désolidarisation 94 4.3. Illégalité et négociation 98 4.3.1 La confrontation inévitable : la fin de l’illégalité 4.3.2 Des nouvelles écoles clandestines : Vivre mieux, vivre cacher 102 5. L’ÉCOLE PRIVÉE : D’UNE PRATIQUE VIRTUELLE DE LA FRANCE AUX ILLUSIONS DE L’ÉMIGRATION 105 5.1 De l’affinité relationnelle à l’affinité élective : une invention de soi 5.1.1 Une école de familles, d’amis et de voisin 5.1.2 Une société instruite 106 5.1.3 L’école, un outil de distinction 111 5.2 Vers l’émigration 116 5.2.1 Les valeurs de l’école privée 5.2.2 Le choix de la meilleure école 121 3 5.2.3 Une catégorie lexicale : le sacrifice et le citoyen du monde 122 5.2.4 Le départ : un accord de tous les partis 123 Troisième partie : École et émigration 127 1. LE CITOYEN DU MONDE ET L’ILLUSION DE LA NON ÉMIGRATION 128 1.1 Une émigration réussie: citoyen du monde, carrière internationale et intégration 134 1.2 Une reproduction 137 2. DES TERMINALES DE TIZI OUZOU AUX ÉTUDES EN FRANCE 139 2.1 Six mois avant le baccalauréat : discours et conditions de vie 2.2 Bachelier en France: une inversion des valeurs et des regards 149 3. L’ÉMIGRATION DES CLASSES MOYENNES PAR L’ÉCOLE FRANÇAISE : UNE NOUVELLE ÈRE DE L’ÉMIGRATION 160 3.1 L’émigration et l’immigration algérienne dans l’histoire : Un très bref rappel 161 3.1.1 L’émigration dans l’histoire 3.1.2 L’immigration dans l’histoire 164 3.2 L’école : Entre formation et émigration-immigration 167 3.2.1 En Algérie, naissance et mort d’un engouement autour du savoir diplômé 168 3.2.2 L’université et la politique 169 3.2.3 Des étudiants algériens à l’étranger.172 3.3 Conclusion: Étudier pour émigrer, un phénomène datant de l'indépendance. 176 4. DES ÉMIGRANTS D’UN NOUVEAU TYPE 182 Quatrième Partie: L'école politique 186 1 L’ÉCOLE DE PRÈS : ETHNOGRAPHIE D’UNE JOURNÉE EXTRA-ORDINAIRE 194 1.1 Une école en train de se faire 195 1.2 La langue et l’école française : de l’amour à l’intérêt 204 1.2.1 La difficulté de l’observation 1.2.2 L’émigration en train de se faire 206 1.2.3 Dans le couloir 208 1.2.4 Une cérémonie : la remise des diplômes 212 1.2.5 Des écoles pour la France 214 4 2. L’AMBASSADE : CHRONIQUE ETHNOGRAPHIQUE D’UNE RÉUNION AU SERVICE CULTUREL DE L’AMBASSADE DE FRANCE 215 2.1 Vers l’ambassade : De Tizi Ouzou à l’ambassade de France 216 2.2 Dans l'ambassade 218 2.3Réflexion sur la francophonie 221 2.3.1 La francophonie et le mythe kabyle : l’amour qui cache l’intérêt 2.3.2 De l’altruisme français à l’expansionnisme culturel 222 3. LA POLITIQUE DES ÉCOLES PRIVÉES DE L'AMBASSADE DE FRANCE 224 4. L’ÉCOLE DE LA RÉUSSITE ET DE LA PRÉTENTION 230 4.1 Alger et « Tizi »: la concurrence 4.2 « Les voies du Hoggar », par une bachelière d'une école privée de Tizi Ouzou 232 4.2.1 Le prix du succès: un non dit sur les origines de Lynda 235 4.2.2 Les voix du Hoggar: entre imagerie coloniale et berbérisme ambiguë 236 4.2.3 La publication: des intérêts partagés 239 5. LE CNED: LA FRANCE EN ALGÉRIE INDÉPENDANTE 242 6. LA FRANCE ET LES ÉCOLES PRIVÉES : ENTRE INGÉRENCE 245 ET AUTORITÉ CHARISMATIQUE Conclusion Générale 249 Bibliographie 248 Liste des illustrations 261 Annexes 262 5 Introduction « De fait, les fractions les plus riches en capital culturel inclinent à investir plutôt dans l'éducation de leurs enfants en même temps que dans les pratiques culturelles propres à maintenir ou accroître leur rareté spécifique. » P. Bourdieu, La distinction Pourquoi étudier les écoles privées francophones en Algérie ? En arrivant à l'université d'Aix en Provence, si l'on m'avait présenté le sujet sans détour en début de master d'anthropologie, je ne l'aurais peut être pas aimé. Pour nous, étudiants, choisir un terrain et un sujet de mémoire, nécessitait de réunir en même temps qu'une « affinité élective », suffisamment de dépaysement et d'exotisme, constituants essentiels de nos passions et de nos « bonnes » ou « mauvaises » raisons d'être en anthropologie ou en ethnologie. Cette étude sur les écoles de Tizi Ouzou m'aurait paru manquer cruellement de magie et d'originalité. Une école privée dans une ville, qu'aurais-je vu de palpitant, moi qui comme les autres rêvais de lointain et « d'altérité » ? Issus des classes moyennes citadines pour la plupart, il nous était déjà plus habituel d'élire des sujets plus « campagnards», mais aussi plus pauvres, et au sens politique du terme, « de gauche ». Nous rêvions de gens et de pays différents dans lesquels nous aurions songé à nourrir nos images tout en élaborant une recherche de sciences sociales. Nous étions habités du sentiment que des études sur des « riches » d'un pays du sud ou du nord étaient des sciences humaines inutiles, et réagissions plus positivement à des choses mariant la différence et nos sentiments politiques. De plus j'étais possédé par le préjugé selon lequel les écoles privées jouaient principalement le rôle uploads/Litterature/ corbier-1393000537u-th-pdf.pdf

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