CORRIGE DE LA DISSERTATION 2 Dans les Caractères, la tradition théâtrale n’est

CORRIGE DE LA DISSERTATION 2 Dans les Caractères, la tradition théâtrale n’est pas loin et l’on pourrait rapprocher l’œuvre de LA BRUYERE de celle de MOLIERE. Dans quelle mesure est-il possible d’envisager Les Caractères comme une œuvre théâtrale ? Vous répondrez à cette question en prenant appui sur l’œuvre étudiée. Le XVIIe s est le siècle d’or du théâtre en France et Corneille, Racine, Molière sont associés à cette époque glorieuse. Les moralistes sont également à la mode et par bien des aspects, on peut trouver que les Caractères de La Bruyère sont proches de la tradition théâtrale, et de Molière en particulier. Il serait donc intéressant d’envisager les points communs entre cette œuvre et le genre théâtral. Est-ce par la forme, les sujets abordés que passe ce rapprochement ? Et ne seraient-ce pas plutôt les courtisans qui ressemblent à des acteurs ? Certes, on retrouve les ingrédients du théâtre dans les « remarques » de La Bruyère et bien des sujets de Molière sont présents dans les Caractères. Mais la cour de Versailles est aussi un théâtre où se jouent en continu des pièces. I- Les Caractères ressemblent à une œuvre théâtrale A- Des « remarques » qui fonctionnent comme des saynètes de théâtre - Courtes et rapides, les remarques sont construites comme des pièces miniatures : exposition rapide, dénouement/chute (Arrias) - On retrouve les 3 unités : lieu : Versailles ou Paris selon les chapitres temps : brièveté et récit au présent action : un seul sujet par remarque + vraisemblance et bienséance respectées B- Des personnages qui échangent des dialogues, associés à une gestuelle - LB a recours à des répliques au discours direct (Arrias) et même à un échange de répliques dans le même texte : on pourrait mettre en scène ce portrait très facilement. - LB ne se contente pas des paroles de ses personnages, il décrit leurs gestes : Théodote nous parle à l’oreille, on voit les courtisans ambitieux monter et descendre les escaliers, hanter les antichambres, Théodecte (l’homme à la mode, très satisfait de lui-même) annonce son arrivée par des éclats de voix ; il soigne son entrée en scène. On apprend que tout homme qui veut avoir l’air occupé doit « paraître accablé d’affaires, froncer les sourcils, et rêver à rien très profondément » (p.99). Un acteur ne ferait pas mieux dans son jeu. C- Des acteurs grimés et déguisés - Comme les acteurs, les courtisans prennent soin de leur apparence pour soigner leur rôle. Ils ont le chef couvert d’une perruque (la cour) - Théognis sort « paré comme une femme » tant il est coquet - Le fard et les poudres qui couvrent les visages des femmes sont comme le masque des acteurs. On reconnaît à peine la physionomie de ceux qui se peignent car ils sont totalement artificiels et transformés(La cour). Mais si les « remarques » ressemblent à des petites scènes, ce sont à des scènes de comédie à la Molière qu’elles font penser. II- La Bruyere est proche de Molière par les sujets qu’il aborde A- Tous les deux peignent des caractères - Molière peint Harpagon (L’Avare), et la même avarice se retrouve chez Crésus et Chrysippe (qui aime l’or comme son nom l’indique). - Tartuffe est le cousin de Troïle, véritable parasite qui prend la place du maître dans la maison qu’il occupe. Dans Le Misanthrope, Alceste fait le même constat que LB sur l’hypocrisie qui triomphe à la cour - Géronte (etym geron grec: le vieillard) est un personnage qu’on trouve chez Molière (Les Fourberies de Scapin) et chez LB (vieillard avare) .Tous deux ont en commun d’être vieux. Oronte, comme certains personnages de Molière prétend même, tout vieux qu’il est, épouser une jeune fille. - LB met en scène un Sosie comme Molière dans Amphitrion de Molière. B- Tous les deux proposent une satire des mœurs de leur temps - Le bourgeois gentilhomme moque les bourgeois parvenus qui accèdent à la noblesse ; LB n’est pas moins critique à leur égard et leur promet de se ruine à cette course aux vanités (Sylvain, Périandre, Dorus). - Les Précieuses ridicules et Les femmes savantes tournent en ridicule les femmes qui ont des prétentions intellectuelles ou les coquettes comme Argyre. Acis est un précieux ridicule. Personne ne le comprend quand il parle tant son langage est abscons. - Tartuffe et Le Misanthrope raillent les hypocrites et les gens qui préfèrent le mensonge à la vérité ; LB constate aussi que la franchise s’accommode mal de la fréquentation de la cour. - Le Malade imaginaire n’a rien à envier à Irène dans son hypocondrie. - Molière et LB pratiquent la satire. Mais si Molière a connu la censure, (Tartuffe), LB, plus prudent n’a jamais attaqué de front les institutions religieuses ou politiques. Il s’en est tenu à faire parler un huron (dans la cour)… C-Le comique est leur registre commun pour corriger les mœurs et les Hommes (tous les deux sont des moralistes et chacun corrige les mœurs en riant « castigat ridendo mores ») - Molière et LB sont des moralistes : ils proposent aux lecteurs et aux spectateurs le miroir de leurs défauts et les fait rire pour les pousser à se corriger. Il faut pourtant constater que le résultat n’est pas à la hauteur de leurs efforts. - LB veut plaire et instruire et Molière veut corriger les mœurs par le rire. - La finalité de leurs œuvres est donc la même et leur « vis comica » (force comique) leur assure un beau succès auprès des courtisans, prompts à reconnaître les défauts des autres et oublieux des leurs On peut donc penser que Molière et La Bruyère sont parents dans la satire et la comédie et qu’à sa façon, LB est l’héritier de la tradition théâtrale. Mais le siècle tout entier se prête au théâtre et s’il imite le monde, le monde de la cour ressemble lui-même à un théâtre. III- La Bruyere nous montre que la cour de Versailles est un théâtre (il ne se sert pas du théâtre pour montrer la société mais révèle que la cour est un véritable théâtre) A- Des courtisans oisifs, spectateurs d’un spectacle permanent - Chez LB, les personnages sont rarement seuls. Tout un peuple de courtisans gravite autour d’eux : acteurs parfois, et plus souvent spectateurs. Au second plan des « remarques » de LB, « on » s’agite, pronom indéfini souvent utilisé par l’auteur, qui peut désigner n’importe quel courtisan, la masse indifférenciée des habitants de Versailles. Chacun est donc sans cesse observé par ses pairs. - Narcisse est un spectateur né. Partout où il se passe qque chse, il veut être présent. « Où pourriez-vous ne l’avoir pas vu ? Où n’est-il point ? » (p.107); à croire qu’il a le don d’ubiquité. - Et souvent il n’y a qu’un pas pour que le spectateur devienne acteur : « J’entends Théodecte de l’antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu’il approche ; le voilà entré, il rit, il crie, il éclate ». Un acteur n’entrerait pas en scène autrement. Pamphile contrefait les grands afin de passer pour l’un des leurs. « Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre, : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels ; vrais personnages de comédie» (p.184). « On aime à être vu, à être montré, à être salué » à la cour (p.252). Exister, c’est être vu et remarqué. Cimon et Clitandre veulent être « vus et revus ». A- Un univers d’hypocrites - Ménophile « masque (porte un masque) toute l’année »(p135)tant il dissimule ce qu’il est et ce qu’il pense. - le courtisan « (pense) mal de tout le monde, il n’en dit de personne » (p.142) , et tel Janus bifrons (personnage à 2 visages), « il pleure d’un œil et rit de l’autre »(p.144). L’hypocrisie est une deuxième nature à la cour. - ils flattent les puissants, méprisent ceux qu’ils pensent inférieurs à eux et changent leurs opinions au gré des événements et de ceux qu’ils croisent. - « Un homme qui sait la cour est maître de son geste, de ses yeux et de son visage (…) il dissimule (…), sourit à ses ennemis (…), déguise ses passions, (…) parle, agit contre ses sentiments ». (p.117) Mentir est la norme à Versailles. B- La « Foire aux vanités » (cf. Thackeray au XIXe s) à la galerie des glaces - = le « theatrum mundi » dont parlaient déjà les anciens dans l’Antiquité : la cour est un théâtre où chacun joue un rôle. - LB prophétise p158 : « Dans cent ans, le monde subsistera encore en son entier : ce sera le même théâtre, les mêmes décorations ; ce ne seront plus les mêmes acteurs ». - Même s’ils prétendent corriger leurs contemporains, LB et Molière brossent surtout un terrible tableau de la nature humaine et de la vanité des hommes. Menteurs, ambitieux, intéressés, ils ne pensent qu’à eux et uploads/Litterature/ corrige-de-la-dissertation2.pdf

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