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CORRIGE TYPE Matière : FR10 Devoir n° : 03 Epreuve de recette du : 03/08/07 statut: 81 7FR10CTPA0307 Objet d’étude : l’argumentation : convaincre, persuader et délibérer 1. Questions (4 points) Question 1 (2 points) Le rôle des personnages et la progression du dialogue Le dialogue semble progresser grâce aux remarques indignées ou aux questions étonnées de la poularde, auxquelles répondent les explications du chapon. Il s’agit donc d’un dialogue didactique : l’une ignore, l’autre sait. Un premier mouvement, du début à « …Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde ? » constitue une introduction : chaque gallinacé expose à l’autre les mutilations subies pour satisfaire la gourmandise des hommes. Cependant, la satire est déjà présente car le chapon met en parallèle cette mutilation avec celle infligée à deux castrats qu’il a entendu discuter. C’est la cruauté de certaines moeurs humaines (gourmandise, plaisir esthétique du chant, rite religieux de la circoncision) qui est mise en cause. Devant l’indignation de la poularde, le chapon convoque d’autres exemples d’origine historique, toujours issus de la conversation surprise (« empereurs chrétiens et grecs », Louis le Débonnaire et son neveu Bernard, massacre de vingt mille, supposé cannibalisme des Juifs). Sensible à ses seuls intérêts, ce qui trahit sa naïveté et son ignorance, la poularde introduit une nouvelle articulation : « … Nous traite-t-on ainsi dans le reste du monde ? ». L’exposé auquel se livre alors le chapon est encore nourri des informations glanées dans la conversation des deux abbés. L’exemple n’est destiné qu’à introduire la contribution de la poularde au dialogue, qui complète à son tour le rôle didactique du chapon – ce dont témoigne la longueur de la réplique. Comme le chapon exposait le récit de la conversation des deux castrats, elle raconte une scène qu’elle a personnellement entendue. La distance naïve avec laquelle elle décrit le prêche dans une église ne l’empêche nullement de raisonner sur les contradictions entre le contenu de ce prêche et le comportement des hommes. Le chapon, dans une réplique autant développée, renchérit en exposant toutes les entorses que les hommes font subir par leurs actions à leurs lois. Par ce passage à la théorie, il garde son rôle de dispensateur du savoir, tout en ayant permis à la poularde de s’extraire quelque peu de sa naïveté en raisonnant à son tour. Un dernier mouvement, à partir de « Eh, mon Dieu ! », qui rappelle l’interjection du début, constitue une conclusion amusante en revenant à la condition des gallinacés promis à la cocotte… Question 2 (2 points) L’expression de la thèse Les thèses du chapon et de la poularde sont relativement aisées à déterminer car elles sont explicitement exprimées : l’humanité est une « détestable engeance », les hommes sont des « monstres ». Leur cruauté, dictée par la satisfaction de leurs seuls plaisirs, en est la raison principale, entérinée par leur attitude face aux lois : le droit est employé à justifier les faits, et lorsque cela n’est pas possible, les lois sont aisément contournées. Cependant, même si les deux volatiles semblent d’accord, il ne faut pas penser qu’ils sont les porte-parole de la pensée de Voltaire. En effet, que faire de l’accusation contre les Juifs et de la naïveté de la poularde, complètement indifférente au malheur des autres, seulement occupée de l’injustice qu’elle subit : « Il est juste qu’une espèce si perverse se dévore ellemême, et que la terre soit purgée de cette race » ? L’antisémitisme de la poularde interdit d’en faire le porte-parole de Voltaire. Il en est de même du chapon qui avoue lui aussi son ignorance. Tout en soutenant le raisonnement des gallinacés contre la cruauté des hommes, le philosophe ne veut-il pas non plus mettre en garde son lecteur contre l’indignation gratuite de certains discours contre l’injustice et la cruauté qui ont eux-mêmes leurs limites, parce qu’il sont trop marqués d’ethnocentrisme. En conséquence, Voltaire met sans doute aussi en garde contre les discours qui se limitent à être des discours contre l’injustice : il faut aussi agir. C’est ce qu’il fit dans l’affaire Calas. Travail d’écriture au choix (16 points) Commentaire Comprendre l’enjeu de l’extrait à commenter : Cet extrait du dialogue fait se succéder deux assez longues répliques de la poularde, puis du chapon. Il s’agit d’un moment un peu particulier, situé presque à la fin de l’avancée du raisonnement, car la poularde était restée jusqu’alors, par ses questions, l’expression de la naïveté qui permettait les explications du chapon exposant la cruauté des hommes par rapport aux animaux et à leurs semblables. Les deux tirades présentent toutes deux des raisonnements : la poularde part d’une observation (les bribes entendues d’un sermon) pour révéler les contradictions des hommes entre leur comportement vis-à-vis des animaux et leur respect de la loi religieuse ; le chapon élargit l’argumentation en exposant l’ampleur de ces contradictions. Voltaire part donc des acquis de la fable pour aller plus loin : il se sert de l’animalité pour stigmatiser la cruauté de l’homme, puisque ces animaux sont plus « humains » que les humains. Le dialogue permet de présenter de manière plaisante des animaux raisonneurs qui mettent en cause par leurs observations indignées les contradictions des hommes et leur perversité. Construire un plan détaillé à partir d’une lecture analytique : I. Un dialogue amusant et fantaisiste 1. Vivacité du dialogue 2. Les animaux observateurs de l’homme 3. Des animaux raisonneurs II. … à portée philosophique 1. Stigmatiser la cruauté humaine 2. Stigmatiser la manipulation des lois et les incohérences de l’homme 3. Efficacité du masque de l’énonciation dialogique ? Proposition de rédaction pour le commentaire Le coup de force de La Fontaine fut de doter les animaux du langage des hommes. Par cette provocation, le fabuliste, précepteur de fils de roi, comptait « instruire et plaire ». Au XVIIIe siècle, Voltaire imagine le Dialogue du chapon et de la poularde : les deux gallinacés, mutilés pour satisfaire la gourmandise des hommes, font le procès sans appel de leur cruauté. À un peu plus des deux tiers du dialogue, la poularde, jusqu’alors restée un peu retrait dans son ignorance et son indignation, raisonne, à la faveur d’une observation récente, sur la mauvaise foi avec laquelle les hommes interprètent les lois religieuses qui leur interdisent la consommation de viande. Et le chapon, dans une tirade aussi conséquente, de renchérir sur la perversité avec laquelle les hommes détournent les lois pour justifier les injustices qu’ils commettent. Si le dialogue permet de présenter de manière plaisante des animaux raisonneurs qui mettent en cause par leur observation indignée les contradictions des hommes et leur perversité, il n’en demeure pas moins que sa fantaisie et ses aspects comiques n’ôtent rien à la profondeur et à l’amertume de la critique : cet échange drolatique entre volatiles de basse-cour est aussi porteur d’une charge violente contre les cibles habituelles des Lumières. Même dans ses développements les plus amples, à savoir ici les deux tirades de la poularde et du chapon, l’échange garde toute la fantaisie du reste du dialogue. L’extrait composé de la succession de ces deux tirades présente sans doute moins de vivacité dramaturgique que le reste du dialogue : c’est un moment de raisonnement et d’argumentation, y compris pour la poularde, qui ne s’était exprimée jusqu’alors qu’à travers des questions ou de brèves remarques exprimant son indignation et sa naïveté. Cependant, on y retrouve toute la vivacité perceptible dans le reste du pamphlet : l’exclamative « Que la gourmandise a d’affreux préjugés ! » qui ouvre l’exposé de la poularde, l’expression « Figure-toi » employée par le chapon font entendre la familiarité à la fois cordiale et courtoise entre ces deux habitants de la basse-cour. La trivialité et la simplicité du vocabulaire, particulièrement remarquables chez la poularde, ramènent au concret des préoccupations de gallinacés : « j’entendais l’autre jour », « notre poulailler », « dévorer nos membres bouillis ou rôtis », « coupé le cou ». Cette vivacité plaisante capte déjà toute l’attention du lecteur : elle va lui faciliter le suivi du raisonnement tenu par les animaux et le forcer au moins, à rire de ses ridicules, au plus, à prendre conscience de ses inconséquences. Le comique du dialogue consiste aussi à représenter la réflexion sur la nature humaine à travers des animaux, particulièrement pacifiques et domestiqués, uniquement destinés à la « gourmandise » des hommes. « Chapon » et « poularde » paraissent ainsi dénués de toute valeur d’agressivité et apparaissent beaucoup plus humains que les hommes. Ils emploient d’ailleurs un langage humain : on peut noter la technicité du vocabulaire dans ce passage, tant pour le champ lexical du droit et de la loi : « défense positive », « traité », « clause », « pacte », « sacrilège », que pour le champ lexical de la manipulation par le langage : « subterfuges », « sophismes ». Voltaire sait aussi utiliser les moyens éprouvés de l’anthropomorphisme des fables. Ainsi, les animaux n’ayant pas les mots pour désigner des réalités qui ne font pas partie uploads/Litterature/ corrige-ds-3-fr-word.pdf

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