COURS DE GRAMMAIRE RÉDIGÉ GRAMMAIRE DESCRIPTIVE ET GRAMMAIRE NORMATIVE 1. LA GR
COURS DE GRAMMAIRE RÉDIGÉ GRAMMAIRE DESCRIPTIVE ET GRAMMAIRE NORMATIVE 1. LA GRAMMAIRE NORMATIVE ET LA GRAMMAIRE DESCRIPTIVE La grammaire normative s’appuie sur le concept de norme (latin : « norma » = règle, loi) et elle vise une utilisation correcte de la langue, c’est à dire dans le respect des règles, et de leurs exceptions ! On considère comme des productions fautives par exemple le non accord avec le sujet d’un participe passé conjugué avec « être », l’oubli de la marque –s ou –x du pluriel, l’invention d’une forme verbale. C’est dans un but normatif que l’on enseigne des règles de grammaire, des tableaux de conjugaison et que l’on fait des exercices grammaticaux et des dictées. La grammaire descriptive ou linguistique a pour objet l’observation scientifique de la langue afin de comprendre son fonctionnement et d’établir des modèles. Elle étudie par exemple l’agencement des mots en groupes ou syntagmes et leurs combinaisons en séquences plus étendues ou phrases. Ce cours s’inscrit dans une optique linguistique et il s’attachera plus particulièrement à la syntaxe du français contemporain. Un enseignant doit en effet parfaitement connaître toutes les structures de la langue qu’il enseigne comme un horloger se doit de savoir monter et démonter l’objet qu’on lui donne à réparer. En linguistique on se sert de tests ou opérations qui permettent d’identifier la nature et la fonction grammaticales des mots et des groupes de mots. Appliquons les principaux tests linguistiques à la phrase : Les livres sont sur l’étagère. • la commutation : c’est le remplacement d’un mot par un autre de même rang ; tous les mots mutuellement commutables dans un environnement donné constituent un paradigme. Etudions le mot « étagère » en cherchant son paradigme. Ce mot est remplaçable par « bibliothèque », « planche », « table », mais pas par « ouvrir », « grande », « dans » ; puisqu’il n’est commutable qu’avec des noms communs, c’est donc un nom commun. Dans cette opération on ne tient pas compte du sens des mots, toutefois il nous paraît plus judicieux au plan didactique d’essayer de trouver une parenté sémantique et le remplacement d’« étagère » par « bibliothèque » semble plus facile à comprendre que le remplacement par « chat ». La commutation permet de mettre en évidence d’abord l’existence du mot puis son appartenance à une classe grammaticale (cf. 8). • la substitution : c’est le remplacement d’un groupe de mots par un seul mot tout en maintenant la structure syntaxique de la séquence. Substituons au groupe « les livres » le pronom personnel « ils » ; la phrase ainsi obtenue conserve sa grammaticalité et cela prouve le lien syntactico-sémantique entre le déterminant article défini masculin pluriel « les » et le nom commun « livres » ; ces deux mots forment un groupe qu’on appellera « syntagme nominal » (cf. 4). La substitution est l’opération de base de reconnaissance des syntagmes. • le déplacement : déplacer un mot ou un groupe de mots met en évidence la mobilité ou l’absence de mobilité de ces unités. Dans notre phrase aucun mot et aucun syntagme ne sont déplaçables : « *livres les… », « *les livres sur l’étagère sont » (l’astérisque marque l’agrammaticalité de la production langagière). • l’effacement : certaines unités de la langue sont effaçables, d’autres ne le sont pas ; si dans le mot « livres » on efface le « -s » final on obtient un singulier ; en revanche le groupe sujet « les livres » est obligatoire. • l’ajout : c’est l’opération inverse de la précédente ; ainsi on peut dire aussi que la marque « - s » du pluriel s’ajoute à la forme singulière du mot ; autrement dit, « livres » = « livre » + « - s » ; de même, nous pouvons ajouter la séquence « de littérature » au nom « livres » pour former le groupe plus étendu « livres de littérature ». La linguistique décrit la langue sur deux axes : • l’axe paradigmatique : axe des commutations, substitutions, des effacements et des ajouts. • l’axe syntagmatique : axe des déplacements, des effacements et des ajouts. (l’effacement et l’ajout peuvent se concevoir sur les deux axes) Il est important de ne pas confondre la linguistique synchronique et la linguistique diachronique. La première décrit un fait de langue à un moment donné, que ce moment soit contemporain de l’acte d’énonciation ou antérieur à cet acte ; ex : l’étude de la déclinaison des noms en ancien français, l’étude de la place des déterminants en français contemporain, les néologismes chez les auteurs de La Pléïade. La seconde décrit un fait de langue dans son évolution sur une période donnée ; ex : l’étude des voyelles atones du moyen français au français contemporain, l’étude du cas sujet depuis le latin jusqu’au français d’aujourd’hui. La linguistique est née sous sa forme diachronique au 19ème siècle puis, peu à peu, les linguistes se sont intéressés à la langue moderne sous l’impulsion, en particulier, de Ferdinand de Saussure, Roman Jakobson, André Martinet ou encore Noam Chomsky. La linguistique recouvre plusieurs domaines comme la lexicologie (étude du lexique), la lexicographie (étude des dictionnaires), la morphologie (étude des morphèmes), la syntaxe (étude de l’agencement des mots en syntagmes puis en phrases), la sémantique (étude du sens des mots). Elle entretient des liens étroits avec d’autres sciences humaines comme la phonétique, la phonologie, la psycho-linguistique, la sémiologie. 2. LES UNITÉS DE LA LANGUE Nous allons aborder à présent les différentes unités qui se combinent pour former la langue, à savoir la phrase, le syntagme, le mot, le morphème, le phonème et le graphème. Nous partirons d’une phrase exemple : Les jardiniers ramassaient les feuilles mortes. Phrase (P) = séquence délimitée par une majuscule et un signe de ponctuation marquant une pause importante ; ensemble régi par une intonation et un sens. Cette définition de la grammaire normative souffre bien des inconvénients, c’est pourquoi en linguistique on adopte une autre définition de la phrase et on dit que toute phrase se définit par des types et par une structure syntaxique. Nous n’entrerons pas dans l’analyse des types (T) et nous nous contenterons de les énumérer : T =Déclaratif Impératif Interrogatif + Positif / Négatif + Actif / Passif + Neutre / Emphatique Les types « déclaratif », « impératif », « interrogatif » sont obligatoires et mutuellement exclusifs. Les trois autres paires de types s’ajoutent toujours à l’un des types précédents. Pour une étude détaillée reportez-vous aux grammaires citées dans la bibliographie. Par « structure syntaxique » on entend l’agencement de la phrase en syntagmes. Syntagme = groupe de mots formant une unité syntaxique, c’est à dire fonctionnant dans une phrase comme un seul mot. Pour identifier un syntagme on procède à des tests: • la substitution : les jardiniers = groupe de deux mots remplaçable par un seul mot, le pronom personnel sujet « ils » ; les feuilles mortes = groupe de trois mots remplaçable par un seul mot, le pronom personnel C.O.D. « les » ; ramassaient les feuilles mortes = groupe formé d’un verbe et du groupe C.O.D., il est remplaçable par un seul mot, le verbe « travaillaient » . La phrase est réductible dans un premier temps à trois groupes appelés « syntagmes » : les jardiniers (ils) + ramassaient + les feuilles mortes (les). Dans un second temps nous pouvons encore réduire cette phrase pour ne plus obtenir que deux syntagmes : les jardiniers (ils) + ramassaient les feuilles mortes (travaillaient). On traduit cette structure syntaxique minimale par une règle de réécriture : P ž SN + SV Ÿhaut règle qui se lit ainsi : la phrase (P) se réécrit (ž) Syntagme Nominal (SN) plus (+) Syntagme Verbal (SV). SN = les jardiniers, SV = ramassaient les feuilles mortes. C’est la structure syntaxique de base de la phrase française. En linguistique toute autre séquence qui n’obéit pas à cette règle de réécriture n’est pas considérée comme une phrase. Par exemple les séquences Oui, d’accord / Demain à 8 heures / Sur le banc, devant l’école / ne sont pas des phrases canoniques. Notre phrase de départ peut encore se décomposer puisque le SV est formé d’un verbe et d’un SN. La règle de réécriture est la suivante : SV ž V + SN V = ramassaient, SN = les feuilles mortes. • l’effacement : * ramassaient les feuilles mortes, donc le SN Sujet les jardiniers est obligatoire ; * les jardiniers ramassaient, donc le SN Complément d’Objet Direct les feuilles mortes est obligatoire. • le déplacement : *ramassaient les feuilles mortes le jardinier, donc le SN Sujet est toujours à gauche du verbe ; * les jardiniers les feuilles mortes ramassaient, donc le SN C.O.D. est toujours à droite du verbe. Les syntagmes sont eux-mêmes composés d’un ou de plusieurs mots. Mot = traditionnellement on définissait le mot comme une séquence écrite séparée des autres séquences de la phrase par un espace blanc. En linguistique uploads/Litterature/ cours-de-grammaire-redigee-normative-et-descriptive.pdf
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- Publié le Jan 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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