COURS DE METHODOLOGIE D’EXPRESSION ECRITE ET ORALE Mme M. Augusty L3 LETTRES MO

COURS DE METHODOLOGIE D’EXPRESSION ECRITE ET ORALE Mme M. Augusty L3 LETTRES MODERNES – Semestre 6 _ 2019/2020 LE BESTIAIRE CREOLE : Oralité et Oraliture A/ Les personnages des contes Les contes créoles mettent en scène un certain nombre de personnages que l'on retrouve d'une histoire à l'autre. Pour les Mofrazé dans les îles créolophones de la Caraïbe et en Guyane, les personnages de Lapin qui représente le Mulâtre ou encore Robin des Bois (Lapen) ou Lyèv également nommé Malis en Haïti et aussi Zamba (Zanba) ou Bouki qui désigne un gros animal balourd, parfois assimilé à l’hyène ou à l'éléphant, selon les cultures, ainsi que le Roi (Pè-Liwa) se retrouvent classiquement dans les récits. Mais il faudrait encore citer Tigre (Tig), l'Araignée (Zarenyé ou Zagriyen), le Singe (Makak) ou Tortue (Tòti ou Mòlòkòy) ... Chacun de ces personnages-animaux représente un type psychologique simple à forte valeur symbolique. Si Lapin, personnage le plus populaire, apparaît toujours comme rusé et savant, il est également toujours dénué de tout scrupule moral : sa grande activité est de tromper son compère Zamba. Il est un "personnage ambigu qui méprise autant les faibles qu'il déteste les puissants" (Joëlle Laurent et Ina Césaire, Contes de mort et de vie aux Antilles, 1976, Nubia). Tig (ou Liyon dans certaines traditions) suscitent toujours la crainte en représentant l'autorité lointaine et toute- puissante : il intervient rarement en personne, et on ne l'approche qu'avec peur et réticence, car les risques sont grands pour qui s'aventure à ses côtés. Bœuf (Gros, puissant et maladroit, il est le serviteur de Béké. Il inverse les richesses où il est servile avec les puissants et arrogant auprès des misérables), Cheval (Chouval ou Chival, il est vigoureux et robuste) sont forts mais ne sont guère intelligents, et se font avoir, notamment lorsque Lapin intervient. Makak est un peu ridicule, se fait souvent berner, mais toujours drôle. On peut noter à ce propos qu'il n'y a pas et n'a jamais eu de singe aux Antilles : ceci montre clairement l'influence de l'Afrique dans tout ce domaine des contes, influence qui a été soulignée à maintes reprises. Outre la présence de thématiques, de motifs, de personnages très proches de ceux que l'on trouve dans les traditions de l'Afrique (notamment de l'Afrique de l'Ouest), dans le détail on voit évoquer des réalités (cuisine, pratiques rituelles, attitudes, qui sont caractéristiques et que l'on retrouve parfois absolument à l'identique dans des contes du Sénégal ou du Bénin. L'insertion de parties chantées, également en usage dans bien des régions d'Afrique, aux paroles souvent énigmatiques, renvoie aussi très certainement non seulement à une coutume mais peut-être même à des textes issus de langues africaines et qui se sont transformés au cours des siècles au point de devenir maintenant mystérieux, même pour un « Noiriste », africaniste chevronné.1 Les animaux, personnages du conte, manifestent un anthropomorphisme plus ou moins prononcé et sont caractérisés par des traits encore plus codifiés que ceux qui définissent les humains. Ainsi Lapin est malin et par ruse se sort des situations les plus délicates, Zamba incarne la sottise et la lourdeur : il se fait régulièrement avoir par Lapin qu'il ne parvient jamais à contrôler. Le Roi manifeste le pouvoir, avec son cortège d'injustice et d'aveuglement : il prend des décisions autoritaires et l'emporterait toujours, car il détient la force, si l'astuce et l'intelligence du héros (par exemple Lapin) ne lui permettait de se débrouiller, éventuellement aux dépens des autres, car le roi (dans lequel les anthropologues se plaisent à voir la représentation du maître) fait toujours des victimes : il sévit, il punit, il sanctionne, fait régner l'ordre et incarne la loi, souvent incompréhensible (et qui apparaît donc comme injuste ou aléatoire) pour 1 A ce propos, pour plus d'informations, on pourra se reporter à un article de Marie-Christine Hazaël-Massieux, paru en 1989 : "Formes brèves et chansons dans Atipa. La littérature orale dans la littérature écrite", in Atipa revisité ou les itinéraires de Parépou, sous la direction de M. Fauquenoy, TED, n° spécial double 7-8 (1989), L'Harmattan, pp. 259-271, ou encore à l'ouvrage également de M.C. Hazaël-Massieux, Chansons des Antilles, comptines, formulettes, 2e édition : L'Harmattan 1996. Plus généralement sur les liens entre le conte africain et le conte créole, on pourra se reporter à Clés pour le conte africain et créole, de Françoise Tsoungui, Editions CILF/EDICEF, coll. "Fleuve et Flamme", 1986. celui qui est la victime. Dans la même veine, "Bon Dieu" (Bondyé) a souvent été considéré par les sociologues et anthropologues comme l'image du béké, du Blanc, propriétaire terrien ; à notre époque, on reproche au personnage Bondyé aussi bien sa dureté éventuelle que son paternalisme. D'autres personnages dans les contes créoles donnent lieu à toute une "geste" : on pense en particulier au personnage de Ti-Jean (ou Ti-Jan) que l'on retrouve aussi bien dans la Caraïbe que dans l'Océan Indien, avec de nombreuses variantes, et qui rappelle de nombreux personnages astucieux, présents sous des noms divers dans la tradition française. Il s'agit toujours d'un personnage intelligent, débrouillard, à qui la chance finit par sourire, même s'il a connu ou connaît des malheurs : il représente régulièrement la lutte pour la réussite. Par la ruse, il fait face à un milieu social hostile. Né pauvre, il parvient aux plus grands honneurs de ce monde (il épouse par exemple la fille du roi), au terme d'une véritable quête du bonheur et souvent après avoir accompli de nombreuses épreuves.  Dans les apologues, nous retrouvons aussi : - Agouti : Toujours sans-abris - Chat : Manipulateur hypocrite qui aime son indépendance, il doit son salut à la fuite. Il est l’ennemi juré de Chyen (lui, représente la loi, les forces de l’ordre, le gendarme, sentinelle du Maître Béké) et de Rat (Sagesse et intelligence). - Foufou ou Kolibri : Il est le transmetteur de la culture (Ancestralité & Tradition et le messager. - Krapo : Pauvre, mais le mieux élevé. - Mannikou : Moqueur et prévoyant, il possède 44 dents. - Pwason awmé : Aime se battre. - Zagriyen : Maline et jalouse, elle est fine, coriace et incarne la ruse. B/ Introduction et Méthodologie de composition du conte Le conte est un récit, de faits réels ou imaginaires, fait pour passer un message, circuler une information, faire esclaffer une cour ou encore dissoudre une peine, par le Maître parolier également titré « Conteur de Mofrazé ». - Création/Composition o Choisissez un héros qui a une symbolique o Exposez le cadre, implantez le décor (mission ; raison…) o Péripéties (créatives ; diversifications) o Traversée(s) dans un lieu original voire inconnu (rencontres positives et négatives) o Ingrédient(s) magique(s) (crée le suspense permettant de faire (r)appel à trois reprises) o Récompense reçue par le héros (qui peut être un don matériel ou non palpable) o Morale du conte Laissez votre esprit bourlinguer entre « éthique et fantasme » ! Sources Référentielles - https://books.google.fr/books?id=DsHf3smU8n8C&pg=PA60&lpg=PA60&dq=le+bestiaire+cr %C3%A9ole&source=bl&ots=YhjBeURKx8&sig=ACfU3U14pMeYXEo4_n9uolrHxo5GutPP5w&h l=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjan5TPi7npAhXEhHIEHZNGA2sQ6AEwBXoECAoQAQ#v=onepage&q =le%20bestiaire%20cr%C3%A9ole&f=false (Privilégiez à partir de la page 57) - https://www.potomitan.info/atelier/contes/ina1.php - uploads/Litterature/ cours-de-methodologie-bestiairecreole.pdf

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