La littérature comparée Emile ZOLA (Germinal) et Ousmane SEMBENE (Les Bouts de

La littérature comparée Emile ZOLA (Germinal) et Ousmane SEMBENE (Les Bouts de bois de Dieu) Qu’est-ce que la littérature comparée ? La locution littérature comparée dans le langage du début du 19ème siècle (1816-1825) était au départ une expression qui permettait de juxtaposer des extraits empruntés aux littératures française, latine, anglaise et italienne. C’est en 1845 que ce terme fut définit comme discipline ; « Les rapports de toutes les civilisations entre elles, ce qu’elles se doivent les unes aux autres » La comparaison (littérature comparée) a pour objectif de découvrir les liens d’échanges, les liens affectifs, entre les différentes civilisations. La littérature comparée est née avec le romantisme. Les différentes révolutions, l’éveil des nationalistes, le renouveau des langues, font naitre les différences entre les civilisations. Donc, la littérature comparée trouve une fonction : Cerner d’avantages l’originalité de chaque littérature et établir ce qu’elle apporte aux autres et ce qu’elle leur doit. La littérature comparée informe sur les évolutions littéraires parallèles, convergentes ou divergentes. La littérature s’intéresse à la fois aux thèmes et à la forme ; c’est un art méthodique par la recherche des liens analogiques de parenté et d’influence, de rapprocher la littérature des autres domaines de l’expression ou de la connaissance, ou bien les faits et les textes littéraires entre eux, distants ou non, dans le temps ou dans l’espace, pourvu qu’ils appartiennent à plusieurs langues ou à plusieurs cultures afin de mieux les décrire, de les comprendre et de les lier. Autre définition : la littérature comparée est une description analytique, une comparaison méthodique et différentielle, une interprétation synthétique des phénomènes inter linguistique ou interculturels par l’histoire, la critique et la philosophie afin de mieux comprendre la littérature comme fonction spécifique de l’esprit humain. C’est une analyse comparative d’œuvres littéraires appartenant à des aires linguistiques différents au niveau culturel, traditionnel et linguistique afin de ressortir l’universalité. On compare sans porter de jugement de valeur, c’est une lecture intelligente, objective avec un but de rapprochement. Germinal de Zola et Les bouts de bois de Dieu d’Ousmane Deux romans, deux époques différentes, deux aires géographiques différents ; le premier roman se déroule au 19ème siècle en France, le deuxième au 20ème siècle entre Sénégal et le Soudan. 1 Les deux romans traitent du monde ouvrier et de la grève et ce qui est intéressant c’est le naturalisme de Zola et la littérature subsaharienne d’expression française d’Ousmane ; deux expressions littéraires qui vont être rapprochées et qui sont aux antipodes l’une de l’autre. Le naturalisme est un mouvement qui va être créé par Zola en réaction au romantisme et Zola est le disciple de Taine qui croit à la subordination de la psychologie à la physiologie. Zola proscrit (bannit) toute idéalisation du réel et insiste principalement sur les aspects qui, dans l’homme, révèlent de la nature et de ses lois. Pour lui, l’homme est soumis au déterminisme universel (c’est-à-dire que le sentiment ou le caractère, est déterminé par notre environnement, l’hérédité est vérifiée). Zola conçoit le roman comme une contribution à la connaissance et transpose dans la création littéraire les règles de l’investigation scientifique, de la recherche scientifique sur une personne placée dans un environnement donné, observateur, expérimentateur qui va aboutir à des résultats comme dans un laboratoire. C’est la description de la psychologie humaine et de son évolution. Dans cette écriture du naturalisme, il renvoi à la réalité de l’homme. On va reprocher à Zola de se complaire dans la trivialité (vulgarité) de peindre le vice avec délectation et de multiplier les tares (les defaults intrinsèques) de ses personnages. Chose à laquelle Zola répond qu’il n’y a pas de réalité poétique ou non poétique, de sujet permis ou interdit, il veut tout simplement porter témoignage. « La misère sera bien près d’être soulagée le jour où on se décidera à la connaître dans ses souffrances et ses hontes (…) Je n’ai qu’un désir : montrer ces pauvres gens tel que notre société les fait et soulever une telle pitié que la France cesse enfin de se laisser dévorer par l’ambition d’une poignée de politicien pour s’occuper de la santé et de l’avenir de ses enfants » Pour atteindre son but, il utilise la méthode expérimentale qui est en fait une méthode documentaire. Il se documente par la lecture de livres techniques, de visites aux hommes compétents du domaine. Il rassemble pour écrire Germinal des informations sur la géographie, la géologie des bassins miniers, l’organisation du travail, la structure des grandes compagnies. Il se renseigne également sur le mode social des ouvriers, la politique, le syndicalisme, le socialisme entre 1830 et 1860. Pour la littérature sub-saharienne d’expression française Cette littérature est née au 20ème siècle avec la colonisation. C’est une littérature écrite par les colons pour exprimer le bien-fondé de la colonisation. Par la suite, ce sont les écrivains eux-mêmes qui vont s’exprimer dans cette langue et vont le faire sur le modèle donné par le colon, dans une langue soignée pour bien montrer leur capacité à maitriser la langue française. Cependant, ils ne sont pas bien considérés par leurs compatriotes mais, à partir de 1956, un certain nombre d’écrivains africains s’élève pour décrire la colonisation et la situation faite aux indigènes (les autochtones). 2 Après, lorsque les africains ont obtenu leur indépendance, la littérature subsaharienne s’attache à dénoncer les réalités africaines mais elles ne sont pas lues par les africains. La particularité est qu’elles sont l’expression des sentiments et des refoulements d’un auteur. En plus, la langue française est obligatoire dans la communication du texte. Ces littératures sont également un témoignage de situations inadmissibles. Ousmane est un autodidacte, il va s’initier au syndicalisme, il va participer en 1947 à la grève des chemineaux et il va devenir écrivain dans les années cinquante : « Je suis arrivé à la littérature comme un aveugle qui, après quarante ans, retrouve la vue » Il existe aussi d’autres romans : « le Docker noir », « Voltaïque »… et certains sont adaptés au cinéma. Les deux romans : Germinal : Le titre est révélateur : Un nouveau germe, une nouvelle vie. Le roman est écrit en 1885, période de mars - avril et le thème pertinent est l’éveil des ouvriers avec le message de la possibilité du changement C’est un jeune homme de 21 ans, Etienne Lantier, un ouvrier qui va vers le nord pour chercher un travail. Il est intelligent, sincère avec des idées marxistes (pour le communisme, la classe ouvrière devrait gouverner, instaurer ses droits) et s’intéresse aussi à Proudhon (1809-1865 : idées anarchistes, pour l’individu). Il a une certaine vision de ce qui se passe à côté de lui. Arrivé à la mine, il trouve les mineurs sont dans la faim, la pauvreté : situation exécrable. Ce qui va entrainer les mineurs à se révolter sous la coupe d’Etienne. Il va habiter avec la famille « Les Maheu » dans le Coron. A la grève, un des Maheu va mourir et un anarchiste va faire exploser une mine ; il y aura un vrai carnage et son amante va mourir. La grève a échoué et lui, il va quitter vers Paris. Germinal développe un combat à la fois collectif et individuel : Celui de la vérité contre l’ignorance et celui de la justice contre la contention (la tension). Le souhait final du personnage principal Etienne Lantier est de faire triompher la justice parmi les hommes. Les bouts de bois de Dieu : C’est le nom que se donnent les cheminots pour compter les hommes, il est en relation avec la langue locale. Dans ce roman, écrit en 1960, on s’inspire d’un fait réel historique (du 10/10/1947 au 19/03/1948) et qui va paralyser le chemin de fer Dakar – Bamako. Il est dédié aux syndicalistes de l’Afrique noire et il va décrire l’activité des grévistes sur trois villes : Bamako, Thiès et Dakar. Il va également observer les réactions des parties adverses (le colonisateur, le parti religieux, l’administration). Ce roman souligne surtout l’action menée par les hommes, les femmes et même les enfants pour la liberté et contre l’oppression. 3 Avec ce roman, Ousmane annonce l’avènement d’une nouvelle Afrique et la victoire des grévistes montre un changement au niveau de la condition du nègre et de son état d’homme colonisé (différence sociale et différences raciales). Le roman d’Ousmane se divise en trois parties qui correspondent aux trois villes : -Bamako : avant la grève -Thiès : où se déroule la grève -Dakar ; l’après grève. Le personnage principal est BAKAYOKO (investigateur du mouvement) Le point commun entre les deux romans : le thème du monde des ouvriers avec des sous thèmes et le personnage principal. Le cadre sociopolitique : En France, la deuxième moitié du 19ème siècle voit l’essor des doctrines marxistes qui permettent le développement du socialisme. Le mouvement syndicaliste permet à l’ouvrier d’améliorer les conditions de travail et par conséquent son mode de vie. La loi Waldeck, Rousseau va invoquer le droit à autoriser l’organisation de syndicat des ouvriers (pour vivre dans de meilleures conditions) dans les uploads/Litterature/ cours-lahrichi-s6-litt-comparee 1 .pdf

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