IA Thiès Année 2019/2020 Lycée Serigne Amadou Cisse de Pire Classe Tle L M.SARR

IA Thiès Année 2019/2020 Lycée Serigne Amadou Cisse de Pire Classe Tle L M.SARR Cours sur la poésie I Définition Qu’est-ce que la poésie ? Peut-on tenter de la définir ? Peut-on en cerner les contours ? Répondre à ces questions n’est pas une chose aisée du fait de la complexité du genre et de son ambivalence. En effet personnelle et collective, sacrée et profane, pure et impure, populaire et hermétique, la poésie prend à travers les siècles les continents et les langues toutes les définitions possibles et contradictoires. Comme aucune définition ne semble pouvoir satisfaire et renfermer toute la quintessence du genre on se réfugie dans un bavardage et un délire verbal. C’est pourquoi Paul Valery ironise sur ceux « qui se font de la poésie une idée si vague qu’ils prennent ce vague pour l’idée même de la poésie ». Cependant ce mot apparu dans la langue française vers 1350 trouve son origine dans le verbe grec poiein qui signifie « faire » « créer ». Ainsi la poésie serait création fabrication. De ce fait une chose est sure la poésie est fondée sur le langage ; elle en constitue à la fois une expérience extrême et un art particuliers. II La création poétique Parler de la création poétique revient à aborder la question fondamentale de l’essence même de la poésie. On est tenté d’apporter à la mystérieuse création poétique deux réponses contradictoires. Elle serait née d’une part de l’inspiration et d’autre part du travail. 1 La poésie comme inspiration La réponse la plus connue à propos de la création poétique est celle de l’inspiration. Cette idée est très ancienne et est liée à la mythologie grecque qui avait imaginé les Muses. Ces dernières devaient inspirer les poètes. Ce qui fait dire a Platon « ce n’est pas par un effet de l’art mais bien parce qu’un dieu est en eux » que les poètes créent. C’est ce qu’il appelle enthousiasme qui étymologiquement signifie « la possession par un dieu » cette conception de l’inspiration sera reprise à la renaissance par les poètes de la pléiade chez qui l’enthousiasme devient « fureur sacrée ». Mais l’inspiration n’est pas nécessairement un don des dieux. Pour Diderot, elle trouve son origine dans une expérience sensible paroxystique proche de la jouissance sexuelle. Selon lui l’enthousiasme s’annonce dans le poète « par un frémissement qui part de sa poitrine et qui passe d’une manière délicieuse et rapide jusqu’aux extrémités de son corps. Bientôt ce n’est plus un frémissement, c’est une chaleur forte et permanente qui l’embrase, qui le fait haleter, qui le consume, qui le tue ; mais qui donne l’âme, la vie à tout ce qu’il touche »Dorval et moi Second entretien sur le fils naturel Au XIX é siècle, chez les romantiques comme Hugo et Musset de même que chez Baudelaire la poésie devient une expérience fatale : le poème est fait de la vie et de la chair même du poète, une chair dont repait le lecteur vampire. Enfin lorsqu’on refuse à croire que l’inspiration vient des muses ou d’un cœur sensible, on cherchera à la saisir « dans le vert paradis des amours enfantines » selon Baudelaire où la sensibilité naïve s’émerveille du pouvoir des mots encore neufs avec lesquels il joue innocemment et irrespectueusement. Ou bien l’inspiration au XXe siècle proviendra comme chez les surréalistes du rêve et des profondeurs de l’inconscient 2 La poésie comme création Qu’elle vienne des dieux, du cœur, de l’enfance retrouvée, du rêve ou de l’inconscient, l’inspiration à elle seule ne suffit. Elle exige un travail. Car comme le dit Paul Eluard « on ne prend pas le récit d’un rêve pour un poème. Tous deux réalités vivantes, mais le premier est souvenir tout de suite usé transformé, une aventure et du deuxième rien ne se perd ni ne change ». Donc la poésie proviendrait d’un travail minutieux sur le langage. C’est dans ce sens que s’inscrivent ces propos de Baudelaire « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Dés lors le poète serait un artiste un démiurge, qui par la magie du langage poétique transformerait et transfigurerait la réalité. N.B Mais il ne s’agit pas de choisir entre l’inspiration et le travail. En effet un poème n’est pas le produit d’un pur élan spontané ni celui d’une seule méthode ingénieuse ou d’un seul labeur consciencieux. Les deux sont indissociables. Ainsi DU Bellay pensait comme Ronsard que l’inspiration était un don divin mais il était également convaincu que le poète devait souffrir « longuement demeurer dans sa chambre » endurer la faim, la soif et les longues insomnies. Au XIX é siècle Baudelaire dira tout simplement que « l’inspiration est décidément la sœur du travail journalière ». De ce fait la poésie est le fruit d’un effort et d’un don. Pour devenir poème, les images nées dans la douceur du rêve doivent être vigoureusement reprises par une volonté créatrice qui fait d’un élément donné par le hasard une nécessité. II Les fonctions de la poésie Les poètes ont mauvaise réputation. Depuis toujours ils ont suscité méfiance et moquerie. D’ailleurs Platon les bannit de sa cité idéale. Il dira dans La République « Poète votre art est beau mais allez voir dans la république d’à coté ». Ainsi le débat sur l’utilité ou non de la poésie a traversé les siècles les continents et alimenté des débats chez les hommes de lettres même. De Malherbe ou Gautier en passant par Vigny ou Hugo, ils ont été appelé a témoigner de la frivolité ou de la mission civilisatrice et salvatrice des poètes. Ainsi il serait intéressant de se poser cette question : les poètes sont-ils dangereux et inutiles pour la société ? Ou ont- un rôle social à jouer ? 1 Poésie et rêve On accentue souvent l’opposition entre poésie et réalité : les poètes de ce fait méconnaitraient le principe de réalité et vivraient dans le monde des rêves et fabriqueraient des chimères. Loin de se complaire uniquement dans le vague et la rêverie détachée de la terre, la poésie trouve sa nourriture aussi dans les profondeurs de l’esprit. Le rêve ou l’imagination constitue donc l’une des premières matières de la poésie. L’homme du sens commun le traite donc de rêveur qui vit loin des vicissitudes de l’existence. Ainsi après Platon qui a exclu le poète de sa cité, au XVII é siècle, Malherbe le comparera a un simple joueur de quilles. De ce fait la conception de la poésie comme rêve ou imagination traversera les siècles et réapparaitra au XIXe siècle avec les romantiques présentés comme des sentimentaux ou des rêveurs considérant la nature comme l’asile vert recherché par tous les cœurs en détresse. Ce qui fera dire a Lamartine dans Le Vallon « Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance N’ira plus de ses vœux importuner le sort Prêtez- moi seulement, Vallon de mon enfance Un asile d’un jour pour attendre la mort » Quant aux symbolistes qui cherchent l’essence des choses au-delà des apparences, ils tentent d’y arriver par une sorte d’élévation spirituelle. Leur voyance selon l’expression rimbaldienne s’efforce de percer les écrans et de montrer au jour la pureté de l’idée en inventer une nouvelle musique des mots afin de leur redonner un sens. Cet élan vers l’essence des choses, la pureté de l’idée qui tient beaucoup au poète en général est résumé par Baudelaire dans son poème Albatros ou il compare le poète a ce vaste oiseau des mers, roi de l’azur mais qui une fois sur terre est complètement désorienté, dépaysé. Cet élan vers l’ailleurs, l’idéal symbolisé par le poète- oiseau est le fait de l’esprit et non du cœur, ce qui renvoie au domaine du rêve et de l’imagination. D’ailleurs Baudelaire dans son poème « élévation » au titre assez évocatoire et très éloquent, invite son esprit à s’éloigner de ce monde spleenétique : « Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonne gaiment l’immensité profonde Avec une indicible et male volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l’air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur Le feu clair qui remplit les espaces limpides » 2 Poésie et lyrisme Le lyrisme se définit comme l’expression des sentiments intimes et personnels. Il est consubstantiel à l’histoire de la poésie. Dans la Grèce antique le poète désigné du nom d’aède (chanteur) utilisait sa lyre (instrument de musique à cordes pincées, fixées sur une caisse de résonance) pour célébrer l’aventure des dieux. Dans la mythologie grecque, Orphée, poète légendaire parvenait de par sa voix à séduire les hommes les arbres les pierres voire émerveiller les dieux. Une manière de dire que la poésie est avant tout une délectation et une source de plaisir. Au XIXe siècle le lyrisme reviendra dans la poésie. Il est lié aux bouleversements historiques et sociaux qui ont traversé le siècle. L’écoulement des espoirs nés de la révolution crée un uploads/Litterature/ cours-sur-la-poesie.pdf

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