Crime Circus Demouzon, Alain (2002). Les enquêtes du commissaire Bouclard, Pari

Crime Circus Demouzon, Alain (2002). Les enquêtes du commissaire Bouclard, Paris : Fayard. En lien avec le Plan d’études romand (https://www. plandetudes .ch ): L1 31 – Identification des personnages, de leurs relations et de leurs rôles L1 31 – Réalisation d’activités résumantes L1 31 – Formulation et vérification d'hypothèses Sonya Florey et Sonia Guillemin - HEP Vaud - Enseigner la compréhension en lecture - 2016 5 10 15 20 25 Crime Circus Demouzon, Alain (2002). Les enquêtes du commissaire Bouclard, Paris : Fayard. Texte Sonya Florey et Sonia Guillemin - HEP Vaud - Enseigner la compréhension en lecture - 2016 30 35 C'était une image de la mort que le commissaire Bouclard connaissait bien. Celle du meurtre hâtif, improvisé, presque bâclé dans la violence, la peur ou la folie. Difficile à déchiffrer, la plupart du temps, car organisé par le hasard. On était loin du crime parfait, si rare et si minutieux que le commissaire n'en avait connu jusqu'alors que deux ou trois exemples, ayant d'ailleurs abouti à l'arrestation rapide du meurtrier, en raison même de cette recherche de perfection, révélatrice d'un certain type d'assassin, et de ce fait trop facile à découvrir parmi les suspects possibles. Mais là, rien ne semblait avoir été concocté avec soin. La porte de la roulotte était ouverte à tous les vents, les rideaux voltigeaient aux fenêtres et la lampe, restée allumée sous son abat-jour de tôle émaillée, éclairait crûment le lieu du carnage. - C'est le grand Cuchillo, expliqua le directeur du cirque Alberti. C'était le meilleur lanceur de poignards que j'aie jamais vu. D'une précision phénoménale ! - Il ne s'est pas raté, en effet ! ironisa amèrement le commissaire. Le grand Cuchillo était effondré dans un fauteuil de rotin, bras ballants jusqu'au sol, jambes étalées et tête basculée sur la poitrine. Il était en costume de piste (mexicain à paillettes), et un de ses fameux poignards était enfoncé dans sa poitrine, à hauteur du cœur. Le directeur tortilla les pointes de sa moustache avec un air effaré. - Vous ne croyez tout de même pas à un suicide ? - À quelle heure est-ce arrivé ? demanda le commissaire, sans faire mine d'avoir entendu la question du directeur. - Heu... je ne sais pas... Ce n'est pas le médecin légiste qui décide de l'heure de la mort ? - Le toubib ne décide rien. Il constate. Il donne une marge, une fourchette, un laps de temps plus ou moins vague, plus ou moins long, rarement précis... En tout cas, ici, cette mort est récente, vous le savez aussi bien que moi !... Pourquoi votre Contillo est-il déguisé ? - Cuchillo, rectifia Alberti... Il est en costume de scène. - Je me doute bien qu'il n'allait pas à un bal masqué, commenta le commissaire, tout en se tournant vers son adjoint Letroc. - J'ai trouvé ça en bas de l'escalier de la roulotte, expliqua l'inspecteur. C'était une cigarette, une Gitane filtre à peine fumée et nettement maculée de rouge à lèvres. Bouclard eut l'air de la regarder distraitement. - Le grand Conchico a-t-il été tué avant ou après son numéro ? demanda-t-il au directeur. Venait-il de mettre son costume ou était-il sur le point de l'enlever ? Au-delà des tentes, un fauve poussa un rugissement étouffé, comme venant d'une savane lointaine. - Cuchillo ! insista le directeur. C'était avant qu'il n'entre en piste. C'est d'ailleurs comme ça que nous avons découvert sa mort... En venant le chercher. - C'est qui nous ? - Sa partenaire et moi-même. Je suis le M. Loyal du spectacle, et Rosita était à mes côtés en coulisse. Le numéro des otaries se terminait et, juste après, c'était Myriam, l'écuyère, immédiatement avant Cuchillo... J'exige que tous mes artistes soient en coulisse au cours des deux numéros qui les précèdent ! - Conchito n'était pas là ? - Non. J'ai voulu que Rosita aille chercher Cuchillo, mais elle ne voulait pas. 1 5 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 125 130 - Pourquoi ? - Elle venait de se disputer avec lui en début de soirée. Je voulais qu'ils fassent la paix et j'ai emmené Rosita avec moi jusqu'à la roulotte. C'est comme ça que nous avons découvert le drame. - Et alors, qu'avez-vous fait ? - J'ai dit à Rosita de vous appeler et moi je suis allé demander à Chuck de remplacer Cuchillo au pied levé... Même dans les cas graves, le spectacle doit continuer. C'est la loi du cirque. - Qui est Chuck ? - Un fil-de-fériste. Il passe juste avant les otaries, mais comme il fait son numéro en clown, il est plus susceptible qu'un autre de faire le bouche-trou. Il a bien sûr quelques gags en réserve pour ce genre de situation, ce qu'on appelle des « entrées comiques ». - Et là, il a donc été faire le « comique »... - Malheureusement non, car il était déjà démaquillé et changé. Alors, nous avons dû sauter un numéro. Heureusement, le magicien était prêt. Le commissaire hocha la tête. - Dites-moi, c'était pourquoi cette dispute entre... Machin et Rosita ? Le directeur poussa un soupir. - Oh, des histoires de cœur, comme bien souvent. Cuchillo voyait d'un mauvais œil le flirt de sa partenaire avec Chuck. Et Rosita avait un indiscutable dépit de voir Cuchillo s'intéresser de trop près à Myriam, l'écuyère !... laquelle supportait mal de voir Cuchillo continuer malgré tout avec Rosita. Vous savez, dans le cirque, nous sommes tous plus ou moins mari et femme, frère et sœur, ami et amant, et partenaires sur la piste. Cela facilite souvent les rapports... mais les complique aussi pas mal. Bouclard continua à hocher la tête. Du regard, il inspecta soigneusement la roulotte. Alberti avait eu la sagesse d'en interdire l'accès dès la découverte du meurtre. Et ni lui, ni Rosita ni personne, n'y avait pénétré avant l'arrivée de la police. Sur la table ronde garnie d'une cotonnade imprimée, cinq poignards attendaient. Le sixième était le seul à avoir trouvé sa cible. À côté des poignards, un cendrier contenait un mégot. La marque « Gauloises » était lisible sous le liséré de rouge à lèvres. Un paquet de Gitanes filtre était posé à côté du cendrier et, près du fauteuil du cadavre, Bouclard trouva une cigarette filtre de cette marque, qui s'était consumée à terre. Sur le vieux tapis posé entre la table et l'entrée de la roulotte, le commissaire trouva quelques copeaux de bois très minces. - C'est ce qu'on met sur la piste, expliqua Alberti. - Qui a vu votre « coutelier » en dernier... vivant...? demanda le commissaire. - Un garçon de piste, intervint Letroc, ravi de montrer qu'il n'avait pas perdu son temps. C'était pendant le numéro de fil-de-fériste. Il a vu Rosita quitter la roulotte, tandis que Cuchillo l'injuriait par la fenêtre. Ce sont d'ailleurs les cris qui ont attiré son attention. Il était sous l'avant-tente du chapiteau et il a vu Rosita rejoindre M. Alberti et les autres artistes. - Bien sûr, il n'a vu personne d'autre se rendre chez le lanceur de poignards ? - Si, Myriam, l'écuyère. Mais à ce moment-là, il devait aller démonter le matériel de funambule de Chuck... Et personne d'autre n'a voulu avouer s'être rendu chez Cuchillo dans la soirée, à part les deux femmes. - Rosita fume ? 2 135 140 145 150 155 160 165 170 175 180 185 190 195 200 205 210 215 220 225 230 - Pas vraiment, répondit Alberti, perplexe. Une de temps en temps. Chez nous, ceux qui ont besoin de muscles ou d'adresse n'ont pas intérêt à fumer. Cuchillo fumait très peu, lui aussi. - Et les autres ? - Quels autres ? - Chuck, Myriam, le dompteur d'otaries et le magicien ? - Je crois que Chuck aime bien en griller une en fin de numéro, à condition qu'on lui offre. Myriarn... - ... fume des Gauloises, quand elle est énervée, révéla Letroc. Et le dompteur d'otaries a horreur du tabac et le magicien ne s'accorde qu'une pipe le dimanche... Alors, patron, on embarque l'écuyère ? Bouclard se gratta l'arête du nez. - Pas si simple, Letroc ! Ne va pas trop vite... Dis-moi, si tu vois quelqu'un lire une revue allemande, qu'est-ce que tu en conclus ? - Bah... que c'est un Allemand ! - Eh bien, tu as tort ! Car tu vas trop vite. La seule chose que tu puisses dire c'est que tu te trouves en face de quelqu'un qui lit l'allemand, ou qui fait semblant de lire l'allemand. Bien sûr, tu peux bien le soupçonner d'être allemand, mais cela risque de t'égarer. Letroc se passa une main en râteau dans les cheveux et poussa un profond soupir. - Alors, demanda le commissaire, qui a fait le coup ? - Bof... avec tous ces Italiens et ces Espagnols, je ne vois aucun Allemand! À vous de jouer ! Qui est le meurtrier de Cuchillo ? Aidez-vous des uploads/Litterature/ crime-circus-uer-fr-hep-vaud.pdf

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