6/5/22, 9:01 PM Critique de l'ouvrage : Dieu - la science - les preuves | Domun

6/5/22, 9:01 PM Critique de l'ouvrage : Dieu - la science - les preuves | Domuni https://www.domuni.eu/fr/recherche/les-ressources-en-ligne/ressource/critique-de-louvrage-dieu-la-science-les-preuves/?gclid=Cj0KCQjwqPGUBhD… 1/14 QUESTIONS DISPUTÉES LA SCIENCE PROUVE-T-ELLE L’EXISTENCE DE DIEU ? Une lecture critique de l’ouvrage Dieu - la science - les preuves et une réponse traditionnelle Le succès de librairie du livre qui a pour titre « Dieu : la science : les preuves[1] » mérite attention, car les livres religieux ont rarement un tel succès. Je pense que le succès du livre vient de ce qu’il rassure nombre de gens. La science (au singulier) évoque un monde de certitudes en raison de la rigueur de sa démarche et de l’efficacité de ses applications. Le mot Dieu (au singulier) évoque ce qui relève de la transcendance et donc de ce qui arrache à la difficulté du quotidien. Dans ce livre, un lien est établi entre la religion et la science, que la laïcité à la française oppose et cela sous la bannière de certitude avec « les preuves ». En ces temps d’incertitude (dont le Covid contresigne l’ampleur), voici enfin un point fixe ! Quant au fond de la question, le livre s’oppose à la conviction que la connaissance de Dieu repose sur ce qui n’est pas fondé en raison. Il veut démontrer que la connaissance de Dieu peut être fondée en raison. Hélas, un lecteur qui connait les dossiers présentés voit les failles d’une argumentation dominée par le souci apologétique. En réponse à des questions qui m’ont été posées, une première partie relèvera les manques dans l’argumentation et une seconde présentera une réponse à la question : peut-on prouver de l’existence de Dieu ? 1. LES MIRACLES Faute de pouvoir tout aborder, je présente ma critique à partir des questions qui m’ont été posées. Je commence par la fin – dans l’ensemble intitulé « les preuves hors science ». Au chapitre 20, les Auteurs parlent des apparitions de la Vierge Marie à Fatima au Portugal (« Fatima : illusion, supercherie ou miracle ? »[2]). La présentation commence par un exposé du contexte politique du Portugal en 1917 : la tension entre la volonté de la République de laïciser la société (sur le modèle français) et les refus d’une partie de la population. C’est un conflit entre la bourgeoisie, ici qualifiée de franc-maçonne, et les syndicats ouvriers, d’une part, et, d’autre part, l’aristocratie et le monde paysan – dont font partie les visionnaires. Les apparitions ont eu lieu le 13 du mois (à partir du mois de mai). Un « signe de Dieu » est annoncé dès juillet ; il a eu lieu le 13 octobre. Le chroniqueur rapporte : « La pluie s’est arrêtée. Le soleil apparaît au zénith, semblable à un disque d’argent que les yeux ne peuvent fixer sans être éblouis et aussitôt, il se met à tourner, sur lui-même comme une roue de feu projetant dans toutes les directions des gerbes de lumières dont la couleur change plusieurs fois. […] L’astre du jour s’arrête quelques instants. Puis il reprend sa danse de lumière d’une manière plus éblouissante encore. Qui décrira l’état d’émotion de toute cette foule ? Un vieillard, jusque-là incroyant, agite les bras en criant : "Vierge du rosaire, sauvez le Portugal !" Et de tous côtés, sur le plateau, se déroulent des scènes analogues[3]. » Le fait est incontestable. Quelle leçon en tirer ? Le livre mentionne plusieurs interprétations : une légende, un phénomène naturel astronomique ou météorologique, une hallucination collective, une supercherie avant de conclure : ce ne peut être qu’un miracle ! Pour exclure qu’il s’agisse d’un phénomène naturel, les Auteurs déclarent « cette hypothèse est balayée par les observations scientifiques »[4]. C’est faux ! En effet, le phénomène observé, la déchirure du manteau nuageux et le mouvement du soleil, est un phénomène qui s’explique au plan scientifique. J’ai été témoin d’un phénomène analogue lors d’une course en montagne, sur un glacier alpin à un moment où le manteau de nuages s’est déchiré. J’ai vu (nous avons vu) les couleurs des nuages et le déplacement du soleil (d’un côté à l’autre d’un piton rocheux). Ce phénomène s’explique par le fait que les rayons du Soleil traversent des cristaux de 6/5/22, 9:01 PM Critique de l'ouvrage : Dieu - la science - les preuves | Domuni https://www.domuni.eu/fr/recherche/les-ressources-en-ligne/ressource/critique-de-louvrage-dieu-la-science-les-preuves/?gclid=Cj0KCQjwqPGUBhD… 2/14 glace, se réfléchissent et se réfractent - ce qui donne à voir un mouvement qui peut être comparé à une danse. L’argument selon lequel le phénomène de Fatima ne peut s’expliquer scientifiquement est non-avenu. Le mouvement du Soleil à Fatima n’échappe pas aux lois de la nature. Peut-on parler de miracle ? Oui, au sens où cet événement brise avec le cours ordinaire des choses ; insolite, il retient l’attention et appelle à une interprétation religieuse – Ce n’est pas le sens que lui donnent les Auteurs[5]. Cette conclusion est confirmée par l’autre miracle évoqué[6] : la « guerre des Six Jours ». Des tableaux numériques montrent la disproportion entre les armées. Israël a un nombre d’avions, de chars, d’hommes et une population nettement moindre que ses adversaires. La logique numérique aurait voulu que son armée soit balayée par la coalition arabe. Ce ne fut pas le cas. La victoire et la prise de l’esplanade du Temple est présentée comme « miracle », fruit d’une intervention spéciale de Dieu. Là encore, l’argument est fallacieux. Au moment de cette guerre, des amis s’étonnaient de la rapidité de la victoire. Un des participants à cette rencontre, officier de l’armée, fut sollicité pour une explication. En quelques phrases, il montra que la guerre est un art où l’intelligence, la volonté et le savoir-faire priment sur le matériel et sur le nombre : pour lui, il n’y avait rien de miraculeux dans la victoire de l’armée israélienne. Là encore quand les Auteurs disent « destin au-delà de l’improbable », c’est l’effet d’une conviction qui voit dans le peuple juif le peuple élu de Dieu. Cette conviction (respectable) relève d’autres instances. C’est ce que les sociologues appellent le « croyable d’un groupe[7] » qui s’exprime et se justifie. Le dossier historique présenté par les Auteurs n’a rien qui relève de la science au sens strict du terme. Il n’y a rien dans ces pages qui puisse être qualifié de « preuve » au sens strict du terme : c’est une illustration, pas une démonstration ! Les auteurs le reconnaissent en écrivant qu’en la matière « le courage, le bon sens et l’honnêteté intellectuelle suffisent » (p. 414) pour une reconnaissance. Je ne relève pas ce qui est dit dans les deux chapitres théologiques de cette même partie (« Les Preuves hors science ») qui parlent de la Bible et de Jésus en récusant les accusations et les ragots. Cette partie relève de l’histoire et de la doctrine ! Je regrette seulement une certaine incohérence dans l’interprétation des textes bibliques. Dans la partie consacrée à la Bible, le livre présente une lecture spirituelle du récit de l’Exode[8]. Pourquoi ne pas avoir fait de même avec la première phrase de la Bible ? Par contre, l’ouvrage mérite attention pour la partie principale qui entend apporter des preuves scientifiques à la foi au Dieu de la Bible. Ce point est en effet ce qui a retenu l’attention des médias. 1. LA COSMOLOGIE L’ensemble intitulé « Les Preuves liées à la science » comporte trois parties. La première est consacrée à des questions de cosmologie, la seconde à la biologie et la troisième est un florilège de citations de savants chrétiens. Comme j’ai fait quelques études en cosmologie, je m’attacherai au premier domaine. 2.1. GEORGES LEMAÎTRE Je pense nécessaire de faire un rappel d’histoire des sciences. La notion de cosmos est revenue dans le domaine de la science lorsqu’Einstein a publié les travaux concernant la relativité générale : une équation qui lie le formalisme mathématique et l’état physique de l’univers. Cette équation donne pleinement sens au mot cosmos depuis Platon : un tout bien ordonné par des lois mathématiques, parfait dans sa beauté. Au même moment, les moyens d’observation ont augmenté de manière considérable par la mise en service au Mont Palomar d’un grand télescope qui permettait de voir à des distances considérables. La vision de l’univers a changé. 6/5/22, 9:01 PM Critique de l'ouvrage : Dieu - la science - les preuves | Domuni https://www.domuni.eu/fr/recherche/les-ressources-en-ligne/ressource/critique-de-louvrage-dieu-la-science-les-preuves/?gclid=Cj0KCQjwqPGUBhD… 3/14 Le modèle d’univers qui a résulté de ce progrès est le fruit du travail de Georges Lemaître qui a publié, en 1927, le premier article présentant le nouveau visage de l’univers. Je rappelle quelques éléments de la vie de ce maître. Georges Lemaître voulait être prêtre ; ses parents lui ont demandé de faire des études scientifiques avant d’entrer au séminaire. Docteur ès science, il s’est passionné pour les travaux d’Einstein qu’il a continué d’étudier pendant son séminaire. A son ordination, son évêque (le cardinal Mercier), lui a permis de se spécialiser à Cambridge à l’école d’Eddington, un grand mathématicien, qui était alors le meilleur connaisseur des travaux d’Einstein. Il a eu la chance d’aller aux Etats-Unis à Princeton pour uploads/Litterature/ critique-de-l-x27-ouvrage-dieu-la-science-les-preuves-domuni.pdf

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