UNE VUE « CRITIQUE » DE CARL SCHMITT SUR LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE EN 1950:

UNE VUE « CRITIQUE » DE CARL SCHMITT SUR LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE EN 1950: « Trois possibilités d'une image chrétienne de l'histoire » Author(s): André Doremus and Carl Schmitt Reviewed work(s): Source: Les Études philosophiques, No. 3, Questions de phénoménologie (Juillet Septembre 2000), pp. 405-421 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20849351 . Accessed: 31/07/2012 14:54 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques. http://www.jstor.org NOTES ET DOCUMENTS UNE VUE ? CRITIQUE? DE CARL SCHMITT SUR LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE EN 1950 ?Trois possibilites d'une image chretienne de l'histoire1>2>> L'annee ou parait cet article est pour Schmitt la fin d'une periode de tran sition entre sa sortie de prison - a Nuremberg, ou il fut finalement interroge en qualite de temoin - et son retour a Plettenberg, sa ville natale. Cest le debut d'une nouvelle vie, et pour certains l'objet d'une perplexite: Carl Schmitt redivivus ?, a quoi d'autres repondent avec assurance : Carl Schmitt redivi vus, en effet. Les annees 1946-1950 ne l'ont vu ni decourage, ni improductif, bien au contraire. II publie articles et compte rendus sous l'anonymat dans Universitas, et dans le journal protestant Christ und Welt (avatar de Die Tat). 1950 est bien l'annee de la mort de sa femme, Duschka Todoravic, mais c'est surtout l'annee de l'aboutissement du travail de cette parenthese de trois ans, loin de tout public mais non sans de tres proches amis, dont le Pr Joseph Kai ser, son futur executeur testamentaire. Dans cette seule annee paraissent a Cologne, a la Greven Verlag, Ex Captivitate salus, Erfahrungen der Zeit 1945 1947, etDonoso Cortes ingesamteuropaischerInterpretation (quatre articles de 1920, 1927, 1929, 1944, avec un texte de presentation de 1950); a Berlin, chez Duncker & Humblot, DerNomos derErde im Vb'lkerrecht desJus Publicum Euro peanum; et a Tubingen Die Lage der europdischen Rechtswissenschaft (le texte de la 1. Presentation et traduction par Andre Doremus. 2. Drei Moglichkeiten eines christlichen Geschichtsbildes. Nous rendons ainsi a cet article son titre original, change par la redaction de la Revue Universitas en: Drei Stufen histo rischer Sinngebung (Universitas, 1950, p. 927-931). La Revue Arbor, en revanche, donne une traduction de Particle sous son titre original: Tres possibilidades de una version cristiana de la historia (ArborXVIII, 1951, 237-241). La Revue Universitas, Zeitschrift fur Wissenschaft, Kunst und Literatur fut creee en 1947 par Serge Maiwald, ancien etudiant de Carl Schmitt ne en 1916 dans un camp d'internement a Orienburg. C. S. lui rend un hommage exceptionnel lors de sa mort prematuree en fevrier 1952 : ? Zur Gedachtnis von Serge Maiwald ?, Zeitschrift fur Geopolitik, 23, 7, (1952), 447-448. Ce choix de la Revue de Haushofer pour publier cet hommage se comprend par reference a l'interet que S. M. portait a la geopolitique - en particulier aux rapports entre Est et Ouest, en lien, pour lui aussi, aux elements terre et mer. C. S. n'a publie aucun autre article dans cette Revue depuis sa creation. Les Etudes philosophiques, n? 3/2000 406 Carl Schmitt conference donnee en 1943-1944 dans six Universites europeennes, et reproduite en 1958 dans le regroupement commente des Verfassungsrechtliche Aufsdt^e aus den Jahren 1924-1954, dedie a la memoire de J. Popitz). II redige parallelement, en vue d'une edition posthume, les Aufegichnungen der Jahre 1947-1951, qui paraitront en 1991 sous le titre de Glossarium. Enfin la ?Loi fondamentale ? de la recente Republique federate d'Allemagne (Das Grundge set% der Bundesrepublik Deutschland) se trouve commentee par le Dr Haustein1 en six articles, parus d'octobre 1949 a mars 1950 dans une nouvelle Revue des chemins de fer, DerEisenbahner. Une annee de transition historique done, de changement radical de situation personnelle ; mais une annee de bilan sur tout, dans un monde qui est pour lui le retour au statu quo ante, une periode de reflexion sur le sens de sa propre vie, inextricablement melee a l'analyse de l'histoire recente et a l'observation des concepts fondamentaux de l'histoire en son ensemble, toujours finalement estimes a l'aune de la distinction entre droit humain et Justice divine, car ?il est des problemes pour lesquels Themis n'a pas de balance ?(Gloss., p. 179 et 258). Le texte que nous publions ici tente une vue d'ensemble de l'histoire restituee a son principe, depouillee de son historicite; on ne saurait dire que la brievete de l'articulation en trois moments de ce qu'on peut donner comme la clef de voute de cette vue d'ensemble, facilite la comprehension : le propos en reste passablement enig matique, et Ton estimera avec raison les notes d'accompagnement bien insa tisfaisantes. II s'agit pour l'instant seulement de reconnaitre un aspect de la toile de fond sur laquelle se detache ce qui fut une histoire tres concrete, trop concrete, celle d'un homme et d'une epoque, indissociables. L'article, de son vrai titre done ? Drei Moglichkeiten eines christlischen Geschichtsbildes ?, se presente comme un compte rendu du livre de Karl Lowith, Meaning of History, paru a New York en 1949. Mais l'auteur annonce d'entree de jeu qu'il s'est saisi de l'aubaine de ce texte venu d'outre Adantique pour exprimer a cette occasion ses propres ? remarques sur les resultats et conclusions ? de ? cette oeuvre significative ?, en fait pour expo ser brievement les trois themes qui lui tiennent a coeur, et qui habitent la pensee de toute sa production dans ces annees 1950. Mais pourquoi avoir saisi l'occasion precisement de ce livre de Karl Lowith? C'est que Phonnetete fonciere de ce travail d'un eleve finalement de Jacob Burckhardt plus que de Husserl, depourvu de tout esprit polemique, retenu dans son scepticisme par un rationalisme strict, semble s'offrir a Schmitt comme dans l'attente du complement que celui-ci souhaite lui apporter. Schmitt nous dit que la methode meme de Lowith, consistant a remonter de Burckhardt a la Bible, en passant par plusieurs jalons majeurs de l'histoire de l'esprit, afin de confronter a leur source les resultats et aboutissements de cette histoire, fait de ce livre bien autre chose qu'une philosophie de l'histoire au sens courant, mais bien ? une analyse critique qui merite bien ce nom ? et somme toute ? un chemin d'initiation ?. 1. C. S. emprunte ici le nom d'un ami, Werner Haustein. Une vue ? critique ? de Carl Schmitt 407 Schmitt peut etre d'accord sur bien des points importants du livre, mais il estime pouvoir les depasser par la seule exigence logique du propos meme de son auteur. Seule la secularisation du christianisme prete celui-ci a une theologie politique de l'histoire (K. L., p. 193) ? - Schmitt acquiesce, mais il prolonge cette observation dans le theme du ? grand parallele ? (entre notre epoque du XIX et XXe siecle et les premiers siecles de notre ere), qui justifie Fexistence d'une theologie politique chretienne surmontant l'opposition des theses respectives d'une vue cyclique et d'une vue progressiste de l'histoire. L'histoire moderne ne peut a elle seule etre la scene reelle de la destinee humaine (K. L., p. 192) ? - Schmitt naturellement ne peut encore qu'etre d'accord; mais comment concilier une vue eschatologique quelle qu'elle soit avec la conscience historique positive? C'est ici que Schmitt avance le theme du katechon, sans doute la piece maitresse de l'ensemble de sa concep tion. Repense par lui, le katechon devient l'hypothese d'un centre situe hors de l'histoire entiere et pourtant present en chacune de ses epoques, capable de retenir et contenir 1'? adversaire ?, le mal, qui dans les temps modernes est la modernite elle-meme, en tant que dynamique aveugle de la civilisation technique devoreuse de la nature humaine. Enfin si l'esprit moderne n'a pas encore decide s'il devait etre chretien ou paien (K. L., p. 207), Schmitt repond par 1'? Epimethee chretien ?, qui assure au christianisme sa reelle universalite. On remarquera en lisant Meaning of History, que Schmitt se garde d'en relever directement l'incoherence discrete quand Lowith - estimant que seul le judaisme est capable d'une theologie politique, tandis que le christianisme, ne faisant qu'annoncer la fin des temps, ne peut legitimement pretendre a une interpretation specifiquement chretienne de l'histoire - met par ailleurs sur le meme plan judaisme et christianisme, en tant que comportant tous deux un abime entre evenement historique et consequences de la foi (p. 196), d'ou il conclut ? mais sans plus parler a partir d'ici du judaisme (p. 197) - que le Nouveau Testament est, similarly a l'Ancien, un ? appel a la dependance ?. Ici Schmitt ressent un defi a relever, ou plutot il se saisit de l'opportunite pour oser affirmer son propre defi, celui meme qu'il avait deja magnifiquement justifie en uploads/Litterature/ schmitt-trois-possibilites-d-x27-une-image-chretienne-de-l-x27-histoire.pdf

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