DEFINITION THEME MOTIF 5 | 2014 Littérature et sémiotique Dossier 1. La littéra
DEFINITION THEME MOTIF 5 | 2014 Littérature et sémiotique Dossier 1. La littérature, c'est la sémiotique Qu’est-ce qu’un thème ? Une approche sémiologique Sémir Badir p. 19-39 https://doi.org/10.4000/signata.445 https://journals.openedition.org/signata/445 18-19 Raymond Trousson. Thèmes et Mythes – Questions de méthode est, à ma connaissance, la seule monographie en langue française consacrée au thème, selon une généralité propre à la conceptualisation. On pourrait supposer, a priori, qu’une telle inauguration dénoterait un peu de détachement et de souveraineté ; bien au contraire on se trouve devant un ouvrage passionné et ouvertement partisan. Dès les premiers mots, l’auteur se dresse en champion d’une discipline, la « thématologie », contre les attaques que lui adressent depuis une position d’extériorité les historiens et les comparatistes de la littérature. Pour répondre à ces attaques, Trousson adopte la stratégie d’une mise en ordre dans sa propre maison. Il s’impose, premièrement, à distinguer le thème du motif (acte de démarcation) et, secondement, à constituer le thème seul en objet d’étude de la thématologie (acte de constitution). Cette attitude est tout entière gouvernée, orientée par des conditions disciplinaires : faire reconnaître la constitution de la thématologie par l’adoption d’une méthode capable de qualifier un objet, quitte à rejeter (et même à conspuer) dans un autre tout ce qu’on ne sera pas parvenu à y faire entrer ; et faire reconnaître la légitimité de cette thématologie dans les cadres disciplinaires plus généraux de l’histoire littéraire et de la littérature comparée. 4 « Bannir la thématologie de la littérature comparée sous prétexte qu’elle ne s’occupe pas des influ (...) 19Ce qu’il y a de passionnel dans une telle démarche se donne à voir dans les nombreux problèmes qu’elle laisse irrésolus. J’en pointe quatre de natures différentes. Primo, l’acte de désignation complémentaire à celui de la délimitation est totalement arbitraire : il est décidé d’appeler thème l’« expression particulière d’un motif, son individualisation ou, si l’on veut, le passage du général au particulier » (1982, p. 23) et motif la « toile de fond, concept large, désignant soit une certaine attitude — par exemple la révolte — soit une situation de base, impersonnelle, dont les acteurs n’ont pas encore été individualisés » (p. 22), mais Trousson rappelle juste avant (p. 15) que Simon Jeune, faisant référence à la tradition allemande de la Stoffgeschichte, berceau disciplinaire de la thématologie, a nommé thème précisément ce que lui-même entend désigner sous le terme de motif. Face à l’ambiguïté de la terminologie, Trousson ne cherche qu’à trancher. Secundo, une contradiction apparaît directement entre la définition donnée et les cas présentés en exemples. De fait, le thème ne se laisse jamais comprendre comme l’individualisation d’un motif plus général. L’exemple déjà évoqué de Don Juan le montre d’évidence : non seulement Don Juan, au lieu de se rapporter à un motif unique, en illustre plusieurs (le séducteur, l’athée, le révolté,…), ce qui détruit le rapport de particularisation donné pour définitoire, mais en outre c’est pour cette raison même qu’on le tient pour un thème (et non pour un personnage toujours identique à soi), ce qui laisse entendre qu’il y a autant de généralité en lui que dans le motif. Tertio, l’évacuation des motifs hors du champ disciplinaire suivant l’argument que ceux-ci ne représentent pour la littérature qu’une « matière », implique une conception de ce qu’il y a à connaître dans la littérature et, en fin de compte, de ce qu’est l’objet littéraire ; à savoir quelque chose qui serait similaire à une langue, dont il conviendrait de faire une étude « synchronique » et une étude « diachronique » (ces termes sont utilisés par Trousson jusque dans un titre de chapitre). Enfin, en dépit de tous ces actes d’autorité, la méthode n’est pas assurée. Après la défense du thème, il est encore nécessaire de faire la défense de ses bonnes illustrations (le lecteur a tôt fait d’apprendre que l’auteur a consacré antérieurement une abondante monographie au thème de Prométhée)4. 5 Ce texte, datable de 2001 et disponible en ligne sur le site de l’auteur, a fait l’objet d’un reman (...) 20L’appropriation du thème est récurrente. Il ne s’agit pas, pour ceux qui cherchent à le définir, à déterminer le sens général du thème mais seulement une acception. Or cette acception est toujours liée à une discipline. Le thème connaît des conceptualisations en littérature — Du thème en littérature : tel est le titre que la revue Poétique a consacré à son sujet —, en linguistique, en analyse de discours, en philosophie, etc. En principe, les acceptions ne sont que des particularisations du sens d’un mot selon ses conditions d’usage et d’interprétation en discours. L’approche que j’ai tentée dans la première partie de cet essai est fondée sur ce rapport entre sens et acceptions : le développement et la variété, quoiqu’ils ne soient pas suffisants à définir le thème, ont été rendus compatibles avec la plupart de ses acceptions. Toutefois, la monopolisation est telle que les acceptions du thème sont souvent ressenties par les représentants disciplinaires comme incompatibles entre elles. uploads/Litterature/ definition-theme-motif.pdf
Documents similaires
-
11
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.0641MB