Devoir type EAF Objet d’étude : le roman et ses personnages Corpus : Texte 1 :
Devoir type EAF Objet d’étude : le roman et ses personnages Corpus : Texte 1 : Denis Diderot (1713-1784), Jacques le fataliste (publié en 1796), incipit Texte 2 : Madame de Staël (1766 - 1817), Corinne ou l'Italie (1807) Texte 3 : Honoré de Balzac (1799-1850), Ferragus, chef des Dévorants (1833) Texte 4 – Jean-Marie-Gustave Le Clézio (né en 1940 ), Désert (1983), incipit Question : Après avoir défini la forme de chaque incipit, vous monterez comment les auteurs cherchent à susciter l’intérêt du lecteur dès les premières pages de leur œuvre. Travaux d’écriture : Commentaire : vous commenterez le texte de Balzac (texte 3) Dissertation : La seule fonction du personnage de roman est-elle de refléter la société dans laquelle il vit ? Vous répondrez en vous appuyant sur les textes du corpus et sur d’autres œuvres que vous avez lues ou étudiées. Écriture d’invention : Vous écrirez un début de roman dont l’action se passe de nos jours. Vous accompagnerez cet incipit d’un texte - qui raconte très brièvement l’intrigue de votre roman - qui explique en quoi votre incipit peut séduire le lecteur - qui explique le choix que vous avez fait entre incipit statique, progressif, dynamique ou suspensif Texte 1 : Denis Diderot (1713-1784), Jacques le fataliste (publié en 1796) Multipliant les rebondissements invraisemblables, tout comme les interruptions du narrateur, ce roman met en scène deux personnages, un valet et son maître, qui chevauchent plus ou moins paisiblement sur des routes, vers une destination qui restera inconnue, s'arrêtent dans des auberges, devisent à bâtons rompus : questions philosophiques, souvenirs intimes, anecdotes… 5 10 15 20 25 30 35 40 Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici- bas était écrit là-haut. LE MAÎTRE. - C'est un grand mot que cela. JACQUES. - Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet. LE MAÎTRE. - Et il avait raison... Après une courte pause, Jacques s'écria : « Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret ! LE MAÎTRE. - Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien. JACQUES. - C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit ; il se fâche. Je hoche de la tête ; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy ; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne... LE MAÎTRE. - Et tu reçois la balle à ton adresse. JACQUES. - Vous l'avez deviné ; un coup de feu au genou ; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux. LE MAÎTRE. - Tu as donc été amoureux ? JACQUES. – Si je l’ai été ! LE MAÎTRE. - Et cela par un coup de feu ? JACQUES. - Par un coup de feu. LE MAÎTRE. - Tu ne m'en as jamais dit un mot. JACQUES. - Je le crois bien. LE MAÎTRE. - Et pourquoi cela ? JACQUES. - C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard. LE MAÎTRE. - Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu ? JACQUES. - Qui le sait ? LE MAÎTRE. - À tout hasard, commence toujours... » Jacques commença l'histoire de ses amours. C'était l'après-dînée : il faisait un temps lourd ; son maître s'endormit. La nuit les surprit au milieu des champs ; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : «Celui-là était apparemment encore écrit là-haut... » Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait. Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d'embarquer Jacques pour les îles ? d'y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu'il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai. L’aube du jour parut. Les voilà remontés sur leurs bêtes et poursuivant leur chemin. - Et où allaient-ils ? - Voilà la seconde fois que vous me faites cette question, et la seconde fois que je vous réponds : Qu'est-ce que cela vous fait ? Si j'entame le sujet de leur voyage, adieu les amours de Jacques... Ils allèrent quelque temps en silence. Lorsque chacun fut un peu remis de son chagrin, le maître dit à son valet : « Eh bien, Jacques, où en étions-nous de tes amours ? Texte 2 : Madame de Staël (1766 - 1817), Corinne ou l'Italie (1807) Ce roman met en scène Corinne, mi-Italienne mi-Anglaise, poétesse et artiste, qui guide le lord écossais, Oswald, dont elle s'est éprise, à travers les splendeurs de l’Italie. Le roman se déroule à travers les paysages et les villes de l'Italie, choisies et décrites en fonction des sentiments des héros : naissance de l'amour à Rome, épanouissement en Campanie sous la menace du volcan, mélancolie à Venise, mort de l'héroïne abandonnée dans la rude Florence. 5 10 15 20 25 Chapitre premier Oswald lord Nelvil, pair d'Écosse, partit d' Édimbourg pour se rendre en Italie pendant l'hiver de 1794 à 1795. Il avait une figure noble et belle, beaucoup d'esprit, un grand nom, une fortune indépendante ; mais sa santé était altérée par un profond sentiment de peine, et les médecins, craignant que sa poitrine ne fût attaquée, lui avaient ordonné l'air du midi. Il suivit leurs conseils, bien qu'il mît peu d'intérêt à la conservation de ses jours. Il espérait du moins trouver quelque distraction dans la diversité des objets qu'il allait voir. La plus intime de toutes les douleurs, la perte d'un père, était la cause de sa maladie ; des circonstances cruelles, des remords inspirés par des scrupules délicats aigrissaient encore ses regrets, et l'imagination y mêlait ses fantômes. Quand on souffre, on se persuade aisément que l'on est coupable, et les violents chagrins portent le trouble jusques dans la conscience. À vingt-cinq ans il était découragé de la vie ; son esprit jugeait tout d' avance, et sa sensibilité blessée ne goûtait plus les illusions du coeur. Personne ne se montrait plus que lui complaisant et dévoué pour ses amis quand il pouvait leur rendre service, mais rien ne lui causait un sentiment de plaisir, pas même le bien qu'il faisait ; il sacrifiait sans cesse et facilement ses goûts à ceux d'autrui ; mais on ne pouvait expliquer par la générosité seule cette abnégation absolue de tout égoïsme ; et l'on devait souvent l'attribuer au genre de tristesse qui ne lui permettait plus de s'intéresser à son propre sort. Les indifférents jouissaient de ce caractère, et le trouvaient plein de grâces et de charmes ; mais quand on l'aimait, on sentait qu'il s'occupait du bonheur des autres comme un homme qui n'en espérait pas pour lui-même ; et l'on était presque affligé de ce bonheur qu'il donnait sans qu'on pût le lui rendre. Il avait cependant un caractère mobile, sensible et passionné ; il réunissait tout ce qui peut entraîner les autres et soi-même : mais le malheur et le repentir l'avaient rendu timide envers la destinée : il croyait la désarmer en n'exigeant rien d'elle. Il espérait trouver dans le strict attachement à tous ses devoirs, et dans le renoncement aux jouissances vives, une garantie contre les peines qui déchirent l'âme ; ce qu'il avait éprouvé lui faisait peur, et rien ne lui paraissait valoir dans ce monde la chance de ces peines : mais quand on est capable de les ressentir, quel est le genre de vie qui peut en mettre à l' abri ? Lord Nelvil se flattait de quitter l'Écosse sans regret, puisqu'il y restait sans plaisir ; mais ce n'est pas ainsi qu'est faite la funeste imagination des âmes sensibles: il ne se doutait pas des liens qui l'attachaient aux lieux qui lui faisaient le plus de mal, à l'habitation de son père. Il y avait dans cette habitation des chambres, des places dont il ne pouvait approcher sans frémir : et cependant quand uploads/Litterature/ devoir-sur-les-incipit-et-corrige.pdf
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- Publié le Nov 09, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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