KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 1 1 KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 2
KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 1 1 KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 2 INTRODUCTION. E hasard est un grand maître. Qui pourrait le nier devant l’histoire qui m’est arrivée ? Hier, commerçant, mes affaires périclitaient du fait de mon état de santé et j’envisageais de fermer les portes de mon établissement, quand la Providence m’ouvrit soudain les bras. Brutalement, elle me chargea d’une mission tout à, fait inattendue et me sacra en quelque sorte « éditeur mystique ». Voici comment les choses se passèrent : Le 29 novembre 1959, alors que je flânais le long des devantures, dans la petite ville de A..., et que je m’apprêtais à gravir une rue assez rude, le grincement strident d’une roue mal huilée me fit retourner. C’était un pauvre hère bien vieux, chiffonnier, clochard de son état, qui, attelé à une carriole surchargée de sacs crevés et de papiers gras s’apprêtait, lui aussi, à monter la côte. Un instant il s’arrêta comme pour prendre haleine, puis il repartit. A ses côtés deux bons toutous semblaient l’aider à tirer. Hélas, ils n’avaient pas fait trois pas, que le vieillard s’arrêta derechef. Il tremblait de tous ses membres et transpirait à grosses gouttes malgré la saison froide. Ce tableau me remplit de pitié et de tristesse ; aussi, comme il repartait, je ne sais ce qui me poussa, je descendis du trottoir et me mis à tirer la charrette avec lui. Je l’aidai ainsi à franchir les cent mètres de côte. Le bon vieux fut suffoqué par cette aide providentielle. En somme, mon geste naturel semblait le surprendre au plus haut point; et c’est ce geste irraisonné, spontané, qui fut le départ d’un flot de reconnaissance dont vous allez bénéficier à votre tour. Donc, arrivés au sommet, comme je m’apprêtais à rejoindre ma voiture qui se trouvait non loin de là, le vieux me héla d’une voix haletante : « Hep, mossieu ». Je m’avançai vers lui. — Le père la Taupe vous doit une fière chandelle ; c’est bien la première fois qu’il est aidé par un bourgeois ; pourtant, j’ai bourlingué dans tous les coins de France. Hier, j’ai eu nonante- 2 KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 3 3 trois ans. Assez mal à l’aise à présent, je l’avoue, je balbutiais que mon geste n’avait rien d’extraordinaire et que j’étais persuadé qu’en le voyant peiner, le premier passant en aurait fait autant. — Oh, que nenni, je sais que personne ne m’a jamais aidé, et je sais aussi qu’il est plus facile de donner un billet ou une pièce à un malheureux que de faire le geste que vous avez fait... laissez- moi vous regarder, vous ne devez pas être bâti comme les autres. Ses yeux vifs, noirs, brillaient comme des escarboucles. Ils me pénétraient quand il me fixait avec acuité; j’avais le sentiment d’être dépouillé entièrement de toutes mes pensées. Brusquement il me dit : « Vous, vous devez aimer les vieilles choses, les grimoires, les énigmes ? » — Oui, c’est exact, j’ai cette marotte. J’aime lire les vieux textes, on y trouve parfois des histoires ou des recettes vraiment savoureuses et même invraisemblables. — Avez-vous votre après-midi libre ? Surpris par cette question inattendue, je bredouillais : « Oui... non... enfin, je pourrais me rendre libre s’il le fallait ». — Eh bien si cela vous chante, installez-vous quelque part et vous pourrez prendre toutes les notes que vous voudrez sur un livre que je vais vous passer. Sur ce, il plongea la moitié de son corps sous les sacs de papiers gras et en sortit une boîte à biscuits en fer. Il défit la ficelle qui la tenait fermée, l’ouvrit, et en sortit un livre à l’aspect vénérable, couvert d’un gros parchemin épais, jauni, racorni, noirci par des traces de feu, ainsi qu’un paquet de pellicules photographiques. — Ce livre, dit-il, est un cadeau de Pierrot, un vieux copain à moi, qui est mort il y a quelques mois à peine. Ses parents étaient des gens biens. Son frère Jean, mort peu avant lui, était un savant; il écrivait des livres avec une machine, il faisait des tas d’expériences. Il avait beaucoup voyagé et il faisait partie, paraît-il, d’une société secrète. Pierrot m’a souvent parlé de son frère qu’il revoyait de temps à autre. C’est lui qui a écrit ce livre. KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 4 4 Il me le tendit. Je l’ouvris. L’intérieur n’était pas vieux. C’était un recueil de feuilles dactylographiées qu’on avait cousues ensemble. A vrai dire, il paraissait y avoir cinq ouvrages, si j’en jugeais par les différentes séparations cartonnées suivies de nouvelles Préfaces. A l’intérieur, on pouvait voir des alphabets hébraïques, des dessins, des photos en couleurs, des cartes, etc. Je lus avec avidité de ci, de là et le tout me sembla d’un très gros intérêt. Outre qu’ils rétablissaient certainement les Textes Sacrés perdus, ils avaient l’air d’interpréter ces textes alchimiquement. Au bout de dix minutes environ, je lui rendis son manuscrit. — Votre ami ou son frère l’a-t-il fait imprimer ? — Non, le frère de Pierrot mourut d’un accident, au retour d’un voyage, quelque temps après avoir achevé de l’écrire. — Votre livre a certainement une valeur, quoique je sois tout à fait incompétent en hébreu et en alchimie. C’est avec plaisir que j’aurais pris des notes, mais l’ouvrage formant un tout, des bribes prises à droite et à gauche ne donneraient rien. Si un jour, vous deviez vous en séparer, ne vous laissez pas rouler par les libraires. Son caractère inédit serait à considérer. Sur ces mots, il m’interrompit : — Quoi, ce manuscrit vous intéresse, il est inédit, il vaut cher... et vous me le dites ? Eh ben, vous avez raison ; ce document que Pierrot appelait son « PENTATEU-QUE » je ne sais pas pourquoi, il est unique. Tenez, vous voyez sous le nom il y a ADEPTE DU TEMPLE ALCHIMIQUE AMENHOTEP IV, ça veut dire que Jean DELEUVRE avait trouvé le secret des Alchimistes Egyptiens du Temps de MOÏSE; et je peux vous dire que c’est vrai, car Pierrot a vu son frère changer du plomb en or. Oh, y en avait guère chaque fois, quelques grammes seulement, mais n’empêche qu’y en avait tout de même. C’est pour ça que Pierrot avait scrupule de le détruire; sans doute il fallait que je vous rencontre... comme il aurait dit. Tenez, copiez ce que vous voudrez. — Merci, ce serait un travail aussi fastidieux qu’inutile, mais je suis heureux de savoir que le Grand Œuvre si décrié, et auquel je ne croyais qu’à moitié, n’est pas un mythe ni une chimère. Croyez KAMALA JNANA DICTIONNAIRE ALCHIMIQUE 5 5 que vous m’avez rendu au centuple le secours que j’ai pu vous apporter. Il était 14 heures 30. — Vous savez, vous me plaisez beaucoup, ce livre est un dépôt sacré, quand je pense à Pierrot, je ne puis m’empêcher d’être triste, car c’était vraiment un chic type. Il était de la cloche, mais dans le fond il n’en était pas ; jamais je ne l’ai entendu jurer, jamais je ne l’ai vu chaparder; pourtant le bon DIEU ne l’a pas gâté. « Père la Taupe — qu’il me disait — tu verras que mes reins me joueront un jour un sale tour. Y a des jours que je me tords pour uriner. » Or, un jour qu’il se tordait plus que de coutume et s’obstinait à ne pas aller à l’hospice, il me prit à part et me dit : « Père la Taupe t’as toujours été un frère pour moi; aussi je voudrais que tu conserves pieusement mon livre. Il renferme un très grand secret. Je veux te le confier. C’est mon trésor à moi. Il me vient de mon frère Jean, tu le sais, et lui c’était un grand crack, un hébraïsant, un grand philologue. C’était aussi un grand kabbaliste. Jure-moi mon vieux la Taupe, que tu ne te sépareras jamais de lui ou qu’alors tu le brûleras. Vois-tu, j’ai comme un scrupule de le détruire moi-même, car ce n’est pas possible que le bon DIEU ait fait trouver ce grand secret pour qu’il disparaisse sans avoir servi. » « Naturellement tout cela fut dit en gémissant et souvent dans des hoquets. Emu, je lui jurais de ne jamais m’en séparer. Il eut comme un soupir de soulagement et sa tête mouillée de sueur fut baignée de lumière... même que je regardai si un gosse ne s’amusait pas avec une glace. Mais non, il n’y avait personne et il pleuvait. D’un coup, sans rien dire, il se signa, marmotta quelques paroles inintelligibles et mourut dans mes bras en regardant le ciel et en souriant. « Son livre, mossieu, je l’ai lu bien des fois, mais je n’y comprends rien, cependant d’instinct j’ai toujours pensé qu’il avait de grandes vertus. — Votre histoire est touchante, père la Taupe, mais pour reproduire un tel manuscrit il faudrait travailler, au moins, cinq jours sans arrêt, car sa valeur réside justement en l’assemblage de uploads/Litterature/ dictionnaire.pdf
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- Publié le Jan 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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