LA PRINCESSE DE CLÈVES DE MADAME DE LAFAYETTE Ce roman est très souvent présent

LA PRINCESSE DE CLÈVES DE MADAME DE LAFAYETTE Ce roman est très souvent présent sur les descriptifs pour l’oral du baccalauréat sous forme d’œuvre complète ou d’extraits au sein d’un corpus. I. RESUME La Princesse de Clèves est un court roman de Madame de la Fayette (dont vous trouverez une fiche biographique sur le site) publié anonymement en 1678. Il s’agit d’une œuvre clé de la littérature française car elle inaugure l’ère du roman psychologique moderne. La Princesse de Clèves est un roman composé de quatre parties. Le récit s’inscrit dans un cadre historique précis : celui de la France sous le règne d’Henri II, à la Cour des Valois. L’héroïne de ce roman est une jeune femme d’une grande beauté, élevée par sa mère dans la rigueur et la vertu : Melle de Chartres. Peu après son entrée à la cour d’Henri II, elle épouse le Prince de Clèves, un homme très épris d’elle, qu’elle estime mais dont elle n’est pas amoureuse. Peu de temps après son mariage, la nouvelle princesse de Clèves rencontre lors d’un bal un homme dont elle va tomber éperdument amoureuse : le duc de Nemours. La passion entre la Princesse et le Duc est violente et immédiatement partagée. Le Duc de Nemours tente de revoir la Princesse, mais celle-ci lutte contre la passion qui la dévore. Pour ne pas y céder et rester digne de son mari, elle se retire dans sa maison de Coulommiers. A son mari qui ne comprend pas son retrait de la Cour, elle avoue la passion qu’elle éprouve pour un autre homme. Le Prince de Clèves, ravagé par la jalousie, meurt de chagrin. Ebranlée par la mort de son mari, la Princesse de Clèves refuse de vivre son amour avec le Duc de Nemours et se retire dans un couvent jusqu’à la fin de ses jours. II. ANALYSE DE LA STRUCTURE DU ROMAN La construction est linéaire, mais des événements sont annoncés. Le découpage originel, en quatre parties, correspond moins à la structure romanesque du livre qu'à une nécessité éditoriale (les quatre volumes de l'édition originale). Aujourd'hui, La princesse de Clèves se présente sous une forme compacte. Pourtant, le roman suit un plan rigoureux (où se discernent trois mouvements), compliqué par une construction musicale à base de variations thématiques. Chacun des trois grands mouvements comporte un certain nombre de scènes qui sont préparées et se déroulent progressivement : 1. L'ENTRÉE DANS LE MONDE COMPORTE QUATRE SÉQUENCES 1. La cour : avant-scène destinée à peindre le milieu ; 2. Mlle de Chartres : sa présentation, la rencontre chez le joailler, ses succès à la cour, les intrigues, le mariage ; 3. Les deux amants : le retour du duc à Paris, le bal, l'expérience de la jalousie et la découverte de l'amour ; 4. La mort de Mme de Chartres : maladie, révélation à sa fille, solitude de Mme de Clèves. 2. LES LUTTES DE L'AMOUR COMPORTENT CINQ SEQUENCES 1. L’histoire de Mme de Tournon et les réactions qu'elle suscite ; 2. L'entente secrète : projet de mariage du duc, aveux involontaires de Madame à la cour ; 3. L’histoire d'Anne Boleyn par la Dauphine ; 4. Les péripéties romanesques : vol du portrait, le tournoi, la lettre perdue et les premières conséquences ; 5. La marche à l'aveu : histoire du vidame de Chartres, péripéties autour de la lettre, remords de Mme, aveu à son mari. 3. LES CONSÉQUENCES FUNESTES DE L'AVEU SONT COMPOSÉES DE TROIS SÉQUENCES 1- Le destin en marche : indiscrétion du duc, torture des trois personnages, fiançailles et mariage de Madame, mort du roi Henri II ; 2- La fin de l'espoir : poursuite du duc à Paris et à Coulommiers, espionnage par le prince, sa maladie, sa mort ; 3 - Le dénouement : réactions du duc et de la princesse, réveil de l'amour, dernière entrevue, décision finale puis récit de la vie des amants après leur séparation. Tout le roman est construit en fonction de la scène de l'aveu qui en constitue la plus grande originalité, le point culminant et le motif récurrent. Un art consommé des préparatifs dans l'intrigue principale et dans les péripéties secondaires nous amène à la révélation finale qui déclenche une série de catastrophes. L'exemple le plus net de cette annonce du thème est la scène du début de la seconde partie où, à propos des amours de Mme de Tournon, le prince déclare qu'il préfèrerait qu'une femme avouât à son amant (ou à son mari) qu'elle en aime un autre. C'est dans cette perspective que peut se justifier la présence dans le roman des « épisodes ». Il y a en effet quatre histoires indépendantes, quatre «tiroirs» comme il était de tradition d'en intercaler en grand nombre dans les romans galants et précieux. Deux épisodes sont de nature historique : - celui de Mme de Valentinois, première partie, - et celui d'Anne de Boleyn, deuxième partie), Un épisode est purement romanesque : - celui de Mme de Tournon, deuxième partie, Un autre tient à la fois de l'Histoire et du roman : - celui du vidame de Chartres, deuxième partie. On a pu juger ces digressions inutiles, maladroites (elles sont toujours présentées de la même façon). Ce sont des concessions avouées à la mode. Pourtant, elles remplissent une fonction subtile dans l'action qu'elles soulignent, répétant symphoniquement, à travers des variations, le même thème des complications de l'amour. Elles donnent, en outre, au roman une épaisseur psychologique qui évite la sècheresse des premières nouvelles écrites par Mme de La Fayette. III. PROCEDES LITTERAIRES Le roman de Mme de La Fayette trahit certaines habitudes présentes dans le mouvement des précieuses : le goût pour les superlatifs et les adjectifs en «able». Notons l’utilisation fréquente des hyperboles : «Vous me paraissez plus digne d'estime et d'admiration que tout ce qu'il y a jamais eu de femme au monde ; mais aussi je me trouve le plus malheureux homme qui ait jamais existé» - «l'on ne peut exprimer la douleur» - «une affliction extrême... sa douleur, on n'en a jamais vu de pareilles» - «Jamais mari n'avait eu une passion si violente pour sa femme et ne l'avait tant aimée» - «Il n'y a pas dans le monde une aventure pareille à la mienne» - «l'horreur qu'elle eut pour elle-même et pour M. de Nemours ne se peut représenter» - «aimable au- dessus de tout ce qui était au monde». Toutefois la langue utilisée dans le roman est davantage marquée par sa sobriété et son économie jusqu'à l'indigence : - substantifs abstraits : «beauté», «esprit», «politesse», - adjectifs de convention : «admirable», «particulier», «incomparable », - verbes imprécis : «avoir», «être», «faire», «sembler», «dire», utilisés presque exclusivement dans les dialogues, - monopole du style indirect, - rareté des figures de style avec en particulier une présence réduite des métaphores, - Présence abondante des figures de style de l’atténuation : litote et euphémisme. Le style est admirable de densité, mais ne présente aucune recherche : nous sommes à l'opposé du réalisme, aux confins de la platitude. IV. QUESTIONS POSSIBLES A L’ENTRETIEN DE L’ORAL DE L’EAF 1. QUELLE EST LA PART DE « REALISME » HISTORIQUE DANS LE ROMAN ? Au lieu de se dérouler dans un décor de pastorale ou dans une Antiquité de haute fantaisie, comme les autres romans précieux, La Princesse de Clèves se veut un roman historique qui a pour cadre un moment précis de l'Histoire de la France : la fin du règne d'Henri II et le début du règne de François II (1558-1559). Mme de La Fayette a pris des précautions documentaires, a puisé dans des sources auxquelles elle fut fidèle. L’auteur ne fait pas étalage d'érudition, elle s'est appliquée à situer son roman dans le temps en évoquant : - les maisons et le mobilier : les rideaux du lit (scène du portrait dérobé) ; - en peignant des traits de mœurs (par exemple, un tournoi) ; - en fournissant des repères chronologiques (paix de Cercamp, mort de Marie Tudor, mariage de Claude de France et du duc de Lorraine, etc.) ; - en évoquant les conflits des grandes familles encore marquées d'idéologie féodale ; - en faisant revivre des figures historiques : Henri II, Catherine de Médicis, Diane de Poitiers, Marie Stuart. Toutefois, Mme de La Fayette, sur une trame et un arrière-fond historiques, peignait plutôt ce qu'elle connaissait bien et qui intéressait le plus ses lecteurs : la cour de Louis XIV, les mœurs du XVIIe siècle. 2. POURQUOI POURRAIT-ON DIRE QUE LA PRINCESSE DE CLEVES EST UN « ROMAN MODERNE » ? Nous pouvons dire que La Princesse de Clèves est un roman moderne pour deux raisons principales : - c’est un roman qui rompt avec la tradition romanesque du XVIIe siècle, - c’est un roman qui place l’analyse psychologique des personnages au premier plan. Les romans du début du XVIIe siècle sont des romans fleuves précieux comme L’Astrée d’Honoré d’Urfé qui ne compte pas moins de 5.399 pages. Ces romans relatent des histoires uploads/Litterature/ disseration-pdc.pdf

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