Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire Il est demandé au candidat

Dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire Il est demandé au candidat :  de répondre à la question posée par le sujet ;  de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ;  de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier  de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en organisant le développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation. La socialisation secondaire rompt-elle avec la socialisation primaire ? Document 1 : Edouard Louis, né Eddy Bellegueule, a 24 ans. Aujourd’hui diplômé en sociologie à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Paris, il a grandi au sein d’une famille très défavorisée dans le nord de la France, en Picardie. Son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule, salué par la critique et vendu à plus de 300 000 exemplaires, a créé une polémique sur la manière dont l’auteur dépeint sa famille et son milieu social d’origine. (…) En finir avec Eddy Bellegueule, c’est le portrait du monde de mon enfance : un petit village du Nord, exclu, loin de tout, marqué par la misère et la pauvreté, où une personne sur deux vote pour le Front national (FN). (…). Je n’ai pas eu d’autre choix que de m’enfuir, presque contre ma volonté, en entrant dans un lycée d’Amiens grâce aux cours de théâtre que j’avais suivis au collège.(…) Vous aimiez lire, petit ? Pas du tout. Il n’y avait aucun livre à la maison. Pour nous, les livres, c’était un peu le symbole de la vie qu’on n’aurait jamais, de tout ce qui nous excluait. Alors on les excluait en retour, comme une vengeance. On se vengeait de la culture. Même au lycée, au début, je ne lisais pas : j’ai fait un bac littéraire, mais je n’ai lu aucun des livres au programme, seulement des fiches, parce que je gardais cette haine de la culture légitime. C’était pourtant des livres super, que maintenant j’adore… (…) Durant ces années à Amiens, vous avez beaucoup changé. Comment cela s’est-il passé ? Quand j’arrive à Amiens, je suis entouré de lycéens d’un autre milieu social que le mien, plus riches, plus décontractés. Ce sont eux qui commencent à m’appeler Edouard – pour eux, « Eddy » ne peut être qu’un diminutif. Au début je résiste. Puis je comprends que ce prénom peut réaliser l’écart que je cherche par rapport à l’enfant que j’ai été. Qu’il peut être le lieu de la ré-invention. Un nom est aussi une histoire, et chaque fois que j’entendais « Eddy », j’entendais « pauvre », « pédé ». C’est comme ça que ça commence. Par le prénom. Et puis, d’un coup, je me précipite dans une transformation ultraconsciente de moi-même. Un jour, je mets tous mes vêtements dans un sac-poubelle et je les jette. Je vais chez C&A, et, avec l’argent que je gagne en travaillant dans une boulangerie, j’achète des habits qui me semblent appartenir à la nouvelle identité que j’ai envie d’avoir : lavallière, costume trois pièces… J’ai honte d’avoir fait tout ça, mais à ce moment-là je ne réfléchis pas, je fuis. Puis je me lie d’amitié avec une fille d’universitaire, elle m’encourage à changer… Tous les jours, je me mets devant ma glace pour apprendre à rire différemment, je m’oblige à perdre mon accent picard, tout seul dans ma chambre… comme un acteur ! Le théâtre m’a autorisé cela, et aussi d’avoir grandi comme un enfant gay. Cela m’a autorisé à penser : si tu veux être autre chose, joue-le. Source : Edouard Louis : « Trump et le FN sont le produit de l’exclusion », Propos recueillis par Catherine Vincent, 11.12.2016 Document 2 : «Je viens d’une famille de droite », résume Marie, étudiante à Paris. Ses parents, ses grands-parents, nombre de ses cousins glisseraient, avec une belle régularité, un bulletin pour les candidats de la droite républicaine dans les urnes. Pourtant, pour sa première participation à un scrutin présidentiel, la jeune femme de 20 ans pourrait bien voter ailleurs, si Emmanuel Macron se présentait. Le « ni droite ni gauche » porté par l’actuel locataire de Bercy lui convient parfaitement. Quelle mouche a donc piqué cette jolie Parisienne ? « Avec mes amis, nous essayons de réfléchir par nous-mêmes. Nous ne nous contentons pas de faire comme nos parents », affirme-t-elle. Pourtant, ajoute-t-elle aussitôt, cette autonomie intellectuelle a précisément été encouragée par l’éducation qu’elle a reçue. « J’ai été laissée libre de mes convictions et mes parents sont ravis que je m’intéresse à la politique, même si je ne vote pas comme eux. » « Je comprends qu’Emmanuel Macron lui plaise, confirme son père, Olivier. Il est jeune, dynamique. » (…) Néanmoins, pendant longtemps, lui et sa femme n’ont pas dit à leurs filles pour qui ils votaient. « Mais lors de ces soirées débats, j’ai pu entendre leurs commentaires et j’ai donc deviné… », raconte Marie. Dans sa famille comme dans beaucoup d’autres, la politique relève du jardin secret. « Dans la France d’aujourd’hui, on parle encore très rarement ouvertement de politique en famille, analyse Anne-Cécile Broutelle, professeur de sociologie en classe préparatoire à l’Institution des Chartreux à Lyon. La transmission en famille est beaucoup plus diffuse. Elle se fait au fil du temps, sur des valeurs qui deviennent communes et qui aboutissent à ce qu’en fin de compte on vote comme les gens que l’on aime. » (…) « J’ai commencé à me forger ma propre opinion en lisant les classiques, comme Zola et Victor Hugo, raconte ainsi Marie. Mais ces écrits ont résonné en moi parce que j’avais reçu au préalable, depuis mon plus jeune âge, ces valeurs chrétiennes et humaines », explique cette ancienne élève d’un lycée catholique. À bien y réfléchir, la famille élargie a joué aussi, à sa façon, un grand rôle dans les convictions de la jeune fille. Il y a d’abord cette cousine germaine, dont Marie se sent très proche. « J’ai presque grandi avec elle, mais ses parents ont eu de grosses difficultés financières. Du coup, elle a fréquenté de mauvais lycées, a fait des rencontres qui l’ont tirée vers le bas. Ceci est très injuste. Nous aurions dû avoir la même vie, et la simple différence de niveau de vie a fait que nous avons aujourd’hui des trajectoires différentes. » Marie souhaite donc que le prochain président de la République fasse de l’accès à l’éducation sa grande priorité. Dans la constellation familiale, l’étoile de sa tante maternelle brille aussi d’un éclat particulier. Cette écologiste convaincue, et qui « rayonne » d’avoir trouvé un art de vivre en harmonie avec ses convictions, est un modèle pour sa jeune nièce. Source : Emmanuelle Lucas, Quand la famille transmet ses valeurs, La Croix, le 25/05/2016 Document 3 : Diplômes des jeunes sortants en fonction du milieu social (sortants en 2002-2003-2004 et 2012-2013-2014) Source : L'état de l'École 2016. Coûts, activités, résultats, Synthèses statistiques - Statistiques - publications annuelles - Numéro 26, décembre 2016 Document 4 : Source : Cédric Hugrée, Anne Châteauneuf-Malclès, La mobilité intergénérationnelle des actifs au début des années 2010, SES ENS, 24/11/2016 uploads/Litterature/ dissertation-1-socialisation 1 .pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager