Dissertation type : L’Histoire dans l’histoire de La princesse de Clèves Le rom
Dissertation type : L’Histoire dans l’histoire de La princesse de Clèves Le roman est une genre littéraire mineur avant le milieu du XVIIème siècle où il prend une nouvelle forme, en effet, les romans de Madame de Lafayette ; tels que La princesse de Montpensier ou La princesse de Clèves publié respectivement en 1662 et en 1678 ; marquent l’apparition du récit court qui adopte les codes du classicisme et donc le déclin des longs romans merveilleux du mouvement littéraire baroque. Ainsi ces deux romans phares du classicisme suivent le principe de vraisemblance et choisissent un contexte historique proche de leur publication, moins d’un siècle les séparent. Ainsi il est légitime de se demander quelles fonctions l’Histoire remplie dans La princesse de Clèves. Pour mener cette réflexion, nous verrons d’abord la fonction de cadre de l’Histoire et sa valorisation à différents degrés pour ensuite nous pencher sur l’utilité de l’Histoire entant que fil directeur de l’intrigue amoureuse et sa présence au cours du roman. L’Histoire est présente pour former un cadre physique dès le début du roman notamment par la présence d’un cadre spatio-temporel cité dans la première phrase du roman « « en France (…) dans les dernières années du règne de Henri second », on comprend donc que le l’intrigue va se dérouler dans les années 1558-1559 et qu’elle prendra place en France dans la cour royale de Henri II, ce sera d’ailleurs le principal lieu de l’intrigue, ce qui respecte le principe d’unité de lieu. Le début du roman est très centré sur l’Histoire et notamment la cour qui est rendue plus véritable au moyen de personnages historiques connus des lecteurs contemporains de Madame de Lafayette tels que Henri II ou Diane de Poitiers cités dans l’incipit. En effet, dans le roman, 95 personnes apparaissent dont seule la princesse de Clèves est fictive, les autres sont toutes des personnes historiques qui ont vraiment existé. De plus ces personnes vivent des évènements, lors de la fin de la partie III du roman, les conditions qui entrainent la mort de Henri II sont historiquement correctes : Il est blessé lors de la préparation d’un tournoi à l’honneur du mariage de sa fille avec le roi d’Espagne Philipe II et de sa sœur avec le Duc de Savoie ; l’Histoire est donc présente sous sa forme matérielle à travers les lieux et les personnages et évènementielle. Cependant, elle est aussi présente sous des formes plus subtiles. Le style de vie à la cour à l’époque est mondain avec la présence très importante au cours du roman de divertissements qui sont quotidiens : « C’était tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets, des courses de bagues, ou de semblables divertissements. » Incipit ; et aussi occasionnels par exemple avec les nombreux bals organisés pour les mariages ou le tournoi cité ci-dessus. Il est également possible de remarquer que les mœurs de cet âge sont très présentes dans ce récit particulièrement car l’une des principes préoccupation de la princesse de Clèves est de lutter contre ses passions amoureuses pour garder sa réputation et aussi de rester fidèle à son mari. La mère de la princesse de Clèves, Madame de Chartres les cites principalement dans son discours d’adieu qui sert aussi de mise en garde contre ces mêmes passions. « Vous avez de l’inclinaison pour M. de Nemours (…) il faut (…) de grandes violences pour vous retenir (…) d’autres raisons que celles de la vertu et de votre devoir ». On retrouve donc dans le roman l’influence des courants de pensée qui circulaient dans la haute noblesse à l’époque de Madame de Lafayette. Ce cadre peut paraître prestigieux lorsque l’on ne regarde que le cadre physique avec notamment l’utilisation de nombreux superlatifs « La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que » pour la cour de Henri II dans l’incipit ou avoir recours à des adjectifs porteurs de jugement de valeur affirmée tels que « incomparable », « admirable » ou encore « parfaite » pour définir ou caractériser les lieux, les personnages et leurs actions. Mais cette cour si parfaite peut paraître idéaliste, c’est ainsi qu’elle est aussi caractérisée péjorativement par la violence des sentiments qui y sont éprouvés et par la réduction de la dignité des intentions des personnages de la cour « L’ambition et la galanterie étaient l’âme de la cour ». Nous pouvons conclure que l’Histoire permet au récit d’avoir un cadre physique autant que psychologique qui peut être à la fois péjoratif ou mélioratif. Cependant, ce n’est pas son unique rôle, L’Histoire est aussi un élément de support pour le développement de l’intrigue amoureuse entre les 3 personnages principaux. En effet des évènements historiques permettent à la fois la rencontre des personnages, c’est lors du mariage de M. de Lorraine et précisément lors du bal que vont se rencontrer la princesse de Clèves et de duc de Nemours, c’est aussi l’intervention de Madame la Dauphine qui était présente lors de cet événement du fait de son rang qui permet la découverte de l’identité de chacun. De nouveau, c’est le déplacement de la cour à Chambord après la mort de Henri II qui permet au duc de Nemours d’aller observer la princesse de Clèves alors qu’elle s’est retirée dans la maison de campagne de son mari à Coulommiers ce qui est plus près de Chambord que de Paris. Cet évènement permet aussi à M. de Clèves de connaître l’identité de l’amant de sa femme, la princesse de Clèves, alors qu’elle refuse depuis son aveu de lui fournir la réponse à cette question. Nous avons vu que l’Histoire est un fil directeur pour les actions du roman mais elle permet aussi à la princesse de Clèves d’évoluer au niveau mental. A chaque fois que l’on remarque la présence d’un récit enchâssé, celui-ci ne bouleverse en aucun cas le récit principal puisqu’il s’agit toujours d’amour, le thème principal du roman ; mais rappelons que ledit récit raconte l’histoire d’un personnage historique et donc réelle. De plus, ceux-ci sont étroitement reliés à l’intrigue amoureuse puisqu’ils ont tous un ordre dialectique, effectivement, l’histoire de Diane de Poitiers racontée par Madame de Chartres à sa fille, la princesse de Clèves à pour but de lui enseigner et de la prévenir des dangers des passions amoureuses notamment si on ne les réprime pas mais aussi ceux de la cour on remarque ainsi que durant ce récit, Madame de Chartres dit à sa fille : « Si vous jugez sur les apparences en ce lieu-ci,(…) vous serez souvent trompée ; ce qui parait n’est presque jamais la réalité ». Cependant bien que l’Histoire soit un fil directeur pour l’intrigue amoureuse, même si la chronologie du roman accompagne l’histoire, elle ne permet pas tout, certes, elle apporte des rencontres, des réflexions et l’enrichissement du texte, mais elle est au fur-et-à mesure du roman de moins en moins présente, si dans la partie I, l’intrigue se passe uniquement à la cour des Valois, dans la dernière partie, elle ne s’y passe plus du tout. D’ailleurs on remarque un contraste frappant entre l’incipit ; qui ne parle en aucun cas des personnages principaux ou de l’intrigue amoureuse futur mais de la cour, du cadre historique ; et l’excipit qui lui ne prend même pas place à la cour mais se concentre sur la finalité de l’intrigue amoureuse et la fin de la vie des personnages principaux. On remarque aussi cet éloignement par la présence de plusieurs récits enchâssés dans les premières parties du roman alors qu’ils sont absents du roman à partir de la scène de l’aveu ce qui se comprend car à partir de cette scène, le roman se concentre sur l’intrigue et le trio principal. Ainsi même si l’Histoire permet l’évolution de l’intrigue, son influence et son existence dans le roman s’efface pour laisser place à l’intrigue amoureuse. En définitive, il est possible de dire que l’Histoire tient un rôle important dans ce roman car elle permet un cadre autant matériel et social qu’un accompagnement et une évolution de l’intrigue, cependant, celle-ci est à la fois idéalisée en la sublimant et effacée à mesure que le récit principal s’affirme. Il est donc possible de dire que cette œuvre est un roman d’intrigue amoureuse et non un roman historique. C’est possible de le voir dans l’adaptation cinématographique et contemporaine de La princesse de Clèves réalisée par Christophe Honoré : La belle personne, sorti en 2008. Cette adaptation étant contemporaine au réalisateur, l’Histoire n’est pas présente dans le film, elle n’est donc pas indispensable au roman. uploads/Litterature/ dissertation-exemple-l-x27-histoire-dans-l-x27-histoire-de-la-princesse-de-cleves.pdf
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- Publié le Aoû 03, 2021
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