Bac blanc en 4 heures – Sujet 1 : Dissertation - Objet d’étude : La poésie du X
Bac blanc en 4 heures – Sujet 1 : Dissertation - Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXI° siècle « Ce qui n’est pas légèrement difforme a l’air insensible d’où il suit que l’irrégularité, c’est à dire l’inattendu, la surprise, l’étonnement sont une partie essentielle et caractéristique de la beauté. » Dans quelle mesure cette déclaration de Baudelaire extraite de Fusées (1867, fragments posthumes) éclaire-t-elle votre lecture du recueil Les Fleurs du Mal ? Vous pouvez également en appeler, dans votre raisonnement, qui peut être analytique ou dialectique, pour résoudre cette question, aux textes du parcours : alchimie poétique - la boue et l’or. Dissertation de Jaya, 1°G2, notée 19/20 Si je me souviens bien de l’appréciation que j’ai portée sur la copie de Jaya, j’ai évoqué un grand plaisir de lecture et loué sa capacité à traiter très honorablement le sujet. Elle a choisi un plan analytique, c’était suffisant pour avoir une excellente note. Mais, comme la correction vous l’a montré, on pouvait aussi envisager un plan dialectique en évoquant la très fréquente perfection de la forme (qui s’oppose à la difformité quasiment synonyme de beauté chez Baudelaire et liée à la sensibilité), héritée du classicisme ou des influences parnassiennes contemporaines. Il est dommage que Jaya n’ait pas davantage interrogé les poèmes qui évoquent précisément, dès leur titre, la beauté. Et elle aurait mieux fait de se dispenser de l’élargissement de sa conclusion, un peu plus pauvre et plate que ce qui précède. GZ Charles Baudelaire est l’auteur des Fleurs du Mal, œuvre notamment connue pour marquer un détachement de son écrivain du romantisme. Il renonce à ce mouvement pour s’inscrire comme précurseur du symbolisme. Le recueil des Fleurs du Mal est de même connu pour avoir été publié à deux reprises, en 1857 et 1861, suite à une forte critique et un procès qui ont entraîné une republication. Amorce à centrer davantage sur le sujet, la thématique de la beauté par exemple qui permettra davantage l’énonciation de la citation. Charles Baudelaire a énoncé dans l’œuvre Fusées, « Ce qui n’est pas légèrement difforme a l'air insensible d’où il suit que l’irrégularité, c’est-à-dire l’inattendu, la surprise, l’étonnement sont une partie essentielle et caractéristique de la beauté. » Nous allons donc nous demander comment C. Baudelaire, à travers son recueil de poésie Les Fleurs du Mal, représente l’irrégularité, l’inattendu ainsi que la singularité comme une forme de beauté. Nous commencerons par étudier la présence de cette irrégularité et du bizarre dans l’œuvre, puis nous verrons en quoi cette irrégularité permet de donner matière à l’alchimie poétique, qui rend le bizarre beau. Dans Fusées, Baudelaire explique que « Ce qui n’est pas légèrement difforme à l’air insensible ». Ainsi, le normal apparaît insensible, là où « l’irrégularité » se révèle être une forme d’art, de beauté. Nous allons donc tenter de déceler cette irrégularité au sein de l’œuvre Les Fleurs du Mal. Pour illustrer la présence de l’irrégularité dans son recueil, Baudelaire a dit « Le beau est toujours bizarre ». On retrouve ce « bizarre » notamment au travers des sujets abordés sans le recueil qui peuvent être qualifiés de non-conformistes à la société de l’époque. En effet, Baudelaire semble s’éloigner grandement de la beauté en abordant des sujets peu nobles et anodins. Parmi ces derniers, on trouve le spleen. Ce dernier n’a pas est un thème que Baudelaire s’est approprié : on parle de spleen baudelairien. Le spleen décrit une lassitude, mélancolie, associées à un dégoût de la vie, ou à un goût pour le néant. De plus, on peut parler d’une angoisse métaphysique dans laquelle l’Homme est coincé, bloqué de toute élévation et progression, tout en ayant conscience de l’existence du mal et du temps qui passe. L’Homme est alors bloqué dans un ennui existentiel. De plus, Baudelaire évoque fréquemment la présence et son utilisation des paradis artificiels tels que le vin, la drogue, etc., qui lui permettent alors de s’échapper d’une réalité triviale. Le poète fait, par ailleurs, une certaine critique de la religion qui en a choqué plus d’un. On retrouve cette critique notamment au travers des poèmes « Les litanies de Satan », par l’invocation de ce dernier, ou encore à travers « Reniement de Saint Pierre ». Baudelaire aborde de même le thème de l’homosexualité, qui est à l’époque synonyme de « péché ». On retrouve de thème notamment dans le poème « Lesbos ». Ainsi, par des thèmes déroutants et provocateurs pour son époque, Baudelaire inscrit son œuvre dans l’irrégularité et la surprise. La mention de ces sujets « non-conformistes » a ainsi bousculé les mœurs et les codes moraux. Le recueil a été qualifié de « recueil de monstruosités » par le journal Le Figaro. Charles Baudelaire a donc subi un procès qui lui a valu une amende ainsi que l’obligation de retirer six des poèmes de l’œuvre par le biais d’une réédition. On retrouve aujourd’hui ces poèmes dans la section « Pièces condamnées » à la fin de l’œuvre. Baudelaire exprime alors son indignation : « Ce maudit livre (dont je suis très fier) est donc bien obscur, bien inintelligible / Je porterai longtemps la peine d’avoir osé peindre le Mal avec quelque talent ». Le Mal décrit par Baudelaire devient alors susceptible de produire la beauté. Cette citation démontre ainsi la présence du bizarre, et de l’irrégularité retrouvée dans Les Fleurs du Mal, qui a choqué un grand nombre de lecteurs. On notera de même les titres antérieurs à l’actuel. Il y en a eu deux : Les lesbiennes, puis Les Limbes, un endroit situé en périphérie de l’enfer. Voilà deux titres qui ont donc accentué le choc provoqué chez un grand nombre de personnes. Enfin, nous remarquons que ces sujets, en plus d’être provocateurs et marqués dans le « bizarre » et l’irrégularité, sont évoqués de manières contradictoires. La femme apparaît comme une de ces figures contradictoires. Figure mortifère et à la fois semblable à un vampire, elle se révèle pour le poète, comme un être désiré, calme, doux et lui procurant beaucoup de plaisir. On le voit par la citation « Ange divinisé rempli de joie, de bonheur, de lumière », ou par « Amante ou sœur, soyez le bonheur éphémère ». Cependant, la femme – et notamment celle inspirée par Jeanne Duval – apparaît de même comme postulation satanique, proche de l’impur, de l’enfer, et des ténèbres, qui entraîne le poète vers la débauche et la mort : « Ces charmants yeux (de la femme) [...] ils célèbrent la mort ». Ainsi, Baudelaire s’adresse à la femme (beauté) : « Tu sèmes au hasard la joie ou les désastres. ». La femme, associée à la Beauté, apparaît ainsi tantôt enchanteresse, tantôt démoniaque. La mort est un autre thème qui apparaît comme contradictoire ; Elle peut à la fois être synonyme de plaisir et d’apaisement, mais aussi d’angoisse, de peur, et de sadisme : nous sommes condamnés à « moisir parmi les ossements » (« La Charogne »). Enfin, la religion apparaît de même comme contradictoire, par le mal métaphysique qu’elle cause au poète : il exprime son angoisse du manque de Dieu mais il reste assailli par l’idée du péché. Ainsi, « l’irrégularité » se révèle à travers l’œuvre de Baudelaire par des sujets dits « tabous » et provocateurs pour son siècle. Baudelaire parvient ainsi à bousculer les codes moraux et à choquer par la bizarrerie. Cependant, on retrouve dans le poème « L’Albatros », la citation : « Le Poète semblable au prince des nuées / [...] / Ses ailes de géant l’empêchent de marcher ». Baudelaire exprime son rejet et son manque d’intégration au sein de sa société. C’est donc ici qu’intervient l’alchimie poétique afin de permettre au poète de donner un réel sens à cette réalité pleine d’irrégularité et de la transformer en beauté, par la puissance créatrice de la poésie. Au travers de la citation issue de Fusées, Baudelaire souhaite nous faire comprendre que « l’irrégularité » est une « partie essentielle et caractéristique de la beauté ». Par l’étude du travail fait par le poète dans Les Fleurs du Mal nous pouvons déduire que cette élévation du « bizarre » au rang de beauté est possible grâce à l’alchimie poétique. L’alchimie poétique est avant tout une science qui remonte au moyen-âge. Elle fait notamment référence à la pierre philosophale, une pierre capable de transformer toute matière en or. Ainsi, cette science permet par le biais d’un alchimiste et de ses outils (la poésie ici) de passer de l’impur au pur, de la boue à l’or, ainsi que du vice, de la débauche, du peu noble et peu gracieux, vers un idéal paradisiaque de beauté exotique et nouveau. Baudelaire explique son projet d’alchimiste dans le poème « Alchimie de la douleur ». Il exprime souhaiter élever des « sarcophages » qui sont donc synonymes de mort, vers de « célestes rivages », qui s’associent donc à l’idée de beauté, paradis, divinité, etc. L’alchimiste, ici le poète Baudelaire, cherche ainsi uploads/Litterature/ dissertation-jaya-alliez.pdf
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- Publié le Sep 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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