Chaker Boufagher 07/01/2022 Dissertation : Français Eugène Ionesco : "Sans conf
Chaker Boufagher 07/01/2022 Dissertation : Français Eugène Ionesco : "Sans conflit, il n'y aurait pas de théâtre" A travers cette citation, Eugène Ionesco témoigne que systématiquement, dans tant bien la comédie que la tragédie, le conflit familial a une place bien ancrée dans le théâtre. Tout d’abord, le théâtre est un genre qui a vocation d’être mis en scène. Le théâtre possède deux grands genres : la comédie et la tragédie. Souvent, et ayant une place particulière dans ces genres, il met en scène des crises familiales dus à de la jalousie, de la colère ou même des rapports de rivalité entre membres d’une famille, créant même des crises personnelles chez les personnages, retranscrites elles-mêmes aux lecteurs. Mais ces problèmes ne sont pas juste focalisés dans la sphère familiale. Le théâtre met souvent en scène des crises personnelles et familiales. Pensez-vous que l'on puisse les réduire à ces seuls cercles et qu'elles aient une dimension plus large ? En premier lieu, nous verrons la présence prononcée de ces crises personnelles et familiales dans le théâtre. Puis, nous observerons l’aspect plus large que prennent ces dernières. Enfin nous montrerons leurs utilités et leur impact sur le lecteur. Tout d’abord, le théâtre réserve une place importante aux crises familiales et personnelles et cette place a évolué au cours du temps. En effet, nous retrouvons cette place dans la tragédie dès les premières pièces dont l’Homme a une trace. Dans le théâtre antique, et plus précisément dans la tragédie, les pièces voient des familles éclater, s’entre-tuer, maudites de génération en génération. Ces crises prennent alors des thèmes beaucoup plus brutaux, comme le parricide, l’inceste, ou encore le fratricide. Les pièces de la lignée des Labdacides mettent en scène très particulièrement ces thèmes, avec Œdipe et ses quatre enfants (Antigone, Ismène, Etéocle et Polynice) qu’il eut avec sa mère, Jocaste, après avoir assassiné son père, Laïos. Ces pièces auront alors un impact sur le théâtre à travers les siècles. Corneille fait jouer Œdipe (1659). Racine, lui aussi, reprend ces familles comme base tragique. Il écrit sa version de Thébaïde (1664), qui illustre la lutte fratricide entre Etéocle et Polynice, autres personnages du théâtre antique suivant les mêmes thèmes et une Iphigénie (1674), reprenant le sujet du sacrifice du personnage éponyme. La crise personnelle, quant à elle, se retrouve dans beaucoup de formes, notamment la passion, flamme qui brûle intensément. Ces pièces, dont les protagonistes sont souvent des femmes, mettent en scène d’autres thèmes comme la remise en question de la fidélité et le devoir absolu de cette dernière. Nous pouvons, par exemple, citer la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, où le lecteur suit la jeune princesse, qui tombe amoureuse du duc de Nemours, mais leur amour est illégitime puisqu'elle est encore mariée à son défunt mari. L’héroïne se retrouve coincée dans une crise personnelle, et la flamme de la passion finira par la consumée elle même. Dans la littérature moderne, ces crises ne sont pas aussi sanglantes et représentent plus le combat psychologique des personnages. Les œuvres suivent d’autres thèmes beaucoup plus vastes et réels, quand le théâtre antique pouvait inclure les pouvoirs divins et les croyances. Par exemple, dans Incendies, de Wajdi Mouawad (2003), où Simon et Jeanne, deux jumeaux, apprennent l’existence de leur père et de leur frère suite à la mort de leur mère, Nawal Marwan. La pièce prend alors la forme d’une remise en question de la valeur familiale, de la recherche de soit- même et de sa place dans la famille, tout en suivant la difficulté du deuil et de la perte de la figure parentale. Nous pouvons citer aussi Juste la fin du monde de Jean Luc Lagarce, pièce qui raconte le retour de Louis, 34 ans, mourant et décidant de retourner voir sa famille après une longue absence de 12 ans pour leur annoncer la nouvelle. La pièce montre le lien direct entre la crise personnelle de Louis, se questionnant sur sa place dans la famille. Cette crise crée donc le silence dans ce personnage, ainsi venant déséquilibrer le cercle de sa famille, créant alors une crise dans cette dernière et dans les différents personnages et profils différents qui la composent. Les mots ne sont plus dis, les problèmes s’aggravent et la mort suit l’héro : les crises familiales et personnelles deviennent alors des crises du langage. Les crises personnels et familiales sont donc un thème centrale du théâtre à travers les époques. Cependant, ces crises familiales et personnels prennent des cercles plus importants dans leurs œuvres. En effet, derrière des crises familiales, qui sont présentées comme les crises centrales d’une œuvre, des cercles plus importants que seule la famille peuvent être touchés. Par exemple, nous pouvons reprendre l’exemple d’Incendies, de Wajdi Mouawad. L’œuvre témoigne d’un conflit religieux et plus précisément repose sur le conflit entre musulmans et chrétiens durant la guerre civile au Liban, qui sera le point de départ de la famille fracturée de la pièce. Le summum des cercles touchés par ces crises se retrouve directement dans des conflits universels ancrés dans la culture et les œuvres depuis longtemps. Le conflit familial des deux frères se retrouve donc, par exemple, comme l’essence de crises, de légendes et d’œuvres emblématiques. La légende de Romulus et Rémus en est un exemple, mythe latin qui serait à l’origine de la fondation de la ville de Rome. L'épisode le plus connu de la légende constitue le moment où les jumeaux nouveau- nés sont abandonnés et sont recueillis par une louve qui les allaite. Le meurtre de Remus par son frère et d'autres récits de leur histoire ont inspiré les artistes de tous les temps. Ce leitmotiv revient aussi dans la Bible, dans, par exemple, le fils perdu et son frère ou encore Jacob et Esaü, le long combat de la fraternité dans la Genèse, où dans les deux cas la jalousie et l’envie de l’autre frère va être une source principale de conflits. Nous retrouvons alors ce schéma dans les œuvres de la littérature moderne, comme par exemple entre Antoine et Louis pour revenir à Juste la fin du monde de Jean Luc Lagarce, où Antoine, le frère de Louis, envie la vie de ce dernier, quand la sienne est seulement banale (usine, vie modeste...) Ces conflits familiaux peuvent aussi jaillir sur toute une société dans une œuvre. Par exemple, dans Roméo & Juliet de William Shakespeare, pièce qui raconte l'histoire de deux jeunes adultes, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, qui s'aiment malgré la haine que se vouent leurs familles et connaissent un destin funeste, dont les deux familles (Capulet et Montaigue) et leur conflit mettent directement en danger les autres personnages avec des affrontements, des rixes qui ont lieu en pleine rue et mêlent de nombreuses personnes. Le conflit nuit à l’ordre public et constitue un risque d’autodestruction pour la société en tuant des jeunes gens (les Capulet et les Montaigue n’ont plus de descendance à la fin de la pièce). Ce conflit entre deux familles montre une crise beaucoup plus grande dans la société de la pièce. Le théâtre, à travers les crises familiales, cache des cercles beaucoup plus vastes et témoigne d’autres crises. Finalement, nous pouvons dire que les crises et les conflits, quelque soient leurs natures, ont une place importante dans l’essence même du théâtre. Le théâtre, et plus précisément la tragédie elle même, tient sa racine de la purgation des passions : On parle alors de Catharsis, du grec ancien κάθαρσις, « purification, séparation du bon avec le mauvais ». Dans la société et dans la société de l’époque, l’humain a toujours été soumis à la violence et aux pulsions : l’enjeu de la Catharsis repose donc sur l’effet qu’ont les spectateurs ou lecteurs quand ils vivent, à travers le théâtre, le destin tragique de ceux qui ont cédé à ces passions. En étant exposé à ces destins soumis aux crises, le spectateur pourra prendre en compte et estomper les pulsions qu’il garde en lui. Cette Catharsis est très étroitement liée aux sentiments que le spectateur va avoir devant la pièce. Les crises servent alors de point d’attache à ce dernier. C’est à l’aide des crises que le spectateur va développer des sentiments envers la pièce et ses personnages et vivre leur histoire : Les crises servent à créer du suspense, de l’intérêt et de l’attachement, et encore mieux vivre la pièce. Elles peuvent même avoir un effet tellement fort que la création de crises internes peut être produite chez le spectateur. Une remise en question de sa position vis à vis d’une crise, de sa personne ou encore de la vision de certains éventements ou de, par exemple, la société peut avoir lieu grâce à ces dernières. Plus largement, à travers les crises dans le théâtre, le spectateur est exposé aux conflits du monde, garde une trace de la transformation des sociétés, par exemple des peuples déplacés, disparus et dont seul l’art garde la trace. Il garde une trace de l’histoire souvent oubliée, des plus grandes figures héroïques qui uploads/Litterature/ dissertation-juste-la-fin-du-monde.pdf
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- Publié le Oct 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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