L'Analphabète L'Analphabète Agota Kristof Niveaux conseillés : 3e (éventuelleme

L'Analphabète L'Analphabète Agota Kristof Niveaux conseillés : 3e (éventuellement 1e) Ce récit conviendrait à une classe de 3e, (textes autobiographiques et récits de vie) ainsi qu’à une classe de première (objet d’étude : le biographique, malgré la facture peu complexe du récit). Il constitue un support idéal pour une réflexion sur le discours autobiographique, et on y voit comment le narratif s’associe à l‘argumentatif, ce qui est au cœur du programme de 3e. L’objectif sera de sensibiliser les élèves aux aspects du texte autobiographique et d’aborder, à travers un texte francophone dont le sujet même est l‘écriture de l’œuvre et la difficulté à écrire dans une langue non maternelle, à la fois l’étude de l’expression de soi et la prise en compte de l’expression d’autrui. Œuvre dont l'analyse se trouve facilitée par un découpage en courts chapitres, récit d'une expérience personnelle et témoignage argumenté, L'Analphabète répond bien à un des objectifs du programme de 3e. Présentation L'auteure Agota Kristof, (1935), romancière et dramaturge, se fait connaître en 1987 par la publication d'une œuvre qui obtient un succès immédiat et sera traduite en 33 langues, Le Grand Cahier. Par la suite elle continue à écrire des livres, rares, peu bavards et d'un inquiétant humour noir, qui mettent en scène des personnages insolites, souvent des déracinés s'interrogeant sur leur identité, leur enfance. Elle naît à Csikvand, dans un petit village de Hongrie (pays qui, à partir de 1945, fait partie du bloc de l'Est « communiste » sous influence soviétique) où son père est instituteur et sa mère directrice d'école ménagère. Quand elle a neuf ans, ses parents s'installent dans la ville de Köszeg où se dérouleront plus tard tous ses romans. Elle y poursuit ses études et obtient un bac scientifique – « j'aimais beaucoup les maths ». Elle épouse son professeur d'histoire et comme ses parents ont peu d'argent et que l'Université est très loin, à Budapest, elle travaille en usine. En 1956, elle se voit contrainte, avec son enfant de quatre mois et son mari, impliqué dans l'insurrection de Budapest contre la main mise soviétique, de fuir et s'exiler en Suisse romande, où elle vit encore aujourd'hui. Elle regrettera de s'être mariée à 18 ans et d’avoir été obligée de quitter la Hongrie : jamais son succès ne cicatrisera cette blessure. A son arrivée à Neuchâtel, Kristof travaille durement, dans une usine de montres, tombe malade mais arrive parfois à prendre quelques notes pour écrire plus tard, le soir, chez elle. Elle garde de cette période sombre des souvenirs « pires que la guerre », dit-elle. Le passage au français est difficile, surtout en usine, car on ne parle pas au travail ; elle apprend un peu la langue avec sa fille et c'est cinq ans plus tard que la Ville de Neuchâtel lui octroie une bourse pour apprendre le français. Elle commence alors à traduire ses poèmes écrits en hongrois à l'âge de treize ans et à écrire en français. Un ami l'aide à corriger ses erreurs de langue. Ses pièces sont jouées dans la région et passent aussi à la Radio romande. Peu à peu, Agota Kristof s’empare du français. Elle découvre surtout son style : des dialogues à la fulgurante simplicité. Puis, dans le désir de raconter son enfance pendant la guerre, dont elle parlait souvent à ses enfants, elle se lance dans l’écriture de son premier roman, Le Grand Cahier, couronné aussitôt du Prix européen de l'A.D.E. L.F (Association des Écrivains de Langue Française, qui rassemble plus de 1500 écrivains des cinq continents ) . Cet ouvrage constitue la première partie d’une trilogie qui décrit l’histoire de deux frères, trilogie à facettes multiples qui se poursuit en 1990 avec La Preuve et Le Troisième Mensonge (Prix Livre Inter en 1992). S’y mêlent, sans qu’on puisse toujours les distinguer, fiction, réalité et mensonge. L’auteur y parle d'éducation (chapitres sur la rédaction, la lecture), de regard sur le monde, de point de vue, chaque enfant racontant son histoire à sa manière, à partir de ce qu'il a vécu et intériorisé. Mais elle évite toute description et tout sentiment pour s'en tenir aux faits (bannir toute émotion, car trop forte, elle serait à la limite du supportable). Parmi leurs multiples épreuves d'endurcissement, les jumeaux, dans Le Grand Cahier, font aussi un exercice de composition, qui consiste à supprimer tout sentiment de leurs écrits, et donc à dire non pas « nous aimons les noix », mais « nous mangeons beaucoup de noix », non pas « Grand-Mère ressemble à une sorcière », mais « les gens appellent Grand-Mère la Sorcière ». Cet apprentissage mime la démarche d'écriture de l'auteur, quand elle rédige cette œuvre. En 1995, avec son court et sombre roman, Hier, Agota Kristof désire parler aussi de son arrivée en Suisse, de la vie des réfugiés, de ses compatriotes, de la souffrance des Hongrois en exil, des suicides, du travail à l’usine : tout ce qu'elle a alors vécu. Son héros Tobias est exilé comme elle et survit comme il le peut dans son pays d’accueil : malaise face à la société, à l’exil, à la vie, qui n’a plus de sens. Les mêmes thèmes reviennent inlassablement : la séparation, la duplicité, l’écriture comme exutoire dans un décor rétréci. De l’Europe déchirée, à la Petite ville, puis à la famille dans ses trois premiers romans, on passe avec Hier à l’individu. Hier, qui se terminait par ce terrible aveu de son narrateur : » Je n'écris plus « , s'ouvrait sur un petit poème nostalgique placé en exergue : » Hier tout était plus beau / la musique dans les arbres / le vent dans mes cheveux / et dans tes mains tendues / le soleil. » Ces mêmes vers figurent presque mot pour mot dans Un rat qui passe, l'une des quatre pièces réunies en 1998 en un volume, L’Heure grise et autres pièces. De même, ils viennent clôturer l'un des chapitres de L'Analphabète, « Poèmes » . Kristof revient alors à son genre de prédilection, le théâtre : écriture minimale, phrases courtes, syntaxe nue, dialogues réduits à l'essentiel, absence d'adjectifs ; même économie de moyens ici que dans ses romans. Puis elle se tait durant presque 10 ans, recluse dans son modeste appartement de Neuchâtel, elle tourne le dos au succès. Et prétend même ne plus vouloir écrire ; « C’est en devenant rien du tout qu’on peut devenir écrivain » même si « Oui, il ne faut vivre que pour l’écriture. » Cependant, en 2005, parait C'est égal, un recueil de vingt-cinq nouvelles souvent d’une page ou deux, que l'on parcourt comme un chemin jonché de morts, réelles ou symboliques dans les séparations, attentes devant le téléphone ou la boîte aux lettres, de personnes jamais revenues. De petits morceaux défaits un peu tristes, avec partout le même paysage : « des champs morts et boueux », « des maisons vides, des villes et rues désertées ». Agota Kristof n’est ni une académique, ni une « culturelle ». Des références et du milieu artistique, elle se méfie comme Jean Paulhan se méfiait des critiques. Pour cette femme que rien n’est parvenu à empêcher d’écrire, qui écrivait sous les bombes et les bruits de bottes, la littérature n’a rien d’un exercice de style : elle est la vie même. C'est ce qu'elle nous dit dans ce court récit autobiographique, haletant, distancié et cruel : son souvenir de la guerre, lié à l'enfance paraît plus doux que la vie en exil. Ainsi paraît enfin en 2005 L'Analphabète. Le récit Dans ce petit récit, L'Analphabète, sous-titré Récit autobiographique, Agota Kristof nous parle essentiellement de l'écriture et de ses efforts pour apprendre et écrire dans une langue qui n'est pas la sienne. Ce qui l'amène à revenir en arrière, aux moments heureux de l'enfance, pour dire pourquoi et comment elle a dû changer de langue. » Écrire, c’est presque suicidaire » ; en l'écoutant dans cette œuvre brève, on sent une femme déchirée, en quête de cette part d’elle-même que l’Histoire lui a retirée et dont l’écriture exigeante, douloureuse, lui permettrait de retrouver trace : sa séparation avec sa ville de Köszeg, ses frères, son pays, son départ, dont elle reste inconsolable. Ce récit constitue une ressource pédagogique très riche, que son format d'édition ne laisse pas forcément supposer : le livre (57 pages) est composé de 11 chapitres organisés de manière chronologique, de la petite enfance à l'âge adulte et dont les titres révèlent les principales thématiques, celles du rapport à la lecture et à l'écriture, aux différentes langues (maternelle, seconde) et à leur maîtrise, celle également, omniprésente, du déplacement et de l'exil. On y trouve en effet le récit d'une solitude, loin de la patrie, le dur apprentissage d'une langue étrangère, le français, l'histoire d'un exil vers la Suisse ; blessure toujours ouverte « puisqu'en un jour de novembre 56, j'ai perdu définitivement mon appartenance à un peuple ». Cette question d'appartenance, à une culture, à une langue, à une patrie, pose la question même de uploads/Litterature/ dossier-pedagogique 2 .pdf

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