DU SURNATURALISME AU SURREALISME Author(s): J. H. Matthews Source: French Forum

DU SURNATURALISME AU SURREALISME Author(s): J. H. Matthews Source: French Forum, Vol. 5, No. 1 (January 1980), pp. 48-55 Published by: University of Pennsylvania Press Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40551040 Accessed: 10-05-2020 03:21 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms University of Pennsylvania Press is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to French Forum This content downloaded from 194.214.29.29 on Sun, 10 May 2020 03:21:03 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms J.H. Matthews DU SURNATURALISME AU SURREALISME Se penchant sur le célèbre Manifeste du surréalisme paru en octobre 1924, la critique n'a pas manqué d'observer que c'est en hommage à Guillaume Apol- linaire que Philippe Soupault et André Breton désignèrent sous le nom de "surréalisme" un "nouveau mode d'expression pure" qu'ils pensaient tenir à leur disposition. Bien entendu, nous savons tous que l'acception dans laquelle ils prirent le mot différait sensiblement de son acception apollinarienne. Tou- tefois, on n'a pas assez tenu compte de l'aveu suivant, enchâssé dans le Mani- feste même: "A plus juste titre encore, sans doute aurions-nous pu nous emparer du mot SUPERNATURALISME, employé par Gérard de Nerval dans la dédicace des Filles du Feu" (1). Dès la première page de son Manifeste, André Breton parle de "l'homme, ce rêveur définitif." Il ne s'y borne pas à faire écho aux paroles nervaliennes du début d'Aurélia: "Le rêve est une seconde vie." Breton entend aller plus loin encore. Cependant c'est bien dans le même sens: pour examiner ce que Nerval avait appelé "Fépanchement du songe dans la vie réelle." Breton ne se refuse pas à confier que Guillaume Apollinaire n'avait possédé que "la lettre, encore imparfaite, du surréalisme" et s'était montré "impuissant à en donner un aperçu théorique qui nous retienne." Par contre, Nerval (dont le fantôme apparut une nuit dans la chambre de Michel Leiris) (2) aurait possédé à mer- veüle Vesprit dont se réclament les surréalistes, cet esprit qu*il n'arrivait pas à définir dans Aurélia: "Je ne sais comment expliquer que, dans mes idées, les événements terrestres pouvaient coïncider avec ceux du monde surnaturel, cela est plus facile à sentir qu'à énoncer clairement." Très significatives, donc, nous dit Breton (qui les reproduit) les lignes où, à propos des sonnets de Chi- mères-composés dans "cet état SUPERNATURALISTE"-Nerval déclarait à Dumas qu'ils "perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible." Selon le mot de Breton, dans un Second Manifeste du surréalisme écrit la veille de l'année 1930, les surréalistes de la première heure voulaient bien passer historiquement pour "la queue, mais alors la queue tellement préhen- sile" du romantisme (3). Toutefois, ce n'est pas là la raison pour laquelle leur chef de file citait avec approbation le poète des Chimères. Néanmoins, le This content downloaded from 194.214.29.29 on Sun, 10 May 2020 03:21:03 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms J.H. MATTHEWS 49 grand public a dû atten sont venues apporter, pages rédigées par Bre Bardes gallois, paru en I' 'explication de texte Il est curieux d'entend du surréalisme affirm chose s'accordent à pro lement de ce qu'il 'sign de ce qu'il 'représent séparer la lettre- susce plication- du langage explication. "Bien avan moyen d'échange utilit langage fut tout entie "Braise au trépied de K du cœur" (p. 132). D'où La révolution poétique séquence de faire appa -je répète- "à la lettre à reconquérir sa destin qui peut être développ émane et cela par la ve Là où Nerval avait prév ment "l'ersatz" quêté " Évidemment, au mom admirait chez Gérard assure au poète de bien une critique aberrante de la méthode explicat c'est qu'ils visent "coût le sensible." Voilà pour scrire contre la volont d'un siècle." Son Secon hommes que nous mett que chose: Borei, le Ne de 1874-75, le premier des 'Quelconqueries' " citer Corbière, Lautr Cortège, le Nerval des This content downloaded from 194.214.29.29 on Sun, 10 May 2020 03:21:03 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 50 FRENCH FORUM René Crevel qui- "quit paraître un ouvrage in réalisme, par l'expérim correspondances géniale tion" (5). A la questio Baudelaire?" Benjamin lire ni écrire et ne man tant plus gratuite que avec Breton) ignorait l pourtant, recueillant en lutionnaires, Péret deva Dans un article, "Le M à la revue Minotaure f mal: "les méprises relat réelle par l'hallucination départ pour un passage du poète: II faut aussi admettre q l'hallucination qu'elle a blance entre deux objet l'établir que des rappor par excellence, établira dissemblables (littérale résultera permette imm gion (7). Baudelaire avait parlé dans Fusées de la surprise comme étant "une partie essentielle de la caractéristique de la beauté." Et Breton avait insisté que la surprise doit être cherchée pour elle-même, "inconditionnellement" (8). L'idée de la contagion poétique nous ramène à celle énoncée par Éluard dans un autre essai, "Physique de la poésie," où il assure que la principale qualité des poèmes est "non pas d'évoquer, mais d'inspirer" (9). Par là, le poète surréaliste rejoint Gérard de Nerval dans "un certain état de rêverie SUPERNATURALISTE." Dans son Donner à voir Éluard cite plusieurs des poèmes de Nerval, y compris la presque totalité des Chimères, en faisant remarquer qu'ils sont à tel point parfaits, leur vie est si nouvelle et porte si loin que nous nous étonnons de "la nullité," de "l'inutilité" des poèmes de jeunesse de l'auteur à' Aurélia (p. 1 17). Nerval crut comprendre qu'il existe entre le monde externe et le monde interne "un lien," établi paraît-il, par l'imagination: "l'imagination n'a rien inventé qui ne soit vrai . . . ." De son côté, Charles Baudelaire déclare que This content downloaded from 194.214.29.29 on Sun, 10 May 2020 03:21:03 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms J.H. MATTHEWS 51 "C'est l'imagination qu contour, du son et du p logie et la métaphore" nous faisons preuve en données de notre incon 136) est appuyée par ce ver à cheveux blancs (1 nir réel." Car- c'est évi -à partir du moment o gine, "inutile qu'il essa Ne s'agit-il pas là, qua En quoi, exactement, surréalistes? La questio Simon écrit, "Comme l de referents pris dans ainsi des 'collages' ou 'a il n'y a rien à voir (ou faut-il pas conclure qu en ce sens qu'il annonce Pour le poète qui, en contagion, le jeu de l'an Du moins c'est la convi 18 juillet 1854 la phras dence révélatrice: "moi rêve . . ." (13). L'idée d Claude Simon, est à l'an à la vie onirique qui s'es plus. L'admiration de P ractère bouleversant" d Nerval dans Aurélia, "e signes enchevêtrés imp la dernière phase de so peut-on lire dans Auré tiques émanés de moi-m infinie des choses cré tout, tout trouve son é devenir partout. Et ce Un article de Breton, coton" dans les Chimè siècle d'où il est indisp This content downloaded from 194.214.29.29 on Sun, 10 May 2020 03:21:03 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 52 FRENCH FORUM -de faire partir "une sa force dans le langag ailleurs, rendant comp de John Dee, Michel l'hiéroglyphe mystérie temps, soit par ceux-là lettre perdue et le sig prendrons force dan surréaliste belge E.L.T En poursuivant l'amb Nerval se rapproche de laire, au dire de Breto blement direct, dans les émotions toutes pu cation par Baudelaire travers des forêts de veau.' Sur cette route, prêts à s'emballer" (1 autre espèce de sens pr sans le savoir. . . . Dan laisser porter plutôt q la révélation" (p. 10). "Vous savez que je n'ai poursuivant un but ét tres de Baudelaire peut suivante de Breton tir dans la morale" (p. 41) de 1846," où le poète morale que le fait, par de la reconstruire et d règles qui ne se trouv des codes bizarres que de Paul Éluard- il en f véritable morale est p Le mot adepte utilisé Les surréalistes n'hésit l'allusion faite par Élua l'hallucination qu'elle a magicien, ainsi qu'avec "Je demande qu'on veu This content downloaded from 194.214.29.29 on Sun, 10 May 2020 03:21:03 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms J.H. MATTHEWS 53 tent, avec les recherc pierre philosophale n'es de l'homme de prendre C'est donc la révélatio qui se traduit par des tion que remonte la ré laire, perçoit "les rapp et les analogies" (18). n'est qu'un "magasin d place et une valeur rel digérer et transformer déterminera pour le rê . . . Tout est au poète Tout le concret devient poirpassent, avec les se les surréalistes il est à prises comme opérati Fusées. Tout en suivant Baudelaire (pour qui le mot, le verbe, avait "quelque chose de sacré"), les surréalistes réprouvent l'idée que ce sacré- tel que le définit l'essai sur Théophile Gautier dans son Art romantique- 'nous défend d'en faire un jeu de hasard." Loin d'aspirer à uploads/Litterature/ du-surnaturalisme-au-surrealisme.pdf

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