OEUVRES DE E. ET J. DE GONCOURT Tous les ouvrages contiennent une postface écri

OEUVRES DE E. ET J. DE GONCOURT Tous les ouvrages contiennent une postface écrite par un Membre de l’Académie Goncourt. Déjà parus dans la même édition : EDMOND ET JULES DE GONCOURT GERMINIE LACERTEUX, roman, postface de Gustave Geffroy. SOPHIE ARNOULD, d’après sa correspondance et ses Mémoires inédits, postface d’Emile Bergerat. SŒUR PHILOMÈNE, roman, postface de Lucien Descaves. RENÉE MAUPERIN, roman, postface d’Henry Céard. MADAME GERVAISAIS, roman, postface de Gustave Geffroy. LA FEMME AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE, postface de J.-H. Rosny jeune (2 vol.). PORTRAITS INTIMES DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE, postface de Jean Ajalbert (2 vol.). MANETTE SALOMON, roman, postface de Lucien Descaves. GAVARNI. L’homme et l’œuvre, postface de Gustave Geffroy, HISTOIRE DE MARIE-ANTOINETTE, postface de J.-H. Rosny aîné. CHARLES DEMAILLY, roman, postface de J.-H. Rosny jeune. PRÉFACES ET MANIFESTES LITTÉRAIRES, postface de Jean Ajalbert. MADAME DE POMPADOUR, postface de J.-H. Rosny aîné. QUELQUES CRÉATURES DE CE TEMPS, postface de J.-H. Rosny aîné. L’ART DU DIX-HUITIÈME SIÈCLE, postface de Pol Neveux (3 vol.). HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE PENDANT LA RÉVOLUTION, postface de Lucien Descaves. HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE PENDANT LE DIRECTOIRE, postface de Lucien Descaves. EN 18.., postface de Gaston Chérau. THÉATRE. Henriette Maréchal. – La Patrie en danger, postface de Jean Ajalbert. LA DU BARRY, augmentée de lettres et documents inédits, postface de J.- H. Rosny aîné. LA DUCHESSE DE CHATEAUROUX ET SES SŒURS, augmentée de lettres et documents inédits, postface de J.-H. Rosny aîné. JOURNAL (MÉMOIRES DE LA VIE LITTÉRAIRE) Tome I (1851-1861), postface de Lucien Descaves. – Tome II (1862-1865). Tome III (1866-1870). – Tome IV (1870-1871), postface de Lucien Descaves. Tome V (1872-1877). – Tome VI (1878-1884). – Tome VII (1885-1888). Tome VIII (1889-1891). – Tome IX (1892-1895), postface de Lucien Descaves. EDMOND DE GONCOURT LA FILLE ÉLISA, roman, postface de Jean Ajalbert. CHÉRIE, roman, postface de J.-H. Rosny aîné. LA GUIMARD, d’après les registres des Menus-Plaisirs, de la Bibliothèque de l’Opéra, etc., postface de J.-H. Rosny jeune. HOKOUSAÏ. L’Art Japonais au XVIIIe siècle, postface de Léon Hennique. LA FAUSTIN, roman, postface de Lucien Descaves. LES FRÈRES ZEMGANNO, roman, postface de Léon Hennique. OUTAMARO, Le peintre des maisons vertes. L’art japonais au XVIIIe siècle, postface de J.-H. Rosny jeune. MADAME SAINT-HUBERTY, d’après sa correspondance et ses papiers de fa mille, postface d’Henry Céard. MADEMOISELLE CLAIRON, d’après ses correspondances et les rapports de police du temps, postface de Lucien Descaves. LA MAISON D’UN ARTISTE, postface de Pol Neveux (2 vol.). JULES DE GONCOURT LETTRES, introduction d’Henry Céard. PRÉFACE Le neuvième volume du JOURNAL DES GONCOURT, est le dernier, que je publierai de mon vivant. EDMOND DE GONCOURT. Auteuil, 15 mars 1896. ANNÉE 1892 Vendredi 1er janvier 1892. – Ce premier jour de l’an, dans le vague de ma faiblesse, ne m’a pas donné, cette année, l’impression du renouveau d’une année nouvelle. Voici quatre semaines, que je n’ai pris l’air extérieur. Ce soir, le dîner chez Daudet sera ma première sortie. Dîner intime avec les Daudet, Mme Allard, et la filleule qui dîne, pour la première fois, à la grande table. Causerie sur les ménages amis, où, nous tous, nous nous mettons à parler du charme du ménage Rodenbach : de l’homme à la conversation spirituellement animée, à la discussion littéraire passionnante, de la femme, aux rébellionnements à voix basse, aux flots de paroles irritées, qu’elle vous jette dans l’oreille, quand elle entend une chose qui n’est pas vraie, ou qui ne lui semble pas juste, et nous constatons le petit émoi chaleureux, qu’apporte dans la froideur ordinaire des salons, la vie nerveuse de ces deux aimables êtres. Mardi 5 janvier. – Une surprenante lettre de Magnard, du directeur de ce Figaro, qui m’a été toujours si hostile. Dans cette très gracieuse lettre, Magnard m’offre la succession de Wolf, le gouvernement de l’art, avec toute l’indépendance, toute la liberté que je puis désirer. Je refuse, mais je ne puis m’empêcher de songer à tous les gens, que l’acceptation aurait mis à mes pieds, au respect que j’aurais conquis dans la maison de la princesse, enfin à la facilité, avec laquelle j’aurais trouvé des éditeurs, pour illustrer LA MAISON D’UN ARTISTE, MADAME GERVAISAIS, etc., etc. Jeudi 7 janvier. – Grand dîner chez les Daudet, avec Schœlcher, Lockroy, le ménage Simon, Coppée. Décidément ce Jules Simon a un charme, une grâce, faite d’une certaine délicatesse de la pensée, jointe à la douceur de la parole. Quant à Coppée, il s’est montré tout à fait extraordinaire, comme verve voyoute : ç'a été un feu d’artifice pendant toute la soirée de drôleries, à la fois canailles, à la fois distinguées. Oui, Coppée c’est par excellence le causeur parisien du siècle de la blague, avec tout l’admirable sous-entendu de la conversation de nous autres : les phrases commencées, finies par un rictus ironique, les allusions farces à des choses ou à des faits, connus du monde select et pourri de l’intelligence. Chez Maupassant, ne dit-on pas, qu’il n’y avait qu’un seul livre sur la table du salon : le Gotha ? C’était un symptôme du commencement de la folie des grandeurs ! Samedi 9 janvier. – Maupassant est un très remarquable novelliere, un très charmant conteur de nouvelles, mais un styliste, un grand écrivain, non, non ! Dimanche 10 janvier. – Très gentiment et très amicalement, Daudet a travaillé à surexciter la curiosité de Koning sur ma pièce, A BAS LE PROGRÈS ! et Koning lui a dit jeudi : « Mais pourquoi ne me donnez-vous pas à lire la pièce de Goncourt ? » et il lui a parlé de la donner avec la sienne, au moment où le succès se ralentirait. Je suis indécis. J’étais au moment, sans attendre la décision de la Chambre sur la censure, de la donner à Antoine. Jeudi 14 janvier. – Un « petit bleu » d’un journal, où l’on me reproche très sérieusement, comme manque de toute sensibilité, d’être encore vivant à l’heure présente, et au moins, si je vis, de n’être pas devenu fou, à l’instar de Maupassant. Samedi 16 janvier. – Rien n’est amusant comme la chatte, se promenant sur la glace du bassin, et séparée des poissons rouges, par cette espèce de vitre, au travers de laquelle elle les voit sous elle, toute dépitée, toute colère de ne pouvoir les attraper. Dimanche 24 janvier. – Devant ce vieux dévalé au bas d’un lit d’amour, le cri de cette fille à sa bonne : « Maria, vite, vite, l’eau de mélisse et un sapin ! » Ah ! la féroce légende de Forain !... Non Gavarni, dans ses légendes, n’a pas cette implacabilité, et les dires de Vireloque sont tempérés par une philosophie, à la fois bonhomme et haute. Oui, l’œuvre de Gavarni fait sourire la pensée, et ne fait pas froid dans le dos, comme le comique macabre de Forain. Vraiment, il y a dans le moment, en ce monde, trop de méchanceté, trop de méchanceté chez l’artiste, chez le jeune, chez l’homme politique, pour que ce ne soit pas la fin d’une société ! Mardi 26 janvier. – Aujourd’hui, Koning fait annoncer dans le Figaro, qu’il reçoit A BAS LE PROGRÈS, et que Noblet jouera le rôle du voleur. Vendredi 29 janvier. – On parlait hier d’une Parisienne, morte à près de cent ans, ces jours-ci, et qui se rappelait le temps, où il passait sur les boulevards, à peine une voiture, tous les quarts d’heure. Samedi 30 janvier. – Pour être connu en littérature, pour être universellement connu, on ne sait pas combien il importe d’être homme de théâtre, car le théâtre, pensez-y bien, c’est toute la littérature de nombre de gens, et de gens supérieurs, mais si occupés qu’ils n’ouvrent jamais un volume, n’ayant pas trait à leur profession : l’unique littérature en un mot des savants, des avocats, des médecins. Mardi 2 février. – Le docteur M*** me disait hier qu’il avait souvent vu Musset prendre son absinthe au café de la Régence, une absinthe qui était une purée. Après quoi, un garçon lui donnait le bras, et le conduisait, en le soutenant, au fiacre qui l’attendait à la porte. Mercredi 3 février. – Ce soir, chez la princesse, mauvaises nouvelles de Maupassant. Toujours la croyance d’être salé. – Abattement ou irritation. – Se croit en butte à des persécutions de médecins, qui l’attendent dans le corridor, pour lui seringuer de la morphine, dont les gouttelettes lui font des trous dans le cerveau. – Obstination chez lui de l’idée qu’on le vole, que son domestique lui a soustrait six mille francs : six mille francs qui, au bout de quelques jours, se changent en soixante mille francs. Jeudi 4 février. – En arrivant chez Daudet, en train de s’habiller pour le théâtre, je ne puis m’empêcher de lui dire, que j’aime beaucoup mieux la mort naturelle de la Menteuse, dans sa nouvelle, que sa mort par l’empoisonnement de la pièce. Oui, j’aurais voulu cette femme couchée dans son lit, ainsi que dans la nouvelle, couchée le nez dans le mur, ne répondant pas aux interrogations furieuses, à elle uploads/Litterature/ edmond-de-goncourt-amp-jules-de-goncourt-journal.pdf

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