EHESS Trois quarts de siècle de recherches sur l'économie grecque antique Autho

EHESS Trois quarts de siècle de recherches sur l'économie grecque antique Author(s): Édouard Will Source: Annales. Histoire, Sciences Sociales, 9e Année, No. 1 (Jan. - Mar., 1954), pp. 7-22 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/27579592 Accessed: 01-05-2016 20:26 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Annales. Histoire, Sciences Sociales This content downloaded from 132.174.255.116 on Sun, 01 May 2016 20:26:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms ?TUDES TROIS QUARTS DE SI?CLE DE RECHERCHES SUR L'?CONOMIE GRECQUE ANTIQUE Il n'est pas question de pr?senter ici en quelques pages un raccourci de l'histoire ?conomique de la Gr?ce archa?que et classique ; encore moins d'?baucher ? grands traits, dogmatiquement, une th?orie susceptible d'en expliquer les caract?res originaux. Le temps ne semble pas venu d'?crire une histoire ?conomique de la Gr?ce : les documents sont trop rares et, sur le plan litt?raire, trop limit?s au IVe si?cle, ce si?cle des orateurs et des plai doiries. Mais c'est l? justement le terme inf?rieur de la p?riode que nous voudrions envisager ici, et que pr?c?dent quatre ou cinq si?cles qu'on aime rait ? voir sortir de leur obscurit?. Sans doute, pour ces si?cles archa?ques, un rayon de lumi?re jaillit-il ?? et l?, du jour o? nous disposons de textes ; les Travaux d'H?siode, telle ?l?gie de Solon ou de Th?ognis nous apportent de pr?cieux renseignements ; la numismatique (du jour o? la monnaie existe et l? o? elle existe) et l'arch?ologie, dans la mesure o? elle atteste des ?changes et permet de mesurer, tr?s approximativement, le niveau de la production pour quelques produits artisanaux, ?tout cela nous permet de nous faire une id?e, fort impr?cise du reste, de tel ou tel aspect de l'?conomie ant?rieurement au ive et ? la fin du ve si?cle ; tout cela aussi, trop mince, trop peu explicite et surtout trop discontinu, aussi bien dans l'espace que dans le temps, pour qu'on puisse chercher ? ?crire une histoire ?conomique g?n?rale digne de ce nom sans avoir recours ? d'abusives g?n?ralisations ? partir de quelques faits connus, ou ? des hypoth?ses inspir?es par les r?alit?s mieux ?tudi?es de l'histoire ?conomique m?di?vale ou moderne1. S'il en est 1. La maigreur de notre documentation justifierait ? elle seule notre scepticisme. Mais celui-ci est confirm? par le caract?re d?cevant des quelques ouvrages consacr?s, ces derni?res ann?es, ? l'?conomie grecque, et plus g?n?ralement ? l'?conomie antique. Qu'il nous suffise de mentionner celui qui, de loin, est le plus important : Fr. Heichelheim, Wirtschaftsgeschichte des Altertums, Leyde, 1938, 2 vol. Malgr? tout le respect que commande cette uvre monu mentale, on en retire (tout au moins en ce qui concerne l'?conomie hell?nique, seule envisag?e ici) l'impression d'un ?chec, ? si bien qu'on se reporte, avec un sentiment de s?curit? retrouv?e, aux travaux de d?tail publi?s ant?rieurement par l'auteur. Si cette impression n?gative tient dans une large mesure aux conditions formelles d'un ouvrage tr?s difficile ? manier, elle This content downloaded from 132.174.255.116 on Sun, 01 May 2016 20:26:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 8 ANNALES ainsi, ? plus forte raison faut-il renoncer ? formuler une th?orie de l'?conomie grecque antique et ? enfermer ses caract?res dans une formule bien close ; je veux dire affirmer impavidement qu'elle a ?t? (par exemple) capitaliste, ou qu'elle ne l'a point ?t? ; qu'elle a d?pass? tel stade ?conomique (ces fruits de l'imagination des th?oriciens) ou ne l'a pas atteint.... D?bats abstraits autour d'abstraites positions, o? les quelques ?l?ments concrets dont nous disposons sont affect?s tour ? tour de signes contraires, ? disons plus fami li?rement, sont tour ? tour accommod?s ? des sauces diff?rentes1. Ces que relles ont du moins un m?rite (outre le fait qu'elles ont quand m?me permis de pr?ciser quelques points), celui de nous faire toucher du doigt notre cruelle ignorance. En pr?sence de tant de faits dont, pris isol?ment, nous n'avons encore pu d?terminer la valeur exacte (par exemple : volume et forme de la production industrielle ; conception pr?cise de l'instrument mon?taire ; notion de capital, etc..) ? comment vouloir juger sainement de l'ensemble, et pr?tendre lui donner un quelconque nom en -isme? * * * Les querelles erudites, si elles comportent presque toujours leur large part de logomachie, ont toutefois l'avantage d'apporter successivement, sur une m?me question, des ?clairages contrast?s. Ils finissent par mettre en relief tels aspects longtemps m?connus de la r?alit?. Or l'?conomie antique, et plus particuli?rement l'?conomie hell?nique, a fait l'objet d'un long d?bat, non encore clos bien que d?j? presque s?culaire, et qui oppose aux partisans du ? modernisme ? de l'?conomie grecque les tenants d'un certain ? primi tivisme ?. Si nous d?sirons consacrer une ? fiche ? ? ce d?bat, c'est par souci de documentation. Car il n'a eu que peu d'?chos en France et dans les pays de langue fran?aise : les savants fran?ais n'y ont pas pris part et ne paraissent m?me pas l'avoir suivi de bout en bout. Sans doute y ont-ils quelques excuses, car les ?l?ments de cette querelle se trouvent dispers?s dans des publications allemandes dont certaines ne sont peut-?tre pas d'acc?s facile en France et surtout dont la consultation n'est pas famili?re aux historiens fran?ais da l'antiquit?. Il est en tout cas frappant de constater que les ouvrages fran?ais o? on pourrait l?gitimement s'attendre ? trouver quelques indications ? ce propos n'en contiennent pas ou gu?re2. Il ne nous semble donc pas inutile tient ?galement au fait que l'auteur n'a pas ?vit? les ?cueils qui n?cessairement le mena?aient : car comment ?crire une histoire continue ? partir d'une documentation discontinue? Comment faire la synth?se alors que l'analyse, sur bien des points, n'a pas encore conclu? Heichelheim a donn? dans son second volume une bibliographie exhaustive, mais peu pratique. ? Moins compl?te, plus pratique, celle que donnait, quelques ann?es plus t?t, E. Cicotti, La Civilt? del mondo antico, I, 1935, p. 385 et suiv. Cf. aussi Michell, The Economies of Ancient Greeks, 1939. 1. On ?voquera par exemple les quelques donn?es contenues dans les discours de I^ysias contre Eratosth?ne ou de D?mosthbne contre Aphobos. 2. Une allusion dans Fran cotte, L'Industrie dans la Gr?ce ancienne, Bruxelles, 1900, p. 3 et suiv., mais c'est depuis 1900 que les pi?ces importantes ont ?t? vers?es au dossier. ? G. Glotz, Le Travail dans la Gr?ce ancienne, Paris, 1920, s'interdisait toute pol?mique, toute discussion. Il n'y en a pas plus dans son Histoire grecque. ? M?me attitude chez P. Waltz, Les Artisans et leur vie en Gr?ce, des temps hom?riques ? V?poque classique, dans Rev. Hist., CXVII, 1914, p. 5-41 ; CXLI, 1922, p. 161-193 ; CXLII, 1923, p. 14-46 ; CXLVI, 1924, p. 1-44. ? Chez J. Toutain, L'?conomie antique [L'?volution de l'Humanit?, t. XX), les immenses lacunes de This content downloaded from 132.174.255.116 on Sun, 01 May 2016 20:26:01 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms L'?CONOMIE GRECQUE ANTIQUE 9 de faciliter la t?che des chercheurs et des ?tudiants fran?ais en dressant ici une br?ve r?trospective de cet ensemble de questions. * On sait comment certains ?conomistes allemands1, des National?kono miker (List, Schmoller, Hildebrandt, Sombart, etc.), ?labor?rent tour ? tour un certain nombre de th?ories attribuant ? l? vie ?conomique une ?vo lution caract?ris?e par une succession de stades distincts. Ne retenons ici que la th?orie de Karl B?cher2. On se rappelle que, partant des travaux d'un pr?d?cesseur, Rodbertus3, il distinguait trois ?tats successifs dans l'?volu tion ?conomique : l'?conomie domestique (Hauswirtschaft ou Oikenwirt schaft, c'est-?-dire Oikonomia au sens premier du terme4 ; l'?conomie urbaine, caract?ris?e par la sp?cialisation professionnelle en vue de la vente (Stadt Wirtschaft, Kundenproduktion) ; l'?conomie territoriale ou nationale enfin (le terme allemand de Volkswirtschaft n'est pas exactement traduisible)5. Le passage de la th?orie ? l'histoire pr?sentait ?videmment des difficult?s que B?cher per?ut lui-m?me : de fa?on g?n?rale il attribuait chacun de ses ?tats ?conomiques ? une grande p?riode historique : ? l'antiquit? l'?conomie domestique ; au moyen-?ge l'?conomie urbaine ; ? l'?poque moderne la Volkswirtschaft. Et cependant il ne s'agissait pas dans sa pens?e d'une succession historique mais logique. On reconna?t l? ces grandes constructions abstraites, g?n?ralisations abusives ?bauch?es ? grands traits ? partir de l'?tude (insuffisamment m?rie) d'un pays particulier ? comme le xixe si?cle nous en a tant prodigu?8. Le fait que B?cher enferm?t d?lib?r?ment toute l'antiquit? classique dans le cadre primaire de l'?conomie domestique, qu'il consent?t ? peine, apr?s de nombreuses critiques, ? discerner dans l'?conomie des cit?s clas siques et hell?nistiques quelques amorces de la future ?conomie urbaine, ce l'information sont aggrav?es par le parti pris de synth?se de la collection. ? Cohen, La Gr?ce et VHell?nisation du monde antique (Coll. ? uploads/Litterature/ edouard-will-tres-quartes-siecles-richerche-des-economies.pdf

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