ÉDUCATION ET ÉCRITURE À L'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE Patricia JANEUX Karine MARCHADOU
ÉDUCATION ET ÉCRITURE À L'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE Patricia JANEUX Karine MARCHADOUR Saint-Moré - Arcy-sur-Cure Camp de Cora Site d'Alésia cl. F. Lechenet © Alésia Musée de l'Avallonnais cl. G. Deroude © Musée de l'Avallonnais Musée du Châtillonnais cl. J.-C. Liger © Musée du Châtillonnais Site d'Escolives-Sainte-Camille cl. J.-C. Liger Musées de Sens cl. J.-P. Élie © Musées de Sens Site des Fontaines Salées cl. commune de Saint-Père Musée d'Art et d'Histoire d'Auxerre cl. P. Amourette © Musées d'Auxerre ÉDUCATION ET ÉCRITURE CHEZ LES GALLO-ROMAINS FICHE ENSEIGNANT Introduction p. 1 ÉDUCATION Les âges de la vie p. 2 La place de l’enfant p. 2 Le contexte familial p. 3 L’école p. 3 Qui va à l’école ? p. 4 La classe p. 4 ÉCRITURE L’écriture officielle p. 6 La monnaie p. 6 Les dédicaces p. 6 Les bornes milliaires p. 7 Les archives p. 7 Les marques de fabrique p. 7 Nom du fabriquant p. 8 Les informations au consommateur p. 8 Les repères techniques p. 8 L’écriture quotidienne p. 3 Tablettes de cire et volumen p. 9 Objets quotidiens p. 9 Les tessons de céramique p. 9 Le décor intérieur p. 10 Les stèles funéraires p. 10 Légendes des illustrations p. 11 Objets à manipuler p. 14 POUR EN SAVOIR PLUS p. 15 ANNEXES Alphabet en cursive Chiffres romains FICHES ACTIVITÉS Une tablette de cire p. I Quelques jeux de lettres et de chiffres p. II EDUCATION ET ECRITURE Fiche enseignant 1 ÉDUCATION ET ÉCRITURE Ce sont d’abord les textes antiques, que l'on connaît aujourd'hui grâce aux copies réalisées au fil des siècles depuis l'Antiquité et le début du Moyen Age, qui nous renseignent sur ces thèmes. Ainsi, le professeur, homme d’Etat et poète Ausone (309/310-394/395) nous parle dans plusieurs de ses œuvres de l’enfance à l’époque gallo- romaine, à travers l’amour paternel (Lettres, II), les conditions d’enseignement (Idylles, IV) ou encore l’évocation d’une trentaine de professeurs de l’Université de Bordeaux (Souvenirs aux professeurs de Bordeaux). A la fin du IVe siècle, Saint Augustin nous dépeint quant à lui dans ses Confessions la rigueur et quelques éléments de discipline appliqués à l’école. Par ailleurs, les objets découverts, comme les nombreuses inscriptions, les tablettes de cire ou les styles nous informent directement sur les écritures et leurs techniques. Enfin, quelques représentations, notamment de scènes d'école, complètent notre connaissance de l'écriture et de l'éducation en Gaule romaine. EDUCATION ET ECRITURE Fiche enseignant 2 ÉDUCATION Les âges de la vie Depuis la Rome royale, on distingue généralement l’infans jusqu'à l'âge de sept ans, lorsque l’enfant entre à l'école, puis le puer jusque vers dix-sept ans. A compter de cet âge, le garçon devient adulescens jusqu'à trente ans. La fille devient généralement uxor, épouse, puis matrona, mère de famille. Cependant, l'évolution des mœurs au cours de la République et de l'Empire romain fait varier quelque peu ces délimitations d’âges. La place de l’enfant L'enfant gallo-romain n'avait pas de réel statut. Le nourrisson était considéré comme imparfait et il fallait donc s'employer à le modeler pour qu'il devienne un bon citoyen. Ainsi, les pratiques d'emmaillotement des enfants étaient autant destinées à protéger l'enfant de chutes éventuelles qu’à modeler son corps. Il ne s'agissait toutefois pas d'une pratique mutilante. Certaines familles recouraient à "l'exposition" de leur nourrisson. En effet, ne pouvant subvenir à ses besoins, ou ne souhaitant pas diviser trop un héritage, les parents déposaient leur enfant dans la rue. Ainsi, s'il échappait à la mort, il appartenait de plein droit à la famille qui le recueillait, le plus souvent comme esclave. Toutefois, beaucoup de stèles funéraires témoignent de l'importance de l'enfant dans la vie familiale. En effet, on observe une grande diversité dans les surnoms tendres et affectueux donnés aux enfants. EDUCATION ET ECRITURE Fiche enseignant 3 Le contexte familial Les textes antiques font état d'une éducation familiale stricte, studieuse et traditionnelle, devant avant tout inculquer les principes d'une bonne morale. Là encore, il fallait former de bons citoyens et il est évident que ces principes d'éducation n'étaient pas équivalents dans toutes les catégories sociales. L’école Les Gallo-romains commençaient leur scolarité vers l’âge de sept ans et pouvaient suivre jusqu’à trois « cycles ». Au premier niveau, l’école primaire, les enseignements étaient dispensés par un magister ludi (maître d’école). Les élèves apprenaient à lire, puis à écrire et à compter. Si l’on en croit l’abondance d’inscriptions en langue latine offertes à la lecture dans la vie quotidienne (dédicaces, inscriptions monumentales, enseignes, stèles funéraires…), la grande majorité des enfants devait suivre ce premier niveau. Ainsi, il semble que dès le Ier siècle, la plupart des Gallo-romains connaissait, du moins oralement, les bases du latin, langue officielle, tout en continuant sans doute à utiliser la langue gauloise. Le deuxième niveau, l’enseignement secondaire, commençait vers l’âge de douze ans et était assuré par un grammaticus (grammairien). Les élèves y étudiaient les textes des grands auteurs grecs et latins. Le dernier niveau, l’enseignement supérieur, débuté vers l’âge de quinze ou seize ans, était dirigé par un rhetor ou orator (rhéteur). Les étudiants acquéraient ici la maîtrise de l’art oratoire (l’art du bien parler, du discours). 1 - Scène d’école Rheinisches Landesmuseum de Trèves 2 - Scène d’école Musées de Narbonne 3 – Écolier Musées de Bourges EDUCATION ET ECRITURE Fiche enseignant 4 Qui va à l’école ? L’école était réservée essentiellement aux enfants des villes. Si la majorité des enfants suivait le niveau primaire, le niveau secondaire était réservé principalement aux enfants de l’élite sociale et plus particulièrement aux garçons. Ainsi, l’apprentissage d’un métier attendait la plupart des enfants vers l'âge de douze ans. Quant à l’enseignement supérieur, seuls « les plus nobles rejetons de la Gaule » (Tacite, Annales III, 43) y avaient accès. Dans notre région, Autun comptait dès le Ier siècle parmi les trois écoles supérieures réputées de la Gaule, avec Marseille et Trèves. Rares étaient les femmes ayant fait de hautes études, comme quelques femmes médecin à Lyon, Nîmes, Bordeaux ou Metz. Les femmes devaient être avant tout de bonnes épouses et de bonnes mères. La classe Plusieurs représentations sculptées figurant des scènes d’école ont été découvertes en Gaule, dont le célèbre relief de Neumagen (Musée de Trèves). Elles nous informent, en complément des textes antiques, sur les conditions d’enseignement. L’usage du tableau est attesté par un bas- relief d’Arlon (Belgique). Les élèves disposaient en outre de deux supports d’écriture, sur lesquels ils apprenaient à tracer les lettres capitales sans espaces ni ponctuation : La tablette en bois dont la surface évidée était comblée de cire (tabellae ceratae) (fiche activité) : les élèves apprenaient à manier une pointe en bronze ou en fer, le style, pour tracer les lettres. Une spatule, ménagée à l’autre extrémité du style, permettait de gratter en cas de faute. « Retourner 4 – Bas-relief Musée d’Arlon 5 – Style Musée Alésia EDUCATION ET ECRITURE Fiche enseignant 5 de gratter en cas de faute. « Retourner le style » signifiait d’ailleurs gratter, corriger. La tablette pouvait être simple, double ou multiple et constituait un véritable cahier de brouillon. Le volumen : rouleau de papyrus sur lequel les écoliers écrivaient avec un calame (roseau taillé) trempé dans de l’encre. Il était souvent utilisé recto et verso. De récentes hypothèses permettent d'imaginer que le cahier était entré dans l'univers scolaire, pour des écrits aboutis, dignes de figurer sur un support onéreux. Ce cahier (Codex membranis ou membrana), dont l'usage scolaire est attesté en Egypte au IIIe siècle, se composait de feuilles de parchemin pliées et assemblées. Il semble que la discipline constituait l’élément primordial de l’enseignement. Le texte d’Ausone illustre tout à fait ce propos, bien que les méthodes nous paraissent aujourd’hui très sévères. Citons encore les mots de saint Augustin ou les quelques représentations antiques de scènes de châtiment corporel pour preuves de cette fermeté. Cependant, nous connaissons quelques témoignages du IVe siècle illustrant l'évolution de la pédagogie antique vers plus de douceur et d'humanité. Le métier lui-même d'enseignant était peu reconnu et mal rémunéré. Ainsi, en 301, Dioclétien impose dans son édit que les magistri ludi soient rétribués comme des ouvriers qualifiés, à condition qu'ils réunissent une trentaine d'élèves. Les rhéteurs étaient les plus considérés et les mieux payés, puisqu'ils devaient former des administrateurs et des hauts fonctionnaires. Tous les enseignants étaient rétribués mensuellement par chaque élève. 6 – Encriers Musée du Châtillonnais L’Egypte devient province romaine en 30 av. J.-C., à la mort de Cléopâtre. Des conditions de conservation exceptionnelles ont permis la découverte de nombreux parchemins. Le poète et rhéteur Ausone (IVe siècle) encourage son petit-fils : AUSONE, Idylles, IV « Ne maudis pas les rênes d’un précepteur sévère. Jamais l’aspect d’un maître n’est effrayant. Il est vieux et maussade ; sa voix revêche et querelleuse annonce l’orage ; son front renfrogné menace toujours ; et pourtant il n’aura rien de repoussant, une fois qu’il aura su, par le charme de l’habitude, accoutumer l’élève à son visage. » … «Toi non plus ne tremble pas, malgré les coups nombreux qui retentissent dans la classe et la mine uploads/Litterature/ education-et-ecriture-a-l-x27-epoque-gallo-romaine.pdf
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- Publié le Fev 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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