Marivaux, Les Fausses confidences, extrait 2 : acte II scène 15 – Explication l
Marivaux, Les Fausses confidences, extrait 2 : acte II scène 15 – Explication linéaire Activités préparatoires : - Lecture des actes I et II. - Vérification de la compréhension de la situation. Introduction : - Présentation de l’auteur et de l’œuvre : - L’auteur : Marivaux, écrivain du XVIIIème siècle, connu pour ses nombreuses pièces dans lesquelles il renouvelle le genre comique : il crée la « comédie de sentiment » dans laquelle s’affrontent la sincérité et l’artifice. Il s’agit pour l’écrivain de sonder les cœurs, de soulever les masques imposés par la société. - L’œuvre : le titre Les Fausses confidences pose d’emblée la question du mensonge et de la sincérité. La pièce met en scène un valet, Dubois, résolu à aider Dorante, son ancien maître désargenté, à conquérir le cœur de la riche Araminte. Le valet va recourir à de nombreux stratagèmes pour parvenir à ses fins. - Situation et présentation de l’extrait : L’extrait se situe à la fin de l’acte II ; il s’agit d’un dialogue entre Dorante et Araminte. Au deuxième acte l’intrigue s’est nouée autour d’un mystérieux portrait. Peu à peu, Araminte se convainc de l’amour que lui porte Dorante et tend un piège à celui-ci pour susciter sa jalousie et le forcer à se déclarer, en vain (épisode de la lettre II, 13). Marton intervient à la scène 14 pour demander à sa maîtresse de la marier à Dorante, ce qui conduit Araminte à mettre une nouvelle fois les sentiments de Dorante à l’épreuve et à le contraindre à lui avouer son amour. - Lecture de l’extrait. - Mouvements du texte : 1er mouvement : l.1 à 14 → un dialogue qui s’apparente à un interrogatoire 2ème mouvement : l.15 à 21 → le rôle central d’un objet : le portrait 3ème mouvement : l.22 à 32 → la révélation des sentiments - Problématique : Comment Marivaux met-il en scène un personnage pris au piège de sa propre stratégie ? 1er mouvement : l.1 à 14 → un dialogue qui s’apparente à un interrogatoire - Dans la 1ère partie de cet extrait, Araminte feint de chercher à savoir qui est la femme aimée par Dorante et pour laquelle il renonce à de bons partis (Marton + femme qui a 15000 livres de rente). Elle se livre donc à un jeu de questions qui s’apparente à un véritable interrogatoire. - La 1ère réplique montre l’incrédulité feinte d’Araminte face à la passion avouée par Dorante : voir la négation « Je n’imagine point de femme », l’emploi de l’adverbe d’intensité dans le groupe « inspirer une passion si étonnante » (l.1), l’interrogation « Elle est donc au-dessus de toute comparaison ? » (l.2). - La réponse de Dorante révèle sa passion : voir l’emploi du conditionnel « je m’égarerais en la peignant » (l.3) qui montre qu’il ne maîtrise pas ses sentiments. La suite de la réplique constitue un éloge puissant de la femme aimée : la double négation « rien de si… ni de si… » met en valeur les 2 adjectifs « beau » et « aimable » (l.4). La force de l’amour est encore exprimée par l’adverbe « jamais » qui précède la proposition « que mon amour n’en augmente » (l.4-5). - La didascalie « baisse les yeux » (l.6) révèle le trouble d’Araminte qui sait que Dorante parle en réalité d’elle. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre son interrogatoire de manière insistante, en mettant en évidence le caractère irrationnel du comportement de Dorante : « votre conduite blesse la raison » (l.6), « cela est bien bizarre » (l.7), répétition de l’interrogation « Que prétendez-vous ? » (l.6 et 8). Elle montre l’incohérence de la stratégie de Dorante : « pour une personne qui ne saura jamais que vous l’aimez » (.7). - Dorante répond une nouvelle fois avec sincérité et modestie : « Le plaisir de la voir quelquefois, et d’être avec elle, est tout ce que je me propose. » (l.9) → image de l’amant courtois. - Araminte réagit vivement en reprenant le groupe prépositionnel « Avec elle ! » (l.10)→ analyser l’exclamation. Elle cherche encore une fois à piéger Dorante avec l’interrogation « Oubliez-vous que vous êtes ici ? » (l.10). - Dorante ne tombe pas dans ce piège tendu par Araminte (« Je veux dire » l.11) et introduit lui- même le thème du portrait. - Araminte se fait toujours plus insistante : voir l’exclamation « Son portrait ! » (l.12), suivie d’une nouvelle interrogation intrusive : « Est-ce que vous l’avez fait faire ? » (l.12) → parallélisme de construction avec la réplique de la ligne 10. - Face à ces questions insistantes, Dorante garde son calme, répondant posément de manière détaillée. Son propos montre ses talents : « j’ai, par amusement, appris à peindre », « je l’ai peinte moi-même » → l’emploi des pronoms personnels de la 1ère personne met en valeur ses qualités. D’autre part, la force de ses sentiments est une nouvelle fois mise en évidence par la subordonnée circonstancielle de condition qui exprime l’impossibilité (conditionnel passé + si + plus-que-parfait) : « Je me serais privé de son portrait, si je n’avais pu l’avoir que par le secours d’un autre. » (l.14). 2ème mouvement: l.15 à 21 → le rôle central d’un objet : le portrait - Constatant que Dorante esquive tout aveu, Araminte commence à s’impatienter, comme le montre l’aparté « Il faut le pousser à bout. » (l.15). Son impatience s’exprime ensuite par l’emploi de l’impératif lorsqu’elle donne un ordre à Dorante : « Montrez-moi ce portrait. » (l.15). - Encore une fois, Dorante esquive avec subtilité : analyser la subordonnée circonstancielle de concession « quoique mon amour soit sans espérance » (l.16) qui montre la finesse d’esprit du personnage (volonté de toucher le cœur d’Araminte). Il se présente une nouvelle fois comme un amant courtois par le respect total qu’il montre à la femme aimée : « je n’en dois pas moins un secret inviolable à l’objet aimé. » (l.16-17). - La réplique d’Araminte fait référence aux scènes 7 à 9 de l’acte II pendant lesquelles un « garçon » a apporté un portrait qui s’est révélé être celui d’Araminte. L’expression « par hasard » (l.18) est humoristique car l’apparition de ce portrait est une manipulation de Dubois ; cela fait partie du stratagème mis en place par le valet. Dans sa volonté de faire avouer Dorante, Araminte se montre à nouveau autoritaire : emploi de l’impératif « Voyez si ce ne serait point celui dont il s’agit. » (l.19). - Voulant échapper au piège tendu, Dorante esquive avec une négation : « Cela ne se peut pas. » (l.20). - Araminte ne laisse plus le choix à Dorante : didascalie « ouvrant la boîte » + emploi de l’impératif « Examinez. » (l.21). Elle veut absolument obtenir l’aveu de son amour. 3ème mouvement : l.22 à 32 → la révélation des sentiments - Contraint par Araminte, Dorante n’exprime pas directement son amour, mais ne le nie pas. Son embarras paraît sincère et montre une nouvelle fois le respect profond qu’il lui porte : hyperbole «songez que j’aurais perdu mille fois la vie ». Il feint l’étonnement : subordonnée circonstancielle de temps « avant que d’avouer ce que le hasard vous découvre » et se montre encore en amant courtois : interrogation « Comment pourrai-je expier ? » (l.23), didascalie « Il se jette à ses genoux. » (l.24). - Araminte accueille avec bienveillance cet aveu indirect : négation « je ne me fâcherai point », lexique de la compassion avec « pitié » et « pardonne » (l.25). - L’arrivée impromptue de Marton crée une rupture dans cette scène courtoise ; en effet, elle est témoin d’un moment intime, alors qu’elle croit encore que Dorante veut l’épouser (stratagème de M. Rémy) : didascalie « s’enfuit » + exclamation « Ah ! » (l.27). - Cette intervention plonge Araminte dans l’embarras : double exclamation l.29. Quant à Dorante, il joue la comédie : didascalie « feignant d’être déconcerté » (l.30) + emploi de 4 négations. - La colère d’Araminte à la fin de la scène n’est pas feinte ; analyser l’emploi des impératifs « laissez- moi », « Allez-vous-en », « rendez-moi ma lettre » (l.32). La dernière phrase, qu’elle s’adresse à elle- même, révèle ses sentiments : elle a été prise à son propre piège et elle s’en veut → analyser l’exclamation finale. Conclusion : Marivaux joue de manière très subtile sur le va-et-vient incessant entre sincérité et duplicité. Même le lecteur-spectateur ne discerne pas toujours les pensées réelles des personnages. L’intrigue franchit une étape importante dans cette scène : l’aveu tant attendu par Araminte survient enfin, mais le piège de la jeune femme se retourne contre elle ; en effet elle a du mal à masquer son trouble et ne sort pas indemne de cet échange. Ouverture sur la scène 1 de l’acte III : bilan de la situation et de l’avancée du stratagème uploads/Litterature/ el-extrait-2-acte-ii-scene-15.pdf
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- Publié le Jui 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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