DE L'OIIIGIiVE PROBABLE DES TOEKUARES ET DE LEURS MIGRATIONS A TRAVERS L’ASIE P
DE L'OIIIGIiVE PROBABLE DES TOEKUARES ET DE LEURS MIGRATIONS A TRAVERS L’ASIE PAR G. de VASCONCELLOS-ABREU Gradué en raathématiques de 1’Université de Coimbra professeur de aanscrit au cours supérieur de Lettres á Lisbonne. EXTRAIT DU MUSÉON LOUVAIN TYPOGRAPHY DE CH. PEETERS, LIBRAIRE rue de Namur, 22 1883 V DB L*0RIGI\E PROBABLE DES TOLKIIARES ET DE LEURS MIGRATIONS A TRAVERS L’ASIE PAR G. DE VASCONCELLOS-ABREU Gradue en mathématiques À TUniversité de Coimbra professeur de Sanscrit au cours supérieur de Lettres â Lisbonne. EXTRAIT DU MUSÉON LOUVAIN TYPOGRATHIE DE CH. PEETERS, LIBRAIRE rue de Namur, 22 co.vrpPA 204066 I A MON SAVANT AMI LE Dr REINHOLD ROST, INDIA OFFICE, LONDRES. Ce travail avait été écrit pour être lu devant le Congrés anthropologique de Lisbonne, en 1880. Une grave maladie d'une personne de la famille de l’au- teur l’a empêché de faire la lecture à la séance qui était marquée pour cela. DE L’ORIGINE PROBABLE DES TOURHARES ET DE LEUR3 MIGRATIONS A TRAVERS L’ASIE- I. LE PROBLÈME. En présentant ces considérations aux lecteurs du Muséon, je n’ai nullement la prétention d’apporter à cette question une solution définitive. Je ne viens pas leur soumettre un système achevé, mais simplement des doutes. Mon but est d’appeler l’attention des ethnologistes, des géographes et des orientalistes sur un problème qui, je crois, est encore à résoudre. II a été le sujet de doctes recherches de la part de savants de premier rang, entre autres, dernièrement, de M. le baron von Richthofen dans le ler volume de son grand ouvrage sur la Chine. Aussi cette partie introductoire écrite avec autant de talent que de vraie science, faisait désirer ar- demment 1’achèvement de ce monument littéraire et scien- tifique.Le 2me volume a paru dans le commencement de 1882. Dans une note, vraie dissertation, qu’on lit à la page 439- 441, le savant auteur dit : « La question relative aux Tou- kháres, à leur patrie originaire, à leurs caractères ethnolo- giques, à leurs migrations, et aux pays qu’ils ont habités aux diííérentes époques, est du plus grand intérêt. Des com- binaisons multiples ont donné naissance à une série siugu- lière de synonymes qui a fait du nom de Toukháre la dé- signation la plus usitée de diíFérents peuples voisins, à * — 4 — diverses époques de 1’antiquité. Nous en avons un témoi- gnage important dans la savante investigation de M. Vivien de St-Martin, Mémoire sur les Hurts blancs ou Ephthalites des historiens byzantins. » — Etudes de Géographie an- cienne. Paris 1850. Pag. 233-351. » C’est précisément ce problème, gros de résultats, et re- latif, je ne dis pas et pour cause, à la patrie primitive, mais à la filiation ethnologique des Toukhâres, leuis mi¬ grations, leurs rapports historiques avec les peuples des anciens empires, et leur part dans les luttes des peuplades et tribus de la Grèce pré-Hellène et de l’Asie-Mineure, dans les civilisations et dans les relations commerciales avec les peuples de 1’Orient, que je crois être encore sans résolution. M. von Richthofen n’a pas atteint le but qu’il s’était proposé en s’efforçant de démontrer que les désignations de Toukhá- res et de Yuetchi appartiennent à un seul peuple, qui depuis son origine aurait habité les environs de Khotan. « Aux Toukhâres — dit le savant professeur de Bonn — correspondent les Yue-tchi de la dynastie des Han, les Yeta de la dynastie des Wéi, les Haiathalah ou Haithal des Perses, les ’E<f0aXirat et les IIuns blancs des auteurs byzan¬ tins, les Thedal des Arméniens, les Kouschan de ceux-ci et des Árabes, les Djates actuels de l’lnde, selon M. de St- Martin, et de plus les Indo-Scythes des auteurs grecs, selon d’autres travaux plus anciens. Tout récemment M. le colo¬ nel Yule (Notes on Hwen-Thsang s’ account of the princi¬ palities of Tokhâristân. Journal R. A. S. n. s. VI, 1873, pag. 92-120) est venu confirmer par de pénétrantes investi¬ gations, et mettre hors de doute les conjectures, élaborées, depuis quelque temps (par Rémusat par exemple dans ses Remarques sur Vextension de Vempire chinois du côté de tOccident, période de Tang), sur 1'identité des Tô/aooi des Grecs, des Tou-ho-lo des Chinois, des Tokhares des Arabes (de ce nom on a formé Tokharistan), et très probablement des Toukhâra de la littérature hindoue, avec les anciens Yue-tchi. » Mais je ne puis accepter cette conclusion; je crois tout an contraire pouvoir démontrer une différence au point de vue ethnique, bien tranchée entre les Toukhâres et les Yue-tchi. Qu’il me soit done permis de dire que ce « hors de doute » est un peu hors de propos ; car M. le colonel H. Yule lui- même manifeste (i) quelques doutes à ce propos (2). Dans ce mémoire je tâcherai de démontrer la fausseté de 1’identité établie entre les Toukháres, le peuple désigné par Strabon (3) soas le nom de Tó/_apoi, les Tou-ho-los et les Yue-tchí. Je ne me laisserai pas toutefois entraíner par le désir d’étudier les rapports ethnologiques existant entre les Toukháres et les Djates du nordouest de 1’Inde. Ceux qui désireront approfondir cette question, pourront consulter outre 1’ouvrage de M. St-Martin (cité par M. le baron von Richthofen) ceux de M. Elliot, et de M. le général Cunnin¬ gham (4). Je ne conteste pas que les Toukháres, Tukhàra des Hin- dous, et les Tó%apoi de Strabon ne soient un seul et même peuple — à de différentes époques, ça va sans dire. Je ne conteste pas non plus que la dénomination de Yue-tcht, au temps des Hâns, nait ph comprendre avec les Yue-tchí. une ou plusieurs tribus des Toukháres, surtout à partir de la seconde moitié de la première période de cette dynastie (205 avant J.-Chr. — 58 après J.-Chr.). L’opinion que je combats est celle qui affirme que les Yue-tchí et les Toukháres ont été un seul et même peuple; et ma conclusion sera que la dénomination de Toukháres a fait disparaítre en Occident, ou elle était plus ancienne, la dénomination de Yue-tchí plus familière aux Chinois. II. Les arguments de M. von Richthofen. On sait aujourd’hui, et M. le baron von Richthofen l’ex- plique en détails (0), que les Yue-tchí, habitants de la (1) Page 95 de l’O. c. (2) Voyez plus loin, § IV. (3) L. XI, cap. VIII, 2; page 438, 32 Muller-Didot. (4) Memoirs on the History, Folk lore, and Distribution of the Races of the north western provinces of India. Elliot-Beames. London 1869, vol. I, page 130-7, 99-102. Archaeological Survey of India,, vol. II. (Ethnology) 43-82. (5) Cf. note 5, p. 439 411 avec pag. 446 svv. — 6 — partie orientale du bassin du Tarym, sont arrivés en l’an 128 avant J.-Chr., par des marches successives faites depuis l’an 157 à íravers la Tsoungarie, à la Transoxiane et á la Baktriane. Ils y ont anéanti le royaume grec de la Bak- triane (i), et s’y sont établis d’une manière déflnitive. Stra- bon qui nous a laissé une relation importante de cet évé- nernent rapporte ce fait à différents peuples venus d’au-delà de 1’Yaxartes (Iaxartes). Ces peuples sont les "Ào-ioi xai Ilaffiavoi xai Tóyapoi xai 2axápa'jXoi. Ptolémée parle d’un grand peuple, habitant la Baktriane et qu’il appelle les Tokhari, et nomme aussi les Thagori, ha¬ bitants d’une rógionque M. von Richthofen identifie (p. 440, 489) avec 1’ancien Tou-ho-lo dont parle le pélerin chinois liiouen-Tbsang au vii® siècle de notre ère (2). La diíFérence de prononciation, étant un fait purement local, est dúe à une séparation des ditférentes tribus; prolon- gée pendant plusieurs siècles, elle nempêche pas M. von Richthofen d’identifier l’ancicnne Tou-ho-lo avec la région des Thagori. J’accepte comine vraie l’identification des deux noms dans les rives de 1’Oxus et les versants septentrionaux du Kuenloun. Le nom de Tou-ho-lo en chinois est le corres- pondant phonologique du Sanskrit Tukhára. On voit done que les Tokhari ou Tokharoi de Strabon venus d’au-delà du Yaxartes sont identiques, au moins pour le nom, à ces Tou- kháres de la littérature hindoue. Mais pouvons-nous en con- clure avec von Richthofen que ce soient les mèmes peuples que les Yue-tchi? Je ne le crois pas. Un seul fait est incontestable : le nom de Yue-tchi se ren¬ contre à une certaine époque, surle mérne point géographique que celui d’un peuple désigné par Strabon, soas le nom grec Tokharoi; quelques siècles plus tard Hiouen-Thsang désigne ce peuple par le nom chinois de Tou-ho-lo, lequel est pho- nologiquement le vocable Sanskrit Tukhára, de môme que celui-ci se retrouve encore dans le grec Tokharoi (3). (1) Spiegel, Eranische AUerthumskunde, III vol. p. 64. Rawlinson, The Sixth Oriental Monarchy, p. 155 bvv. et Richthofen, ut supra, etc. (2) Stanislas Julien, Mémoires sur les contrées occidentales, II, 247. (3) Cf. lexposé du fait tel que je viens de 1 enoncer avec 1'exposé que M. von Richthofen nous en donne p. 439, n. õ. / A ce fait viennent s’ajouter d’autres circonstances qui à première vue semblent appuyer 1’hypothòse de M. le baron von Richthofen. Les void : Le Tokharistan fut une des capitales du Bouddhisme sur l’Oxus, et ses habitants uploads/Litterature/ abreu-guilherme-de-vasconcelos.pdf
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- Publié le Dec 12, 2021
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