UNION INTERNATIONALE DES SCIENCES PRÉ- ET PROTOHISTORIQUES UNION INTERNATIONALE
UNION INTERNATIONALE DES SCIENCES PRÉ- ET PROTOHISTORIQUES UNION INTERNATIONALE DES SCIENCES ANTHROPOLOGIQUES ET ETHNOLOGIQUES LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE ET DE PRÉHISTOIRE DES PAYS DE LA MÉDITERRANÉE OCCIDENTALE INSTITUT DE RECHERCHES ET D'ÉTUDES SUR LE MONDE ARABE ET MUSULMAN ENCYCLOPEDIE BERBÈRE XIV Conseil - Danse Publié avec Ie concours du Centre National du Livre (CNL) et sur la recommandation du Conseil international de la Philosophie et des Sciences humaines (UNESCO) ÉDISUD La Galade, 13090 Aix-en-Provence, France ISBN 2-85744-201-7 et 2-85744-741-8 La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, «que les copies ou reproductions strictement réservées a l'usage du copiste et non des- tinées a une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration; «toute représentation ou reproduction integrale, ou partielle, faite sans Ie consentement de ses auteurs ou des ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite» (alinea l" de l'article 40). Cette représentation ou reproduction par quelque pro- cédé que ce soit constituerait donc une contrefac.on sanctionnée par les articles 425 et sui- vants du Code pénal. © Édisud, 1994. Secrétariat : Laboratoire d'Anthropologie et de Préhistoire des pays de la Méditerranée occi- dentale, Maison de la Méditerranée, 5 bd Pasteur, 13100 Aix-en-Provence. Constantine l 2081 TAMINE R , La contnbutwn despamcuhers a la production et a la valonsaüon de l'habitat, Ie cas de Constantine (Algene), 3e cycle, IAR, Aix-en-Provence, 1986, 420 p M. COTE C91. CONTE Le conte berbère. Généralités Avec la poésie, Ie genre narratif Ie plus connu dans la httérature berbère est Ie conte car nous disposons de recueils et d'études fort nombreuses. La décenme d'études berbères de 1980 a 1990, par exemple, comptent 63 Utres (Chaker, 1992). Le nom du genre L'état actuel de la recherche ne permet pas de circonscnre un nom univoque pour Ie conte, fusse dans un même dialecte. On se contentera de citer et de commenter autant que faire se peut les dénommations selon les dialectes. Le Touarègue propose emey, selon la transcription des Petites sceurs de Jesus. Le dictionnaire du Père de Foucauld signale deux vocables interessants: oumai sigmfiant «rendre graces a Dieu ou a une personne» et imeuen «gens des temps antiques». Quand on pense au rituel précédant et termmant la narration contique, on ne peut exclure Ie premier mot dans la notion de conte. Quant au second, il va de soi; Ie conte n'est-il pas l'histoire des gens du temps jadis ? Dans la Tachelhit, on trouve un terme tres proche de celui du Touarègue, ummiy (plur. ummiyri) maïs aussi tallast (plur. tallasm). On signale que la radio d'Agadir au Maroc utilise Ie terme tanfult pour designer Ie conte ou toute autre histoire. Les deux premiers renvoient a la noumture: ummiy est une poignée de nournture (couscous, par exemple) et alias est Ie repas du soir a la tombée de la nuit. Le conte serait-il nournture du soir pour accompagner les enfants dans leur sommeil ' La Tanfit utilise, outre les emprunts a l'arabe comme lehkayt, deux termes ahnuc (pi. ihnac) et tanfust (pi. tinfas). Le premier est donné par Renésio (1932) sans commentaire; Ie second est a rapprocher de timfect sigmfiant eendre et, par la, renvoyant au temps du conte, nommation signalée dans d'autres traditions que celle des berbères. En Kabyhe, tamacahut est Ie terme Ie plus répandu. Les recueils de M. Mammen l'a populansé. Le dictionnaire de J.-M. Dallet Ie classe dans une entree morphologique MCH qu'il rempht seul avec macahu et amacahu, formules mtroduisant«un conte, une devmette»lesquelles renvoient a l'aspect merveilleux que deploie la parole de la conteuse. Comme dans les autres traditions orales et comme pour les autres genres de la litterature berbère cette vanation termmologique est explicable du pomt de vue de l'aspect visé dans Ie genre en question. S'agit-il du temps du conte (tanfust ou tallast), de sa fonction (ummiy), de son style (tamcahut) ou de la temporahte de l'histoire elle-même (emay) ? Contrairement a d'autres traditions, Ie conte berbère est une exclusivité des femmes. Que des hommes racontent des histoires dans les foires ou dans leur péngnnation de colporteurs ne change nen a cette régie. Le conte est affaire de femmes et son public sont les jeunes enfants non puberes. On peut probablement dire avec M. Mammen que Ie conte berbère oral vit ses dermères années car «d'autres jeux, d'autres modes de dire et de révéler (de rever?) les remplacent» (Machaho! Contes berbères de Kabyhe, Bordas, 1980). 2082 / Conte Classifica tion Dans ce domaine, la recherche vit sur l'acquis des Berbérisants du début du siècle tel Mouliéras et Laoust, par exemple. On distingue les contes merveilleux, les contes d'animaux, les histoires satiriques ou plaisantes, les récits moralisateurs, les légendes hagiographiques. Cette classification est reprise encore aujourd'hui sans critique même si, ici et la, on la tempère avec la référence a Aarne et Thompson. En effet Ie poids de la tradition folkloriste est tel que Ie conte berbère est considéré comme un document pour étudier la société berbère (C. Lacoste, 1982). Ces études si nécessaires et si riches ne satisfont pas Ie littéraire. C'est ainsi que l'on commence a tenter des analyses immanentes du conte berbère mais sans qu'elles débouchent sur une réflexion sur la classification des types de contes. Curieusement ce sont les historiens qui tentent, indirectement, d'indiquer Ie chemin sur un point précis: les récits hagiographiques retenus dans les recueils classiques ne sont plus dédaignés mais considérés comme documents pour l'historien intéresse par l'imaginaire et son rapport avec les faits historiques. Du coups, l'hagiographie trouve son autonomie hors du conte puisqu'elle concerne des personnages historiques. Ce qu'on appelle «conte hagiographique» est, en réalité, une biographie impliquée dans un contexte traditionnel et scripturaire code (Adab al-Mandqib, 1992). La réflexion littéraire et poétique pourrait emboïter Ie pas aux historiens pour éclairer des aspects que seules leurs methodes peut prendre en compte: Ie merveilleux des miracles des saints par rapport au merveilleux des contes. On peut espérer alors une classification scrupuleusement littéraire du corpus. Quoiqu'il en soit, quels sont les traits essentiels du conte berbère abstraction faite de la langue ? Les traits saillants du conte berbère On peut douter d'une specifieke du conte berbère. En 1945, E. Laoust écrivait déja:«II n'y a cependant pas lieu, pour une question d'expression, de distinguer Ie folklore arabe du berbère : celui-ci développe dans une langue barbare des thèmes communs a une aire folklorique nord-africaine dont les sources orientales sont non moins contestables que les réminiscences méditerranéennes du monde gréco-latin» (Contes berbères du Maroc, vol. I et II, 1945). Cette idee fut celle de tous les Berbérisants. Du point de vue génétique, ce doute est incontestable (Bounfour, 1986) même si certains, comme C. Lacoste, tentent de montrer quelques originalité de ce conte. En effet, les études sur la variation d'un conte dans plusieurs langues (voir l'analyse de Mqidec par C. Lacoste) ou son analyse conceptuelle (voir «La parole coupée. L'éthique du conte» de A. Bounfour) révèlent certaines spécificités thématiques, narratives et éthiques. Quoi de plus normal! L'on sait, depuis quelques décennies, qu'une tradition orale ne place pas l'originalité dans la singularité de ses thèmes mais dans sa valeur suprême qu'est la performance. Le savoir-dire, telle est l'essence de toute parole berbère surtout quand elle investit les formes codées de la société. Il nous manque malheureusement des études probantes sur la performance comme celles initiées par G. Calame-Griaule pour Ie conte africain. En revanche la collecte est considérable. Les recueils classiques dont nous disposons sont nombreux; les plus connus (R. Basset, 1887; H. Stumme, 1898; A. Mouliéras, 1893-1898; E. Dermenghem, 1945 ; E. Laoust, 1949; J.M. Dallet, 1963 et 1967) présentent, au lecteur, les traits fondamentaux du conte berbère. Au plan thématique, deux personnages semblent camper de maniere grossis- sante ce que nous appelons Ie «réalisme» berbère. Ce sont Ie hérisson et Ie chacal dans les contes d'animaux. Conte l 2083 L'un fait Ie gros dos face au déchaïnement de la violence nue; l'autre s'en remet a la ruse. Ceci semblerait banal mais les détails des descriptions, ces sèmes inclassables, créent un ton et une atmosphère qui font de ces deux personnages des créatures singulières comme l'est Ie lièvre en Afrique de FOuest et Renart au Moyen Age francais. Le second personnage fondamental des contes berbères est Fogre, l'ogresse surtout. Elle est omniprésente sous toutes les formes, celle de la maratre surtout. Ces contes sont comme un hymne, en négatif, a la mère absente. En effet, tout est dit pour que l'image maternelle apparaisse comme Ie seul vrai rempart contre l'envie déchaïnée et mortifère. Ni Ie père ni les frères, Ie pöle masculin, n'ont la force de résistance du póle maternel. Il y a la une matière d'une extreme richesse pour les études psychanalytiques exploratrices de la culture telles que les pröne G. Rosolato dans son dernier livre (1993). Dans les contes merveilleux, les collecteurs ont été tous frappés par Ie caractère souvent décousu sinon déroutant de la logique narrative. Or, il serait erroné d'en déduire une carence logique de uploads/Litterature/ encyclopedie-berbere.pdf
Documents similaires










-
41
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 11, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.3592MB