Marie Rose Moro Enfants d'ici venus d'ailleurs Naître Et Grandir En France Copy

Marie Rose Moro Enfants d'ici venus d'ailleurs Naître Et Grandir En France Copyright © Éditions La Découverte et Syros, Paris, 2002. ISBN papier : 9782707136558 ISBN numérique : 9782707195548 Hors collection social En couverture : Conception et réalisation : Didier Gonard / Peinture : Gilles Gonard. Ce livre a été converti en ebook le 13/06/2017 par Cairn à partir de l'édition papier du même ouvrage. Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre national du livre. http://www.editionsladecouverte.fr Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. Présentation La France est devenue un pays pluriel : multiplicité des cultures sur le sol national, besoin de reconnaissance des familles migrantes et de leurs enfants, nécessité d'anticiper une société métissée. Pourtant, les professionnels - enseignants, éducateurs, médecins, infirmières, psychiatres, psychologues... - qui ont à s'occuper d'eux objectent souvent que ces enfants de l'émigration ne se sentent pas différents des autres. Et que, par définition, la société française n'est pas multiculturelle , du fait de son modèle d'intégration individuelle tant loué. Au nom d'un universalisme généreux, ils mesurent mal l'impact sur les enfants des situations d'exil ou de migration vécues par leurs parents. Ce qui est, un peu hâtivement, mis au compte d'un manque de limites et de règles d'autorité est plutôt un problème d'identité. C'est ce que montre l'auteur de ce livre, en s'appuyant sur l'expérience des consultations transculturelles qui accueillent les immigrés et leurs enfants : celles-ci ont permis, ces dernières années, de mettre au jour les souffrances de ces familles et les obstacles sociaux et culturels rencontrés au quotidien par leurs enfants, qu'ils soient bébés, en âge scolaire ou adolescents. Les cas cliniques racontés ici servent à l'auteur de points d'appui pour analyser et éclairer des situations plus courantes auxquelles peuvent être confrontés les professionnels et qui les laissent souvent dans l'embarras. Ce livre, nourri d'histoires de vie et de rencontres avec des migrants et leurs enfants, est précieux pour nous aider à changer notre regard sur eux. Tout à fait essentiel pour comprendre la problématique transculturelle, il permet de penser ces enfants d'ici venus d'ailleurs dans leur singularité, pour mieux les aider, les éduquer, les soigner. L'auteur Marie Rose Moro Marie Rose Moro, professeur des universités, est psychiatre d’enfants et d’adolescents (Paris XIII) et dirige le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne (AP-HP). Elle est notamment l’auteur de Parents en exil (PUF, 2001) et de Psychothérapie transculturelle des enfants et des adolescents (Dunod, 2000). Elle dirige la revue transculturelle L’Autre. Table des matières Couverture Page de titre Copyright Présentation Remerciements Exergue. L’autre – Dialogue Introduction. Petite scène de vie sous les lambris de la République 1. Éloge des métissages Des enfants métis Le métissage est une conquête active qui appartient à tous Des parents nomades Les débats Les rances racines du racisme 2. Bébés et enfants d’ici Comment se fabrique un enfant métis Histoires d’enfants Les leçons du terrain : à l’école, en médecine, dans les tribunaux, dans la cité 3. Devenir adolescent métis La recherche de traumas Les leçons du terrain : à l’école, en médecine, dans les tribunaux, dans la cité 4. Devenir des parents nomades Les ingrédients de la parentalité Migrer au féminin-pluriel 5. Comprendre et soigner. La consultation d’Avicenne Penser Faire Un dispositif métissé et cosmopolite Rêveries sauvages. Perspectives pour demain Éloge de la curiosité On n’estime personne lorsqu’on ne s’estime pas soi-même Au-delà de la polémique : inventer un nouveau citoyen Pour une clinique concrète soucieuse de son regard sur l’autre Vers une décolonisation de soi-même, l’art de la rencontre Références bibliographiques L Remerciements es idées naissent et s’échangent de manière collective, d’où le grand nombre de collaborateurs, d’amis, de proches qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont aidée à écrire ce livre et à qui je suis redevable. Merci tout particulièrement à Thérèse Moro, ma première critique, qui depuis toujours m’aide de mille et une façons. Il y a aussi ceux qui font vivre les idées de ce livre au quotidien et l’ensemble du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Avicenne de Bobigny (AP-HP), que j’ai maintenant l’honneur de diriger, et tout d’abord l’équipe de psychiatrie transculturelle : I. Réal, F. Giraud, T. Ferradji, I. Idris, A. Abdelhak, L. Ekoué, D. Ngaba, T. Abbal, D. Neuman, K. Kouassi, Y. Mouchenik, V. Iny, F. Heidenreich, G. Sturm, K. Levy, L. Segovia, C. Cissé, P. Ngaosyvathn, M. Yapo et tant d’autres, ils se reconnaîtront. Merci à S. Wéry, B. Gal, T. Baubet, A. Révah- Lévy, G. Serre, O. Taïeb, F. Chabi, M. Marand, B. Nkanga, M. Ibad Ramos, T. Rézaire, A. Fahri, I. Vitry et à toute l’équipe de pédopsychiatrie, de psychiatrie d’adultes et urgences, de Boucebci et de l’ECIMUD. Merci aussi à tous mes collaborateurs de la faculté de médecine de Bobigny, et tout particulièrement à Denise et Barbara. Merci aussi à mes patients, à leur courage, à leur créativité. Merci à tous ceux qui m’entourent, avec qui, comme dit le poète, « on est si bien et sans qui on n’est plus rien ». Merci à toutes mes compagnes et à tous mes compagnons de voyage. En particulier à C. Lachal et J.-B. Loubeyre. Que ce livre soit un hommage à Serge Lebovici, mon maître. « Exergue. L’autre – Dialogue Thérèse Moro L’autre ? Quelle déception ! » Cette exclamation pourrait sortir, expirée, de la poitrine d’un amoureux fatigué ou d’un ethnologue blasé. Cette diversité – sous laquelle d’abord leur était apparue l’altérité – s’est estompée, s’est fondue en une généralité commune. Mais reprenons. Rien ne sert de courir, ni de vendre la peau de l’autre avant de l’avoir humée. On connaît d’expérience un des principes majeurs de la séduction : ce qui m’attire, ce qui m’emmène à l’écart de moi- même, car telle est l’étymologie du mot « séduire » ; tel est aussi l’exotisme de l’autre. Il est d’un sexe inimaginable, symbole de la curiosité, de l’énigme indéchiffrable. Il est d’un monde inimaginable, où les mots, les sentiments et les conduites sont indéchiffrables. Que l’exotisme s’estompe et l’autre devient mon frère, mon alter ego – notre alliance se renforce. Alors il cesse d’être l’objet de ma quête, de mon amour et de mon souci. Il tombe dans l’évidence de l’identité avec moi, réconfortante ressemblance mais ennuyeuse similitude. Il est bien connu que l’autre ne m’intéresse que dans la mesure où il reste autre, où il demeure, au loin, une question difficile, une source de perplexité. Quand il est une curiosité physique et psychologique, il me tient en éveil, je suis attentive à son art de déplacer les lieux communs. Et si l’autre finit par tomber dans le même, est-ce par une vision superficielle que je le voyais autre, que je le voulais autre ? L’altération de son altérité est- elle le rétablissement de la vérité ou l’oubli d’un fait indépassable mais perturbant ? D’abord, il est vrai que ni l’identité ni l’altérité ne me sautent aux yeux. Je déambule dans la foule composite, environnée d’une multitude dont je ne sais rien mais qui rarement m’intrigue. Étriqués dans leur fonction, les autres me frôlent ou me servent sans qu’aucune question ne naisse. Chacun à sa place rassure les autres, en garantissant un ordre et un confort qui apparaissent comme naturels. Pour que les autres existent en tant que tels, il est nécessaire que quelque chose déraille, que la mécanique sociale se détraque un tant soit peu, parfois un rien et cela suffit. Pour que les autres existent, il faut donc qu’un face-à-face soit rendu possible, que la rencontre des autres ne soit plus un fait institutionnalisé, balisé par les règles et les fonctions où d’ordinaire ils surgissent comme tenant lieu provisoire d’un rôle quant à lui durable, voire permanent. L’autre est donc d’abord celui qui altère l’ordre, l’ordonnance, qui ne fait plus corps avec une fonction parfaitement identifiée, il m’apparaît alors par lui-même, dépouillé des cadres identifiables de son existence sociale. Il excède ce qui me le fait connaître. Bref, je rencontre l’autre quand il n’a plus rien à faire ou quand ce qu’il a à faire, il le fait comme personne. Quand l’acteur social, qu’il se doit d’être, improvise, suprême talent, celui de créer la surprise ou l’effroi d’un échec ; quand il se lance à ma conquête sans filet, ou qu’il s’effondre à mes pieds sans plus aucun langage pour m’atteindre. C’est alors qu’il me pose problème et que j’essaie de le ramener sur les rives de la communauté, même si je sens confusément que j’ai quelque chose à y perdre. L’exilé est acrobate, il évolue sans filet. Il n’emprunte pas les chemins qu’il uploads/Litterature/ enfants-dici-venus-dailleurs-by-marie-rose-moro-moro-marie-rose-z-lib-org.pdf

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