Classe de première générale Séquence N° 2 : Le roman et le récit. Œuvre choisie
Classe de première générale Séquence N° 2 : Le roman et le récit. Œuvre choisie : Sido et Les vrilles de la vigne. Parcours : « La célébration du monde ». Problématique : Quand la nostalgie de l’enfance rime avec l’amour de la nature. Lectures cursives (au choix) : Présenter un de ces ouvrages la semaine avant les vacances de Noël. - Maylis de Kérangal, Corniche Kennedy, - Sylvain.Tesson, La Panthère des neiges - Le livre de ma mère d’Albert Cohen - Les rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau. Dissertation : Les écrivains n’ont cessé de célébrer la nature ; quelles fonctions trouvent-ils à cette célébration ? Lecture analytique N° 4 : « La Nouvelle Héloïse » de Jean-Jacques Rousseau (1761). Jean-Jacques Rousseau est un écrivain, philosophe et musicien francophone, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (66 ans) à Ermenonville. Rousseau a été un précurseur du romantisme en développant le « sentiment de la nature ». Par ses idées politiques (républicaines) et sociales (il faut combattre l'inégalité sociale), Rousseau a eu une influence considérable sur les hommes politiques qui vont faire la Révolution française. Il propose également des idées nouvelles pour l'éducation des enfants. Les cendres de Rousseau ont été transférées au Panthéon de Paris en 1794. https://www.youtube.com/watch?v=NA0upIwMLSk https://www.lumni.fr/video/la-nouvelle-heloise-de-jean-jacques-rousseau Colette et Rousseau s’inspirent de la tradition du locus amoenus (Virgile, Les Bucoliques, L’Eneide) ou de celle du jardin d’Eden dans la Bible. La Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire qui raconte l’histoire d’amour impossible entre une jeune femme noble et son précepteur. Dans une de ses lettres, il décrit le Jardin de la jeune fille (Julie) appelé L’Elysée, un terme qui désigne le séjour des âmes bienheureuses après la mort dans la mythologie grecque. Jean Colombe, « Le Paradis terrestre » dans Le Livre des Très Riches Heures du Duc de Berry, v. 1480. Le texte : Je me mis à parcourir avec extase ce verger ainsi métamorphosé ; et si je ne trouvai point de plantes exotiques et de productions des Indes, je trouvai celles du pays disposées et réunies de manière à produire un effet plus riant et plus agréable. Le gazon verdoyant, mais court et serré, était mêlé de serpolet, de baume, de thym, de marjolaine, et d’autres herbes odorantes. On y voyait briller mille fleurs des champs, parmi lesquelles l’œil en démêlait avec surprise quelques-unes de jardin, qui semblaient croître naturellement avec les autres. Je rencontrais de temps en temps des touffes obscures, impénétrables aux rayons du soleil, comme dans la plus épaisse forêt ; ces touffes étaient formées des arbres du bois le plus flexible, dont on avait fait recourber les branches, pendre en terre, et prendre racine, par un art semblable à ce que font naturellement les mangles en Amérique. Dans les lieux plus découverts je voyais çà et là, sans ordre et sans symétrie, des broussailles de roses, de framboisiers, de groseilles, des fourrés de lilas, de noisetier, de sureau, de seringa, de genêt, de trifolium, qui paraient la terre en lui donnant l’air d’être en friche. Je suivais des allées tortueuses et irrégulières bordées de ces bocages fleuris, et couvertes de mille guirlandes de vigne de Judée, de vigne vierge, de houblon, de liseron, de couleuvrée, de clématite, et d’autres plantes de cette espèce, parmi lesquelles le chèvrefeuille et le jasmin daignaient se confondre. Ces guirlandes semblaient jetées négligemment d’un arbre à l’autre, comme j’en avais remarqué quelquefois dans les forêts, et formaient sur nous des espèces de draperies qui nous garantissaient du soleil, tandis que nous avions sous nos pieds un marcher doux, commode et sec, sur une mousse fine, sans sable, sans herbe, et sans rejetons raboteux. Son analyse : Un texte poétique en prose qui reprend le topos du locus amoenus ; comment ? Je me mis à parcourir avec extase ce verger ainsi métamorphosé ; et si je ne trouvai point de plantes exotiques et de productions des Indes, je trouvai celles du pays disposées et réunies de manière à produire un effet plus riant et plus agréable. C’est Saint Preux qui parle à la première personne. Il raconte un parcours extatique dans un verger dont il dit qu’il est métamorphosé. Les termes « extase » et « verger » ont des connotations bibliques. La phrase qui suit cette brève introduction est en deux parties : ce qu’il ne trouva pas d’abord (plantes exotiques, productions des Indes) puis ce qu’il y trouva (celles du pays) qui ont plus d’importance à ses yeux un peu comme Liré pour Du Bellay dans « Heureux qui comme Ulysse ». La disposition des plantes produit un effet « plus riant et plus agréable » (comparaison à l’aide d’adjectifs laudatifs). Saint Preux entre dans un jardin enchanté par la présence invisible de Julie. Le gazon verdoyant, mais court et serré, était mêlé de serpolet, de baume, de thym, de marjolaine, et d’autres herbes odorantes. On y voyait briller mille fleurs des champs, parmi lesquelles l’œil en démêlait avec surprise quelques-unes de jardin, qui semblaient croître naturellement avec les autres. « Le gazon verdoyant » est un passage obligé de la description d’un locus amoenus, cela montre que le lieu est entretenu et qu’il est frais. « verdoyant » paraît s’opposer à « court et serré » grâce à la conjonction de coordination « mais ». Trois expansions du nom, trois adjectifs pour décrire le « gazon ». En effet si « gazon » exprime l’idée que la nature est domestiquée, la présence du serpolet, de la baume (plante odoriférante de la famille de la menthe), du thym, de la marjolaine et d’autres herbes odorantes connotent plutôt un lieu sauvage, libre de l’intervention humaine, ce qui rejoint la philosophie de Rousseau qui pense que l’état de nature est supérieur à l’état de culture. De même la description des fleurs qui suit, à base d’hyperboles comme « briller » et « mille fleurs des champs » fait la part belle à une nature non domestiquée puisque « l’œil en démêlait avec surprise quelques-unes du jardin ». Cette métaphore relève de la même idée, les fleurs des champs sont supérieures aux fleurs de jardin. « Avec surprise » montre que cette configuration est originale (comme Julie dont le jardin est une métonymie). La relative « qui semblaient croître naturellement avec les autres » est explicite, ce qui est beau c’est la nature libre. Je rencontrais de temps en temps des touffes obscures, impénétrables aux rayons du soleil, comme dans la plus épaisse forêt ; ces touffes étaient formées des arbres du bois le plus flexible, dont on avait fait recourber les branches, pendre en terre, et prendre racine, par un art semblable à ce que font naturellement les mangles en Amérique. Le verbe « rencontrer » relève de la personnification des plantes qui sont des émanations de Julie. Les termes « obscurs » et « impénétrables » opposé au groupe de mots « rayons du soleil » insiste sur le fait que ces touffes sont vraiment très sombres (clair-obscur) d’autant qu’elles sont comparées à une « épaisse forêt » grâce à « comme » et à l’hyperbole. La forêt est un lieu de mystères. Progression à thème constant ; « ces touffes » ; « Ces touffes » sont décrites de façon hyperbolique (« du bois le plus flexible » et semblent former un berceau de feuillage formé par la main humaine (« on avait fait », « un art semblable à ») sauf qu’ici la main humaine a cherché à imiter la nature (les mangles en Amérique). C’est la nature qui est le modèle. (Les mangles sont des arbres de la famille des magnolias qui poussent dans les mangroves au bord de la mère en Amérique). Dans les lieux plus découverts je voyais çà et là, sans ordre et sans symétrie, des broussailles de roses, de framboisiers, de groseilles, des fourrés de lilas, de noisetier, de sureau, de seringa, de genêt, de trifolium, qui paraient la terre en lui donnant l’air d’être en friche. Je suivais des allées tortueuses et irrégulières bordées de ces bocages fleuris, et couvertes de mille guirlandes de vigne de Judée, de vigne vierge, de houblon, de liseron, de couleuvrée, de clématite, et d’autres plantes de cette espèce, parmi lesquelles le chèvrefeuille et le jasmin daignaient se confondre. La description se poursuit par une énumération pour insister sur l’absence « d’ordre » et de « symétrie » grâce à la répétition de l’article partitif « de ». La terre est « parée » (métaphore) et a l’air d’être une friche ce qui n’est pas le cas. L’homme a imité la nature. L’auteur insiste sur l’apparent désordre (« tortueuses », « irrégulières », « bocage ») et file la métaphore d’une terre « parée » comme une femme. Hyperboles (« mille guirlandes »). Si le chèvrefeuille et le jardin « daignent » se confondre avec les autres plantes, c’est que ce sont des plantes de jardin, plus nobles, qui se mélangent avec des plantes uploads/Litterature/ fiche-de-revision-ii-4-la-nouvelle-heloise.pdf
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- Publié le Jui 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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