Et le Feu FERSEJV sétei£i?it sar la Mer Caprée, funèbre et fleur\ Caprée, perle

Et le Feu FERSEJV sétei£i?it sar la Mer Caprée, funèbre et fleur\ Caprée, perle d'Oriental Et le Feu s'éteignit sur la mer JMuié respectueusement à Metdemoiselles WaUott-Perry A LA MÊME LIBRAIRIE D U M Ê M E AUTEUR PROSES Une Jemesse, Lord Lyllian. Musique sur tes lèvres, Notre-Dame des Mm mortes, roman. VERS Les Cortèges qui sont passés. Le Danseur aux Caresses. Ain» chantait Marsyas. Chansons légères. 7u es Vite de la Clarté; de la Langueur et du Calme, ù Cap ri ! Tibère f i choisie, Bœcklin ta rappelée% et Wagner, inconsciemment, s*est servi de tes voix. Tes rochers roses, les jardins en fleur, tes treilles aux grappes violettes ou dorées, ton atmosphère d phosphore semblent — de loin — laisser traîner sur le golfe limpide comme un long manteau de pierre* ries*,. Et ceux qui aiment la Lumière vont vers Toi. Tu es aussi tu sirène qu'ont chanté la lyre virgi- benne et les flûtes de Pan. La molle caresse des va- gues sur tes rives, la nostalgie de tes parfums, Ut fraîcheur ruisselante de tes ombres, le sang latin qui palpite au cœur de tes jeunes filles, te rendent pareille à quelque voluptueux vaisseau dérivant, plein d'extase.*. Et ceux qui aiment les Baisers vont vers ToL Mais tu es, 6 Capri, surtout par la majesté de tes attitudes, par le bronze bleu de ton profil, par la 1 ^ ET LE FEU SMMQNIT SIU\ I \ MER*,* mâlanculio hautaine de tes légendes, par les pierre par ton ciel, par la grandeur cruelle de ton Passéf le sphinx:, le sphinx décapite, accroupi dans la so litude des siècles à Ventrée de la Thyrrénienne, l sphinx androgyne et muet qui regarde encore ta route par où partit César ,, Et ceux qui aiment le Silence et ta Vie vont vers Et le Feu s'éteignît sur la Mer I Les narcisses do Noël embaumaient l'ombre. Tout à son extase de se sentir seul, loin, comme perdu dans ce coin pantelant de terre italienne, Gé- rard Haleine regardait cette Villa d'Esté plus belle encore que dans ses rêves, et de ses yeux tactiles de sculpteur, il en caressait les contours. Assis sur un banc de pierre à demi mangé de feuillages aux fraîcheurs bleues, dominé par un Hermès au double visage que couronnaient des fleurs inconnues, il contemplait, les yeux fixes et la bouche enivrée, ces jardins unissant trop de dou- ceurs funèbres. 4 ET LE VUV S'ÉTUGNLT SUR t*K MUW,,. Devant lui, baguée de pièces d'eau noire, l'allée droite alignait parallèlement ses cyprès orgueilleux semblables à du bronze. Ici, une source fusait, pistil frémissant, diamanté de soleil. Là-bas, des escaliers de marbre couverts par h lierre et le jasmin éta- geaient leurs gradins humides et des statues. Plus loin, parmi des t ou lies de laurier, une colonne co- rinthienne dressait vers le ciel son galbe immortel* Tout en haut, enfin, voilé d'atmosphère, luisait le mur rose du palais des Archiducs : C'était beau comme la procession des voluptés du monde. On aurait voulu là des cortèges de nudités. Et Gérard perçut avec les sens de sa jeunesse tout ce que réalisait d'âme ce paysage. Alors, comme ses regards errants s'étaient portés sur le miroir glauque d'un bassin où le ciel blan- chissait l'eau dormante, une libellule zébra l'air, glissant jusqu'auprès de lui, avec un électrique frisson de ses ailes. Soudain, après s'être posée sur un nymphéa épanouissant près du bord ses corolles de porcelaine, l'insecte reprit sa course capri- cieuse, suspendant son vertige en secondes d'im- mobilité, effleurant l'onde que son passage égra- lignait. Gela avait la fragilité et la grâce d'un, caprice... Et Gérard, symbolisant son voyage par ce caprice, ET I.E FEU S'ETEIGNIT SIR h\ M£9*«. 5 comprit quelles nostalgies longtemps inavouées et longtemps italiennes son cœur contenait à présent. Il se souvint du temps où, gamin encore, il restait des heures devant certaines sxatues (copiées d'après l'antique, sans qu'il le sût) à la place de jouer comme les autres sans se soucier des bel tes lignes du marbre. Il évoqua aussi le temps où, adolescent, ses sorties du dimanche semblaient une fête lors* qu'elles se consacraient à un musée. Oh ! les salles fraîches, silencieuses, austères de la sculpture grecque au Louvre I Même en ces jours là, bien rares étaient les bourgeois, les ouvriers ou les petits marchands qui s'y aventuraient. Ce qui les en éloignait n'était pas seulement la perfection des attitudes dont ils restaient encore plus ratatinés; c'était l'atmosphère de religion et de nécropole qui plane à l'époque actuelle de laideur et de mouve- ment, qui plane autour du Passé immobile comme un suaire ! Maleine se souvenait de l'intérêt passionné, de l'amour quasi charnel (dont il avait le goût aux lèvres et l'image dans les yeux) quil portait vers sa vingtième année à la Grèce et à l'Italie. Que n'aurait-il pas donné? alors, pour un mystique et païen pèlerinage ! Cette chrétienté en loques qui écœurait par un catholicisme de Sacré-Cœur et de 6 ET LE FEU SV:T1£IGMT SUR 1A MER«.« papier d o r < 5 les pays latins, qui étouffait dans l'Eu- rope saxonne et Scandinave toute émotion d'art par un protestantisme hypocrite et chicaneur, cette chrétienté avec sa fausse morale, sa pudeur de con- trebande et son esthétismc en toc, elle lui taisait pitié 1 Un instant, Gérard s'était laissé séduire par la pénombre provinciale et douce de saint Sévérin, par les rosaces magnétiques et ciselées de Notre- Dame, par les dentelles ogivales de saint Etienne du Mont. Il avait erré, seul, autour de la flèche aiguë de la Sainte Chapelle. Lisant et admirant l'adorable Huysmans, il s'agenouilla spirituellement d e v a n t les pierres dorées des vieilles cathédrales. Mais voilà qu'un jour un ami revenait de la Grande Grèce trinacrienne, de Taormine, de Paes- tum, de Caprée, de Rome enfin ! Il lui rapportait des vues, des parfums, des lé- gendes ; parlait de Taormine aux cirques d'or, de Paestum élevant ses colonnades au milieu des ma- rais comme les pistils d'un fabuleux lotus rose, de Rome, méprisante et ruinée, deCapri, l'île aux ver- tiges.,. Puis Gérard Maleine faisait avec cet ami une promenade à la Bibliothèque Nationale, glanant chez les classiques, ressuscitant durant des après- midi merveilleuses, l'ironique Anacréon, le cinglant Suétone ou Properce le Juvénile... ET Mi VEU S'ÉTEIGNIT SUR tA MER..* 7 Révélation soudaine. Comment pouvait-on ne pas préférer passionnément ces civilisations disparues qui daus leur polythéisme aimable avaient accueilli tous les Dieux à la table du plaisir — tous les Dieux et tous les daïmions — sauf la douleur? La douleur*.. * c'était vraiment les disciples de Jésus et le Galiléen lui-même qui lavaient instaurée — pour le scan- dale du monde. Depuis vingt siècles cette doctrine monstrueuse du sacrifice prévalait, par la lâcheté devant d'imagi- naires supplices, par la peur d'un ridicule enfer* Comme si l'ombre du Golgotha s'était étendue sur l'univers sans bornes, on bannissait partout la joie souriante et lumineuse. Les actes de la vie deve- naient des péchés. On catégoriait l'Amour. Les prêtres n'admettaient plus que les actes préparant et glorifiant la Mort. Quel anathème et quelle sot- tise 1 Alors, pour quelles raisons leur Dieu (sauf à être un Dieu injuste et incroyahle) nous aurait-il créés, puisqu'une fois né on ne doit plus songer qu'à disparaître ? A travers les siècles, du reste, le Christianisme dégageait son sens impie en regard des hommes. Partout, la guerre au signe de la croix. Parfois un répit, durant lequel les anciens mythes revenaient. La Renaissance semblait ressusciter en une brève 8 OT M5 FEU À*ÂTELGXIT J S C A MEP... apothéose l'Olympe de Praxitèle, La Réforme, au nom de fEvangile, volait, brûlait, saccageait tout cela. Et jusqu'au seuil de notre jeune siècle, on por- tait en Afrique et en Asie» au Sahara ow en Chine, la bonne parole à coups de canon ! Dès lors, ces cathédrales, un instant admirées, transformaient aux yeux du jeune sculpteur leur si- gnification première, Ce n'étaient plus des actes de foi taillés, ciselés, idéalisés dans la pierre, mais des actes de feu et de sang, d'enchaînements et d'esclavages, de luttes sans merci et d'obstructions. Partout, les hommes noirs avaient dû crever les yeux de l'artiste une fois son chef-d'œuvre achevé. Et ces vitraux qui interceptent le ciel, ces vitraux qui, dans la nuit voulue pour le culte des supersti- tions douloureuses, éclairent faiblement et luisent, il les voyait, lui, ternis et pourpres, comme des pru- nelles lapidées, comme la lèvre des blessures, teints du sang des martyrs, des Bruno, des La Barre et des Dolet ! Non, il ne pouvait plus aimer ces cathédrales pa- vées d'ossements. Lui, le païen mystique, il ne pou- vait plus aimer ce qui régna par les mensonges et par les souffrances; ces parvis fréquentés aujour- d'hui par un peuple de snobs qui en fait chaque ET !<R FKU SV-TEIQNW SI'FL H\ MER«*« 9 dimanche, ver» onze heures, la succursale iVnn mé- disant pesage. — Ah ! ils pouvaient uploads/Litterature/ et-le-feu-s-x27-eteignit-sur-la-mer-adelswaerd-fersen-jacques-d-x27.pdf

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