13/11/2017 Etude du poème L'ignorant de Philippe Jaccottet http://www.maulpoix.
13/11/2017 Etude du poème L'ignorant de Philippe Jaccottet http://www.maulpoix.net/ignorant.htm 1/6 Accueil | Sommaire général | Biographie | Bibliographie | Pages lyriques | Manuscrits | Galerie | Traductions Anthologie contemporaine | Pages critiques sur la poésie moderne | Pages critiques sur la prose | Cours et séminaires Le Nouveau Recueil | De l'époque... | Informations | Rechercher | Liens | E.mail | Présentation du recueil L'ignorant On trouvera également sur ce site : Bibliographie critique sur l'oeuvre de P. Jaccottet Patience de P. Jaccottet : extrait d'un essai sur le poète tardif. Les Journées de P. Jaccottet : brève note critique sur Autres journées (1987) Lecture commentée du poème "L'effraie" Lecture du sonnet "Sois tranquille..." La poétique de Philippe Jaccottet Remarques sur la lumière et l'obscurité Liens vers d'autres pages consacrées à Philippe Jaccottet Présentation du livre de J.C.Mathieu : Philippe Jaccottet, l'évidence du simple et l'éclat de l'obscur. Entretien de P. Jaccottet avec Mathilde Vischer Les "beaux chemins" de P. Jaccottet, par Hans Freibach Mémoire (à télécharger) de Mathilde Vischer: "Philippe Jaccottet traducteur et poète, une esthétique de l'effacement" Traduire Jaccottet, par Fabio Pusterla P. Jaccottet, une critique de l'image poétique, par Pierre Campion. Un film de Jérôme Prieur sur P. Jaccottet La poétique de l'espace dans l'oeuvre de P. Jaccottet, par Damien Berdot Colloque "La mémoire et la faille" (Montpellier) Entretien avec P. Jaccottet à propos de G. Roud Lecture d'un poème « L’ignorant » de Philippe Jaccottet Introduction Construction Lecture commentée Conclusions L'ignorant Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance, plus j'ai vécu, moins je possède et moins je règne. Tout ce que j'ai, c'est un espace tour à tour enneigé ou brillant, mais jamais habité. Où est le donateur, le guide, le gardien ? Je me tiens dans ma chambre et d'abord je me tais (le silence entre en serviteur mettre un peu d'ordre), et j'attends qu'un à un les mensonges s'écartent : que reste-t-il ? que reste-t-il à ce mourant qui l'empêche si bien de mourir ? Quelle force le fait encor parler entre ses quatre murs ? Pourrais-je le savoir, moi l'ignare et l'inquiet ? 13/11/2017 Etude du poème L'ignorant de Philippe Jaccottet http://www.maulpoix.net/ignorant.htm 2/6 Entretien avec PA Stauffer et A.Duplan (24 décembre 1997) Bibliographie critique sur l'oeuvre de P. Jaccottet Patience de P. Jaccottet : extrait d'un essai sur le poète tardif. Les Journées de P. Jaccottet : brève note critique sur Autres journées (1987) "Habiter" : présentation de la génération de poètes à laquelle appartient Philippe Jaccottet Mais je l'entends vraiment qui parle, et sa parole pénètre avec le jour, encore que bien vague : « Comme le feu, l'amour n'établit sa clarté que sur la faute et la beauté des bois en cendres... » (L'ignorant, Editions Gallimard, 1957) INTRODUCTION Motif essentiel chez P.J de l’absence de savoir du poète. Ici aggravé par sa conjugaison au motif de la finitude. L’ignorance entre en correspondance dans l’œuvre avec d’autres motifs voisins, tels que l’effacement (JP.Richard parle à son propos de « morale de l’effacement »), l’effarement (que l’on peut entendre dans l’effraie), le retrait, la retenue, la discrétion… « Seule demeure l’ignorance », affirme « Le livre des morts » (p. 90) Le texte suit un mouvement rhétorique et méditatif qui conduit vers une conclusion, en forme de citation, où vient se résoudre l’opposition du négatif (moins, jamais…) et du positif (encore, vraiment) qui est à l’œuvre au fil du texte. De même on y assistera à un double retournement de la parole en silence et de la bouche en oreille (du parler en écoute). C’est à travers ces retournements que se construit (comme en sourdine) la réflexion. L’on pourrait parler à ce propos d’un travail de l’ignorance : elle constitue dans ce poème un principe et un processus de connaissance ; elle délivre un savoir paradoxal qui est d’abord de se connaître et de se reconnaître elle-même (On lire à ce propos avec profit l’article de Jérôme Thélot « L’ignorance à l’infini » dans le Cahier Jaccottet des éditions « Le temps qu’il fait »). On y observe une abondance de questions (5), un usage de la parenthèse, de l’antithèse, du paradoxe, des répétitions : autant de manifestations de la réflexivité à l’œuvre dans ce texte. Le mot du titre est repris par deux fois, sous deux formes : « ignorance » et « ignare », mais il est également présent à travers des termes ayant valeur d’antonymes (« donateur », « guide », « gardien ») ou, comme en échos plus ou moins lointains , à travers la reprise phonétique des sons R et AN : « mourant », « vraiment », « cendres »... Ce texte pose une espèce d’énigme : quel est ce « il » que l’on entend parler au 13 vers et dont les propos nous sont ensuite rapportés aux vers 15 et 16 ? Ce ne peut être que le mourant en lequel le poète glisse sa voix. Un mourant que sa voix même retient aux branches de la vie… Au plan formel, c’est un poème en 16 alexandrins, dépourvu de rimes. Mais on observera que Jaccottet respecte la métrique au point d’avoir recours à la vieille orthographe d’encor qui permet d’élider le e muet. Toutefois, le privilège ici accordé à la voix qui questionne conduit à privilégier la phrase par rapport au vers et donc à effacer ces marques distinctives de la métrique que sont les majuscules en tête de vers. CONSTRUCTION 13/11/2017 Etude du poème L'ignorant de Philippe Jaccottet http://www.maulpoix.net/ignorant.htm 3/6 · Le corps du poème est composé d’une suite de questions, d’abord abruptes et comme angoissées (« Où est… ? v 5), puis que l’on peut dire lestées d’étonnement et d’une espèce de "savoir" interne qui vient faire réponse dans le vif du questionnement même (v.9 à 12). Entre ces deux types de questions vient se loger une scène qui tient du rituel : la scène de l’écriture est ainsi posée comme un temps d’attention, de méditation, de disponibilité et de questionnement. Cet ensemble forme le cœur du poème (v.5 à 12). · Cette partie est précédée par quatre vers marqués par les motifs insistants de la réduction et de la dépossession. D’abord formulés par un paradoxe (v1) et une antithèse (v2), ces motifs donnent lieu à une image de froidure, d’espace désert (qui pourrait évoquer la page blanche) où le sujet paraît en attente d’une présence. Un effet de suspens est ainsi produit, que prolongent les questions qui suivent. · Le texte s’achève par le moment de l’écoute, de la réception, où la parole et la lumière entrent de concert : en même temps que le silence, c’est la lumière du jour qui apporte avec elle sa réponse, voire sa sagesse : les deux vers qui terminent le texte lient la beauté au manque, la clarté à la finitude… LECTURE COMMENTÉE · v.1 : vieillir = croître en ignorance. La formule se retrouvera dans La Semaison : « Il reste l’ignorance croissante ». Elle est quelque peu paradoxale. Elle dit nettement l’augmentation du manque, de la dépossession, de l’incertitude… Cependant, le verbe « croître » donne aussi à entendre une fructification de l’ignorance. Ne pas savoir, ne pas connaître, cet état blâmable (en latin chrétien ignorantia désignait l’ignorance de la religion de Dieu) est ici susceptible de devenir comme l’amorce paradoxale d’une sagesse… Observons qu’un simple accent circonflexe distingue croître de croire… Mais seule la relecture du poème accèdera à ce sens qui est encore dissimulé à qui découvre ce poème. La répétition de « plus » marque pour l’heure le caractère inexorable, fatal, quasi-mécanique de cette perte de connaissances. · v2 : « plus j’ai vécu » reprend au passé le motif du vieillissement, comme pour marquer à la fois une accélération du passage du temps et son échéance prononcée : une proportion ou disproportion curieuse se trouve ainsi établie entre la quantité d’expérience accumulée et la dépossession éprouvée. C’est alors aussi bien la maîtrise qui est perdue (« moins je règne ») et le motif classique du vieux roi sage autant que riche se trouve contesté, retourné, au prix d’une violente antithèse renforcée par l’opposition du passé et du présent. · v.3 et 4 : « Tout ce que j’ai » reprend « moins je possède », pour évoquer cette fois par une image qui reste délibérément vague l’espace (mental) du poète, marqué par le froid, la brillance et le vide. Le « Je » paraît ne pas avoir trouvé de lieu autre que celui, désert, d’une attente indéfinie, tantôt froide, tantôt lumineuse, mais en tous cas sidérante, immobile, radicale. Dans le qualificatif « brillant » s’entend en sourdine la finale du mot-titre. · v. 5 : Une question portant sur trois termes complémentaires renforce l’effet de solitude des vers précédents. Le maître est absent. Il n’y a pas de donateur : quelqu’un qui ferait don du sens, du savoir, du pouvoir, de la beauté, de la richesse, ou du poème. Il n’y a pas de guide pour conduire uploads/Litterature/ etude-du-poeme-l-x27-ignorant-de-philippe-jaccottet.pdf
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- Publié le Jan 04, 2023
- Catégorie Literature / Litté...
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