Travailler la fluence La fluence : pourquoi est-ce important ? La compréhension

Travailler la fluence La fluence : pourquoi est-ce important ? La compréhension en lecture suppose à la fois l’identification des mots écrits et la mise en œuvre d’opérations cognitives qui permettent la construction du sens : mobilisation de connaissances antérieures pour donner sens à ce qui est écrit, réalisation d’inférences sur les sens possibles et prévus, réflexion critique sur les informations, les idées présentées… Elle suppose en outre que l’identification des mots se fasse de manière automatisée et fluide. Une des particularités des lecteurs fragiles est qu’ils ne parviennent pas à une lecture suffisamment fluide des textes qu’ils lisent, malgré des capacités correctes d’identification des mots. Or il est avéré qu’un décodage insuffisamment automatisé nuit à la précision et à la vitesse de lecture et, par la suite, à la compréhension des supports écrits. Consacrant une grande part de leur attention et de leur mémoire de travail à décoder, les élèves dont la lecture est trop lente ne disposent plus d’assez de ressources cognitives pour comprendre. À l’inverse, on appelle fluidité ou fluence de lecture la capacité à lire correctement un texte continu, au rythme de la conversation, et avec une prosodie appropriée. Elle suppose à la fois d’identifier les mots à un rythme rapide en les groupant en unités syntaxiques de sens, et de faire un usage rapide de la ponctuation, tant pour repérer les groupes et relations syntaxiques que pour choisir l’intonation qui convient. C’est la condition pour accéder au sens d’unités plus grandes que le mot (phrases, texte). Cette habileté est estimée à partir d’une lecture oralisée. Ainsi, si la fluidité n’assure pas à elle seule la compréhension des textes, elle est une de ses conditions essentielles. Développer la fluidité est donc primordial, d’autant que tous les enseignements disciplinaires - et donc tous les apprentissages à réaliser par les élèves - s’appuient sur des supports à lire. 1 FRANÇAIS Évaluation en début de 6ème COMPÉTENCES VISÉES • Automatiser le décodage. • Mémoriser la lecture de mots fréquents et irréguliers. • Prendre en compte les groupes syntaxiques (groupes de mots avec unité de sens). • Prendre en compte la ponctuation et choisir les moments de pause. • Accéder à une meilleure compréhension du texte lu. 2 Comment évaluer la fluidité de la lecture Face à des difficultés des élèves en lecture ou en compréhension, le professeur doit préalablement s’assurer des capacités de décodage des élèves concernés. Pour cela, au cycle 3, la démarche consiste à faire lire oralement de manière individuelle l’élève sur un texte de son niveau pour évaluer ses compétences en identification de mots et en fluidité. Il interrompt la lecture de l’élève après 60 secondes. Pendant cette phase, l’enseignant note les mots non identifiés afin de calculer le nombre de mots lus correctement en 60 secondes. Ainsi, il repère la fluidité ou fluence de lecture de l’élève. CP CE1 CE2 CM1 CM2 6E Mots lus correctement par minute (en moyenne *) 50 70 90 110 120 130 (*) Ces niveaux de performance sont cependant à adapter au regard des besoins éducatifs particuliers des élèves concernés. Une lecture orale fluide est une lecture précise, assez rapide, réalisée sans effort et avec une prosodie adaptée qui permet de libérer des ressources cognitives pour la compréhension. Elle doit faire l’objet d’un travail régulier et en continu afin d’améliorer sa précision, de conforter la reconnaissance des groupes syntaxiques et d’augmenter sa rapidité. Elle permet aux élèves, au fil de la scolarité, d’être confrontés à des lectures de plus en plus exigeantes. Les éléments à observer et que le professeur doit viser sont : • la reconnaissance exacte et rapide des mots : passer d’une lecture avec des pauses fréquentes pour décoder des mots inconnus à la reconnaissance automatique des mots et à leur traitement rapide avec peu de pauses ou de répétitions qui rendent plus difficiles l’accès au sens du texte ; • l’habileté à grouper les mots en unités syntaxiques de sens : passer d’une lecture du mot à mot à une lecture en groupes syntaxiques ; saisir le rôle de la syntaxe et du rythme ; • l’usage rapide de la ponctuation ; • l’expressivité : variations de l’intonation, du ton, du rythme pour souligner le sens. Certains élèves avec des troubles du langage ou des apprentissages réussissent à compenser leurs difficultés à l’école primaire mais se retrouvent parfois en très grande difficulté à l’entrée au collège (notamment à cause du rythme scolaire accéléré des apprentissages). Lorsque les professeurs repèrent une difficulté persistante, la mise en place d’un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE) voire d’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) peut être envisagé. Si les difficultés persistent et requièrent une compensation, il faudra envisager avec la famille la mise en place d’un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). 3 Exemples de difficultés les plus couramment rencontrées par les élèves et causes possibles Un défaut de fluence peut provenir d’une pratique insuffisante de la lecture et un entrainement, conduit de manière systématique sur une période donnée, pourra y remédier. Dans certains cas cependant, il peut être lié à d’autres types de difficultés : • Difficultés liées à une dyslexie qui perturbe l’apprentissage des correspondances graphèmes-phonèmes, leur manipulation en temps réel au cours de la lecture et l’acquisition du lexique orthographique. Des élèves qui n’auraient pas automatisé la lecture en raison d’un trouble (dyslexie ou autre) doivent être pris en charge par un orthophoniste. • Difficultés à organiser les mouvements des yeux pour lire efficacement (trouble moteur, trouble neurovisuel, trouble de l’attention, dyslexie visuelle, dyspraxie …) • Difficultés liées à une situation d’allophonie (EANA - élèves allophones nouvellement arrivés en France sans maitrise de la langue française, élèves pour lesquels le français n’est pas la langue majoritairement parlée à la maison). Il est à noter qu’un élève peut être bon lecteur dans sa langue maternelle mais ne pas encore maîtriser le transfert de cette compétence vers la langue française. Dans ce cas, la difficulté peut n’être que transitoire. Comment faire progresser les élèves en fluence ? Préalables Renforcer la fluence de lecture passe par la pratique de la lecture à haute voix. À l’image d’un sportif qui souhaite augmenter ses performances, le lecteur fragile doit s’entraîner pour parvenir à une lecture fluide. Il est évident que les temps de consolidation où l’on met en place des activités spécifiques pour ces élèves doivent se prolonger dans les temps de classe. Cela suppose de partager l’information au sein de l’équipe pédagogique et de ne surtout pas arrêter de faire lire ces élèves à haute voix au prétexte qu’ils sont peu habiles : au contraire, il faut continuer à les faire lire. C’est aux professeurs de mettre en place un climat bienveillant et motivant qui peut passer par des activités ludiques grâce auxquelles, peu à peu, ces élèves parviendront à prendre en charge tout ou partie d’une lecture à voix haute. Pour être efficaces, les activités proposées aux élèves concernés doivent respecter certains principes : • Elles s’appuient sur la lecture à voix haute, sans perdre de vue qu’une lecture à voix haute aisée résulte d’une pratique répétée, mais que celle-ci n’est pas toutefois la garantie de la bonne compréhension d’un texte. Il est donc essentiel de ne pas occulter l’enjeu de la « compréhension » : on fera donc précéder et suivre ces activités d’un temps d’explication du sens global du texte car lire, c’est surtout comprendre. • On veille à choisir des matériaux textuels en adéquation avec l’âge des élèves afin de ne pas créer des difficultés qui relèveraient des textes eux-mêmes. On peut tout à fait s’appuyer sur les textes des manuels scolaires que les élèves ont à lire pour apprendre dans les différentes disciplines. En effet, l’apprentissage de la fluence doit se faire sur tout support disciplinaire. • On veillera également à varier la nature formelle du support et à l’adapter aux besoins des élèves. Les élèves dont les difficultés scolaires sont la conséquence d’un trouble des apprentissages peuvent bénéficier d’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP). Ainsi, des aménagements et adaptations de nature pédagogique sont mis en place afin qu’ils puissent poursuivre leur parcours scolaire dans les meilleures conditions, en référence aux objectifs du cycle : https://eduscol.education.fr/cid86144/plan-d-accompagnement-personnalise.html 4 Propositions d’activités spécifiques pour renforcer la fluidité de lecture • Exercices en lecture/écriture sur les correspondances graphèmes/phonèmes avec des phrases mnémotechniques qui permettent de distinguer et de mémoriser les différents sons, à commenter précisément (un exemple avec la lettre g : En grognant, l’ours gigantesque grimpe sur l’arbre et goûte un peu de miel qu’il déguste puis s’endort fatigué). • Pour les EANA, exercices de phonétique en passant par une première étape d’écoute pour vérifier que l’élève distingue correctement les phonèmes qui n’existent pas dans sa langue d’origine (discrimination auditive). Par exemple, travailler les voyelles nasales qui n’existent qu’en français [ɑ̃],[ɔ̃],[ɛ̃] (vint/vent/vont) ou la distinction [b], [v] (bien/vient) pour un élève hispanophone, etc. • Exercices sur l’appropriation de l’image orthographique des mots les plus courants, par des réinvestissements variés en lecture/écriture. • Entraînement collectif à la lecture à voix haute : rôle uploads/Litterature/ ev19-c3-francais-fluence-comprehension-1308814 1 .pdf

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