1 INTRODUCTION La fraternité, comme idéal, est un terme clé de la Révolution fr

1 INTRODUCTION La fraternité, comme idéal, est un terme clé de la Révolution française : « Salut et fraternité » est le salut des citoyens pendant la période révolutionnaire 2 . Il sous-tend l'esprit de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, au cours de laquelle La Fayette y fait référence lorsqu'il prête serment : « Nous jurons de (...) demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité »3. La Constitution de 1791 n'y fait allusion que pour justifier l'institution de fêtes nationales (« Il sera établi des fêtes nationales pour conserver le souvenir de la Révolution française, entretenir la fraternité entre les citoyens, et les attacher à la Constitution, à la Patrie et aux lois. » Constitution du 3 septembre 1791, Titre I). Les autres textes majeurs comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la Constitution de l’an I (1793), ou la Charte de 1830 ne consacrent pas explicitement ce principe. Jacques Guilhaumou rappelle la devise imputée par les thermidoriens aux partisans de la Terreur : « la fraternité ou la mort », selon l'adage « Sois mon frère ou je te tue »4 ; cette fraternisation peut être pratiquée par un « ensemble de moyens en vue d'établir ou de resserrer les liens d'une étroite union ». I. DEFINITION GS BADIANA 2 La fraternité ou amitié fraternelle est, au sens populaire du terme, l'expression du lien affectif et moral qui unit une fratrie (frères et sœurs). Par extension, cette notion désigne un lien de solidarité et d’amitié à d’autres niveaux : on peut parler de fraternité à l’échelon d'un groupe telle la fraternité au sein d'une association qui unit ceux qui luttent pour la même cause. II. BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR Ecrivain, dramaturge et homme politique ivoirien. Bernard Binlin Dadié est né vers 1916 à Assinie en Côte d’Ivoire. Tour à tour commis administratif, membre du Rassemblement Démocratique Africian luttant pour l’Indépendance, journaliste militant, prisonnier politique, Inspecteur des affaires culturelles, ministre de la culture (1977-1986), il a mené parallèlement une carrière de dramaturge (1e pièce de théâtre en 1933), poète, romancier. Ses productions sont nombreuses, dont : Afrique debout (1966), Légendes africaines (1973), Climbié (1982), La ronde des jours (1981), Hommes de tous les continents (1967), La ville où nul ne meurt (1969), Monsieur Thôgo-Gnini (1970), Béatrice du Congo (1970), Les voix dans le vent (1970), Iles de tempêtes (1973), Papassidi maître-escroc (1975), Mhoi- ceul (1979), Opinions d’un nègre (1979), Commandant Taureault et ses nègres (1980), Les jambes du fils de Dieu (1980), Carnet de prison (1981), Les contes de Koutou-as-Samala (1982), les belles histoires de Kacou Ananzé l’araignée, Les villes (1933), Assémien Déhylé, roi du Sanwi (1936), Un nègre à Paris (1966), Patron de New York (1964), Min Adja-o (c’est mon héritage)-situation difficile-Serment d’amour (1965) III. DEVELOPPEMENT GS BADIANA 3 La fraternité est célébré dans plusieurs volés : Dans le christianisme La fraternité est absolument centrale dans la doctrine chrétienne. Le mot de frères est employé par Jésus dans les évangiles : « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est au cieux, c'est lui mon frère, ma sœur, ma mère. » (Mt 12,50) Et peu avant sa Passion, il affirme : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. » (Mt 25,40)11. Le terme de fraternité est employé dans la première épître de Pierre : « Tous les humains, honorez-les ; la Fraternité, aimez-la ! » (1 P 2,17). Il ajoutait face à l'imminence de la persécution : « Résistez au Diviseur (i.e. Satan), sachant que les mêmes souffrances sont supportées par votre Fraternité dans le monde. » (1 P 5,9)12. Saint Paul reprend cette notion dans l'épître aux Hébreux, lorsqu'il affirme que le Fils de Dieu est devenu notre Frère en vie humaine : « Le sanctificateur et les sanctifiés [c'est-à-dire le Christ et les êtres humains] ont tous une même origine [Dieu ]. C'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler « frères » et de dire [en citant le Psaume 21,23] : « J'annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l'Ekklèsia, je chanterai ta louange » » (He 2, 11-12)13. La fraternité découle du commandement du Christ, comme l'a rappelé le pape François lors de la Journée mondiale de la paix du 1er janvier 2014, en citant en conclusion ce passage de l'Évangile : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.» (Jn 13, 34-35) La fraternité est « fondement et route pour la paix ». Le pape rappelle que « la fraternité commence habituellement à s’apprendre au GS BADIANA 4 sein de la famille, surtout grâce aux rôles responsables et complémentaires de tous ses membres, en particulier du père et de la mère »14. » Le pape Jean-Paul II a souligné lors de son premier voyage en France en 1980, que la fraternité était, avec la liberté et l'égalité, une idée chrétienne15 : « Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables ! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. » Le pape Benoît XVI a souligné que la fraternité pouvait se vivre tout particulièrement dans la société civile, en tant que cadre le plus approprié pour une économie de la gratuité16. La fraternité revêt une dimension transcendante, soulignée par le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (la joie de l'Évangile, 2013)17 : « Il y a là la vraie guérison, du moment que notre façon d’être en relation avec les autres, en nous guérissant réellement au lieu de nous rendre malade, est une fraternité mystique, contemplative, qui sait regarder la grandeur sacrée du prochain, découvrir Dieu en chaque être humain, qui sait supporter les désagréments du vivre ensemble en s’accrochant à l’amour de Dieu, qui sait ouvrir le cœur à l’amour divin pour chercher le bonheur des autres comme le fait leur Père qui est bon. » La fraternité fait l'objet d'une encyclique du pape François, Fratelli tutti (en français : « Tous frères ») qui sera publiée en octobre 2020. Du point de vue du statut GS BADIANA 5 Il y a égale dignité de tous les hommes et femmes. Dans l'Évangile selon Matthieu, on peut lire : « Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères »18. Le texte de la Genèse rappelle - de manière symbolique - que tous les descendants d'Adam et Ève forment une même famille. Du point de vue du comportement Il y a une invitation à la fraternité qui consiste à dépasser : les prescriptions de la Loi du Talion (« œil pour œil, dent pour dent ») pour considérer le prochain comme soi-même : Il ne s'agit pas seulement de manière négative « de ne pas faire à autrui ce que l'on voudrait pas qu'on nous fit ». les préséances naturelles ou sociales : « Les premiers seront les derniers, les derniers seront les premiers. Quiconque s'élève sera abaissé, quiconque est abaissé sera relevé » les rapports de possession ou de propriété, par la charité, le partage et la promotion de la « destination universelle des biens ». les situations d'hostilité ou de conflit : « Lorsque tu veux déposer une offrande (à Dieu), si tu as un différend avec ton frère, va d'abord te réconcilier avec ton frère ». la violence et les rapports de forces : « Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, tend la joue gauche ». Dans l'islam Puisque l’islam est une religion humaniste et universelle qui s’adresse au genre humain dans son ensemble et dans sa diversité, il a sans doute fixé le lien qui unit tous les êtres humains quelles que soient les différences qui les caractérisent. Ce lien se manifeste clairement dans le verset suivant : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous entre connaissiez » (Coran s 49 v 13). GS BADIANA 6 « Ô hommes » : un appel à toute l’humanité dans sa diversité. Ce verset met en évidence l’origine commune des êtres humains, à savoir, qu’ils descendent tous du même père et de la même mère « d’un mâle et d’une femelle uploads/Litterature/ expose-de-francais-la-fraternite 1 .pdf

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