9 9 Introduction Introduction Particularités de l’exercice et connaissances
9 9 Introduction Introduction Particularités de l’exercice et connaissances préalables La version latine n’est pas un pensum, c’est-à-dire qu’elle n’est ni une tâche ennuyeuse ni une punition ; à l’origine, le mot latin pensum désignait en effet le poids de laine que l’esclave devait impérativement filer dans la journée. La version latine n’est pas cette charge pesante et contraignante ; au contraire elle nous enrichit en mettant à l’exercice notre attention et notre rigueur, en mobi- lisant des connaissances que nous avons au préalable acquises, connaissance de la grammaire française sans laquelle la connaissance de la grammaire latine serait sans écho, connaissance de la morphologie latine, c’est-à-dire connaissance de la déclinaison des noms, adjectifs et pronoms et de la conjugaison des verbes sans laquelle il n’est guère possible de commencer à traduire un texte latin. Il vous faut aussi connaître la liste des conjonctions de coordination et de subordination latines qu’il faut bien identifier dans la phrase pour distinguer les différentes propositions qui la composent, ainsi que la liste des prépositions qui introduisent nombre de compléments circonstanciels ; la liste de ces liens logiques figure d’ail- leurs en annexe et vous pouvez vous y reporter. Une fois cet apprentissage fait, vous pourrez commencer à traduire et à découvrir dans tous ses replis une langue qui est la mère de la vôtre et qui surtout vous fait découvrir dans leur intimité originale toute une pensée et toute une littérature dont les nôtres sont issues ; votre horizon s’en trouvera élargi et enrichi et vous trouverez à cet exercice un plaisir insoupçonné au départ, le plaisir de mesurer tout à la fois la proximité et l’éloignement de ce qui constitue vos origines. C’est en effet un exercice intellectuel exigeant, qui met à contribution en même temps votre présence d’esprit et votre aptitude à passer d’une langue à l’autre sans déformer le sens d’un texte, votre souplesse en même temps que votre rigueur. Et ce plaisir de l’exercice bien mené aiguisera, je le souhaite, votre curiosité à l’égard du monde romain. 10 10 Introduction Pour mener à bien ce travail et pour satisfaire cette curiosité, il vous faudra consulter : • une grammaire, par exemple le Précis de grammaire des lettres latines, collection Morisset/Gason-Thomas-Baudiffier/Magnard, 1986 ; • une syntaxe, pour les plus avancés qui préparent les concours d’enseigne- ment, par exemple la Syntaxe latine de A. Ernout et de F. Thomas, éditions Klincksieck, 1964 ; • une littérature, par exemple Les genres littéraires à Rome de R. Martin et J. Gaillard, éditions Scodel, 1981 ; • une histoire, par exemple l’Histoire de la Rome antique, Les armes et les mots, de Lucien Jerphagnon, collection « Pluriel », Hachette, 1987 ; • une chronologie de l’histoire romaine en cas de besoin, comme la Chrono logie de la Rome antique, de Yann Rivière, Points Histoire, 2000 ; • éventuellement, une grammaire française, par exemple le Précis de grammaire française de Grevisse, éditions Duculot, 1992 ; • bien sûr un dictionnaire latin-français, le Gaffiot, Hachette, 1934, depuis révisé, qui vous fournit, si vous savez le lire attentivement et jusqu’au bout de chaque rubrique, toutes les informations dont vous avez besoin ; • éventuellement un vocabulaire, si vous souhaitez apprendre plus de voca bulaire que celui que vous découvrez dans chaque version, par exemple le Lexique nouveau de la langue latine, de P. Guisard et de C. Laizé, Ellipses, 2007 ; • et, pour vous consoler, pour vous donner du courage si vous débutez ou pour rafraîchir vos connaissances si vous êtes déjà bien avancés, vous pourrez recourir à l’ouvrage de Salomon Reinach, Cornélie ou le latin sans pleurs, Hachette, 1914, lui aussi réédité. Présentation des textes de version Les 140 versions qui vous sont proposées sont classées par genre littéraire et par auteur ; chaque genre fait l’objet d’une notice, de même que chaque auteur, et vous aurez intérêt à les lire avant de traduire de façon à vous mettre dans l’état d’esprit de ce genre et des circonstances dans lesquelles il a été écrit. Chaque version apparaît ainsi : • Quand il s’agit d’un sujet d’examen ou de concours, le texte latin est présenté dans la forme où il a été donné au concours, assez rarement assorti d’un libellé qu’il ne faut cependant pas manquer de lire attentivement ou de notes dont vous vous aiderez. Quand c’est un sujet de mon choix, il est précédé d’une courte introduction historique ou littéraire qui peut aussi vous éclairer et quelquefois de notes. • La traduction juxtalinéaire en deux colonnes vient ensuite. Elle vous permet de suivre de près ce qui est à chaque instant traduit et suit, autant qu’il est possible, l’ordre d’apparition des mots dans le texte, ce qui est plus difficile 11 Version 0 11 Version 0 pour les textes en vers que pour les textes en prose. Cette traduction n’est pas pour autant du français de version latine et je me suis efforcée de la rendre dès cette étape lisible, correcte et claire. • Cette traduction est suivie de notes explicatives, qui soulignent la structure des phrases quand elle aurait pu vous échapper, expliquent les difficultés grammaticales et syntaxiques et même précisent quelques faits de civilisation ou quelques références littéraires nécessaires à une bonne compréhension. • Enfin une rubrique intitulée Révisions mentionne tous les points de gram- maire qu’il était nécessaire de connaître pour mener à bien votre traduction et vous invite à les réviser ou à les apprendre pour entretenir ou acquérir une bonne connaissance de la syntaxe latine. La version modèle que je vous présente est une version très difficile, puisqu’elle a été donnée en 2014 à l’une des plus exigeantes agrégations, l’Agrégation de Grammaire, qui cherche à contrôler chez les candidats toutes les solides connais- sances qu’un grammairien doit avoir. Par surcroît et non sans humour, elle vous invite à la fois à des lectures attentives et à des traductions exigeantes sans lesquelles votre propre écriture ne peut s’enrichir. Enfin elle a le mérite d’être à la fois en prose et en vers. Il ne faut donc pas vouloir commencer par traduire cette version, ni vous laisser rebuter par sa longueur. Il est bien d’autres versions plus courtes, plus faciles et plus riantes dans cet ouvrage par lesquelles vous pourrez commencer. Mais elle nous permettra d’illustrer la méthode de cet ouvrage : c’est d’elle que nous extrairons quelques phrases modèles, en gras dans le texte ci-dessous, indispensables à la présentation d’une bonne méthode de traduction. Version 0 ***** De l’utilité de la lecture et des exercices de traduction C. PLINIUS FUSCO SUO S. Quaeris quemadmodum in secessu, quo iam diu frueris, putem te studere oportere. Utile in primis, et multi praecipiunt, vel ex Graeco in Latinum vel ex Latino vertere in Graecum. Quo genere exercitationis proprietas splendorque verborum, copia figurarum, vis explicandi, praeterea imitatione optimorum similia inveniendi facultas paratur ; simul quae legentem fefellissent, transferentem fugere non possunt. Intellegentia ex hoc et iudicium acquiritur. Nihil offuerit quae legeris hactenus, ut rem argumentumque teneas, quasi aemulum scribere lectisque conferre, ac sedulo pensitare, quid tu, quid ille commodius. Magna gratulatio si non nulla tu, magnus pudor si cuncta ille melius. Licebit interdum et notissima eligere et certare cum electis. Audax haec, non tamen improba, quia secreta contentio ; quamquam multos videmus eius 12 12 Introduction modi certamina sibi cum multa laude sumpsisse, quosque subsequi satis habebant, dum non desperant, antecessisse. Poteris et quae dixeris post oblivionem retractare, multa retinere, plura transire, alia interscribere, alia rescribere. Laboriosum istud et taedio plenum, sed difficultate ipsa fructuosum, recalescere ex integro et resumere impetum fractum omissumque, postremo nova velut membra peracto corpori intexere nec tamen priora turbare. Scio nunc tibi esse praecipuum studium orandi ; sed non ideo semper pugnacem hunc et quasi bellatorium stilum suaserim. Ut enim terrae variis mutatisque seminibus, ita ingenia nostra nunc hac nunc illa meditatione recoluntur. Volo interdum aliquem ex historia locum apprendas, volo epistulam diligentius scribas. Nam saepe in oratione quoque non historica modo sed prope poetica descriptionum necessitas incidit, et pressus sermo purusque ex epistulis petitur. Fas est et carmine remitti, non dico continuo et longo (id enim perfici nisi in otio non potest), sed hoc arguto et brevi, quod apte quantas libet occupationes curasque distinguit. Lusus vocantur ; sed hi lusus non minorem interdum gloriam quam seria consequuntur. Atque adeo (cur enim te ad versus non versibus adhorter ?). ut laus est cerae, mollis cedensque sequatur si doctos digitos iussaque fiat opus et nunc informet Martem castamve Minervam, nunc Venerem effingat, nunc Veneris puerum ; utque sacri fontes non sola incendia sistunt, saepe etiam flores vernaque prata iuvant, sic hominum ingenium flecti ducique per artes non rigidas docta mobilitate decet. Itaque summi oratores, summi etiam viri sic se aut exercebant aut delectabant, immo delectabant exercebantque. Agrégation de Grammaire, 2014 • Pline le Jeune, Lettres, VII, 9, 1-10 C. PLINIUS FUSCO SUO S. Caius Pline salue son cher Fuscus. Quaeris quemadmodum (1) Tu me demandes comment, in secessu, dans la retraite quo iam diu frueris, dont tu jouis depuis uploads/Litterature/ extrait 9 .pdf
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- Publié le Aoû 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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