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HAL Id: hal-02491367 https://hal.univ-lorraine.fr/hal-02491367 Submitted on 23 Mar 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - ShareAlike| 4.0 International License Fanfiction Nathalie Nadaud-Albertini To cite this version: Nathalie Nadaud-Albertini. Fanfiction. 2020, pp.[En ligne]. hal-02491367 Fanfiction Nathalie Nadaud-Albertini Référence électronique Nathalie Nadaud-Albertini, Fanfiction. Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 25 février 2020. Accès : http://publictionnaire.huma- num.fr/notice/fanfiction/ Le Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics est un dictionnaire collaboratif en ligne sous la responsabilité du Centre de recherche sur les médiations (Crem, Université de Lorraine) ayant pour ambition de clarifier la terminologie et le profit heuristique des concepts relatifs à la notion de public et aux méthodes d’analyse des publics pour en proposer une cartographie critique et encyclopédique. Accès : http://publictionnaire.huma-num.fr Cette notice est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 3.0 France. Pour voir une copie de cette licence, visitez http://creativecommons.org/licenses/by-ncnd/3.0/fr/ ou écrivez à Creative Commons, PO Box 1866, Mountain View, CA 94042, USA. Fanfiction Le terme « fanfiction » est né dans les années 1920 aux États-Unis du rapprochement des mots « fan » et « fiction ». Il se stabilise dans les années 1960 pour désigner des « textes venant prolonger, compléter ou encore amender une œuvre existante » (François, 2013 : 95) ou la réinventer intégralement (Busse, Hellekson, 2006). Comme l’expliquent Kristina Busse et Karen Hellekson (2006) dans l’introduction de Fan Fiction and Fan Communities in the Age of the Internet, la pratique est loin d’avoir été négligée par les travaux académiques. Elle a été étudiée dès les années 1980 par les gender studies en privilégiant les fanfictions érotiques et en les questionnant sous l’angle du rapport entre femmes, pornographie et féminisme. Ces recherches considéraient les fanfictions comme une forme de pratique essentiellement féminine et féministe au sens où il s’agirait de textes écrits par des femmes pour des femmes s’émancipant de l’imaginaire stéréotypé et sexiste de la romance et de la pornographie classiques (Russ, 1985 ; Lamb, Veith, 1986). Parmi les travaux précurseurs au début des années 1990, on distingue trois publications phares : Textual Poachers: Televison Fans and Participatory Culture (Jenkins, 1992), un article intitulé « Feminism, Psychoanalysis, and the Study of Popular Culture » (Penley, 1992) et Enterprising Women : Television fandom and the creation of popular myth (Bacon- Smith, 1992). Alors que les deux premiers relèvent respectivement des media studies et de la psychanalyse et adoptent des méthodes reposant à la fois sur une connaissance en tant que fan et en tant que chercheur, le troisième se situe dans le champ de l’anthropologie et participe d’un rapport à la fanfiction purement académique. Dès le début des études sur les fanfictions, les approches sont donc très variées, de sorte que leur diversité rend le phénomène difficile à cerner pour le néophyte. La suite des recherches sur le sujet se fera de la même façon. En effet, la fin des années 1990 et le début des années 2000 verront se développer de nombreuses publications sur le sujet. Beaucoup se concentreront sur un texte source précis et s’intéresseront au travail d’interprétation (entendue dans son sens courant), en reprenant les pistes d’Henry Jenkins sur le « braconnage » emprunté à Michel de Certeau (1925-1986), tout en insistant sur le potentiel subversif de textes érotiques écrits par des femmes pour des femmes (Busse, Hellekson, 2006). C’est notamment le cas du travail de Jeannie Hamming (2001) sur les fanfictions portant sur Xena, la Guerrière (Tapert, Schulian, réal., 1995) ou de celui de Shannon Cumberland (2000) à propos des fanfictions sur l’acteur Antonio Banderas. D’autres tenteront des approches différentes, comme Catherine Salmon et Don Symon qui, dans Warrior Lovers : Erotic fiction, evolution and female sexuality (2001), aborderont les fanfictions sous l’angle de la biologie de l’évolution. On l’aura remarqué, ces travaux sont principalement anglo-saxons. Dans le monde francophone, il faudra attendre janvier 2007 pour trouver le premier article universitaire sur le sujet : « Les ‘’fanfictions’’ sur Internet » (Martin, 2007). Suivront les travaux de Sébastien François (2007, 2009, 2010, 2011, 2013), de Nathalie Nadaud-Albertini (2013, 2017, 2018) et de Fanny Barnabé (2014, 2017). On trouve également des mémoires de master dans des disciplines aussi diverses que la sociologie, les lettres, les études anglophones ou les sciences de l’information et de la communication comme celui d’Élodie Oger en lettres modernes (2012) ou d’Anaïs Francotte en langues et littératures françaises et romanes (2015), ou des articles assez succincts qui, souvent, émanent d’auteurs n’ayant pas poursuivi leur travail sur le sujet dans le domaine académique (Torres, 2008 ; Sagnet, 2009 ; Cristofari, 2010 ; Chibout, Martin, 2010 ; Helly, 2011 ; Boucherit, 2012). Les approches anglophone et francophone présentent le même écueil : ne pas permettre de se faire une idée claire de ce qu’est la fanfiction si l’on n’est pas soi-même familier de la pratique. En conséquence, à part les remous médiatiques du succès de certaines fanfictions ayant quitté le domaine amateur pour devenir professionnelles, comme la romance érotique Les Cinquante Nuances de Grey (James, 2012), la fanfiction est une pratique qui reste encore floue pour le grand public. Préciser la définition de la fanfiction à l’aide de la confusion sur ses origines Comme l’explique S. François (2013), lorsqu’il est question des débuts de la fanfiction, une confusion est fréquente : faire remonter l’origine du phénomène à Jane Austen (1775-1817) et à Sherlock Holmes, le personnage imaginé par Arthur Conan Doyle (1859-1930). Cette erreur présente l’avantage non négligeable d’obliger à préciser les contours de la définition de la fanfiction. En effet, chacun des deux exemples permet de mettre en évidence ce qui s’en approche, mais n’en relève pas. L’activité autour de l’autrice d’Orgueil et Préjugés (Austen, 1813) intervient rapidement après sa mort, lorsque la famille a cherché à poursuivre ses ouvrages inachevés. Suivent les Janeites, ces hommes instruits et issus des classes aisées britanniques qui se réunissent sous la forme de clubs de gentlemen pour effectuer des lectures collectives et exprimer leur adulation envers l’autrice et ses personnages (Johnson, 1997, 2012 ; François, 2013), ainsi que la Jane Austen Society of the United Kingdom fondée en 1940 puis déclinée aux États- Unis en 1979, et Australie en 1989 (François, 2013). Sans oublier les nombreuses suites, adaptations et croisements au théâtre, à la radio, à la télévision ou au cinéma (ibid.). Dans ce cas, aussi pléthoriques que soient les dérivations et aussi intense que soit l’enthousiasme des groupes d’admirateurs, il manque toutefois deux éléments essentiels pour que l’on ait affaire à de la fanfiction : la dimension de la pratique collective lorsqu’il a été question d’écrire les textes les plus anciens et la mise en récit en ce qui concerne les clubs du XIXe siècle (ibid.). Quant au détective londonien, il flirtera lui aussi avec la fanfiction en circulant dans d’autres univers fictionnels. En effet, très tôt après sa création en 1887, il sera repris, parodié, importé dans d’autres fictions, notamment dans les aventures d’Arsène Lupin, le gentleman- cambrioleur de Maurice Leblanc (1864-1941). Il a également inspiré d’autres types de jeux fictionnels dans les milieux universitaires britanniques : l’« holmésologie » qui consiste à relire les nouvelles d’Arthur Conan Doyle comme d’authentiques documents historiques portant sur un détective ayant réellement existé (François, 2013). Ces pratiques sont intéressantes en ce qu’elles participent d’une relation de contiguïté avec les fanfictions. En effet on trouve des éléments communs : l’œuvre originale est mise en avant, l’activité d’analyse du sens est intense et donne lieu à la création de communauté de lecteurs. Cependant, la dimension narrative n’a pas été systématique et a davantage été le fait de productions commerciales que de productions d’amateurs (François, 2013). Par conséquent, les cas de J. Austen et de Sherlock Holmes permettent de poser distinctement ce qu’est la fanfiction : un texte qui discute de l’œuvre d’origine sous la forme d’un récit amateur, et ce au sein d’une communauté. La naissance de la fanfiction La fanfiction naît dans le sillage des pratiques des premiers réseaux de fans. Ils se créent aux États-Unis à la charnière des années 1920-1930 via les pulps, ces publications bon marché proposant des nouvelles de science-fiction à un large lectorat et dont certains consacrent une rubrique au courrier des lecteurs où il est d’usage de commenter les textes publiés dans les numéros précédents et de laisser ses coordonnées (Bacon-Smith, 2000 ; François, 2013). Une fois mis en place, les groupes de fans se démarquent des pulps en proposant leurs propres publications sous forme de livrets qu’ils fabriquent uploads/Litterature/ fanfiction.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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