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Table des Matières Page de Titre Table des Matières Page de Copyright Epigraphe préface i - que se passe-t-il ? ii - ces bourreaux barbouilleurs de lois 1 iii - rien ne sera plus jamais comme après iv - le coup du grand-duc v - une guerre de merde vi - les damnés de l'alter VII - La fin du monde est reportée à une date antérieure Les promesses de l'avenir odieux © Librairie Arthème Fayard, 2005. 978-2-213-64037-2 ouvrages de philippe muray Cඁൺඇඍ ඉඅඎඋංൾඅ, roman, Gallimard, 1973 Jඎൻංඅൺ, roman, Le Seuil, 1976 Cඣඅංඇൾ, Le Seuil, 1981 ; Gallimard, collection « Tel », 2001 Lൾ එංඑe ඌංජർඅൾ ඛ ඍඋൺ ඏൾඋඌ අൾඌ ඝ඀ൾඌ, Denoël, 1984 ; Gallimard, collection « Tel », 1999 Pඈඌඍඣඋංඍඣ, roman, Grasset, 1988 Lൺ ඀අඈංඋൾ ൽൾ උඎൻൾඇඌ, Grasset, 1991 L'ൾආඉංඋൾ ൽඎ ൻංൾඇ, Les Belles Lettres, 1991 (1re éd.), 1998 (2e éd.) Oඇ ൿൾඋආൾ, roman, Les Belles Lettres, 1997 Eඑඈඋർංඌආൾඌ ඌඉංඋංඍඎൾඅඌ ං, Les Belles Lettres, 1997 Eඑඈඋർංඌආൾඌ ඌඉංඋංඍඎൾඅඌ ංං, Les Belles Lettres, 1998 Aඉඋජඌ අ'ඁංඌඍඈංඋൾ ං, Les Belles Lettres, 1999 Aඉඋජඌ අ'ඁංඌඍඈංඋൾ ංං, Les Belles Lettres, 2000 Dඣඌൺർർඈඋൽ ඉൺඋൿൺංඍ, Gallimard, collection « Tel », 2000 Cඁൾඋඌ ൽඃංඁൺൽංඌඍൾඌ…, Mille et Une Nuits, collection « Fondation du 2 mars », 2002 Eඑඈඋർංඌආൾඌ ඌඉංඋංඍඎൾඅඌ ංංං, Les Belles Lettres, 2002 Mංඇංආඎආ උൾඌඉൾർඍ, Les Belles Lettres, 2003 ouvrages d'élisabeth lévy Lൾඌ Mൺඨඍඋൾඌ ർൾඇඌൾඎඋඌ, J.C. Lattès, 2002 ; Livre de Poche, 2002. Il y a le monde moderne. Ce monde moderne a fait à l'humanité des conditions telles, si entièrement et si absolument nouvelles, que tout ce que nous savons par l'histoire, tout ce que nous avons appris des humanités précédentes ne peut aucunement nous servir, ne peut pas nous faire avancer dans la connaissance du monde où nous vivons. Il n'y a pas de précédents. Cਈਁ਒਌ਅਓ Pਪਇਕਙ préface Y a-t-il une vie après l'Histoire ? La jeune femme ardente, vive, agitée, batailleuse, éprise de controverses, susceptible et charmante, avec laquelle, à intervalles inégaux, de juin 2001 à décembre 2004, je me suis entretenu, de manière nullement paisible d'ailleurs mais toujours amusante, ne m'a posé, au fond, sous mille formes auxquelles l'actualité se chargeait de donner ses couleurs, que cette seule question. Elle trouvait que ce que je disais, de façon générale, n'était pas inintéressant ; mais enfin, elle voulait vivre. Je la comprends. Et même, je l'approuve. Moi aussi j'aime beaucoup vivre. Et je peux la rassurer : il y a une vie après l'Histoire. Il n'y a même plus que cela. Il n'y a plus que de la vie à n'en plus finir. Une véritable forêt de vie véhémente et bruyante, une forêt vierge de vie humaine d'autant plus empressée de s'affirmer, de s'illustrer, de se faire reconnaître, dans la persécution comme dans la libération, dans l'exigence virulente d'irresponsabilité comme dans la demande criarde de sanctions, dans la surveillance comme dans l'impudeur, dans la vigilance la plus raide comme dans l'indécence la mieux programmée, dans la légifération comme dans la revendication, dans la fabrication de droits burlesques et de statuts oniriques, dans l'invention de catégories pénales fantastiques, dans la plainte et dans le punissage, dans le sanglot et dans le châtiment, qu'elle ne sert plus à rien et qu'elle le sait. Il ne lui reste plus qu'à s'épuiser à proliférer dans l'espoir de se prouver par tous les moyens, surtout les pires : par croissance, par saturation, agitation, aggravation, multiplication sans fin de ses tendances les plus récriminantes et répressives. Pour le reste, l'argent va plus vite qu'elle. Il se multiplie plus rapidement encore. Il n'a plus tellement besoin de sa participation. En tout cas pas tout le temps ; et, en fin de compte, très peu. L'argent, la biologie, la justice, la télévision, les réseaux, les médias comme on dit. L'humanité, sur tous ces plans, est battue à plates coutures. Partout en Occident, ou du moins en Europe, elle est devenue superflue. Et elle le sera de plus en plus. Et elle le sentira d'autant plus cruellement que les pantins morbides de la démagogie, laquelle recouvre sans appel ce que l'on nomme encore la gauche, toute la gauche (et aussi la droite qui ne peut plus qu'imiter la gauche), lui diront qu'elle est irremplaçable. Mais ils ne le lui diront que pour accélérer sa dépendance, ses demandes pathétiques d'antidépresseurs éthiques, d'anxiolytiques artistiques, de psychotropes judiciaires et de somnifères culturels, autant de marchandises dont ils ont besoin qu'elle ait besoin pour qu'elle ait besoin d'eux. L'homme de gauche est le dealer universel de cette humanité en sécession d'humanité : il ne peut subsister que s'il accroît sans relâche sa clientèle de malades, qu'il rencontre le soir au coin des rues du nouveau monde et dont il augmente de manière systématique les doses de protection sociale et de destruction sociétale par lesquelles il s'assure la fidélité à toute épreuve d'une population ainsi refaçonnée à son mirage et convenance, pour ainsi dire recréée, et en tout cas sans guère de points communs avec les humanités précédentes. Cette population s'incarne désormais dans le nouveau personnage conceptuel qui coiffe de son nom l'ensemble de nos entretiens : Festivus festivus. Ce festivocrate de la nouvelle génération, qui vient après Homo festivus comme Sapiens sapiens a succédé à Homo sapiens, est l'individu qui festive qu'il festive à la façon dont Sapiens sapiens est celui qui sait qu'il sait ; et s'il a fallu lui donner un nouveau nom, ce n'était pas dans la vaine ambition d'ainsi inventer un nouvel individu mais parce que ce nouvel individu était bel et bien là, partout observable, et qu'il reléguait déjà son ancêtre Homo festivus au musée des âges obscurs du festivisme taillé. D'Homo festivus à Festivus festivus, cependant, ce qui tombe, un enfant de cinq ans le constaterait, c'est Homo : reste ce Festivus, deux fois inscrit, et même martelé, par lequel on voit que le festivisme ne laisse plus de place à quoi que ce soit d'autre que lui-même et qu'il est donc devenu presque inutile d'en parler puisque plus rien ne lui échappe. En Festivus festivus s'accomplit la disparition de toute distance, même minimale, de tout dehors, de toute différence et de tout secret, mais aussi de toute illusion et de toute réalité, et se réalise une sorte de fin de l'humain, en lui- même et par lui-même, qui n'est même pas l'annonce qu'autre chose apparaît car cette fin elle-même n'en finira jamais. Ainsi le pléonasme et la tautologie se sont-ils installés partout, et vivent-ils une vie post- humaine, en centre-ville comme dans les périphéries. Des critiques étourdis ont cru pouvoir, dès le 12 septembre 2001, décréter que c'en était fini avec Homo festivus car le dernier homme occidental allait devoir retrousser ses manches et mouiller sa chemise pour affronter la brute islamique grondant soudain du fond des âges. Mais comme déjà l'après-dernier homme s'était vigoureusement débarrassé de ce qu'il avait encore d'humain, il lui était impossible, même en face d'une telle attaque, de retrouver par enchantement des vertus qu'il se flattait si fort, dans le même temps, d'avoir liquidées. Il eût fallu pour cela qu'il commence par bazarder presque tout ce qu'il appelle ses conquêtes et ses acquis. On le voit au contraire, du moins sur les territoires maudits de l'Europe divine, en exiger tous les jours l'approfondissement et l'aggravation. Il y a, d'autre part, une grande inconséquence à se féliciter d'en avoir fini avec les obligations et les attaches de toutes sortes qui constituaient le tissu de l'ancien temps, et prétendre simultanément que l'Histoire poursuit son train et même peut-être l'accélère. C'est vouloir qu'une théorie consolante à l'ancienne serve de fidèle accompagnatrice à une pratique toujours plus démentielle et dénaturée. C'est, en se perdant dans une confusion qui d'ailleurs ne gêne nullement Festivus festivus, réunir par artifice le principe de l'innovation sans limites et le principe de stabilité de l'esprit classique ; et c'est tenter de conserver le changement, qui est l'impérialisme de l'époque, en lui donnant des lettres de noblesse historiques. Mais partout où cette innovation se répand, c'est aussi l'« éternel présent » de la post-Histoire qui s'installe : l'un et l'autre voyagent dans les mêmes soutes et débarquent dans des containers communs. Et ils n'ont d'autre projet que d'instaurer leur vide frénétique, ce dimanche de la vie agité qu'ils appellent « démocratie » pour que l'on n'ose jamais examiner les bienfaits autoritairement présupposés par ce vocable. Je n'ai, de toute façon, jamais vu avancer aucun argument défendable par les tenants énervés de la continuation de l'Histoire, hormis peut-être celui-ci : que les enfants de tous les pays, et même les jeunes Esquimaux, se détournent parfois de la télévision pour lire et relire Harry Potter, ce qui prouverait que le goût de la lecture n'est pas en recul et qu'il ne faut donc désespérer de rien. Mais qui parle de désespérer ? Et de quoi ? La fin du monde est reportée à une date antérieure : on verra que c'est le titre de notre septième et dernière conversation, et il résume avec une grande exactitude l'optimisme incontestable qui baigne tous nos dialogues. Pourquoi s'inquiéter ? La uploads/Litterature/ festivus-festivus-conversations-avec-elisabeth-levy-philippe-muray-amp-elisabeth-levy.pdf

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