Fiche de lecture : La Princesse de Clèves « Il parut alors… » Introduction : Ma
Fiche de lecture : La Princesse de Clèves « Il parut alors… » Introduction : Madame de Lafayette entre dans l'aristocratie grâce à son mariage avec le compte de Lafayette. Son nouveau statut social lui permet d'organiser des salons pour intellectuels et écrivains. Elle développe une grande amitié avec le duc de La Rochefoucauld l'un des maîtres du classicisme qui va l’assister dans l’écriture de La princesse de Clèves publiée en 1678. L’œuvre est considérée comme le premier grand roman de la littérature française car elle dote l'héroïne d'une psychologie complexe. Le roman s'ouvre sur un tableau de la cour de France à l'époque des Valois. L’auteur dresse de nombreux portraits. Le texte étudié est la description de la future princesse de Clèves, ce portrait clos l’exposition du roman et marque le début du récit. Problématique : En quoi l’individu présenté est-il le produit idéal de la société dont il est issu ? Mouvements : o L’apparition d’une beauté parfaite (L1 à 3) o Présentation de son ascendance (L4 à 6) o Une éducation remarquable (L6 à 16) Mouvement 1 : L’apparition d’une beauté parfaite La formule impersonnelle (« Il parut alors une beauté à la cour » (L1)) qui donne à cet extrait la tournure d’un conte de fée. Les premières phrases de l’extrait créent un effet d’attente. Madame de la Fayette ne révèle en effet pas tout de suite le nom de l’héroïne du roman. L’article indéfini « un » (« une beauté «, « une beauté parfaite » (L2)) qui prolonge le mystère sur son identité. La convergence de tous les regards vers l’héroïne : « qui attira les yeux de tout le monde » (L1), « elle donna de l’admiration » (L2). Le lecteur la découvre à travers le regard intrigué et admiratif des courtisans. Tout est mis en œuvre pour retarder son apparition et susciter l’intérêt. Afin de faire durer l’attente, Madame de la Fayette ménage une pause dans le récit pour revenir sur le passé et l’éducation de la jeune fille. L’héroïne n’est pas nommée directement dans cet extrait (« Elle était de la même maison que le vidame de Chartres » (L3)). Madame de la Fayette met ainsi son héroïne en valeur, dévoilant petit à petit ses multiples qualités. La Princesse de Clèves est présentée comme un modèle de perfection. Elle est désignée la première fois par une métonymie (« une beauté » (L1)) qui la consacre d’emblée comme une incarnation de la beauté. Mlle de Chartres apparaît d’autant plus exceptionnelle et distinguée qu’elle se fait remarquer dans un lieu d’exception : la cour. Elle « attira les yeux de tout le monde […] dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes » (L2 et 3). On relève des hyperboles et des superlatifs : « une beauté parfaite » (L2), « attira les yeux de tout le monde » (L2). Son statut social, également exceptionnel, fait d’elle une personne distinguée. On apprend qu’elle est de la même maison que le vidame de Chartres et « une des plus grandes héritières de France » (L3). Il faut noter que le portrait de Mlle de Chartres demeure abstrait : aucune précision n’est donnée quant à ses traits. Sa beauté est davantage suggérée que décrite : « une beauté parfaite » (L2). Loin de tendre au réalisme, Madame de la Fayette fait imaginer par touches successives une beauté idéale qui fait rêver le lecteur. La surenchère de procédés hyperboliques, l’abstraction du portrait et l’art de la suggestion participent à l’idéalisation de La Princesse de Clèves. Mouvement 2 : Présentation de son ascendance L’individu est présenté par une ascendance exceptionnelle. C’est une noble, elle est également « une grande héritière » (L4), ce qualificatif confirme l’arrivée d’un être idéal. Madame de Chartres est dépeinte comme une mère d’exception qui concentre toutes les qualités, à l’exception de la jeunesse et de la beauté. Ses qualités morales sont énumérées et mises en valeur par l’adjectif hyperbolique « extraordinaires » : « Le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires » (L5). A contre-courant des pratiques de son époque, elle s’est retirée de la Cour pour se consacrer à l’éducation de sa fille (« plusieurs années sans revenir à la cour » (L6)). Mouvement 3 : Une éducation remarquable Il faut savoir qu’au XVIIème siècle, les jeunes filles étaient éduquées au couvent ou par un précepteur : on comprend donc toute l’originalité de l’implication de Madame de Chartres qui transparaît dans le lexique de l’éducation : « donné ses soins », « travailla », « cultiver », « songea aussi à lui donner » (L7 et 8). A travers Mme de Chartres, c’est en réalité Madame de la Fayette qui nous transmet un programme éducatif original pour élever les jeunes filles. Madame de la Fayette critique implicitement l’éducation traditionnelle des filles qui repose sur l’évitement de nombreux sujets, dont l’amour et la galanterie. Ce jugement critique de la romancière transparaît dans l’emploi du présent de vérité générale : « la plupart des mères s’imaginent », « les malheurs domestiques où plongent les engagements », « qui est d’aimer son mari » (L9 et 10). Madame de la Fayette propose dans ce portrait un programme éducatif qui repose sur les principes suivants : « Cultiver son esprit et sa beauté »(L7) afin de plaire en société, Donner de « la vertu »(L7) : il convient d’inculquer des valeurs morales aux jeunes filles, « parler franchement des dangers de la vie »(L12) : Madame de la Fayette s’oppose à l’éducation traditionnelle qui repose sur l’évitement des sujets liés à la galanterie, « mettre en garde contre les dangers de l’amour »(L12) et préparer à la vie conjugale , enseigner « une extrême défiance de soi-même »(L16) : Madame de Chartres enseigne à ne pas céder à ses sentiments afin de toujours garder le contrôle de soi-même. Cette éducation, loin d’être fondée sur la contrainte, s’appuie sur la franchise et la confiance réciproque. C’est ainsi que Madame de Chartres aborde avec sa fille tous les sujets afin de la « persuader » (L11) et non de la contraindre. Elle lui fait souvent « les peintures de l’amour » (L10) en s’appuyant sur des exemples concrets comme le suggère les verbes relatifs à la vue : « elle lui montrait », « elle lui faisait voir » (expression répétée deux fois). Cette éducation s’épanouit dans le dialogue. En attestent les imparfaits d’habitude qui soulignent des conversations maintes fois reprises : « elle faisait », « elle lui montrait », « elle lui faisait voir » (L15). Madame de Chartres transmet à sa fille une vision pessimiste de l’amour. Sa démonstration repose en effet sur une concession subtile concernant les plaisirs de l’amour afin de rendre ses critiques réalistes et acceptables (relevez l’antithèse « agréable » / « dangereux » (L11)) : Madame de Chartres oppose alors la vertu et l’amour. Elle dresse deux tableaux antithétiques : alors que l’amour mène aux « malheurs domestiques » (L13), la vertu donne de « l’éclat » (L14) et de « l’élévation » (L15). Amour et vertu sont dépeints comme deux forces antithétiques ne pouvant être conciliées que dans l’amour conjugal « qui seul peut faire le bonheur d’une femme » (L16). Conclusion : Ce passage qui se situe au début du roman nous présente l’héroïne arrivant à la cour d’Henri II. Son portrait révèle sa perfection physique mais aussi sa vertu. L’éducation de Mme de Chartres a été puissante. On pourra se demander si cette éduction a été la meilleure que l’on puisse donner et si l’on pourrait être heureux avec cet idéal moral à la cour. uploads/Litterature/ fiche-de-lecture-la-princesse-de-cleves-il-parut-alors 1 .pdf
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- Publié le Jui 11, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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