Page | 1 FICHE DE LECTURE MARQUILLÓ LARRUY, Martine (2003), L’interprétation de

Page | 1 FICHE DE LECTURE MARQUILLÓ LARRUY, Martine (2003), L’interprétation de l’erreur, Paris, CLE International. Mots clés : erreur, analyse, corpus, apprenant, enseignant, faute, norme(s) Martine Marquilló Larruy est enseignant-chercheur à l’Université de Poitiers, responsable du master professionnel spécialisé Didactique des langues et du français langue étrangère et seconde (Didalang-FLES). L’interprétation de l’erreur est un ouvrage destiné aux enseignants de FLE et se propose d’analyser les erreurs dans le domaine de la didactique des langues étrangères. Dès le début, l’auteur tient à préciser que le terme «interprétation» doit être perçu comme «aide à la compréhension». Le but de cet ouvrage est de promouvoir la revalorisation de l’erreur dans l’apprentissage. Le livre est divisé en trois parties qui, à leur tour, sont divisés en chapitres. A la fin de chaque partie, le lecteur trouve des boites à outils, des trames d’observation où l’auteur reprend les idées principales. Il faut remarquer que le livre a une structure cyclique : dans l’introduction, Martine Marquilló Larruy introduit un questionnaire sur l’erreur et dans la conclusion, elle propose des réponses possibles à ce questionnaire. La première partie a le titre «Erreur et norme: Quelle langue de référence?». Dès le début, l’auteur présente la distinction entre faute et erreur. La première notion est plus liée à celle de péché (la faute originelle) et implique l’idée de caractère volontaire, alors que la seconde est plus neutre du point de vue culturel et plus acceptée par les pédagogues. L’auteur nous fait voir la relation qu’il y a entre l’erreur et la norme et essaie de répondre à la question «Quelle est la norme à laquelle on doit se rapporter quand on corrige des erreurs?». Elle fait une courte histoire de la langue française en mettant en évidence ses fluctuations, ses variations, ses emprunts, son orthographe. La langue est le résultat d’une transformation lente. En apprenant le français hexagonal, l’élève doit aussi savoir qu’il y a plusieurs variétés de français entre lesquelles il existe un lien d’intercompréhension. La deuxième partie de l’ouvrage s’intitule «L’erreur et la faute» et l’auteur présente l’erreur selon le point de vue de la psychologie cognitive et les quatre courants principaux de l’approche psycholinguistique (l’analyse contrastive, l’analyse des erreurs, l’étude des interlangues et l’étude des parlers bilingues). Gavrilaş Roxana-Mihaela Master Didactique du FLE, 1e année 2010-2011 Page | 2 Les psychologues signalent qu’il y a trois types d’erreurs: celles découvertes par un processus d’autocontrôle, celles signalées par les indices de l’environnement et celles découvertes par un tiers. Il faut observer que les types d’erreurs les plus rencontrés dans l’apprentissage des langues sont les deux derniers. Martine Marquilló Larruy observe que l’erreur en didactique des langues se rapporte plutôt à l’acquisition (qui représente une appropriation intuitive de la langue) qu’à l’apprentissage (qui suppose une motivation volontaire et un cadre institutionnel – la classe). Quant à la problématique de l’erreur, l’analyse contrastive a prévu des erreurs qui puissent apparaitre au cours de l’apprentissage d’une langue étrangère, erreurs à partir desquelles on a établi des règles à suivre. C’est une analyse qui a suscité beaucoup de critiques et l’expérience a prouvé que tous les dysfonctionnements prévus n’apparaissent pas dans le processus d’apprentissage. L’analyse des erreurs a apporté des changements radicaux dans la conception de l’erreur. Cette fois-ci, au lieu de prévoir des possibles erreurs, on les a récoltées pour réaliser des inventaires et des classements. Pour ce qui est des interlangues, dans les années ’80, on a mis en place un projet européen pour rechercher les modalités d’acquisition de la langue du pays d’accueil par des locuteurs migrants. Quarante études de cas ont permis d’établir les principaux traits des interlangues: l’aspect systématique et instable en même temps, la perméabilité, la simplification et la complexification, la régression et la fossilisation. Dans le cas des études des parlers bilingues, Marquilló Larruy souligne le fait que ce serait mieux d’aider les élèves à prendre conscience des différences entre les deux systèmes linguistiques (la langue maternelle et la langue seconde) au lieu d’ignorer la langue maternelle. La troisième partie, «Interpréter les erreurs des apprenants», est la plus intéressante parce qu’elle propose deux exemples d’interprétation d’erreurs qui correspondent à deux études de cas. La première étude de cas, «L’erreur en contexte» propose une approche de l’erreur en situation. On a affaire à deux corpus dans deux pays différents. L’un des corpus analysés est celui de quelques professeurs de russe de nationalité bulgare en stage à Perpignan et l’autre est celui des élèves d’une Alliance française en Amérique centrale. Le projet était de rédiger de petits textes qui accompagnent les cartes météo dans des journaux. Cette démarche associe la lecture à l’écriture ; les apprenants travaillent d’abord sur des textes authentiques (trouver les verbes – temps verbaux, les noms communs et propres, les adjectifs, les adverbes) et ensuite ils réalisent des productions écrites. L’analyse des productions fait ressortir que les textes du corpus 1 (les professeurs bulgares) étaient plus organisés que ceux du corpus 2 et ressemblaient le plus aux textes authentiques. C’est important de préciser que les apprenants d’Amérique centrale n’ont pas eu le même travail préparatoire que ceux de Perpignan. Les erreurs sont recueillies dans une grille où l’on peut mieux observer leurs apparitions dans ces productions. Dans le corpus 2, il y a des erreurs dues à des «transferts négatifs» («journée» considéré comme un nom masculin, puisque dans la langue maternelle des apprenants, il est masculin «dia»). On insiste surtout sur le mot Page | 3 «température» qui, bien que féminin dans les deux langues – français et espagnol – on l’écrit quatre fois en français standard et huit fois fautivement («le température», «la temperatura», «les températaure»). On remarque dans ce cas que les erreurs ne sont pas le résultat de l’influence de la langue maternelle et que, souvent, la manière dont chacun interprète les différences entre les deux systèmes peut faire apparaitre des erreurs. La deuxième étude de cas «Erreur et variation langagière» montre la difficulté à trouver de bons repères face à des écarts de la norme. Les deux textes analysés ont pour point de départ une situation de vol dans une bijouterie tirée d’un manuel de FLE. L’enseignant a voulu enrichir le vocabulaire de ses élèves en travaillant sur un document où il y avait des expressions imagées et de langue familière. Le premier texte a été rédigé par deux élèves et le deuxième, par un seul élève. Les deux productions renvoient au registre attendu (le roman policier, des expressions du français familier). Le premier texte ne pose aucun problème à la compréhension, tandis que le deuxième abonde en erreurs. Voilà pourquoi l’enseignant doit recourir à l’oralisation et à la réécriture pour comprendre cette production. Mais en le réécrivant, le texte perd la spontanéité qui était présente dans la version de l’apprenant. Martine Marquilló Larruy insiste sur l’importance de parler avec l’élève pour comprendre pourquoi, par exemple, il écrit un pronom au pluriel et le reprend au singulier, même si le sens impose un pluriel («ils ont venut il mon pris»). C’est pour cela qu’elle donne l’exemple d’un élève qui écrivait tantôt «sommeil», tantôt «sommeille» et l’explication de l’élève qui a révélé que ce n’était pas au hasard qu’il écrivait comme ça. Il écrivait «sommeil» quand le sujet était masculin et «sommeille» quand le sujet était féminin. Dans la conclusion, qu’elle considère provisoire, Martine Marquilló Larruy met en évidence la subjectivité de l’interprétation des erreurs (ce qui représente un écart de la norme pour une personne peut être la norme pour une autre), la distinction entre connaissance d’une langue et savoir-faire dans le domaine de l’interprétation des erreurs (des futurs enseignants connaissant très bien la langue qu’ils doivent enseigner ne savent pas comment réagir face aux erreurs). Il y a aussi deux risques à éviter en ce qui concerne les erreurs en classe de langue : l’absence systématique de correction qui conduit à la stabilisation des écarts et la correction excessive qui peut avoir comme résultat l’inhibition du locuteur. En fin d’ouvrage, une riche bibliographie permet aux enseignants de s’informer plus sur la problématique de l’erreur en didactique des langues. Le livre réussit à atteindre le but annoncé dans l’Introduction, celui de redonner une place importante à l’erreur dans le processus d’enseignement des langues étrangères. uploads/Litterature/ fiche-de-lecture-roxana-gavrilas-final.pdf

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