Revue littéraire de la Fondation La Poste > numéro 164, édition mai 2015 SOMMAI
Revue littéraire de la Fondation La Poste > numéro 164, édition mai 2015 SOMMAIRE 01 Edito 02 Entretien avec Sylvia Massias 07 Vincent La Soudière - Portrait 08 Lettres choisies - Vincent La Soudière 10 Paul Morand & Roger Nimier 12 Dernières parutions 14 Agenda mai-juin 2015 18 Agenda des actions de la Fondation La Poste mai 2015 01 FloriLettres S’il n’a publié qu’un seul livre de son vivant, Chroniques antérieures (Fata Morgana, 1978) et quelques textes pa- rus dans des revues, Vincent La Soudière (1939-1993) n’en est pas moins écrivain, un écrivain qui n’a pu trouver la « force ordonnatrice » pour construire une œuvre. Il est l’auteur d’une importante correspondance qu’il a adressée pendant près de trente ans à son ami et confi dent Didier, rencontré au monastère de l’île de Lérins, en 1964. On doit la publication de ce corpus de lettres - trois volumes parus aux éditions du Cerf en 2010, 2012 et mai 2015 - à Sylvia Massias, docteur ès Lettres qui depuis plus de dix ans, effectue un travail considérable pour éditer et présenter les écrits de celui qui fut aussi l’ami d’Henri Michaux et de Cioran. Elle a fait paraître en 2003, un choix d’aphorismes extraits des cahiers et carnets de Vincent La Soudière, sous le titre Brisants, et vient de publier, en même temps que le troisième tome de la correspondan- ce qu’elle a intitulé Le Firmament pour témoin, un essai biographique, Vincent La Soudière, la passion de l’abîme, dans lequel elle tente de comprendre le drame et « l’iti- néraire intérieur » de cet homme au sombre destin. « J’ai eu le sentiment en l’écrivant, d’exprimer et de livrer la substance du témoignage que Vincent La Soudière voulait donner au monde » nous dit-elle. Entretien avec Sylvia Massias que nous avions interwie- vée en 2001 pour son édition des Lettres de Guerne à Cioran 1955-1978 (Le Capucin). Vincent La Soudière Éditorial Nathalie Jungerman Vincent La Soudière Le Firmament pour témoin Lettres à Didier III (1981-1993) Lettres à Didier III (1981-1993) Lettres à Didier III Édition présentée, établie et annotée par (1981-1993) Édition présentée, établie et annotée par (1981-1993) Sylvia MASSIAS Éditions du Cerf, mai Sylvia M Éditions du Cerf, mai Sylvia M 2015, 508 pages. Vincent La Soudière. © DR Entretien avec Sylvia Massias Propos recueillis par Nathalie Jungerman Florilettres > numéro 164, édition mai 2015 Vous avez établi l’édition des Lettres de Vincent La Soudière à son ami Didier, dont le troisiè- me volume vient de paraître en même temps qu’une biographie que vous avez écrite sur cet écri- vain méconnu, auteur d’un seul livre publié de son vivant, Chro- niques antérieures (éd. Fata Mor- gana, 1978) et de quelques tex- tes dans des revues. Vous dites avoir découvert son existence en travaillant sur Cioran... Sylvia Massias Oui, c’est en tra- vaillant à la préparation du Cahier de L’Herne Cioran - Cahier dont Cons- tantin Tacou m’avait confi é la direc- tion - que j’ai découvert, en 2001, les écrits de Vincent La Soudière. J’effec- tuais à cette époque une recherche systématique des lettres de Cioran pour en publier un choix. Parmi cel- les qu’il avait reçues se trouvaient quelques lettres d’un certain Vin- cent de La Soudière. J’ai mené une enquête et rencontré son plus jeune frère Landry, qui non seulement m’a montré des lettres de Cioran, mais aussi tous les manuscrits de Vincent - ses cahiers, ses carnets, des centai- nes de feuillets et divers dossiers. J’ai tout de suite pressenti l’importance de ces écrits. À l’époque, je tout de suite pressenti l’importance de ces écrits. À l’époque, je tout de suite pressenti l’importance tra- vaillais pour les éditions Le Capucin et cherchais des textes à publier. La directrice de cette maison, Catherine Coustols, avait créé une collection de petits livres intitulée « Le Temps des signes » (en référence à un titre d’Armel Guerne) et c’est dans cette collection qu’elle a décidé de publier un texte de Vincent La Soudière. Nous avons choisi In memoriam Francis Bacon, pour des raisons assez arbi- traires, je dois dire ; je n’avais pas encore eu le temps d’examiner l’en- semble des manuscrits. J’en ai établi le texte sans commentaire, n’ayant pas à l’époque les clés pour le com- prendre. Beaucoup plus tard, j’ai réa- lisé qu’il faisait référence à un épiso- de très précis de la vie de son auteur. Je lui ai consacré une section dans mon livre. « Tu seras un écrivain posthu- me » écrivait Didier à Vincent La Soudière qui le cite dans une let- tre de septembre 1991 et ajoute : « Mais qui voudra s’occuper de mes papiers après ma mort ? Et qui cela pourra-t-il intéresser ? » Grâce à vous, Sylvia Massias, nous avons la possibilité de lire Vincent La Soudière... Vous avez d’ailleurs fait paraître, en 2003, le recueil in- titulé Brisants... S. M. En effet, c’est avec Brisants que la publication posthume de Vin- cent La Soudière a commencé à pro- prement parler. Parmi ses cahiers et carnets, certains étaient numéro- tés et constituaient un ensemble : il s’agissait de trois cahiers et neuf carnets, dans lesquels il avait écrit ce qu’il appelle lui-même des aphoris- mes, c’est-à-dire des fragments plus ou moins développés. Ces cahiers et carnets ont été rédigés durant les dernières années de sa vie, à partir de 1988. Certaines indications mon- trent qu’il souhaitait réunir un choix de fragments pour en faire un livre et qu’il avait songé au titre de Brisants, sans toutefois avoir pu le concevoir. Je l’ai donc réalisé à sa place, et fait des choix parmi un ensemble assez considérable de fragments - un choix d’autant plus restreint que l’éditeur (le directeur des éditions Arfuyen) m’avait demandé de le réduire à la dimension d’un petit livre d’une cen- 02 Sylvia Massias, docteur ès lettres, est l’auteur d’une thèse sur Mallarmé. Elle fut responsable du fonds d’archi- ves de l’écrivain E. M. Cioran, qu’elle a inventoriées à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Elle a travaillé notam- ment sur le poète et traducteur Armel Guerne, publié ses Lettres à Cioran ainsi qu’une anthologie de textes, Le Verbe nu, parue aux éditions du Seuil en 2014. C’est à l’occasion de ses re- cherches autour de l’écrivain roumain qu’elle découvre les écrits de Vincent La Soudière, dont il avait été l’ami. Elle obtient une bourse du Centre national du livre, en 2003, en vue de les pu- blier, et fait paraître un recueil d’apho- rismes, Brisants, aux É blier, et fait paraître un recueil d’apho- É blier, et fait paraître un recueil d’apho- ditions Arfuyen. D’autres recueils sont en préparation. Elle a consacré un livre à cet auteur, Vincent La Soudière, la passion de l’abîme et publié ses Lettres à Didier (1964-1993, trois tomes), aux éditions du Cerf. Sylvia Massias, mai 2015 Photo. © N. Jungerman Sylvia MASSIAS Vincent La Soudière. Vincent La Soudière. Vincent La Passion de l’abîme. Éditions du Cerf, 2015, 634 pages, sortie mi-juin 2015 taine de pages. « Tu seras un écrivain posthume » est en effet une parole de Didier, as- sez ancienne. Déjà en 1977, Vincent lui rappelait dans une lettre : « Je suis installé dans l’idée (qui est de toi) que je serai un auteur posthume ». Didier a bien senti que le drame qui l’em- pêchait d’aller au bout de son geste risquait de se prolonger indéfi niment et lui a apporté cette pensée, conso- latrice, que Vincent a intériorisée et faite sienne. Il s’y est installé, comme il s’est installé dans la perspective eschatologique. C’est dans cette di- mension qu’il écrira à la fi n de sa vie. Vous citez l’une des allusions - il y en a plusieurs - à ce tiers dont il souhai- terait qu’il s’occupe de la publication de ses écrits. Dans une autre lettre, en 1973, contemplant les cinquante cahiers qu’il a écrits jusqu’à cette date sans parvenir à les exploiter, il conclut : « une secrétaire - chartis- te de surcroît - se chargera un jour de faire l’inventaire de toutes ces vieilleries ». Ce propos m’a beau- coup amusée quand je l’ai lu pour la première fois. Dans une lettre de novembre 1989, Vincent La Soudière écrit : « Je ne demande que deux cho- ses à l’écriture : 1) Être publié. « Je ne demande que deux cho- ses à l’écriture : 1) Être publié. « Je ne demande que deux cho- 2) Être reconnu comme écrivain. ses à l’écriture : 1) Être publié. 2) Être reconnu comme écrivain. ses à l’écriture : 1) Être publié. Ni plus ni moins. Avoir assez de santé pour aller jusqu’au bout de ce que Dieu attend de moi. Soli- tude peuplée de myriades d’yeux d’anges. »... S. M. Oui, cela exprime parfaitement à la fois son désir et sa situation. Il désire être publié et reconnu comme écrivain, et cependant, en plusieurs circonstances, il a refusé d’être édité. Il a fi ni par ne plus pouvoir concevoir cette reconnaissance que de uploads/Litterature/ florilettres-n0-164-vincent-la-soudiere.pdf
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- Publié le Oct 12, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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