Formules n°3 n’est pas dédiée à Monsieur Jourdain mais plutôt à tous ceux qui f

Formules n°3 n’est pas dédiée à Monsieur Jourdain mais plutôt à tous ceux qui font de la prose en le sachant, et plus spécialement à Jorge Luis Borges dont nous fêtons le centenaire de la naissance. festival delaü^omelk à ^oint-Quentin 1999 Ce numéro, qui comporte de nombreuses nouvelles, est spécialement conçu pour notre troisième participation à ce festival du 27 au 29 mai 1999. Direction régionale des affaires culturelles Picardie Revue publiée avec le concours du CENTRE NATIONAL DU LIVRE (FRANCE), de la COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE BELGIQUE et de la DRAC de PICARDIE. Formules est une publication de l’Association « Reflet de Lettres » (SAINT- QUENTIN, Aisne), avec la collaboration de la Fondation Noésts Internationale et de l’Association Noésis-France. Formules est une revue traitant d’un domaine particulier, celui des littératures à contraintes. Les envois spontanés sont encouragés, pourvu qu’ils soient en rapport avec ce domaine ; toutefois Formules ne maintiendra pas de correspondance avec les auteurs des textes refusés, qui ne seront pas retournés. Les auteurs publiant dans Formules développent librement une opinion qui n’engage pas la revue. Cependant, Formules se donne pour règle de ne jamais publier de textes antidémocratiques ou contraires à la dignité de la personne humaine. Adresse de la rédaction en Belgique : Parkstraat 171 - 3000 LEUVEN Courrier électronique : jan.baetens@arts.kuleuven.ac.be Adresse de la rédaction en France : 79, rue Manin, 75019 PARIS Courrier électronique : bernardo.schiavetta@wanadoo.fr Site Internet : http://www2.ec-lille.fr/~book/formules/ Responsable du site : Philippe Bruhat Directeurs de la publication : Jan Baetens et Bemardo Schiavetta Conseillers à la rédaction : J.-D. Bertharion, Daniel Bilous, Rosalba Campra, Eric Clémens, Didier Coste, Pascal Durand, Jean Lahougue, Guy Lelong, Mireille Ribière et Michel Voiturier Envois publicitaires : Laura Schiavetta, jr. © Reflet de Lettres, 1999 © Pour les textes : les auteurs, 1999 © Gallimard pour L’Année Zu d’A. Bello ISSN 1275-7713 ISBN 2-8251-1235-6 Dépôt légal en France : avril 1999 3 Sommaire Editorial 6 Dossier « Proses à contraintes » Créations Alain André L’archipel amoureux 13 Gérard Assayag L’alternateur 18 Antoine Bello L’année Zu 21 Jacques Bens & Jacques Jouet Conquête de l’espace 30 [Paul Braffort] Walter Henry Prose du Transfinitien 36 Alain Chevrier Un gars qui a trop bu 45 Eric Clémens L’Anna, avec une introduction de François Bovier 48 Régine Detambel César fit faire un pont 61 Pascal Durand Incipits 79 Patrick Flandrin Pas de fric pour Ange Pitou 85 Michelle Grangaud Tristan Stein 89 Pascal Kaeser Centon tiré du néant 92 Guy Lelong Le stade 94 Hervé Le Tellier Quelques mousquetaires 108 Madame de Maintenon Deux lipogrammes 115 Ian Monk (Mum’s Apple) Pie 116 Didier Nordon Pêle-mêle 118 Claudette Oriol-Boyer Ceci n’est pas un texte pour enfants 120 Marc Parayre Marie 123 Chantal Robillard romance en mer sereine 129 Eric Sadin T 134 Stéphane Susana Nier est effet serein 136 Michel Voiturier Ursule et le géomaître 137 Antoine Volodine Un étrange soupir de John Untermensch 141 4 Antécédents Marcel Bénabou A propos de What a man ! 150 Marc Lapprand Trois points sur l’Oulipo 162 Pierre Le Pilloüer Caches de l’Arche 170 Jean Ricardou La contrainte corollaire 183 Hermes Salceda La règle et le genre 198 Etudes d'œuvres contemporaines Jan Baetens Renaud Camus et l’écriture à contraintes 204 Alain Chevrier Tom, un roman monosyllabique 206 Sjef Houppermans Compact couleurs de Maurice Roche 208 Marc Lapprand Le point sur les proses à contraintes à l’Oulipo 215 Guy Lelong Le domaine d’Ana, un récit textuel de Jean Lahougue 222 Dominique Moncond’huy Lartigue, danseur de mots en prose 226 Chantal Robillard La littérature enfantine française à contraintes 232 Hors dossier Suites au numéro 2 Rectificatifs à notre présentation de l’article de Marc Parayre 238 Sémir Badir à propos d'écritures, sous la contrainte 239 Philippe Beck réponse à notre note de lecture 241 Comptes rendus Notes de Jan Baetens, Jacques-Denis Bertharion, Daniel Bilous, Alain Chevrier, Cécile De Bary, Pascal Kaeser et Mireille Ribière sur Antoine Bello, Alexandre Albert-Galtier, Jan Baetens, Paul Braffort, Roland Brasseur, Jacques-Denis Bertharion, Pascal Durand, Luc Etienne, Michelle Grangaud, Jacques Jouet, Marc Lapprand, Armel Louis, Jacques-Henri Michot, Gilles Tronchet, l’Anthologie du Noroît, Prose/poésie : circulations et les revues Java, Hespéris, La Licorne, Quademo, Texturas, I^es Amis de Valentin Brû 244 EDITORIAL La prose est née d'hier, voilà ce qu'il faut se dire. Gustave Flaubert (lettre à Louise Colet du 24 avril 1852) EDITORIAL 6 Jan Baetens & Bernardo Schiavetta Mais qu’est-ce enfin que la contrainte ? Certes, intuitivement, tout le monde le comprend. Le terme même est devenu courant, voire obligé, après que l’Oulipo l’eut repris à l’ancienne prosodie, celle qui (disait-on) soumettait les poètes « aux contraintes du mètre et de la rime ». Ainsi, « contrainte », « vers » et « poésie » sont des notions liées entre elles par le vocabulaire qui est le nôtre. Mais, s’agissant de l’écriture en prose, un tel rapport irait-il autant de soi ? Et son parangon contemporain, le roman, n’est-il pour beaucoup, selon un paradoxe qu’il est urgent d’examiner, le genre dont la seule contrainte serait de ne pas en avoir? Notre numéro sur les « Proses à contraintes » veut donc donner d’abord quelques éléments concrets pour montrer que cette vision stéréotypée de la prose comme écriture non contrainte ne correspond nullement à l’activité réelle de nombreux écrivains de nos jours. Par ailleurs, le thème de ce dossier coïncide heureusement avec une actualité littéraire où plusieurs romans à contraintes ont été très remarqués par la presse : Éloge de la pièce manquante (Gallimard), roman-puzzle d’Antoine Bello, Le Domaine d’Ana (Champ Vallon), roman-cryptogramme de Jean Lahougue et 30 jours à tuer (France Loisirs), roman à scripteurs multiples, né d’une expérience interactive de Yann Queffélec en collaboration avec Joëlle Ecormier, Marceline Breton, Patrick Sickersen, Christophe Tissier, Louis-Olivier Dupin et Christophe Sancy. Certes, nous aurions souhaité donner une étendue plus ample dans ce dossier aux discussions théoriques sur le concept et le statut de la contrainte, mais cela ne peut se faire que dans le cadre d’un dossier spécifique. Ce sera la tâche de notre prochain numéro, qui traitera de la définition et de la classification des contraintes. Toutefois, pour vous en donner l’avant-goût, nous dirons déjà que nous opérons une distinction entre le texte à contrainte (en tant qu’objet) et la contrainte textuelle (en tant que procédé), ce dernier aspect se divisant à son tour en contrainte d’écriture et contrainte de lecture. Ce distinguo, à première vue anodin, réserve néanmoins quelques surprises. Mais considérons d’abord ce triple aspect de la contrainte dans un texte concret : La Disparition, par exemple. Dans un premier temps, survient Y action même d’écrire le lipogramme en utilisant uniquement des EDITORIAL 7 mots sans « e ». Dans un deuxième temps, il s’agit du résultat de cette action, le lipogramme proprement dit, qui en est la trace objective et objectivable : le texte sans « e » de La Disparition. Mais celle-ci ne peut être véritablement reconnue que par une grille de lecture (qui nous permettra de percevoir l’absence de la lettre « e » dans tout le texte). Autrement dit, la contrainte d’écriture (le procédé de production du texte) appelle une contrainte de lecture (le procédé de réception du texte) qui s’exercent toutes deux sur un support objectif, le texte à contrainte. Dans un grand nombre de cas, la cohérence et l’interdépendance de ces trois aspects du devenir du texte à contraintes contribue à masquer leurs différences, et à brouiller les possibilités d’une définition globale des phénomènes liés à la contrainte. Par contre, l’intérêt de notre triple distinguo apparaît clairement dans le cas de textes que l’on sait construits grâce à un procédé d’écriture, mais dont aucun procédé de lecture ne saurait en retrouver la trace, car celle-ci a été éliminée pendant l’une des étapes de ce même procédé d’écriture. L’un des exemples majeurs sont les Impressions d’Afrique, dont seules des révélations posthumes de Raymond Roussel (sur ce qu’il appelle son « procédé évolué ») ont dévoilé (en partie) les secrets de sa fabrication. Dans ce dernier exemple il y a bien une contrainte d’écriture isolée qui ne produit pas de texte à contrainte proprement dit. Par ailleurs, une autre possibilité, assez inattendue, peut encore se présenter dès que l’on considère le cas des interprétations allégoriques isolées. Dans les allégories proprement dites, il est habituel que l’auteur exprime clairement - soit dans le corps de l’œuvre, soit dans quelque annexe - que son allégorie représente terme à terme une réalité parallèle, comme dans le commentaire en prose que St Jean de la Croix a écrit à propos de son Cantique spirituel. Ici, la contrainte d’écriture allégorique appelle une contrainte de lecture allégorique d’un texte à contrainte allégorique. Cependant, dans le domaine du commentaire textuel, il n’est pas rare de trouver certaines surinterprétations. Il s’agit souvent de lectures allégoriques (ou d’autres types d’interprétation) appliquées à des textes dont il est impossible de prouver matériellement qu’ils ont été écrits dans une intention de ce genre. Or, une contrainte de lecture allégorique peut toujours être inventée et appliquée à un texte uploads/Litterature/ formules-revue-des-litteratures-a-contra.pdf

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