Le monstre, aux limites de l’humain 32 3. La Belle et la Bête Objectifs • Étudi

Le monstre, aux limites de l’humain 32 3. La Belle et la Bête Objectifs • Étudier la figure du monstre en littérature. • Lire un conte et étudier son adaptation au cinéma. Présentation de la séquence La question inscrite au nouveau programme et intitulée « Le monstre, aux limites de l’humain » offre l’occasion de lire dans la figure du monstre et de ses avatars l’expression d’une violence qui interroge les relations entre les hommes. Le monstre, figure inversée de l’homme, construit en miroir une figure de l’humanité. Cette figure traverse la littérature et c’est cette dimension diachronique qui permet de repérer les grandes évolutions des mythes et récits qui y sont associés. En classe de 6e cette figure se donne à lire dans les récits mythologiques et dans les contes de fées favorisant une première approche diachronique qui dépasse la seule dimension thématique et permet d’élaborer des éléments de contexte, historiques et littéraires. La dimension merveilleuse déjà abordée en CM1 et CM2 engage les élèves vers une démarche d’interprétation d’œuvres ambitieuses, écrites dans un langage élaboré dont la compréhension constitue également un enjeu de l’approfondissement de la compétence de lecture. Le choix de La Belle et la Bête est fondé sur des raisons qui relèvent de plusieurs ordres : – pédagogique. La longueur du texte est adaptée aux capacités des élèves de 6e (plus long que le conte de Grimm ou de Perrault, le récit reste toutefois mesuré et accessible) ; – littéraire. L’œuvre de Mme Leprince de Beaumont est une récriture d’un texte plus long qui s’inscrit explicitement dans la veine du récit didactique. Cette intention favorise l’interprétation du texte et la lecture d’un discours qui dépasse le seul plaisir, essentiel toutefois, du récit ; – historique. Ce conte de fées, plus que d’autres, s’inscrit dans une société datée qui fait entrer les élèves dans des univers qui témoignent d’une époque et d’une culture. Par ailleurs, le thème du monstre développé dans La Belle et la Bête s’inscrit dans la continuité d’un mythe littéraire qui, aujourd’hui encore, participe à la construction de la culture des jeunes au travers de la production filmique et de la littérature de jeunesse. À cet égard, les belles illustrations de Julie Ricossé choisies pour accompagner les extraits témoignent de l’histoire de la diffusion de l’œuvre et de son actualité. Les informations de la page Repères (p. 58) inscrivent la lecture d’œuvre intégrale dans le contexte du conte de fées dont ils rappellent la dimension historique et générique. Il s’agit de souligner que les histoires s’organisent par types de familles selon des scénarios développés avec des variantes selon les pays et les époques. C’est ainsi que l’histoire racontée par Mme Leprince de Beaumont prend sens avec la biographie de l’auteure et son statut social qui permettent de mieux mesurer un projet éducatif avec le titre du livre et des détails qui ouvrent à une première représentation historique du xviiie siècle. Bibliographie • Apulée (iie siècle), « Amour et Psyché », in les Métamorphoses – l’Âne d’Or, Folio classique, 1975. • Giovanni Fransceso Straparola (1550), « Le roi porc », in Nuits facétieuses : Gallica, http://visualiseur.bnf.fr/ CadresFenetre?O=NUMM-27794&I=157&M=tdm • Mme Suzanne de Villeneuve (1740), La Belle et la Bête, Folio, 2010. O Quel est le rôle du monstre dans le conte de fées ? En quoi la Bête est-elle un monstre merveilleux ? La Belle et la Bête • 3 s é q u e n c e p. 56-75 © Éditions Belin, 2016 33 renvoie davantage aux costumes et à l’esthétique des xviie et xviiie siècles. Enfin la Belle de la figure 3 renvoie à l’image d’une jeune fille du xixe siècle. d. Les couleurs sombres et l’absence de vêtement ainsi que les formes animales hybrides sont plus convaincantes pour représenter la figure du monstre. 2. L’analyse ouverte de ces représentations doit amener les élèves à choisir le type de figure de la Bête qu’ils veulent construire et ouvrir à une grande diversité d’images devant permettre à la classe de mutualiser des éléments d’une culture déjà installée et partagée dans L’Album de la Bête. Il y avait une fois… Objectifs • Étudier le début d’un conte • Se représenter les personnages L’incipit du conte constitue un seuil incontournable à la compréhension de la fiction. Il présente les invariants du récit et engage à une lecture qui va se centrer sur les consé- quences de la ruine soudaine du père de la Belle. Les extraits qui suivront vont dérouler la trame narrative en suivant le personnage principal dans ses relations avec la Bête pour montrer l’évolution de ses sentiments et conclure ainsi sur le triomphe de la bonté sur la beauté et l’esprit. On pourra conduire les élèves à comprendre la portée éduca- tive du récit en questionnant les élèves sur la signification d’un conte de fées publié dans un ouvrage qui contient aussi des leçons et des conseils moraux. Je découvre le texte Dans ces trois questions il s’agit de permettre aux élèves de relever les invariants du début d’un récit : les personnages et le lieu où ils vivent, l’événement qui vient bousculer un ordre stable et les conséquences qui s’ensuivent. 1. Les personnages sont les membres d’une même famille : le père, un riche « marchand », « trois garçons et trois filles ». La cadette est si belle qu’on ne « l’appelait, quand elle était petite que la Belle enfant » (l. 6-7). On pourra faire remarquer aux élèves qu’il n’est nulle part fait mention de la mère, certainement disparue au début de l’histoire. 2. La ruine soudaine du marchand, « tout d’un coup, le marchand perdit son bien » (l. 24-25), constitue la rupture qui va changer la vie des personnages. Lecture 1 p. 60-61 Cette page incite les élèves à retrouver par la lecture des illustrations l’univers stéréotypé du conte de fées et ici de La Belle et la Bête telle qu’ils ont pu la rencontrer dans leurs lectures ou dans des films (l’affiche du plus récent, celui de Christophe Gans, ouvre la séquence page 57). Découvrez les visages de la Bête 1. Dans les deux illustrations du haut (images 1 et 2), les figures de l’ours et du lion offrent des images de la Bête qui insistent sur la puissance et la force de l’animal, et donc sur le danger potentiel ; mais la laideur n’est pas associée au personnage. En revanche les animaux hybrides des illustrations de la partie inférieure (images 3 et 4) – cheval à crocs d’hippo- potame et griffes, et rat géant mâtiné de morse – sont laids et effrayants. a. Les deux premières illustrations montrent la Bête en situa- tion d’allégeance, de respect, tandis que les deux suivantes insistent davantage sur la compassion de la Belle (image 3) et sa peur (image 4). b. C’est la 4e image qui est la plus effrayante et suscite la peur comme le révèle la réaction de la Belle, avec son visage détourné et crispé. Les autres images relèvent davantage de la représentation anthropomorphique d’animaux, assimilés par leur attitude pour les deux premières à des humains. c. Conformément aux codes de représentation du conte, les images s’inscrivent peu dans un univers daté, sinon celui du merveilleux, qui construit un Moyen Âge fantai- siste. Ce temps des châteaux est évoqué de manière plus marquée dans les images 1 et 4 avec la coiffure de la Belle notamment, sorte de hénin, et les robes proches de celles que porteraient des reines ou des princesses. L’image 2 Entrer dans la séquence p. 59 3. La Belle et la Bête Sites à consulter • Sur le site de la BNF on trouvera de nombreuses éditions du texte de Mme de Beaumont illustrées par divers artistes : http://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operati on=searchRetrieve&version=1.2&query=%28gallica%20 all%20%22La%20Belle%20et%20la%20B%C3%AAte%20 Beaumont%22%29%20and%20dc.type%20all%20 %22monographie%22 • Pour un parcours sur les enjeux littéraires et pédagogiques du conte : Bonnet Nicolas, « Avatars du conte », Revue Interdisciplinaire « Textes & contextes », no 8 : http://revuesshs.u-bourgogne.fr/textes&contextes/ document.php?id=2339 ISSN 1961-991X © Éditions Belin, 2016 34 3. L’événement qui lance la dynamique narrative va égale- ment contraindre les personnages à quitter « la ville » pour se retrouver à la « campagne ». Je comprends le texte L’incipit du conte se poursuit avec le portrait des person- nages qui souligne les oppositions déjà relevées entre la richesse et la pauvreté, la ville et la campagne, la noblesse et le monde paysan. 4. Contrairement à ses sœurs qui éprouvent de la « jalousie » (l. 7) devant sa beauté, la Belle est à la fois belle est bonne « meilleure qu’elles ». (l. 9) Tandis que ses sœurs éprouvent de l’orgueil à être riches, passent leur temps en mondanités, « elles faisaient les dames » (l. 10), « elles allaient tous les jours au bal » (l. 12), la Belle lit « de bons livres » (l. 14). Elles rêvent d’épouser des ducs et des comtes (l. 18), quand la Belle ne souhaite pas encore se marier pour « tenir de compagnie à son père ». Devant l’adversité elle uploads/Litterature/ fr6e-guide-p32-45-s3-0.pdf

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