Grammaire de Proto-Indo-Européen (PIE) La première version de cette grammaire a

Grammaire de Proto-Indo-Européen (PIE) La première version de cette grammaire ayant reçu un accueil positif (« swérxmen jéryom »), j'ai décidé de l'actualiser avec, notamment, les résultats de mes recherches ( https://www.academia.edu/17299209/Cons%C3%A9quences_du_non- marquage_morphologique_de_la_transitivit%C3%A9_en_Proto-Indo-Europ %C3%A9en_sur_son_syst%C3%A8me_verbal ), ainsi que des ajouts principalement sur la phonotactique et le nom verbal. O.SIMON Mars 2016. Mes dernières recherches sur la syntaxe, la déclinaison et les particules PIE imposaient une nouvelle édition de cette grammaire qui, à présent, offre un cadre entièrement régulier pour le PIE. O.SIMON Décembre 2017 Conventions orthographiques : Elle suit celle de l’indo-européen reconstruit. Le « y » sert à rendre les palatales : ky, gy, ghy. Le « w » sert pour les labio-vélaires : kw, gw, ghw. Par convention, les laryngales de l’indo- européen sont rendues ainsi : - « x » pour H1, qui est un son proche du « h » français dans « la hache », qui varie entre un « h » aspiré véritable et un coup de glotte. - « j » pour H2 (et H4 pour ceux qui la reconstruisent) est entre la « jota » espagnole (ou « ach-laut » allemand) et le H emphatique arabe, un peu comme quelqu’un qui souffle sur ses verres de lunettes pour les nettoyer, depuis le fond de sa gorge. - « q » pour H3 qui correspondrait à H2 + w. Les laryngales et les liquides (r, l) et nasales (m, n) peuvent fonctionner, entre deux consonnes, comme des voyelles. Elles sont même parfois accentuées. En termes d'API, cela correspond à l'ajout du « schwa indogermanicum » [ə] audit son. « s », « z » et « $ » noteront la sifflante [s], qui devient souvent [z] avant une sonore. Seul « s » compte comme un phonème (au sens phonotactique du terme) sourd et, en début de mot, « assourdit » l'occlusive suivante. Sinon, s, z et $ suivent les fluctuations de leur environnement phonétique. Le système retenu ici permet d'utiliser les ouvrages se servant de la reconstruction « conventionnelle ». Il ne s'agit pas d'un rejet de la théorie glottalique (qui représente peut- être l'état ancien du PIE jusqu'au départ du rameau germanique) mais de la conséquence de la régularité des changements phonétiques qui rend difficile de trancher en faveur d'un système ou d'un autre. Outre les sifflantes, les voyelles « pures » (toujours sonores), ne sont pas notées dans le tableau ci-dessous ; ce sont : e, o, i, u et leurs versions longues : ê, ô, î, û. L'existence de [a] n'est attestée que dans des mots qui semblent empruntés. Sinon, l'on considère que « a » = H2e (ou « je »). © Dr. Olivier Simon 1 sourdes sonores Occlusives (y compris $ + occlusive & z + occlusive qui comptent pour un seul phonème) Nasales (peuvent se vocaliser ) Liquides (peuvent se vocaliser ) semi- voyelles laryngale s Plates/gu tturales k g gh H1, H2, H3 (x,j,q) palatales ky gy ghy y dentales t d dh n, nz l, lz labiales p b bh m, mz w labio- vélaires kw gw ghw cérébrale s r, rz Phonotactique : Il s'agit de l'agencement des phonèmes du PIE. Un phonème est une unité sonore considérée comme telle par une langue donnée. Ainsi, « kw » est un phonème pour le PIE, même si d'un point de vue externe, on pourrait l'analyser comme consistant de deux sons [k] + [w]. Une syllabe consiste au minimum en un noyau qui est une voyelle (du moins ce que la langue considère comme tel, comme les laryngales, liquides et nasales vocalisées du PIE) qui est le plus souvent entouré de part et d'autre de consonnes et semi-voyelles. Ce qui est avant le noyau est l' « attaque ». Ce qui vient après est le « coda ». La phonotactique détermine quelle syllabe est « légale » (« a le droit d'exister ») ce qui conduit, en PIE, à déduire si certains sons (laryngales, nasales, liquides, semi-voyelles) vont fonctionner comme voyelle (noyau) ou consonne. Les emprunts et les onomatopées ne sont pas soumis à ces contraintes (ex : « atta- »). Un mot est un élément de phrase ayant une fonction syntactique précise (verbe, substantif, etc..). A l'exception des interjections et de plusieurs clitiques (qui n'ont pas d'accentuation propre), un mot se compose d'un ou de plusieurs morphèmes. Un morphème est au minimum une « racine », porteuse d'un sens et qui peut parfois former un mot à elle seule, ou bien un affixe, une désinence, qui ne fait que préciser le sens de la racine. En raison des contraintes phonotactiques, il est donc inexact d'affirmer que les « morphèmes du PIE sont toujours monosyllabiques ». En réalité, il faut plutôt dire qu'un morphème PIE ne peut contenir plus d'une voyelle sujette à l'ablaut. Voici les phonèmes PIE pour l'attaque et le noyau, et leur ordre « légal » de gauche à droite (sens de l'écriture) © Dr. Olivier Simon 2 s Dentales : t – d – dh Labiales : p – b – bh Labio-vélaires : kw – gw – ghw Palatales : ky – gy – ghy Plates : k – g – gh m n r l y – i w - u x (H1) j (H2) q (H3) e – ê o - ô Sifflante Occlusives Nucléables (peuvent servir de noyau) Une attaque ou un coda ne peut contenir plus de 2 de ces phonèmes (sinon, on rend nucléable ce qui peut l'être) En ce qui concerne le coda, on prend le même tableau, mais dans le sens inverse (de droite à gauche), et on admet les phonèmes suivants : Pour les nucléables : mz, nz, rz, lz. Pour les occlusives : z + occlusive (ex : zdh-) ou occlusive + -s. Pour déterminer ce qui doit être « nucléisé », il faut se baser sur les voyelles préexistantes (e – ê – o – ô – i – u) et partir de celle qui est accentuée. Le PIE « adore » les amas de consonnes, mais reste toujours dans la « légalité ». Soit la racine « yeug » = « joindre ». Avec infixe nasal, sa troisième personne du pluriel est « yungént ». Les syllabes se décomposent en yun-gént, car une attaque « ng- » serait illégale pour la deuxième syllabe. Soit *pH2trés, génitif de « pjter » = « père ». Selon une loi phonétique, une laryngale disparaît entre 3 consonnes. Cependant *ptrés aurait une attaque illégale (3 phonèmes), ce qui amène à garder la laryngale : « pjtrés ». Mesure syllabique : On décompose le mot selon ses voyelles, auxquelles on ajoute le premier phonème avant chacune de ces voyelles. Ex : « yungénti » donne : yun-gén-ti Au contraire des langues classiques, je pars de l'hypothèse qu'une voyelle courte peut admettre un phonème après elle sans compter comme syllabe longue pour autant. Mutations sonores : Celles-ci sont fréquentes en indo-européen, et de natures différentes. La plus remarquable est la mutation consonantique ou ablaut. La voyelle centrale d’une racine indo-européenne est presque toujours « e » entourée de consonnes, semi-voyelles ou laryngales. Ce degré normal « e » peut muter qualitativement en degré « o » (ex : « bher » = « bhor ») ou quantativement en degré long « ê/ô » ou en degré zéro, c'est-à-dire sans voyelle centrale © Dr. Olivier Simon 3 (ex : « leikw » = « likw »), sauf si cela contrevient aux règles phonotactiques et/ou crée une confusion avec le « s mobile ». Ex : s-d + t = sed$t Les recherches récentes tendent à démontrer que les occlusives sourdes en fin de mot se sonorisaient si elles suivaient une sonore. Pour des raisons de lisibilité, on continuera à les écrire comme sourdes. « d » à la fin d'un mot après une autre consonne tombe mais allonge la voyelle précédente. Ex : kyerd > kyêr « -yn » à la fin d'un mot : « n » tombe mais allonge la voyelle précédente. Quand deux « s » se rencontrent, ils se fondent en un seul. Ex : xés + si = xési « tu es ». Quand une occlusive sonore précède une occlusive sourde (p, t, k, kw, ky), elle devient sourde à son tour ; ex : yug + tos = yuktos Quand un dentale (d, t, dh) précède une occlusive, quelle qu'elle soit, on intercale « $ » entre les deux. Cette sifflante ne compte pas comme phonème ; c'est la conséquence « technique » inévitable (sifflement) entre deux occlusives. Cependant, si la première syllabe devient longue à cause de cet ajout, on supprime alors l'occlusive du premier morphème pour rétablir la qualité de syllabe courte. Exemples : wid + tos = wid$tos [wid-tos] (« su ») woyd + tje = woid$tje [woyd-tje] (la première syllabe était déjà longue) (« tu sais ») med + trom = metrom ; *med$trom = medt-rom, la première syllabe aurait été allongée. (« mesure ») Sed + uploads/Litterature/ grammaire-de-proto-indo-europeen.pdf

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