U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L L E S , U N I V E R S I T É D ' E

U N I V E R S I T É L I B R E D E B R U X E L L E S , U N I V E R S I T É D ' E U R O P E DIGITHÈQUE Université libre de Bruxelles ___________________________ Revue de l’Université de Bruxelles, 1984/4-5, Bruxelles : Université Libre de Bruxelles, 1984. http://digistore.bib.ulb.ac.be/2011/DL2503255_1984_4_5_000.pdf ___________________________ Cette œuvre littéraire est soumise à la législation belge en matière de droit d’auteur. Elle a été publiée par l’Université Libre de Bruxelles et numérisée par les Archives & Bibliothèques de l’ULB. Tout titulaire de droits sur l’œuvre ou sur une partie de l’œuvre ici reproduite qui s’opposerait à sa mise en ligne est invité à prendre contact avec la Digithèque de façon à régulariser la situation (email : bibdir(at)ulb.ac.be) . Les règles d’utilisation de la présente copie numérique de cette œuvre sont visibles sur la dernière page de ce document. L'ensemble des documents numérisés mis à disposition par les Archives & Bibliothèques de l'ULB sont accessibles à partir du site http://digitheque.ulb.ac.be/ br revue de l "université de bruxelles 1984/4-5 comité de rédaction de la revue de l'université directeur Jacques Sojcher comité de rédaction Paul Bertelson, Jean BlankofT, Jean-Pierre Boon, Gilbert Debusscher, Jacques Devooght, Jean-Christophe Geluck, Michel Hanotiau, Hervé Hasquin, Robert Pirson, Ernest- Alfred Sand, Christian Vandecasserie, Pierre Van der Vorst. secrétaire de rédaction Adolphe Nysenho1c rédaction Rue du Magistrat, 10 1050 Bruxelles Belgique Tél. 02/649.93.31 secrétariat Avenue Paul Héger, 26, 1050 Bruxelles Belgique Tél. 02/649.00.30 ext. 3799 Revue publiée avec raide du Ministère de l'Éducation Nationale Les articles n'engagent que leurs auteurs. © 1984 by Éditions de l'Université de Bruxelles. Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays. Imprimé en Belgique. Le naturalisme et les lettres françaises de Belgique numéro composé par Paul DELSEMME Raymond TROUSSON L avant-propos Ayant mis à son programme la publication d'une Histoire comparée des littératures de langues européennes, l'Association internationale de littérature comparée (A.I.L.C'), en 1976, confia le soin de préparer le volume sur l'époque naturaliste à l'équipe de chercheurs polonais conduite par Mme Janina Kulczycka-Saloni, professeur à l'Université de Varsovie. Sa lourde tâche préliminaire terminée, ce groupe de travail organisa à Varsovie, les 5 et 6 octobre 1979, une réunion des spécialistes du mouvement naturaliste dans différents pays. Les participants, parmi lesquels se trouvait Paul Delsemme, professeur à ru niversité libre de Bruxelles, désignèrent J anina Kulczycka-Saloni, Halina Suwala et Yves Chevrel, alors professeur à l'Université de Nantes, comme membres du comité de rédaction, chargé en particulier d'élaborer une «grille de recherche» suggérant aux collaborateurs les problèmes à traiter et assurant le caractère comparatiste de l'entreprise. Conçue avec soin et intelligence, la «grille» souhaitée fut adressée en juillet 1981 à trente-six chercheurs et, dès l'année suivante. le Département de littérature générale et comparée de l'Université de Nantes se prépara à recevoir les spécialistes intéressés par le projet. Le colloque international, prévu pour avril 1982 mais retardé par l'arrestation en Pologne de Halina Suwala. la principale inspiratrice de la «grille», se tint à l'Université de Nantes les 21, 22 et 23 septembre 1982. Le changement de date réduisit le nombre des participants. comme le montrent les actes publiés en 1983 (1). La Belgique (1) Le naturalisme dans les littératures de langues européennes. Actes du Colloque international tenu à l'Université de Nantes, 21-23 septembre 1982, présentés par Yves Chevrel. Nantes, Université de Nantes, 1983. (<<Textes et langages», VIII). - Cette publication reproduit in extenso (pp. 11-42) la «grille pour l'étude du naturalisme». 5 francophone ne put prendre part à la discussion ; mais elle n'était pas restée inactive. Dès la réception de la «grille», Paul Delsemme et Raymond Trousson avaient envisagé de réunir, dans une livraison de la Revue de l'Université de Bruxelles, un ensemble d'études couvrant la production naturaliste dans les lettres françaises de Belgique. Grâce au concours de chercheurs issus de l'Université libre de Bruxelles, auxquels se sont joints Michel Otten, professeur à ru niversité catholique de Louvain, et Christian Berg, professeur aux Universitaire Instellingen Antwerpen, ils sont en mesure d'offrir ici une contribution, qu'ils espèrent valable, au beau projet de rA.I.L.C. 6 Paul Delsemme le mouvement naturaliste dans le cadre des relations littéraires entre la france et la belgique francophone Si Gustave Vanwelkenhuyzen était encore de ce monde, c'est à lui qu'il appartiendrait de résumer ici les relations entre les écrivains français et les écrivains belges de langue française à J'époque naturaliste. Ce fut J'objet principal de ses patientes et fructueuses recherches pendant un demi-siècle. Notre exposé se bornera, pour l'essentiel, à exploiter les résultats de sa prospection méthodique et de sa réflexion judicieuse. Allant au fond des choses, Gustave Vanwelken- huyzen nous a légué une documentation impeccable (1). Il est remarquable que L 'fI~fluence du naturalisme français en Belgique de 1875 à 1900, son opus nO 1, publié en 1930, offrait déjà, comme ses travaux ultérieurs, l'heureux alliage de l'érudition minutieuse et de l'esprit de synthèse. RENAISSANCE LITTÉRAIRE ET NATURALISME Cet ouvrage fondamental a montré que le naturalisme français s'introduisit en Belgique à l'époque où Camille Lemonnier (1 844-1913) et quelques revues d'avant-garde, L'Art universel (1873-1876), L'Actualité à travers le monde et l'art (1876-1877) et L'Artiste (1875- 1880), tentaient d'arracher le pays à son apathie intellectuelle, de gagner l'élite au modernisme artistique et de susciter une littérature originale. Venu de France où il n'avait pas fini de lutter pour son existence, le naturalisme contribua à la renaissance des lettres françaises de Belgique (1) Voir la bibliographie des travaux de Gustave Vanwelkenhuyzen par René FAYT dans Regards sur les lettres françaises de Belgique. Études dédiées à la mémoire de Gustave Vanwelkenhuyzen et publiées par Paul Delsemme, Roland Mortier et Jacques Detemmerman. Bruxelles, André De Rache, 1976 (pp. 13-26). 7 par l'effet de choc qu'il produisit et les controverses qu'il souleva. Toutefois, lorsque, après 1880, la génération de Max Waller (I860- 1889) et d'Albert Giraud (I 860-1929), de Maurice Maeterlinck (1862- 1949) et d'Albert Mockel (I 866-1945) porta à son apogée l'effort des pionniers, le rôle joué par le naturalisme à l'heure des manifestations initiales n'incita pas les nouveaux venus à se ranger en bloc derrière Zola et ses émules. Fondée le 1 er décembre 1881 (sous un titre qui faisait allusion simultanément à la bohème de 1830 et à La Jeune France, la publication parisienne à laquelle avait collaboré Georges Rodenbach), La Jeune Belgique chercha à concilier les diverses tendances de son équipe en refusant toute obédience: <<La Jeune Belgique ne sera d'aucune école. Nous estimons que tous les genres sont bons s'ils restent dans la modération nécessaire et s'ils ont de réels talents pour les interpréten>. En vérité, cet éclectisme n'était que de façade. La majorité des Jeune-Belgique inclinait vers la théorie de l'art pour l'art et la technique parnassienne; elle s'opposait à L ~ rt moderne, fondé le 1 er mars 1881 par l'avocat Edmond Picard (I 836-1924), qui œuvrait, lui aussi, pour la renaissance littéraire, mais pour autant qu'elle se vouât à l'art social et aboutît à une littérature spécifiquement nationale, expression de l'«âme belge» dont le fougueux juriste allait proclamer l'existence urbi et orbi (2). Quelques années plus tard, en 1886, Albert Mockellançait à Liège La Wallonie, placée d'emblée sous les auspices du symbolisme naissant et largement ouverte aux poètes français. Par son pluralisme, le mouvement rénovateur des années 1880 manifestait sa puissance, révélait son ampleur; le climat polémique qu'engendrait la diversité était le prix que l'action collective devait payer à la passion idéologique des individus. La fraction naturaliste du mouvement était constituée par ceux qui, à l'exemple de Camille Lemonnier, de Théo Hannon et de Georges Eekhoud, sympathisaient déjà avec Zola et ses féaux au cours de la décennie précédente et par ceux qui, tels Henri Nizet et Hubert Krains, subirent plus tard l'influence de récole de Médan. Quel que fût le moment de leur option, les écrivains belges séduits par les conceptions naturalistes y souscrivirent sous bénéfice d'inventaire, avec une (2) Voir Robert GIl..50UL, La Théorie de l'art pour l'art chez les écrivains belges de 1830 à nos jours. Bruxelles, Palais des Académies, 1936, et François VERMEULEN, Edmond Picard et le réveil des lettres belges. 1881-1888. Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1935. 8 indépendance où se reconnaissait leur adhésion au principe qui, par delà les divergences, scellait l'union des ouvriers du renouveau: l'absolue nécessité d'une expression personnelle, libérée des poncifs, des contraintes académiques. C'était le sens de la devise des Jeune- Belgique: «Soyons nous». Comme ra observé Roger Ikor : «Le Naturalisme est à la fois une école littéraire et un état d'esprit» (3). Quoi qu'en ait dit la critique superficielle ou malveillante, les naturalistes belges refusèrent d'être les pieux épigones de récole de Médan, Camille Lemonnier ne fut pas «un Zola belge». Mais ils s'inspirérent de l'esprit naturaliste: fidélité au réel, accueilli, recueilli sous tous ses aspects, au mépris des préjugés et des tabous. Cette attitude intellectuelle, qui peut faire scandale, réclame parfois du courage. Dans la pratique, elle entraîne le recours aux conceptions et aux uploads/Litterature/ hannon-pdf.pdf

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