NOUVELLE ECONOMIE DES SERVICES ET INNOVATION Collection Économie et Innovation

NOUVELLE ECONOMIE DES SERVICES ET INNOVATION Collection Économie et Innovation dirigée par Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis Dans cette collection sont publiés des ouvrages d'économie industrielle, financière et du travail et de sociologie économique qui mettent l'accent sur les transformations économiques et sociales suite à l'introduction de nouvelles techniques et méthodes de production. L'innovation se confond avec la nouveauté marchande et touche le cœur même des rapports sociaux et de leurs représentations institutionnelles. Ces ouvrages s'adressent aux étudiants de troisième cycle, aux chercheurs et enseignants chercheurs. Les séries Krisis, Clichés et Cours Principaux font partie de la collection. La série Krisis a été créée pour faciliter la lecture historique des problèmes économiques et sociaux d'aujourd'hui liés aux métamorphoses de l'organisation industrielle et du travail. Elle comprend la réédition d'ouvrages anciens, de compilations de textes autour des mêmes questions et des ouvrages d'histoire de la pensée et des faits économiques. La série Clichés a été créée pour fixer les impressions du monde économique. Les ouvrages contiennent photos et texte pour faire ressortir les caractéristiques d'une situation donnée. Le premier thème directeur est: mémoire et actualité du travail et de l'industrie; le second: histoire et impacts économiques et sociaux des innovations (responsable: Blandine Laperche). La série Cours Principaux comprend des ouvrages simples et fondamentaux qui s'adressent aux étudiants des premiers et deuxièmes cycles universitaires en économie, sociologie, droit, et gestion. Son principe de base est l'application du vieil adage chinois: « le plus long voyage commence par le premier pas ». COORDINATION Farida DJELLAL FaÏz GALLOUJ NOUVELLE ECONOMIE DES SERVICES ET INNOVATION INNOV AL 21, Quai de la Citadelle 59140 Dunkerque, France L'Harmattan 5-7, rue de l'École-Polytechnique 75005 Paris FRANCE L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia Hargita u. 3 Via Bava, 37 1026 Budapest 10214 Torino HONGRIE ITALlE Remerciements Plusieurs personnes ont contribué, de différentes manières, en fonction de leur spécialité, à la réalisation matérielle de cet ouvrage. Nous voudrions leur témoigner notre amitié et rendre hommage à leur professionnalisme. Il s'agit de Jean-Luc Kedzir (reprographie), Marianne Kleim (gestion), Dominique Maertens (reprographie), Kourosh Saljoghi (informatique), Véronique Testelin (composition), Younès Tiouassiouine (documentation). Les auteurs André Barcet, Maître de conférences en économie à l'Univer- sité de Lyon 2. Joël Bonarny, Chargé de recherche CNRS au GATE, Univer- sité de Lyon 2. Jocelyne Barreau, Professeur d'économie à l'Université de Rennes 2. Faridah Djellal, Maître de conférences en économie à l'Uni- versité de Lille 1. Quynh Delaunay, Chercheur au laboratoire «sociologie du travail» du CNAM, Paris. FaÏz Gallouj, Professeur en économie à l'Université de Lille 1. Carnal Gallouj, Maître de conférences en économie à l'Uni- versité de Lille 1. Abdelillah Harndouch, Maître de conférences en économie à l'Université de Lille 1. Johan Hauknes, Directeur de recherche, STEP Group, Oslo (Norvège). François Horn, Maître de conférences en économie à l'Uni- versité de Lille 3. Bénédicte Lapassousse, Maître de conférences en gestion à l'Université Montesquieu, Bordeaux IV. Marie-Christine Monnoyer, Professeur de gestion à l'IAE, Université de Toulouse I. David Nahon, Chargé de recherche à l'INRA, Paris-Grignon. Jacques Nefussi, Chargé de recherche àl'INRA, Paris-Grignon. Esther Sarnuelides, Allocataire de recherche à l'université de Paris 1. @L'Hannatlan,2002 ISBN: 2-7475-3069-8 INTRODUCTION GÉNÉRALE: HISSER LA QUESTION DE L'INNOVATION DANS LES SERVICES HORS DE LA « TRAPPE DE COMPÉTENCES » Faridah Djellal et Faïz Gallouj Il y a maintenant près de soixante-dix ans que la France a atteint ce que Jean et Jacqueline Fourastié (1989) ont intitulé « le point des trois tiers» (c'est-à-dire le moment où l'industrie, l'agriculture et les services ont commencé à représenter chacun un tiers de l'économie française), et près de trois décennies qu'elle a amorcé son processus de désindustrialisation des em- plois. Le premier tournant a été atteint, il y a bien plus long- temps enc9re, dans d'autres pays (1810 en Grande-Bretagne, 1910 aux Etats-Unis) et le second en 1950 et 1955, respective- ment pour chacun de ces pays. La littérature économique et sociologique consacrée aux ser- vices a été dominée pendant longtemps par un débat relative- ment manichéen qui a opposé les tenants des thèses post- industrielles (la société de service traduit un progrès socioéco- nomique) aux tenants beaucoup plus nombreux des thèses néo- industrielles (la montée des services est une pathologie). Ce dé- bat a longtemps consacré la suprématie de ces dernières. Les conceptions néo-industrielles relayées par certains pouvoirs po- litiques trouvaient une certaine légitimité théorique dans les thèses des fondateurs de l'économie politique (en particulier, Adam Smith pour qui les services sont improductifs puisqu'ils s'évanouissent au moment de leur production) et une illustra- tion empirique ou une preuve dans la crise économique née dans les années soixante-dix. Ces thèses sont par ailleurs confortées par le score relativement faible réalisé par les servi- ces dans un certain nombre de variables économiques centra- les: faible productivité, faible qualification de la force de tra- vail, faible effort de R-D et d'innovation. Ce débat a occulté une réflexion plus sereine sur la nature profonde des services, et sur l'inaptitude d'appareillages analytiques hérités d'une tradi- tion industrielle et agricole à rendre compte des spécificités des servIces. Les économies contemporaines sont désormais irrémédia- blement des économies de service. Plus personne ne le contes- te. Ce n'est ni un bien, ni un mal. C'est un fait statistique, une réalité socio-économique fondamentale, qui s'impose à toutes les économies développées. Les performances de nos écono- mies de services ne sont pas nécessairement mauvaises. Elles sont comme celles des élèves surdoués dans le système scolaire. Elles échappent en partie aux outils de mesure traditionnels. Ainsi, comme l'analyse Gadrey (1996), la productivité n'est peut-être pas aussi faible qu'on le croit, dans les services, elle est tout simplement mal mesurée. Le paradoxe de Solow traduit ainsi non pas une stagnation de la productivité, mais une sta- gnation de l'acuité de nos outils de mesure de la productivité. Nos appareillages analytiques subissent les mêmes irréversibi- lités ou lock-in que celles fort bien décrites par la théorie évo- lutionniste du changement technique (David, 1985). Une autre formule tout aussi évocatrice est utilisée par les théoriciens de l'organisation: celle de «trappe de compétences» (Levitt et March, 1988), qui traduit l'idée que la spécialisation d'une en- treprise dans un produit donné et son succès l'empêchent de re- noncer à ce produit pour d'autres lorsque cela s'avère néces- saIre. La question de l'innovation dans les services est longtemps restée enfermée dans une telle « trappe» de compétences, l' éco- nomiste s'évertuant à appliquer les catégories analytiques dis- ponibles qui ont fait leur preuve et qui sont même institutionna- lisées dans les indicateurs des organisations de statistiques na- tionales et internationales. Malgré l'horizon ouvert par les thè- ses schumpeteriennes dès le début du vingtième siècle, la théo- rie économique s'est ainsi développée en privilégiant l'innova- tion de process associée à des systèmes techniques (celle dont le concept de fonction de production était en mesure de rendre compte). Les systèmes techniques étant produits dans le secteur industriel, l'innovation dans les services a longtemps été réduite à la question de l'adoption de ces systèmes techniques par les firmes de service et à l'examen de leurs conséquences sur des variables économiques comme la productivité, l'emploi, les qualifications, l'organisation du travail, l'échange, la qualité. 8 Dans une telle perspective, tout se passe comme si les éco- nomies contemporaines étaient reconnues comme étant à la fois des économies de service et des économies de l'innovation (dont on dit parfois qu'elle est permanente) sans véritablement pouvoir prétendre être des économies de l'innovation dans les services. Autrement dit, s'ils coexistent, les deux phénomènes majeurs de nos économies développées s'ignorent pour l'essen- tiel. La sortie de cette « trappe» est en cours de réalisation. Elle s'effectue selon au moins cinq directions ou programmes de re- cherche: 1) Un processus d'endogénéisation des nouvelles technolo- gies dans les services. Ce programme de recherche prolonge les approches initiales en termes d'impact (des NTIC sur les servi- ces). Il permet d'enrichir fondamentalement la question du lien entre les services et les nouvelles technologies. En effet, les services ne sont plus considérés comme se contentant d'adopter ces NTIC. Ils jouent un rôle de plus en plus actif dans leur pro- duction et leur diffusion; et l'innovation de service apparaît souvent comme une catégorie hybride associant des NTIC et une activité d'ingénierie organisationnelle, c'est-à-dire de con- ception développement de formules organisationnelles. 2) Un programme de recherche des spécificités de l'innova- tion dans les services. L'accent a été mis ici tout naturellement sur les spécificités de la nature de l'innovation. Cette spécificité de nature peut être approchée de manière déductive ou induc- tive. En effet, les caractéristiques théoriques des services (en particulier, leur immatérialité, leur interactivité, etc.) sont des idéaux-types qui permettent de formuler un certain nombre d'hypothèses sur les spécificités de l'innovation dans les servi- ces. Ainsi, en se contentant de ce seul cas (mais le tableau 1 en illustre d'autres), le caractère flou et « dynamique» de l'output entraîne un brouillage des frontières entre les différentes caté- gories analytiques habituelles (produit, process, organisa- tion.. .), des difficultés de dénombrement, des difficultés d'éva- luation des impacts économiques de l'innovation. Il uploads/Litterature/ nouvelle-economie-des-services-et-innovation-by-farida-djellal-faiz-gallouj-z-lib-org-copie.pdf

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