Le Moyen Âge Au Moyen Âge, le livre comme nous le connaissons aujourd'hui n'exi
Le Moyen Âge Au Moyen Âge, le livre comme nous le connaissons aujourd'hui n'existe pas. D'ailleurs, fort peu de gens, à part les clercs, savent alors lire et écrire. La littérature, en ce temps, est principalement orale, c'est-à-dire qu'elle est racontée par les troubadours ou les trouvères. Les gens, réunis dans la cour du château, écoutent les contes des jongleurs. Le jongleur est celui qui plaisante (joculari, en latin) et qui bavarde (jangler, en latin). Sa mémoire exceptionnelle lui permet de se rappeler les centaines, voire les milliers de vers des divers récits que le peuple aime à entendre - c'est, d'ailleurs, la rime qui lui permet de retenir le texte, qu'il modifie souvent à son gré. Il mime pour eux divers passage, il rend le texte « vivant ». Il faut comprendre que c'est le passage l'« oralité » à l'écriture qui permet aux œuvres de durer, et qui donnent vraiment leurs lettres de noblesse aux auteurs, qui acquièrent le véritable statut d'écrivain. Même si les genres littéraires ne sont pas encore vraiment codifiés, les auteurs apportent une grande attention à la forme de leurs écrits. Il est important pour eux de suivre la tradition, sans chercher l'originalité. D'ailleurs, l'anonymat est la règle d'or pour les écrivains du Moyen Âge. Ils n'essaient pas de se démarquer, mais d'intégrer au mieux la tradition, de réécrire des textes antérieurs, d'en rassembler des éléments épars. L'auteur au Moyen Âge se considère comme un traducteur ou un continuateur plutôt que comme un créateur. La notion de « propriété littéraire » ou de « propriété intellectuelle » n'existe pas. Le texte n'appartient pas à un auteur et il est normal de s'en servir, de le plagier, de le remanier, de le poursuivre ou d'en changer le début. Miniature, XIIIe siècle Beauvais copiste, détail C'est à partir du XIIIe siècle qu'apparaîtra peu à peu la notion d'écrivain. En effet, le développement des villes permet à la vie culturelle de s'épanouir. Grâce à la protection d'un seigneur, l'écrivain peut bénéficier d'un gîte et de subsides, en même temps que d'un public attentif et cultivé. Il écrit donc pour eux des textes susceptibles de leur plaire. En effet, au XIIIe siècle, l'activité littéraire ne peut être envisagée hors du mécénat. L'écrivain est nécessairement au service d'un prince ou d'un puissant, et exécute pour eux des commandes. En échange de ses productions, il reçoit la protection qui lui permet de vivre à l'abri du besoin. C'est ainsi que l'écrivain est appelé à jouer un grand rôle dans le divertissement des cours aristocratiques, où le public féminin occupe alors une place de choix. Ce sont d'ailleurs surtout des femmes qui ont fait le succès de la littérature romanesque au XIIe siècle. On comprend mieux alors le rôle joué par les dynasties dont les romans sont remplis. Ces très grands seigneurs ne sont ni frustes ni incultes. Ils se piquent d'élégance, de belles manières et de beau langage. De plus en plus, les puissants s'entourent de lettrés dont ils font leurs hagiographes ou leurs écrivains attitrés. Chanson de geste Dès le XIe siècle, des poèmes, les chansons de geste, racontent les aventures de chevaliers pendant des événements historiques remontant aux siècles antérieurs (gesta, en latin, signifie « action » ou « fait exceptionnel »). Mais c’est bien l’idéal de la société féodale qui est en fait mis en scène : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant : méprisant la fatigue, la peur, le danger, il est irrémédiablement fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre, il est fier de ses exploits guerriers. La femme n’a pas de place dans cet univers. Il faut savoir qu’à compter du XIe siècle, époque animée d’une très grande ferveur religieuse, les seigneurs féodaux entreprennent de grandes expéditions militaires en Terre sainte pour libérer le tombeau du Christ des mains de l’envahisseur musulman. Ce sont les croisades. En même temps qu’elles affermissent le régime féodal et consacrent le prestige de la classe aristocratique, les croisades engendrent un idéal humain : celui du chevalier croisé (« qui prend la croix »), sans peur et sans reproche. Le preux chevalier est un modèle de toutes les vertus : homme d’une générosité sans limites, il se montre vaillant au combat, loyal à son seigneur, à sa patrie et à son Dieu. Le sens de l’honneur lui importe autant que sa vie (du moins, c’est ce que la légende a retenu ; en réalité, ces expéditions furent également l’occasion de libérer, avec la bénédiction de l’Église, des instincts guerriers, de pillage et de tuerie). Les chansons de geste sont ainsi l’expression littéraire de ces entreprises autant militaires que religieuses. Ce genre littéraire est typiquement médiéval. L’analyse psychologique y importe bien moins que l’exaltation nationale. C’est l’histoire revue et corrigée par la légende et le merveilleux. Les récits aiment exagérer les faits d’arme accomplis. Prouesses physiques, exploits extraordinaires, luttes merveilleuses et parfois même affrontements téméraires contre des monstres et des forces maléfiques mettent en valeur les chevaliers, symboles du bien. Les qualités du héros sont encore magnifiées lorsqu’elles sont mises au service de Dieu, suzerain suprême. D’ailleurs, afin de mettre davantage en relief les qualités exceptionnelles du héros épique, on l’oppose régulièrement à un antagoniste, félon et traître – le félon suprême étant celui qui refuse de se soumettre à Dieu, plus grand des souverains : le musulman, ou Sarrasin (ou Infidèle). Les chansons de geste sont écrites en vers et sont divisées en strophes de longueur variable, qu’on appelle laisses. Les vers ne riment pas : ils sont plutôt construit sur l’assonance, qui est la répétition de la dernière voyelle accentuée du mot (par exemple : mal / face ; la première laisse de la Chanson de Roland se termine avec les mots : magnes / Espaigne / altaigne / remaigne / fraindre / muntaigne / aimet / recleimet / ateignet). Ces assonances contentent le sens musical d’un public qui ne lit pas, mais entend déclamer le récit en même temps qu’elles permettent au conteur de se rappeler le vers suivant. Le courant épique : • présente des caractères stéréotypés : monde divisé entre le bien et le mal, qui s’opposent ; • évoque des temps où se déploie une énergie conquérante (mais apparaît plusieurs siècles après – jamais contemporain de l’événement) ; • se lie à une société féodale ; • a un caractère fortement national ; • présente une galerie de conduites exemplaires ; • interprète l’événement par le mythe. La chanson de geste est l’incarnation française du poème épique. • Elle est écrite en vers, divisés en laisses. • Elle est toujours plus ou moins liée à Charlemagne. • Elle valorise la vie militaire par : o l’apologie de la force physique, des exploits ; o l’apologie de la bravoure, de la hardiesse ; o l’apologie de la loyauté au suzerain ; o une condamnation parallèle du félon, de l’Infidèle • Elle développe peu la psychologie des personnages. Anthologie et Courants épique et courtois, Cégep de Lévis-Lauzon, 1995. Charlemagne retrouve le corps de Roland Chanson de Roland La Chanson de Roland est la plus célèbre des chansons de geste. Créée à la fin du XIe siècle par un poète anonyme – que certains croient être Turolde, dont on peut lire le nom dans la dernière laisse du poème –, elle raconte, en l’amplifiant et le dramatisant, un épisode des guerres menées par Charlemagne contre les Sarrasins : la désastreuse bataille qui se serait déroulée à Roncevaux. Résumé : Charlemagne fait la guerre en Espagne depuis sept ans. Il rentre en France après avoir soumis Pampelune, mais il a été trahi par un de ses barons, Ganelon. Au passage de Roncevaux, le traître le convainc de placer Roland à la tête de l’arrière-garde. Onze autres barons se joignent à Roland, qui se choisissent seulement 20 000 chevaliers – pour s’opposer aux 100 000 Sarrasins qui vont les attaquer. Avant la bataille, Olivier, son meilleur ami, tente de convaincre Roland d’appeler Charlemagne à la rescousse, mais il refuse, par orgueil. Tout le monde mourra, les 100 000 Sarrasins et les 20 000 Français. Roland meurt le dernier, juste avant l’arrivée de Charlemagne, qui anéantit le reste de l’armée sarrasine (de 300 000 hommes). L’archange Gabriel emporte l’âme de Roland au paradis. Textes : La Chanson de Roland Le Roman Genre littéraire le plus connu aujourd’hui, le roman est né au Moyen Âge. Au XIIe siècle, le roman est écrit… en vers – comme la majorité des œuvres littéraires. Roman veut alors dire écrit en langue romane (en langue vulgaire, en français), par opposition au latin, qui est la langue des érudits. Ce n’est qu’au XIVe siècle qu’apparaît le roman en prose. L'expression « mettre en roman » est utilisée, vers 1150, pour désigner des récits adaptés des textes latins, pratique alors courante. Cette traduction (ou translatio) est en général une adaptation plus ou moins éloignée uploads/Litterature/ histoire-de-la-litterature-francaise 1 .pdf
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- Publié le Mai 28, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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