1 Histoire de Sehfeld Un faiseur d'or heureux au milieu du XVIIIème siècle arti
1 Histoire de Sehfeld Un faiseur d'or heureux au milieu du XVIIIème siècle article de Bernard Husson (1963) © France-Spiritualités Cet article a paru originellement dans les N° 56 (Janvier-Mars 1963) et 57 (Avril-Juin 1963) de la revue Initiation et Science. Il a été ressaisi et corrigé par France-Spiritualités. Lorsque Sehfeld, après une absence de huit ou dix années à l'étranger, revint en Autriche, il choisit comme lieu de séjour la petite localité de Rodaun, à deux heures de Vienne, afin d'y vivre dans le calme et d'y faire de l'or. Ce village de Rodaun est dans un site très riant et possède une source thermale, qui jaillit froide et que l'on doit chauffer pour s'y baigner, comme c'est le cas pour les bains de Lauch et d'autres stations thermales. On y a construit un grand établissement thermal pour ceux qui veulent prendre des bains, et le bâtiment se trouve dans un agréable vallon. C'est cette demeure que choisit Sehfeld pour y faire son séjour. Son propriétaire s'appelait Friedrich, et comme il cumulait la gérance de l'établissement et la surveillance des bains, on l'appelait le maître baigneur. Il avait une femme et trois filles adultes, et toute la famille jouissait d'une excellente réputation aux alentours. Quand Sehfeld eut pris les eaux à cet endroit, qu'il y eut séjourné quelques semaines, il s'y plut fort. Se confiant alors au maître baigneur Friedrich, il s'en acquit à la fois la considération et la reconnaissance lorsqu'en sa présence il transmua une livre d'étain en or pur, que Friedrich alla lui-même porter à la Monnaie où, après l'avoir soumis à l'essai, on lui confirma que c'était de l'or le plus fin qu'on lui acheta séance tenante. Sehfeld déclara au maître baigneur qu'il voulait séjourner chez lui, que son hôte en tirerait de grands avantages pourvu seulement qu'il gardât le secret et qu'il lui procurât discrètement des creusets et autres ustensiles chimiques. Comme on peut penser, un tel pensionnaire ne fut pas congédié. Toute la famille considéra la présence de cet homme dans sa demeure comme une chance insigne, d'autant plus que la mère et les filles furent bientôt témoins des transmutations d'étain en or. Toutefois et peut-être parce qu'il est impossible à l'homme ordinaire de taire un bonheur extraordinaire, les femmes de cette famille se vantèrent probablement de leur chance à de bonnes amies, et ces confidences furent à l'origine de tous les événements ultérieurs. Une rumeur se propagea à Rodaun. On disait que la police projetait de se saisir de Sehfeld. Comme cela fut répété à la famille du maître baigneur, le danger d'arrestation à laquelle les autorités ne songeaient sans doute aucunement, et la menace grossie par de nombreuses personnes finit par inquiéter Sehfeld, qui se préoccupa de sa sécurité. Cependant, comme il se plaisait fort en cette demeure, et qu'il lui coûtait beaucoup de la quitter, il résolut de faire demander, par l'entremise de tierces personnes, un sauf conduit à Sa Majesté l'Empereur. Dans sa requête, il déclarait qu'il s'occupait à la préparation de colorants artificiels de grande valeur, de médicaments coûteux destinés à l'exportation, qui lui fournissaient de gros revenus, mais que, désirant vivre dans le calme et ne pas être importuné par les conséquences de fausses rumeurs, il désirait obtenir la protection des autorités moyennant une forte redevance annuelle qu'il offrait de verser régulièrement. Je n'ai pu connaître exactement le montant de la redevance qu'il se proposait de payer. Certains hauts fonctionnaires dignes de créances et encore vivants m'ont déclaré qu'il avait promis de verser mensuellement 30.000 florins et qu'effectivement il les avait ponctuellement réglés tant qu'on l'avait laissé tranquille. Toutefois, d'autres personnes également dignes de confiance ont affirmé qu'il n'avait promis que 30.000 florins par an et qu'il les réglait par mensualités. La famille Friedrich ne put me fournir aucune confirmation à ce sujet quoiqu'elle m'ait raconté très minutieusement toutes les circonstances de l'affaire. Sehfeld leur avait en effet seulement montré le sauf conduit sans leur en lire les stipulations, et ajoutant que désormais il n'avait plus rien à craindre. Il est probable que sa confiance envers la famille Friedrich commençait à diminuer et qu'il se rendait compte qu'il l'avait assez mal placée. Quoiqu'il en soit, Sehfeld vécut quelques mois en toute quiétude en cet agréable site, et y fit beaucoup d'or. Il opérait ses transmutations au moins deux fois par semaine, et la femme de Friedrich, à présent veuve, qui me l'a raconté, était chaque fois présentes avec ses filles. Il utilisait toujours de l'étain comme métal à transmuer. Ces femmes m'ont raconté que lorsque l'étain se trouvait fondu, Sehfeld projetait une poudre rouge dessus. Une écume d'une couleur irisée se formait alors à la surface du bain et atteignait la hauteur de la main. Cette effervescence durait environ un quart d'heure, et durant tout ce temps le métal était le siège d'une agitation intense. Puis l'écume se déposait, tout redevenait tranquille et c'était alors de l'or le plus pur. Ces gens se faisaient toutes sortes d'idées à propos de Sehfeld. Ils s'étaient figuré qu'il avait connaissance de ce qui se passait durant son absence, et aussi que la transmutation ne s'opérait que sous l'influence de sa volonté propre. Il leur avait en effet donné un peu de sa poudre tingeante, comme un puissant remède en cas de maladie grave. Mais ils étaient bien trop curieux pour ne pas vouloir en essayer le pouvoir transmutatoire. Un jour qu'il était allé à Vienne, ils résolurent de faire de l'or en son absence. Ils mirent de l'étain à fondre et projetèrent de leur poudre dessus, mais elle resta à la surface du bain sans le pénétrer et sans causer ni écume ni transmutation. Malgré tous les soins qu'ils prirent pour effacer les traces de leur tentative, Sehfeld s'aperçut 2 pourtant dès son retour qu'en son absence on avait travaillé dans le local où il avait ses instruments. On le lui avoua et il parut se rendre aux instantes prières qu'on lui adressait de savoir accomplir la transmutation en son absence. On fit alors fondre de l'étain et il demeura dans une pièce voisine. Au début, la poudre ne voulait pas pénétrer et on alla l'en informer. Il sourit et leur dit de retourner voir, et qu'alors la transmutation s'accomplirait.. A peine avaient ils franchi le seuil du local que le champignon se manifesta, et la transmutation concomitante. C'est cette circonstance qui était à l'origine de leurs idées au sujet de ses pouvoirs. Ils étaient cependant bien éloignés de le prendre pour un sorcier. Sans doute avait-il, avant son départ pour Vienne, fait certaines marques à ses ustensiles dans le but de reconnaître si on s'en était servi durant son absence. Quant à ce que la poudre n'avait point d'ingrès pendant qu'il était absent ou dans la pièce voisine, cela s'explique aisément par le fait qu'il ne leur avait pas donné celle avec laquelle il effectuait ses transmutations, et qu'à son retour il avait discrètement mêlé cette dernière à l'autre, ce qui explique aussi le délai de son action, calculé pour coïncider avec celui de sa réapparition dans la pièce. La quiétude dont Sehfeld jouissait en cet endroit ne dura que quelques mois. Ses ennemis travaillaient secrètement à sa perte, et s'y prirent si bien qu'ils parvinrent à réaliser leurs desseins. De toute façon, l'attention était à présent attirée sur Sehfeld, et ce n'étaient pas les grandes quantités d'or qu'il vendait à la Monnaie ou aux Juifs qui pouvaient la faire diminuer. Au moment où il s'y attendait le moins, l'établissement de bains fut cerné de nuit par un détachement de gendarmerie appelé la Rumorwacht, venu de Vienne. Sehfeld fut arrêté et emmené. La famille Friedrich m'a affirmé qu'au moment de son arrestation, il avait huit livres d'or en sa possession. Cependant, comme le Procès-Verbal de son arrestation est muet sur ce point, on peut conjecturer que cet or lui fut dérobé en cours de route par les valets de l'escorte, à moins que Sehfeld n'ait jugé plus opportun de s'en débarrasser discrètement durant le trajet. On l'interrogea tant sur ses agissements passés et sur l'abus de confiance dont il était accusé par ses bailleurs de fonds que sur ses activités présentes. Des personnages très hauts placés dans l'Administration m'ont assuré qu'on l'avait fort maltraité durant sa captivité à Vienne, qu'on l'aurait même inhumainement frappé afin de lui extorquer son secret, et qu'il avait alors clamé qu'on pourrait lui couper la tête, voire même lui ôter la vie après mille martyres, mais qu'il ne dirait rien. Cependant, quelque soit le crédit dont jouissent ceux qui relatent ces choses, elles apparaissent bien peu vraisemblables, surtout lorsque l'on connaît Monsieur de Managetta, connu pour son respect de la légalité, qui n'eût point toléré de pareils procédés, et dont il est très improbable qu'ils aient peu être perpétrés à son insu. Au reste, d'autres personnes m'ont affirmé que Sehfeld ne fut soumis à aucun autre traitement que celui prévu par la loi et les règlements en usage à Vienne. L'instruction de l'affaire ne uploads/Litterature/ histoire-de-sehfeld-faiseur-d-x27-or-par-bernard-husson.pdf
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- Publié le Dec 05, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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