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= 00 -CD CD CD Digitized by the Internet Archive in 2009 witii funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/elbostanoujardinOOibnmuoft EL BOSTAN EL BOSTAN OU JARDIN DES BIOGRAPHIES DES SAINTS ET SAVANTS DE TLEMCEN PAR IBN MARYEM ECH-CHERIF EL-MELITY TRADUIT ET ANNOTÉ PAR F. PROVENZALI PROFESSEUR d'arabe AU LYCEE D*0R4N -c4 ALGER IMPRIMERIE ORIENTALE FONTANA FRÈRES & Cie 3, RUE PELISSIER 3 1910 Dt A Monsieur J. D. LUCIANI CONSEILLER DE GOUVERNEMENT DIRECTEUR DES AFFAIRES INDIGENES EN TÉMOIGNAGE DE RESPECTUEUSE GRATITUDE INTRODUCTION Le Bostan contient, par ordre alphabétique, 182 biogpapliies de personnages, presque tous originaires de Tlemcen ou ayant liabité celte ville, qui se sont distingués par leur science ou par leur -piété; ce n'est pas une œuvre originale, mais une compilation extraite de plusieurs auteurs ; il n'en a pas moins le mérite de nous faire connaî- tre l'histoire littéraire et politique du Maghrib du xiii' au xvir siècle, car un grand nombre de personnages qui y sont cités lurent mêlés aux événements politiques de leur pays. C'est lui qui a fourni à l'abbé Barges presque toute la matière de son Complément de l'His- toire des Beni-Zeïijan, et à M. Brosselard la plupart des renseigne- ments dont il s'est servi pour le commentaire historique de ses Ins- criptions arabes de Tlemcen, et de son Mémoire épigraphique et his- torique sur les tombeaux des Emirs Beni-Zeù/an. « Quant au Bostan, dit l'abbé Barges, c'est, sans contredit, un ouvrage d'une grande importance et tout à fait indispensable à l'historien qui voudrait étudier la marche de la civilisation parmi les populations africaines, en constater les progrès, le recul ou la décadence, et se faire une idée juste du génie arabe, de celui de la race d'origine berbère, étu- dier surtout l'esprit de la religion mahoraétane avec ses tendances et ses aspirations. Ce livre porte avec lui sa recommandation et mérite une place dans les collections de manuscrits orientaux. » (1). M. Adrien Delpech en a publié un résumé très succint dans la Reoue africaine (2), et plusieurs auteurs en ont donné des extraits ou l'ont cité dans leurs ouvrages. Les exemplaires en sont très répandus à Tlemcen, malheureusement il n'est pas aisé de se les procurer, car les indigènes les gardent avec un soin jaloux et font les plus grandes dilïicultés pour les communiquer aux Européens ; aussi avais-je eu le dessein de joindre à cette traduction le texte arabe que j'avais établi, il y a plus de dix ans, en collationnant quelques manuscrits avec le Neïl el-ibtihadj , d'Ahmed Baba, d'où la plupart des notices (() Complément de l'Histoire des Ueni-Ze'iyan, p. 476, 477. (2) Année 1883, p. 380 et suivantes. — vm — biographiques du Bostan, ont été tirées; mais ayant appris, au der- nier moment, que M. Ben Cheneb, professeur à la Médersa d'Alger, mettait sous presse une édition du Bostan, j'ai dû y renoncer. M. Ben Cheneb, ayant eu l'obligeance de m'envoyer son texte au fur et à mesure de son impression, j'ai retouché ma traduction pour la mettre d'accord avec lui, mais comme je n'en ai pas toujours admis les leçons, elle renferme encore quelques divergences, d'ailleurs peu nombreuses et sans grande importance. Nous n'avons d'autres renseignements biographiques sur l'auteur du Bostan, Ibn Mariem, que ceux qu'il fournit lui-même dans son propre ouvrage. Nous savons donc qu'il naquit à Tlemcen, où son père était instituteur ; qu'après la mort de celui-ci, survenue le jeudi 13 Safar 985 (2 mai 1577), il lui succéda dans son école; qu'il avait fait ses études sous la direction du cheili; Abou 's-sadat ; qu'il forma plus de quarante jeunes gens dont quelques-uns devinrent d'habiles professeurs; et qu'enfin il publia plusieurs ouvrages dont il nous donne la liste. Quant à la date de sa mort, on peut, sans trop s'écar- ter de' la vérité, la placer peu d'années après 1602 (1011 de l'hégire), puisque c'est à celte époque qu'il acheva le Bostan qui est le fruit de sa vieillesse et la dernière de ses productions. F. P. EL-ROSTAN ou JARDIN DES lilOr.RAPHIKS DES SAINTS ET SAVANTS DE TLEMGEN Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux ! L'humble serviteur de Dieu — Clloire à Lui ! - Mohammed ben Mo- hammed ben Ahmed, surnommé Ibn Maryem Ech-Cherîf, issu d'une famille originaire de la plaine de la Mléta (1), mais fixée à Mediouna (2), né, élevé et domicilié à Tlemcen — Que Dieu, dans sa bonté et sa générosité, lui soit propice ! Ainsi soit-il ! — dit : Louanges à Dieu ! Bénédiction et salut sur notre seigneur Mohammed, seigneur des générations qui l'ont précédé et de celles qui le suivront, sur sa famille et ses compagnons (3), sur la génération qui a immédiatement suivi celle de ses compagnons, et sur toutes celles qui se succéderont dans la l^ralique du bien jusqu'au jour du Jugement dernier. Salut à vous, ô mon frère que j'aime pour l'amour de Dieu ! Que la miséricorde du Très-Haut et ses bénédictions reposent sur vous ! Je suis le conseil que vous m'avez donné et j'aborde aujoui'id'hui la composition de ce livre béni qui comprendra les biographies d'une foule de saints, de juris- consultes et de grands personnages, vivants ou morts, ori- ginaires de Tlemcen, de son district ou du pays dépendant de^ cette ville. Je me rends donc à votre désir et je prie le Très -Haut — Gloire à Lui ! ~ qu'il me permette de vous achever cet ouvrage et qu'il vous fasse retirer de la lecture de ce livre, vovis en nat'ticulier et les musulmans en général, profit et avantage. Ce que vous m'avez suggéré de faire, ô mon frère, est une des œuvres qui méritent le pilus qu'on y consacre toute son existence ; à plus forte raison devons-nous nous en occuper, 1 2 quand la majeure partie de note vie s'est écoulée en futili- tés indignes de notre activité. L'objet de ce livre est propre, en effet, à encourager les âmes et à dissiper l'ennui dans lequel nos temps néfastes et la méchanceté des hommes de notre époque plongent nos esprits. Les savants ont expres- sément déclaré que le récit de la vie des savants et des saints, et la relation de leurs actes, profitent beaucoup plus à l'âme que la simple exhortation et le simple avertissement par la parole. En vous appliquant, ô mon frère, à lire cette magnifique œuvre pie, en y consacrant toutes vos pensées et tous vos instants, vous ferez pleuvoir, sur vous et sur tous les musulmans, la miséricorde divine, et vous coopérerez à en répandre les flots sur vous et sur eux, parce qu'en rappe- lant le souvenir des hommes vertueux on fait descendre la miséricorde de Dieu. La lecture de ce livre vous ménagera UJiie réserve de biens spirituels, et sera pour vous une solide planche de salut ainsi que le moyen le plus simple d'obtenir le bonheur dans ce monde et dans l'autre. Puisque on est déjà saint rien qu'en aimant les saints — attendu qu'il est admis qu'on partage la destinée de ceux qu'on aime — on l'est à plus forte raison quand non seule- ment on aime les saints et les savants, mais encore on les protège, on les sert ouvertement et secrètement, et on publie leurs vertus, leurs paroles et leurs actes pour en perpétuer le souvenir à travers les âges, et semer dans le cœur des croyants l'amour des saints et le désir de les imiter dans la mesure du possible. Le cheikh Es-Senoûsî (4) a dit: « O mon frère , applique- toi beaucoup plus à faire connaître les liommes de bien des temps récents, particulièrement ceux qui parmi eux sont tes compatriotes, qui habitent encore ton ])ays ou qui y sont enterrés, qu'à célébrer les personnages qui ont vécu à des époques plus reculées. » Ceci pour plusieurs raisons : 1" Parce que, pour ces derniers, les livres des anciens nous dispensent le plus soiDvent de faire connaître leur histoire ; 2^ Parce qu'en rappelant les vertus des contemporains ou des personnages qui ont vécu immédiatement avant eux, on incite beaucoup plus les âmes à suilvre leur exemple et à faire le bien qu'en rappelant celles des célébrités qui ont vécu à des é|)oques plus éloignées. Il est notoire, en effet, que l'émulation j)our le bien se j)roduit surtout entre contempo- rains. Xotez aussi que les gens, voyant dans ces derniers tem])s disparaître autour d'eux l'état de sainteté, jugent inutile de pratiquer la vertu avec zèle et d'y exercer leur — 3 — âme, et qu'en leur apprenant qu'un contemporain ou qu'un homme ayant vécu à une époque rapprochée de nous a ol)tenu la grâce de compter au nombre des saints, on forti- fie leur espoir d'obtenir pareille faveur et on les encourage à faire le bien. Le cheikh Ibn Abou Djemra (5) rapporte dans son commentaire des hadîth qu'il a choisis dans le S'ahlh' d'El-Bokhârî ( 6) quelque chose d'approchant, à propos d'un homme pieux, qui, dans ces derniers temps, s'était adonné aux pratiques de dévotion, à l'ascétisme uploads/Litterature/ ibn-maryam-le-jardin.pdf