Thème II : Le courant romantique. Le renouveau et le primat de la poésie 1. Déf

Thème II : Le courant romantique. Le renouveau et le primat de la poésie 1. Définition de la notion Étymologie L'origine du mot romantisme renvoie au substantif roman, qui, en ancien français, est synonyme de « langue vulgaire », par opposition à la « langue noble », le latin. D'où un glissement de sens qui, dès le XIIe siècle, réduit l'extension du vocable romant aux seuls récits composés en « langue vulgaire » (ainsi, par exemple, dans le Roman de Renart). À partir du XIVe siècle, le mot roman ne sert plus qu'à désigner des récits de chevalerie en vers, puis en prose. L'apparition du mot Emprunté par l'anglais, romant donne le dérivé romantic (attesté dès 1650), dont le sens recouvre celui de l'adjectif français romanesque. C'est avec cette signification qu'il revient en France dès 1661 : son emploi est alors fort rare. Ignoré des dictionnaires, des traducteurs même, qui lui préfèrent soit le général romanesque, soit l'inexact pittoresque. Même s'il pénètre dans la langue littéraire, l'adjectif romantique désigne une réalité encore floue. Certains prétendent alors le mot indéfinissable, et le Dictionnaire de l'Académie française, qui l'accueille enfin en 1798, semble de cet avis, puisqu'il se contente d'entériner l'existence du terme sans en préciser le sens. C'est grâce à un auteur allemand que le sens du mot va enfin se fixer. En 1801, Friedrich von Schlegel oppose l'adjectif romantisch (emprunté, lui aussi, à l'anglais romantic à la fin du XVIIe siècle) à toute la littérature classique. 2. Le romantisme - courant esthétique et littéraire On désigne par romantique une période de la civilisation européenne qui commence vers 1750 et dure presque un siècle. Le romantisme est le mouvement qui incarne la liberté : c’est « le libéralisme en littérature ». Il réclame la libre expression de la sensibilité, et prônant le culte du moi. Le romantisme se veut détaché de toute contrainte formelle car « aucune loi ne le domine ». En France, le mouvement se développe de 1800 à 1850, où le romantisme est à la foi un état d’âme, un programme littéraire et une bataille. Le romantisme comme état d’âme : Le sentiment romantique fondamental c’est l’insatisfaction. La société française était dominée après la Grande Révolution Française par un sentiment d’insatisfaction des résultats de la révolution. Cette insatisfaction engendre deux attitudes contrastées : d’un coté – un enthousiasme si l’individu l’élance avec passion vers un idéal, d’un autre coté – la déception, s’ils se laissent aller à la mélancolie. Dans tous les cas les romantiques sont très attentifs à leurs sentiments intérieurs et développent un véritable culte du moi. Le romantisme comme programme littéraire s’organise autour de 4 grands axes :  Le sentiment religieux (on revient au sentiment religieux au début du XIXe siècle après avoir connu le siècle de la raison) 1  Le lyrisme en littérature ne désigne pas un type de sentiment ou de sujet, mais une façon de s’exprimer, un langage passionné, exalté qui veut partager une émotion, c’est pourquoi les procédés stylistiques des romantiques étaient : les exclamations, les invocations, les interpellations.  Le pittoresque . Parallèlement à cette exaltation du monde intérieur on assiste à une redécouverte du monde extérieur vers 1830 se développe beaucoup le monde du pittoresque (qui signifie des autres pays).  La libération des règles : au XVIIIe siècle le théâtre et la poésie sont restés très soumis aux règles strictes du classicisme (temps, actions, lieu), quant au romantisme, il propose déjà une libération des règles. Le romantisme comme bataille : Pour les contemporains, le romantisme représente surtout un affrontement avec les classiques. Cela correspond à un conflit de générations : les romantiques sont jeunes, audacieux et recherchent par leur originalité à choquer les esprits conservateurs classiques avec le goût de la mesure. Dans un sens large, le mot romantique désigne une littérature du cœur et des passions. Ce courant est apparu aussi comme une réaction contre l’idée illuministe du pouvoir de la raison, en représentant plutôt leur propre sentiment. 3. Les précurseurs du romantisme peuvent être trouvés encore au XVIIIe siècle (J.-J. Rousseau). Parmi les précurseurs plus proches de l’époque, on peur citer : Mme de Staël et François René de Chateaubriand. Mme de Staël (1786-1817) est une romancière et essayiste française d'origine genevoise. Elle est surtout connue pour avoir popularisé en France les œuvres romantiques des auteurs de langue germanique, jusqu'alors relativement méconnues dans ce pays. C’est elle qui définit le concept du romantisme comme négation du classicisme et la notion du mal du siècle. Elle fixe quelques principes littéraires dans ses œuvres : L’œuvre doit parler du cœur et des sentiments Elle doit faire renaître le passé (la chevalerie et la courtoisie du Moyen Age) La religion (la croyance) est la source de toute poésie L’inspiration et le bonheur ne peuvent venir que de l’enthousiasme. Mme de Staël a annoncé le renouvellement des genres : la poésie lyrique, le roman, le théâtre inspiré de Shakespeare et de Goethe, libéré des règles classiques. Cette femme a été une excellente théoricienne mais elle n’a jamais appliqué elle-même ses théories en pratique. Quant à François René de Chateaubriand (1768-1848), il a présenté des œuvres littéraires romantiques, contenant des idées présentées par Mme de Staël. Cette personnalité a activé comme homme politique (diplomate, ambassadeur, ministre des affaires étrangères). Outre ses œuvres portant une tonalité politique, il a écrit une œuvre autobiographique comme Mémoires d’Outre-tombe, où il s’est proposé de dire toute la vérité. Cette immense fresque présente les grandes étapes de l’histoire de la France de cette époque-là, il y présente aussi les portraits des hommes politiques (surtout de Napoléon), il se présente lui-même en homme qui a connu beaucoup de femmes et finalement il propose des pages prophétiques. Généralement on le connaît aussi comme l’auteur de deux œuvres romantiques, deux romans : René et Atala, où l’auteur présente des thèmes comme l’amour, le christianisme, la nature, l’exotisme. Si dans Atala, on rencontre un grand amour et un dévouement au christianisme, alors dans René, l’auteur présente encore quelques idées faisant partie de la théorie romantique comme la maladie du siècle. 2 4. Le mal du siècle Sentiment de malaise et d’insatisfaction : Le romantique éprouve un sentiment d’inadaptation par rapport à la rapidité des bouleversements historiques. Il pense ne plus avoir sa place en ce monde auquel il ne s'identifie plus : en proie au «vague des passions» il s’accuse lui-même ou, le plus souvent s’en prend à la société qui ne le comprend pas, à «l’esprit bourgeois» : le romantique est avant tout un anticonformiste. Complaisance à la mélancolie : l’homme est voué à la souffrance. Le romantique finit par s’enfermer dans la tristesse dont il semble avoir besoin ! Le thème du déclin, de l’automne et de ses tempêtes, est un lieu commun de l’esprit romantique. Le culte du moi L'exaltation du Moi et de l'être individuel se trouve à la base de l'idéologie romantique. Comme le dit Georges Gusdorf, "l'âge romantique…est le temps de la première personne". Ce Moi découvre son monde intérieur et cette intériorité devient "une zone indécise de passage entre le physiologique et le mental, une forme de conscience interne de l'espace du dedans… On perçoit donc l'existence d'un inconscient. Toute la psychologie romantique en procède." (G. Gengembre, Le Romantisme, Paris, Ellipses, 1995, p. 20). L'épanouissement individuel et l'exaltation du Moi conduisent au culte de la subjectivité et à la libération expressive de la première personne. Soit sous forme d’autobiographie (Stendhal, Vie de Henry Brulard, achevé en 1836), de mémoires (Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, 1848), de confessions plus ou moins voilées (Musset, La Confession d'un enfant du siècle, 1836), le romantique s'affirme le centre du monde. Les grands genres de la littérature romantique sont la poésie, le roman et le drame. La poésie lyrique du romantisme Entre 1820 et 1850 la poésie connaît une sorte d’explosion. Les grands maîtres du genre poétique étaient des hommes connus, engagés dans la vie politique. On peut mentionner avant tout : Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny, Alfred de Musset et Victor Hugo. Les poètes romantiques présentent leurs tourments sentimentaux, leurs interrogations religieuses et leurs convictions politiques dans leurs créations. Le poète cherche à compléter ses inspirations profondes et à atteindre la plénitude sentimentale, mais étant insatisfait, il se soumet au mal du siècle, autrement dit, au mal de vivre. Le poète romantique juge la société ingrate et médiocre qui ne le comprend pas. La plus importante source d’inspiration du poète est le moi poétique. Les caractères de cette poésie reposent moins sur l’originalité de la forme (malgré des réussites mélodiques et la musicalité des vers) que sur la thématique. Cette poésie devient introspective et elle se base toujours sur les renvois du moi poétique. La nature est toujours le cadre des actions du héros lyrique. Dans la poésie romantique elle est présentée sur quatre aspects (comme refuge, miroir, invitation à méditer et comme manifestation de la grandeur divine): 1. La nature comme refuge : les romantiques trouvaient dans la nature un refuge parce qu’ils n’étaient pas uploads/Litterature/ ii-le-romantisme.pdf

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