L’Impressionnisme, les arts, la fluidité Philippe Fontaine, Frédéric Cousinié e
L’Impressionnisme, les arts, la fluidité Philippe Fontaine, Frédéric Cousinié et Pierre-Albert Castanet (dir.) DOI : 10.4000/books.purh.687 Éditeur : Presses universitaires de Rouen et du Havre Année d'édition : 2013 Date de mise en ligne : 28 août 2018 Collection : Normandie ISBN électronique : 9791024010489 http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9782877755566 Nombre de pages : 232 Référence électronique FONTAINE, Philippe (dir.) ; COUSINIÉ, Frédéric (dir.) ; et CASTANET, Pierre-Albert (dir.). L’Impressionnisme, les arts, la fluidité. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013 (généré le 06 mai 2019). Disponible sur Internet : <http:// books.openedition.org/purh/687>. ISBN : 9791024010489. DOI : 10.4000/books.purh.687. © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 L'impressionnisme, les arts, la fluidité L’impressionnisme, les arts, la luidité Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, sous quelque forme que ce soit, réservés pour tous pays. ISBN : 978-2-87775-556-6 © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2013 Rue Lavoisier – 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex http://purh.univ-rouen.fr/ Couverture : Claude Monet, En norvégienne, ou la Barque à Giverny, vers 1887, huile sur toile, 97,5 x 130,5 cm. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski. Presses universitaires de Rouen et du Havre Sous la direction de Pierre-Albert Castanet, Frédéric Cousinié et Philippe Fontaine 2013 L’impressionnisme, les arts, la luidité Note liminaire Le présent volume est issu d’un colloque qui s’est tenu lors de trois journées respectivement accueillies à Giverny (musée des Impressionnismes), à Rouen (musée des Beaux-Arts) et au Havre (musée Malraux), entre mai et septembre 2010, au cours de la première édition du festival « Normandie impressionniste ». Le colloque et sa publication ont bénéicié de l’aide de la CREA (Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe), dans le cadre de la Convention « Arts, patrimoine, culture, 2010-2013 » associant l’université et la CREA. Ce colloque a été organisé avec l’aide du GRHIS (Groupe de recherches historiques de l’université de Rouen) et dirigé par MM. Pierre-Albert Castanet (musicologie), Frédéric Cousinié (histoire de l’art), Philippe Fontaine (philosophie), professeurs à l’université de Rouen. Les organisateurs remercient tout particulièrement : M. Laurent Fabius, alors président de la CREA, et son directeur de cabinet M. Nicolas Mayer-Rossignol, pour leur implication décisive dès l’origine de ce projet, ainsi que M. Jacques-Sylvain Klein, vice-président du conseil scientiique et commissaire général de la première édition du festival, M. Cafer Oskul, président de l’Université, Mme Marie-Claude Penloup, directrice de l’UFR de Lettres, pour leur aide continue et leur intérêt pour l’histoire de l’art. Nous remercions également Mme Annette Haudiquet, directrice du musée du Havre, M. Diego Candil, directeur du musée des Impres- sionnismes à Giverny et Mme Hélène Furminieux (Service des publics), ainsi que M. Laurent Salomé, alors directeur du musée de Rouen, pour l’accueil généreux fait aux participants de ce colloque. M. François Bessire, directeur des Presses universitaires de Rouen et du Havre, a suivi avec attention et dévouement la préparation de la présente publication. 9 Esthétique des luides : une introduction Frédéric Cousinié L ’origine de ce recueil de textes est la présence, continûment répétée, du terme de « luidité » pour qualiier, dans les textes critiques du xixe siècle, la peinture impressionniste et, avant tout mais pas seulement, l’art de Monet. Il est le « Raphaël de l’eau » selon Antonin Proust, dont la « prodigieuse luidité » sera louée des origines du mouvement jusqu’aux Nymphéas. Celles-ci sont qualiiées par Louis Gillet comme « un échange d’impondérables à travers des luides 1 », comme la réalisation du « principe même de la luidité » selon Roger Marx en 1909 2, ou encore, pour Clemenceau, comme le lieu de conjonction des « luidités confondues de la terre et du ciel 3 ». D’autres peintres, pas seulement impressionnistes, bénéicient alors d’une semblable lecture. Ainsi Turner, ou Whistler, sous la plume d’Huys- mans ou de héodore Duret : « ce sont les fêtes célestes et luviales d’une nature sublimée, décortiquée, rendue complètement luide, par un grand poète 4 » ; « c’était, en dehors de l’art contemporain, une peinture convalescente, exquise, toute personnelle, “ la peinture des luides ”, que ce visionnaire s’est essayé à rendre 5 ». Eugène Carrière est également apprécié par les Goncourt dans des termes semblables : « la luidité de chairs lactées, qui n’ont point encore l’arrêt d’un contour 6. » Inversement un Rafaëli, souvent associé aux impressionnistes, sera critiqué pour son incapacité à donner à sa peinture de telles qualités : « Il ignore les réelles vibrations des ensoleillements, les mystérieuses colorations des ombres. Il n’a guère 1. Louis Gillet [1909], cité dans Gustave Gefroy, Monet, sa vie, son œuvre, Paris, Macula, 1980 [1924], p. 408 ; avec d’analogues notations dans ses Trois variations sur Claude Monet (1927) : « un air de mouvement liquide, de luidité allongée qui se prête à miracle à cette lente ceinture, à cette zone de rêveries lottantes qui s’écoulent » ou dans « Après l’exposition Claude Monet », Revue des deux mondes, janvier-février 1924, p. 671. Voir également Octave Mirbeau, « Claude Monet », L’Art dans les deux mondes, 7 mars 1891, p. 184 : « C’est une promenade délicieuse et poignante, et toute pleine d’intellectuelles surprises, que de le suivre dans cette nature, recréée par son incomparable génie, en cette nature passionnée, remuante, luidique, où, parmi les sensualités caressantes, le rêve est là, à chaque pas, qui vous saisit et vous entraîne à la fête mystérieuse, profonde et toujours neuve des heures ». Je remercie Félicie de Maupeou pour ces dernières références. 2. Roger Marx, « Les Nymphéas de M. Claude Monet », Gazette des Beaux-Arts, juin 1909 : « Ici le peintre s’est délibérément soustrait à la tutelle de la tradition occidentale : il ne cherche pas les lignes qui pyramident ou qui concentrent le regard sur un point unique ; le caractère de ce qui est ixe, immuable, lui semble contradictoire avec le principe même de la luidité ; il veut l’attention difuse et partout répandue ». 3. Georges Clemenceau, Claude Monet. Les Nymphéas, Paris, Bertillat, 2010 [1928], p. 130. Sur cette thématique voir, en dernier lieu, David Clarke, Water and Art, London, Reaktion Book, 2010, chap. 2 : « Monet and the Surface of Waters ». 4. Joris-Karl Huysmans, Écrits sur l’art, J. Picon (éd.), Paris, Flammarion, « GF », 2008, p. 367, à propos de Turner. 5. Ibid., Whistler, p. 285, de même p. 281 : « l’on songeait aux visions de Quincey, à ces fuites de rivières, à ces rêves luides que détermine l’opium » ; ou encore chez héodore Duret, Histoire de J. Mc N. Whistler et de son oeuvre, Paris, H. Flory, 1904, p. 175-176 : « Ce qu’on eût cru devoir échapper à la main tenant le pinceau, était ixé et cependant conservé dans toute sa luidité. » 6. Edmond et Jules de Goncourt, Arts et artistes, J.-P. Bouillon (éd.), Paris, Hermann, 1997, p. 236. * Une version antérieure de ce texte a été partiellement publiée dans Esthétique des luides. Sang, sperme, merde dans la peinture du xviie siècle, Paris, Le Félin, 2011. * 10 Fr é dér i c C o u si n i é la science des valeurs. Trop souvent il ne sait diférencier le solide des luidités : je connais tel de ces tableaux où l’on marcherait sur le ciel avec plus de coniance que sur le terrain 7. » Au début du siècle suivant, avec Carl Einstein notamment (1931), c’est bien cette lecture luide, coulante, ondoyante de l’Impressionnisme qui s’imposera comme lieu commun de l’histoire de l’art : « On donne au motif dissocié une nouvelle unité, une unité luide qui dominait la toile de ses lots : la lumière 8. » À lire ces textes, on s’aperçoit que la luidité se rapporte en réalité à au moins deux thématiques principales. L’une donc qui est celle des éléments (eau, air, lumière), qui trouve de fait son acmé dans la série des Nymphéas ou, tout aussi bien, dans les représentations innombrables des rivières, mers et océans qui attirèrent Monet de la Seine à la Creuse, de la Manche à la Bretagne, de la Méditerranée à la lagune vénitienne. L’autre thématique, tout aussi importante, est associée à la mobilité et fugacité des objets non de la nature mais de la « vie moderne » peinte par Monet et ses contemporains et où se retrouve bien sûr l’héritage de Baudelaire. Citons ici Ernest Chesneau à propos de l’esquisse inaugurale du Boulevard des Capucines de Monet en 1874 : « Jamais l’insaisissable, le fugitif, l’instantané du mouvement n’a été saisi et ixé dans sa prodigieuse luidité 9. » Ce second aspect de la luidité sera exploré en particulier par Degas au moyen d’un tout autre vocabulaire plastique : mobilité des passants, des chevaux, mouvement surtout de la femme et plus encore de la danseuse dont le corps luide, et c’est là un autre registre déterminant de la luidité, parait se dissoudre dans la propre liquidité de son milieu ambiant. Le texte décisif, où se retrouve l’inluence de Mallarmé, est celui uploads/Litterature/ impressionnisme-les-arts-la-fluidite.pdf
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- Publié le Aoû 05, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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